La glace lui renvoya l’image d’une jeune fille de taille élancée dont la silhouette, parfois, déclenchait le sifflement appréciateur d’un passant. Ses cheveux châtain clair, qu’elle négligeait de décolorer, seyait à sa carnation délicatement ambrée, son cou long et mince supportait un visage triangulaire, aux traits fins, aux grands yeux bleus, un peu écartés. Des camarades disaient qu’elle ressemblait à un chaton, d’autres à une figure de Botticelli.
Et les deux remarques contenaient une part de vérité. Mais Béatrice ne se faisait pas d’illusions sur la valeur des compliments. Elle n’espérait pas rencontrer le metteur en scène qui, d’emblée, ferait d’elle une star de cinéma. Pas davantage l’homme riche et fastueux qui lui apporterait richesse et bonheur. Mieux valait ne pas rêver.
Ce que vous ne devez pas ignorer, c’est que je ne supporterais pas d’être épousé pour ma fortune ! Je ne suis pas le garçon calme et placide dont je vous ai peut-être donné l’image, mais un homme de chair et de sang. Je ne veux pas d’un de ces mariages où les époux n’éprouvent l’un pour l’autre qu’une aimable indifférence. A moins, pire encore ! que l’un des deux aime et l’autre pas… Moi, j’exigerai une union totale.
A sa manière despotique de femme gâtée par la vie et habituée à être obéie, malgré sa tendance à vouloir régenter à son gré la vie des autres, Gilda avait été bonne pour elle. De tout son cœur sevré d’affection la jeune fille s’était attachée à cette femme au caractère autoritaire mais à l’âme chaleureuse.
Evidemment, il est parfois difficile de se mettre dans la peau d’un autre. La difficulté de communiquer cause des drames qu’un peu de compréhension aurait pu éviter. Vous avez beaucoup de choses à apprendre de la vie… Je souhaite que vous n’en souffriez pas trop…
Pour avoir toujours vécu dans des appartements citadins, elle subissait l’attirance de ces demeures anciennes qui gardent l’empreinte du passé, qu’auréole le souvenir de vieux drames, de secrets jalousement gardés, d’impénétrables mystères.