AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,54

sur 113 notes
5
3 avis
4
4 avis
3
3 avis
2
5 avis
1
1 avis
Pepe Carvalho a un appétit féroce. Presque une obstination. Une obstination à la limite de la contradiction. Détective, ancien membre du Parti communiste, il se retrouve, si l'on peut dire, replongé dans son passé militant en enquêtant au sein du Parti Communiste Espagnol. En le tenant à distance, comme un éclat dont on s'abrite les yeux.
Peut-être que l'obstination et la contradiction font mauvais ménage avec la dialectique du Parti ? Peut-être que Pepe Carvalho était destiné à ne plus militer ? Est-il resté un sympathisant ? Lui assure qu'il est devenu apolitique. Laissons-le à cette forme de certitude.
Un ancien communiste qui se trouve, à un moment de sa vie, à travailler au sein de la CIA, c'est assez savoureux. Qu'est qui a poussé Pepe Carvahlo dans le militantisme ? L'idéologie ou l'action ? Les deux à la fois ?
N'étant pas familière du personnage, je ne m'aventurerai pas dans un examen fouillé de son caractère . Pepe a de l'humour, même un peu acide, un désenchantement accroché en bandoulière, un courage physique indéniable, une manie tout à fait « scandaleuse » : il brûle les livres de sa bibliothèque de façon méthodique et régulière ; un amour gourmand et gourmet pour les vins, la nourriture et s'en trop m'avancer pour les femmes.
L'intrigue se passe au début des années 80, cela fait donc 5 ans que Franco est mort et lentement sur la dépouille zombiesque du vieux Caudillo se construit l'Espagne d'aujourd'hui. Ce pays est donc un jeune enfant qui essaie de grandir. le PCE sortit de l'ombre est lui aussi peu accoutumé à cette liberté virginale. Tous ces hommes habitués à la clandestinité, la lutte souterraine,l'âpreté du combat armé et du sacrifice sont un peu bousculés dans leur tête et leur coeur. Ils se comportent entre eux comme des amants qui se jalousent, amoureux sans condition d'une même cause, belle et immaculée qui s'appelle le Communisme. Certains plus fatigués, certains plus agressifs, certains plus lucides, mais tous d'un seul bloc pour un idéal qui a nourri, géré, guidé leur vie. Que se passe-t-il quand le bloc se fissure ? Un crime. Qui appelle-t-on ? Pepe Carvalho. Ancien camarade de lutte, passé par la case prison sous Franco - qui semble une sorte d'adoubement inconscient pour cette génération de militants – Pepe est sans doute le plus indiqué pour ce travail. Lui en doute un peu. D'autant plus que l'affaire est confiée par le Gouvernement à un certain Fonseca, ancien tortionnaire du régime franquiste qui maintenant oeuvre pour le Ministère de la Justice. Ah ! le recyclage des « affreux » dans beaucoup de pays ! Tellement efficace, tellement bien huilé ! Pepe Carvalho accueille la nouvelle de la nomination de Fonseca à la tête de l'enquête avec une forme d'indifférence distante. Ces deux là ont un passé commun et l'attitude presque détachée que Pepe Carvalho adopte devant Fonseca relève d'une forme de mépris.
Carvalho va se confronter à des ennemis visibles et invisibles, venant de toutes parts, donnant l'impression que toutes les officines légales et illégales d'espionnage des puissances du monde se sont réveillées et convergent sur Madrid.
Pepe Carvalho, lui se sent fatigué de tout ce chambardement, entre tueurs à gages, manipulateurs politiques, agitateurs patentés, militants de tous poils près à en découdre avec tout le monde et par-dessus tout cela, la ligne du Parti. Peut-être aussi fatigué de se remémorer, par instant, son passage en prison, comme si, contre son gré, l'Histoire le rattrapait. Car Montalbán parle sous le couvert d'une enquête rondement menée, d'histoire politique d'un pays et d'histoire tout court.
Les anciens du PCE ne veulent pas « rendre les armes », renâclent à entrer « dans la modernité » ; La jeune génération des futurs dirigeants du Parti les pousse de côté, entre vénération et agacement. Ces jeunes militants sont présentés emprunts de futur mais aussi confits dans des formes de « tics » rhétoriques de la pensée communiste et un « syndrome » du culte de la personnalité assez prononcé.
Montalbán parsème le récit des envies culinaires de Pepe Carvalho ; elles sont récurrentes et importantes. Pepe Carvalho est très attentif à ce qu'il mange et où il mange. C'est son sas d'oxygène. Visiblement très bon cuisinier, il élabore en un tour de main des recettes principalement catalanes, avec une profusion d'ingrédients – végétariens s'abstenir – qui confère au rite.
Pepe Carvalho a un humour impertinent, un peu sarcastique, comme Montalbán ; Il peut aussi faire preuve d'un grand détachement comme si le monde autour de lui ne le concernait plus. Lui qui a tant vécu, éreinté par cette vie en perpétuel mouvement. Mais ce n'est pas une fatigue pessimiste comme peut l'être celle de Wallander, ni une fatigue atone comme parfois chez Dortmunder ; c'est une fatigue agile ; Elle se fond dans le décor, dans l'action, dans le mental de Pepe Carvalho ; un mental aiguisé, aigu, critique, libre.
Première incursion dans le monde de Manuel Vásquez Montalbán ; Une lecture plaisante, facile avec un personnage qui me donne envie d'aller chercher un peu plus dans d'autres enquêtes, le sel de l'âme de Pepe Carvalho.
Commenter  J’apprécie          292
***

Premier Vasquez Montalban à mon actif.

Dieu que c'est compliqué. le détective gastronome passe encore, cela en rappelle d'autres, mais l'intrigue entre tous les courants de la politique et de la non-politique espagnole.... Je m'y suis perdue. Se rappeler qui était qui n'a pas été une sinécure non plus.

Il en reste l'impression d'un polar qui détour après détour vous emmène jusqu'à l'épilogue, doté de sens, ce qui n'est pas mal pour un roman policier. Je récidiverai sans doute pour savoir si c'est Pepe Carvalho qui ne m'enthousiasme pas ou juste l'histoire du parti communiste madrilène.
Commenter  J’apprécie          171
Premier tiers de ce polar iberique lu avec attention car je ne connaît pas les écrits de cet auteur mais la multitude de références aux différents partis politique plombe le récit; puis le second tiers n'a fait que confirmer mon ennui et j'ai fini cette lecture en diagonale.
La littérature espagnole me reste assez hermétique et ce titre le confirme. Je retenterais sans doute à un autre moment.
Commenter  J’apprécie          150
Pepe Carvalho, je l'avais découvert dans "Tatouage" et ce détective amateur de bonne cuisine et brûleur de livres m'avait fait une bonne impression.

Oui, je sais, il allume le feu avec des romans puisés dans sa biblio, il aime ça.

Oui, de mon côté, ça me fait grincer des dents mais bon, puisqu'il cuisine bien et tant qu'il se tient à bonne distance de ma biblio à moi, je passerai l'éponge.

Par contre, là où l'éponge n'est pas passée, c'est sur le livre !

Autant j'avais pris du plaisir dans son précédent roman, autant dans celui-ci j'ai sauté des pages tant le côté politique était ardu et pompant.

Pepe Carvalho s'est retrouvé plongé dans ce crime un peu trop politique à son goût et je suis tout à fait d'accord avec cela : le crime était un peu trop politique, même pour moi qui adore ce genre de contexte, même pour moi qui dévore habituellement la politique dès qu'elle est dans un roman policier.

Là, je viens de bouffer du communisme pour les 30 années à venir et sur certains tronçons de la route, je me suis faite chi** grave à tel point que j'ai sauté allégrement, telle une gazelle gracile, les passages les plus endormants/chiants/ennuyants/casse-pieds (biffez les mots que vous ne voulez pas).

De plus, lors de longs dialogues, sans indication de qui parle, ça devient confus sur la fin et la macédoine nous guette. Comme dans ses placards de textes où viennent se greffer aussi des dialogues, sans mention ni rien, et là, c'est le carambolage dans le cerveau qui ne sait plus qui fait quoi et quoi dit quoi.

Bon, cela n'entache pas le fait que j'apprécie le détective Carvalho, mais cette enquête là ne restera pas dans mes bons souvenirs.

Comme le disait si bien le Grand Jacques "Au suivant" !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          130
Pepe Carvalho et moi, c'est une longue histoire, qui remonte à la lecture d'un article dans Point de vue, au beau milieu des années 90, puis,plus tard, au visionnage de la série télévisée. Trouver les livres de Manuel Vasquez Montalban à la campagne dans ses mêmes années, c'était aussi très compliqué !
Aujourd'hui, en 2018, je vous présente Meurtre au comité central, et ce n'est pas la lecture la plus facile de Montalban. Je dirai même que j'ai failli lâcher au quart du roman et j'ai fait une très longue pause avant de reprendre la lecture. le roman est en effet très touffu, il nous entraîne dans le passé de l'Espagne, à l'époque de la dictature franquiste et de la répression du parti communiste. Puis vient l'après, la chute du franquisme, et l'ascension du Parti, qui n'a plus besoin de se cacher. Les destinées de chaque membre, éventuellement de sa famille, ne sont pas toujours faciles à suivre – il y en a eu des traîtrises, il y en a eu, des changements de situation, pour ne pas dire des retournements de situation, et il est loin d'être facile pour la lecture que je suis de me repérer. Ajoutons que Pepe Carvalho, dans la plus pure tradition de ses enquêtes, passe un temps certain à se nourrir, du moins à trouver des recettes qui lui conviennent. Je n'ai pas compté le nombre de fois où l'enquête a été arrêté pour lui permettre de trouver un endroit où se nourrir, ou à tester une recette que j'aurai du mal à vous recommander. Comme le dit Pepe : » Sherlock Holmes jouait du violon. Moi je cuisine. »
Ce n'est pas si souvent qu'il quitte Barcelone pour Madrid, et, comme pour tout catalan – voir l'inspecteur Mendez – ce déplacement ne lui va pas forcément. Il n'a que peu de contact avec Biscuter et Charo, des personnages que j'apprécie, et que j'ai peu vu. Non, le climat madrilène ne convient pas à tout le monde. Là non plus, je n'ai pas compter le nombre de fois où Pepe a été enlevé, menacé par une arme. Il a donc écopé de quelques blessures, plus ou moins sérieuses, il en a donné aussi, mais il a toujours respecté sa déontologie – et tant pis si cela exaspère ses adversaires. Oui, c'est une structure romanesque un peu répétitive. Ne serait-ce pas un moyen de se moquer de ce Parti et de son organisation ? Un peu, sans doute. L'action se passe en 1980, le communisme vit encore de belles heures dans certains pays.
Un roman policier que je suis heureuse d'avoir fini, mais que je n'ai pas forcément énormément apprécié.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          115
Un livre qui m'a laissé un excellent souvenir. L'auteur sait de quoi il parle et, à l'occasion, règle quelques comptes. Une époque aujourd'hui révolue en Espagne, pays de liberté, mais où tout n'a pas toujours été rose..Une ambiance et un style inimitables. Ce n'est pas pour rien que Barcelone a donné le nom d'une de ses places à Manuel Vasquez-Montalban ....
Lien : http://www.bigmammy.fr
Commenter  J’apprécie          91
Je commence à être sacrément impressionné par le talent et la vista de Manuel Vazquez Montalban, après la lecture de cette enquête de Pepe Carvalho (la troisième pour moi) menée sur le terrain glissant des cercles politiques de l'alors toute jeune démocratie espagnole. le premier secrétaire du parti communiste espagnol, héros de l'antifranquisme et personnage-pivot de la transition démocratique, est assassiné en plein comité central du parti. C'est à Carvalho, ancien communiste, que l'état-major du parti confiera la tâche de retrouver l'assassin (et donc le traître). Si encore une fois l'enquête de Carvalho ne semble pas se plier aux canons étroits du roman policier, la méditation sur le politique qui se dégage au fur et à mesure des avancées du détective est simplement superbe. La première partie du roman, correspondant à l'affranchissement de Carvalho par ses commanditaires, réfléchit à ce que signifie le fait d'être communiste sous Franco puis à cette époque apparemment plus apaisée de la naissance de l'eurocommunisme. le coeur du roman, et notamment l'interrogatoire des principaux suspects, est le prétexte d'une typologie très réussie (mais un peu artificielle) des dirigeants et militants communistes de l'époque : vieux résistants, jeunes techniciens, éternels ouvriers et paysans. La conclusion, enfin, est une ode à la gloire des politiques émancipatrices et de ceux qui s'y consacrent avec intégrité. Si l'évocation de Madrid par MVM est bien plus chétive que celle de Barcelone (elle semble se résumer à la recette du gras-double), on ne manquera ni la description d'un appareil d'Etat passé en un clin d'oeil du franquisme à la démocratie, ni celle des nouvelles figures de la Transition qui font l'objet d'une liste "à la Perec" particulièrement inspirée au détour d'un chapitre. Un livre passionnant pour tous les mordus de politique et les curieux de civilisation espagnole, qui - sans arriver à sa hauteur, mais il n'y visait pas - forme un prolongement particulièrement intéressant, centré sur le rôle du PCE, à la plus récente Anatomie d'un instant de Javier Cercas.
Commenter  J’apprécie          70
Drôle de policier ou l'intrigue est ténue comme un sandwich SNCF comme disait Séchan
Pourquoi Pepe Carvalho s'engage-t-il dans une enquête sur le meurtre du camarade Garrido , enquête commanditée par d'anciens combattants de la guerre civile, camarades de luttes alors qu'il n'est plus ni communiste, ni quoique se soit et est considéré par ceux qui le connaisse au mieux comme un apostat, au pire un renégat ou traître ? Pour l'argent ? Que nenni ! Alors ?
Eh c'est parce que Pepe voulait parler politique notamment de quarante ans de communisme d'après guerre et donc Montalbán n' a eu d'autre choix que de suivre et c ‘est pour cela que le lecteur a droit à des analyses et synthèses politiques érudites. Il y a parfois des personnages qui prennent l'ascendant sur leur créateur et qui imposent leur sujet. Dire que Montalbán en soit marri peut-être pas car pour parler politique c'est toujours mieux dans un roman surtout policier que de chroniquer à chaud dans un journal!
On pourra apprécier p 71 un éloquent discours d'un gourou politique, dialectique intellectuelle parfaite du discours de gauche anarcho- communiste d'un certain temps, irréfragable mais dont le seul défaut c'est d'être à cent lieues de la réalité. de la dentelle littéraire !
Montalbán, pardon Pepe, nous livre ses impressions, pour dire peu, sur l'important vivier communiste espagnol entre deux âges sans parler de son incontournable contexte post-franquiste. On retrouve la dualité Montalbán/Pepe Carvalho et fiction/réalité.
Excellent analyse du parti, des militants : les doctrinaires, les purs et les autres, les anciens qui ont vécu la période Franco et la prison, des jours glorieux de luttes et les jeunots, tendrons politiques plus politiciens/fonctionnaires/apparatchiks mais dont les valeurs évoluent et pas forcement en bien: quand un militant se plaint d'être un lampiste on sent que la foi syndicale ou politique n'est plus ce qu'elle était, excellent analyse donc, en général, de l'ambiance d'un comité central communiste et la défection du militantisme, l'épouvantail Franco ayant disparu.
D'autre part Montalbán nous donne une jolie vue des particularismes régionaux de l'Espagne On est catalan ou Basque voire Madrilène ou Murcien et il en a autant que de groupuscules politiques à vrai dire même que d'ibères.
Pour en revenir à Pepe on connaît son goût pour les bon petits plats il nous apprend que
le cocido pot-au-feu à l'espagnol est fait à base de pois chiche, le mexicain avec des lentilles, et au Brésil des haricots noirs. Ainsi est le castillan, celui de Madrid se
distingue par le chorizo et celui de Catalogne par la saucisse au sang et la farce. Itou avec les kiwis néo-zélandais et les kiwis galiciens. Hum !
L'autre marotte c'est la littérature et les flambées au coin du feu, Huxley, Orwell et Zamiatine sont convoqués au menu et enfin la dernière et non la moindre les femmes. Là par contre Pepe fait un faux pas: son atavisme sexuel prend le pas sur ses cellules grises, et c'est bien déraisonnable dans une enquête à aux risques politiques pleine de barbouzes aux grosses pointures CIA ou KGB…Tse. Tse. Pepe!
La politique donc constitue ce livre: l'aspect policier y est mineur mais il y a quand même de l'action, ponctuelle certes, mais de l'action violente d'autant plus qu'elle semble très plausible. On est plus dans le John le Carré que dans Maigret, Niémans ou Laviolette.
Les personnages ont de l'épaisseur sans parler du trublion Pepe.
Un très bon moment mais il faut aimer l'histoire, la politique, éventuellement le polar édulcoré et l'Espagne.
Commenter  J’apprécie          60
Un enquête très intéressante de l'inspecteur Pepe Carvalho dans les milieux communistes espagnols. Une partie de l'histoire de l'Espagne et de l'Europe défile sous nos yeux avec comme guide un truculent inspecteur.
Commenter  J’apprécie          61
Le secrétaire général du Parti communiste espagnol assassiné en plein comité central, à huis clos : notre détective barcelonais mène l'enquête à Madrid, entre prouesses culinaires, cynismes déchaînés et mélancolies déjà amères.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/12/15/note-de-lecture-meurtre-au-comite-central-pepe-carvalho-4-manuel-vazquez-montalban/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (308) Voir plus



Quiz Voir plus

Pepe Carvalho, à la Proust N°1

S'il était une ville ?

Teruel
Zaragoza
Valencia
Barcelona
Badalona
Granada
Alicante
Almeria

10 questions
25 lecteurs ont répondu
Thème : Manuel Vázquez MontalbánCréer un quiz sur ce livre

{* *}