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Bernard Kreise (Traducteur)
EAN : 9782869303256
129 pages
Payot et Rivages (18/03/2005)
3.73/5   20 notes
Résumé :
Un étudiant est isolé dans une cellule, après avoir été arrêté pour activités politiques subversives. Il élabore peu à peu dans son imagination une histoire d’amour avec une jeune femme qu’il a connue dans son groupe de jeunes révolutionnaires. Perdant progressivement le sens du réel, dans la nudité des murs où chaque détail acquiert une importante grimaçante et démesurée, sa cellule devient un univers fantasmatique, où le seul lien qui le relie à l’extérieur est un... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Evguéni Zamiatine a écrit cette nouvelle à l'âge de 23 ans, en 1907, 2 ans après avoir participé à la révolution russe de 1905 quand il était encore étudiant à Saint-Petersbourg. Il fut arrêté et assigné à résidence pour son militantisme bolchevique , ce qui l'a clairement inspiré pour l'écriture de cette grande nouvelle aux accents noirs et désespérés.

Relatant l'emprisonnement d'un étudiant, la nouvelle expose de manière sombre et douloureuse la solitude et l'angoisse provoquées par l'univers carcéral, puis la folie qui s'installe, conduite d'évitement pour occulter les terribles conditions de l'enfermement.
Prenant un tour fantasmagorique, le style personnifie les éléments et tout ce qui entoure le prisonnier, calquant son ressenti de manière oppressante.

Loin d'être d'une lecture agréable, la nouvelle dégage une force certaine qui marque pour un moment.
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Seul: la folie comme instinct de survie.
La solitude extrême décrite par Evgueni symbolise avec force l'enfermement dans ce monde carcéral déshumanisé de la Russie tsariste et qui préfigurera bientôt celui des bolchéviques.
Au propre comme au figuré, le froid est partout. Des murs de la cellule au paysage "extérieur" que laisse apparaître une petite ouverture, des pensés de l'auteur comme à ses souvenirs, un vide blanc et cru imprègne tout. Mais, en réaction à ce néant glacial, l'imaginaire émerge lentement et permet de supporter quelque peu le lent glissement vers l'oubli définitif. Raison, folie. Mort, survie.
Angoissant à l'extrême, à lire en prenant ses distances.
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Auteur que j'avais découvert avec l'inondation. Un grand classique. Je n'étais pas allé plus loin. "Seul" explore le thème de la solitude sous l'angle de l'incarcération (Classique ?) dans une langue, des codes et un rapport à l'onirisme ou au fantasme en tout cas très singuliers. On s'y perd un peu alors que c'est court et concis. L'introspection est très imprégnée du contexte social, politique, philosophique ce qui fait peut-être perdre un peu de l'universalité du propos. IL semblerait que "Nous, les autres" ait influencé 1984. Il faudrait que je m'y plonge. Sait-on jamais le format plus long me conviendra peut-être davantage ?
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Ah ! que la nuit arrive, vite..."
Et elle menace au loin, elle a déployé son étendard noir. Les derniers rayons ont tressailli, effrayés, ils se sont injectés de sang, ils ont chu dans l'abîme. Les ténèbres ont bondi gaiement de là-bas, les ombres filent à droite et à gauche, et, derrière elles, accourt la terreur.
Un cauchemar noir.
La tempête s'est accrochée aux barreaux, elle martèle la fenêtre, elle sanglote dans les ténèbres froides.
En bas, sous lui, sous ses pieds, quelqu'un marche. Il s'agite des nuits entières - de-ci de-là - sans fin.
"Pourquoi ne dort-il jamais ?"
L'obscurité tressaille, chuchote une idée effrayante.
"Peut-être est-il déjà fou pour s'agiter là-bas ?"
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Et il sentit de tout son être, il comprit clairement et fermement que sans amour il n’y a pas de bonheur, sans un amour passionné, réduisant en cendres la honte, quand deux êtres aiment chacun le corps de l’autre comme le sien, et qu’ils aiment l’esprit, la liberté de l’autre, qu’ils aiment ce que l’autre fait comme si c’était lui qui le faisait.
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Le ciel désespéré a recouvert son visage de nuages sombres. Lourds, ils se serrent et affluent comme une boule de larmes, et ils sont prêts à chaque instant à éclater en sanglots.
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Simples, compréhensibles et impitoyables comme la mort, les mots débordent les pensées. Ils déchirent et piétinent l'âme, avec des hurlements sauvages ils détruisent tout en elle.
Le sourire est mort sur les lèvres - le dernier de la vie.
La vie est morte. Il reste quelque chose d'étranger, d'effrayant.
"Il faut trouver en soi suffisamment de force..."
Et l'abîme connu en bas, plein de mort et de silence, s'est ouvert devant les yeux.
Pour la dernière fois la flamme s'est élancée en un éclat rouge, gémissant, puis s'est éteinte.
... Eteint - il s'est souvenu soudain de ce mot étrange et terrible.
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Il s'est assis sur le lit. Et il semblait que la raison, livide et étouffée, allait soudain s'échapper et fuir en un rire sauvage, insensé, avec des frissons et des hurlements.
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Videos de Evgueni Zamiatine (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Evgueni Zamiatine
Evgueni Zamiatine (1884-1937) : Une vie, une œuvre (1991 / France Culture). Par Françoise Estèbe. Avec Jean-Pierre Morel (critique aux Nouvelles Littéraires), Leonid Heller et Bernard Kreise. Réalisation : Annie Flavell. 1ère diffusion sur France Culture le 30 mai 1991. Peinture : Portrait de Ievgueni Zamiatine par Boris Koustodiev, 1923. En 1988, la publication pour la première fois en URSS du roman anti-utopiste prophétique de Zamiatine, “Nous autres”, oeuvre politique-fiction, fut l'événement littéraire de la Perestroïka. Esprit lucide et courageux, Zamiatine qui avait pris parti pour la Révolution en 1905, fut un des premiers à analyser la nature profonde du totalitarisme bolchevique et à dénoncer le despotisme nouveau jusqu'au terme de sa vie, en dépit des persécutions. Dans les années 20, Zamiatine, mathématicien, ingénieur naval et écrivain, ami des peintres et des musiciens, est la figure centrale du champ littéraire russe. Prosateur, dramaturge, critique, journaliste (il écrivit notamment dans la revue de Gorki), il est l'auteur de nombreux récits, de nouvelles : “L'inondation”, “Le pêcheur d'hommes”, “La Caverne” ; de romans : “Le fléau de dieu” ; de pièces de théâtre et de scenarii. Rattaché à la tradition de Gogol dans ses premiers récits, il devient le symbole de la culture occidentale au sein des lettres russes et le maître de toute une génération d'écrivains nés après la Révolution. Il s'oppose à la montée du conformisme révolutionnaire en art :
« Il n'est de vraie littérature que produite non par des fonctionnaires bien pensants et zélés, mais par des fous, des ermites, des hérétiques, des rêveurs, des rebelles et des sceptiques. »
Trotsky le désigne comme un émigré de l'intérieur et “Le diable des lettres russes”, après une lettre célèbre à Staline, est contraint à l'exil. Il mourra oublié à Paris en 1937, à l'âge de 53 ans, ignoré des intellectuels occidentaux fascinés par le modèle soviétique, qui n'ont pas su percevoir dans le cri solitaire de Zamiatine l'oracle de la dissidence.
Des extraits de “Seul”, des “Ecrits oubliés”, des “Actes du colloque de Lausanne”, de “Nous Autres”, de “Le pêcheur d'hommes” et de “L'Inondation” sont lus par Jacqueline Danaud et Michel Derville.
Sources : France Culture et Wikipédia
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