De loin on voyait mon cou maigre et mes clavicules bouger tout seuls. J'avais appris à sangloter dans mon coin sans éveiller les soupçons.
Dans le tourbillon de la jeunesse, on n' imagine pas sue ça existe. On comprend plus tard.
Écrire était une obligation, une manière quasi biologique de respirer, de vivre par procuration., ce que je m'maginais se dérouler à Rouen comme la-bas à Djibouti.
Toi, ma fillette, tu me renvoyais la vérité avec une dose d'affection non dénuée de fermeté.
Tout m'est revenu. Je suis cet enfant qui nage entre le passé et le présent. Il me suffit de fermer les yeux pour que tout me revienne. Je me souviens de l'odeur de la terre mouillée après la première pluie, de la poussière dansant dans les rais de lumière.
24
Tes mots continuaient de tournoyer dans ma tête. Je ne pouvais plus me dérober.
En prenant la dernière ligne droite qui mène à ton école, j’ai salué de la tête un parent. Tu m’as tiré par la manche de ma veste pour me signifier que tu avais reconnu le parent pressé. Mon cerveau venait de faire un tour pour revenir à ta question. Et je me suis demandé pourquoi je danse depuis toutes ces années alors qu’il n’y avait qu’une chose à faire.
Une chose,
une seule.
Marcher,
marcher droit,
comme tout le monde.
Tes mots continuaient de tournoyer dans ma tête. Je ne pouvais plus me dérober.
En prenant la dernière ligne droite qui mène à ton école, j’ai salué de la tête un parent. Tu m’as tiré par la manche de ma veste pour me signifier que tu avais reconnu le parent pressé. Mon cerveau venait de faire un tour pour revenir à ta question. Et je me suis demandé pourquoi je danse depuis toutes ces années alors qu’il n’y avait qu’une chose à faire.
Une chose,
une seule.
Marcher,
marcher droit,
comme tout le monde.
Je vais te raconter le pays de mon enfance. Et tu les auras toutes, les histoires qui ont marqué les jeunes années...Je te parlerai du désert mouvant autour de Djibouti, ma ville natale. Je te parlerai de la mer Rouge. Je te parlerai de mon quartier et de ses maisonnettes au toit en tôle d’aluminium.
Et je suis parti en abandonnant tous les souvenirs de mon quartier. J’étais égoïste. Je voulais sauver ma peau. J’ai tout laissé derrière moi, Béa
Je souriais à Maman. Pour une fois. Pour la tromper. Pour garder ma douleur aussi. Ma douleur est une île déserte, pensai-je au plus profond de moi. Elle m'appartient. Elle ne saurait se partager.