Ce tome fait suite à Daredevil 5 (épisodes 22 à 27). Il contient les épisodes 28 à 30, et les épisodes 9 & 10 de la série "Indestructible Hulk", initialement parus en 2013, tous écrits par
Mark Waid. Les épisodes 29 & 29 sont dessinés par
Javier Rodriguez et encrés par
Alvaro Lopez. L'épisode 30 est dessiné et encré par
Chris Samnee. Les épisodes d'Indestructible Hulk sont dessinés et encrés par
Matteo Scalera.
Épisodes 28 & 29 - Matt Murdock rend visite à Foggy Nelson à l'hôpital, ce qui se révèle physiquement plus éprouvant que prévu, les odeurs du traitement assaillant ses sens surdéveloppés. de retour à son étude, il a la surprise d'y trouver Nate Hackett, l'un des enfants qui le houspillait quand Murdock devait étudier et ne pas jouer au baseball avec les autres gamins. C'est lui qui lui l'affublé du sobriquet moqueur de Daredevil.
Épisodes 30 - Matt Murdock retrouve un extraterrestre dans son cabinent : Ru'ach. Ce dernier est venu lui demander de le défendre contre des accusations ahurissantes, alors qu'il vient livrer des informations capitales pour la survie de la Terre. Silver Surfer est à ses trousses.
Indestructible Hulk 9 & 10 - Hulk est à New York pour une opération de démantèlement d'une vente d'armes utilisant une technologie d'anticipation. L'un des hommes de main arrive à s'enfuir avec un fusil à microgénérateur cinétique, il se dirige vers Hell's Kitchen. Daredevil et Hulk font équipe pour le retrouver.
Dans le précédent tome,
Mark Waid avait trouvé la tonalité juste pour mettre en scène la relation d'amitié entre Matt Murdock et Franklin Nelson. Il ne l'a pas perdue pour ce tome, avec à nouveau des scènes très émouvantes entre les 2 amis, sans qu'elles ne soient larmoyantes ou mièvres, malgré la situation de Foggy. Il continue également à aller piocher dans l'histoire personnelle de Matt pour nourrir son récit, en donnant corps à un personnage souvent vu, mais jamais nommé ou développé : l'un des gamins qui tournait Matt en dérision pour son comportement de mauviette.
Au départ, le lecteur se dit que l'idée de
Waid sent le scénariste qui racle les fonds de tiroir : qu'est-ce que je vais bien pouvoir aller piocher dans la continuité pour donner l'impression d'une histoire qui compte ? Au bout de 5 pages, Nate Hackett dispose d'une histoire personnelle, d'une personnalité ambiguë et d'un avis original sur Matt Murdock. En 5 pages, toutes les réticences du lecteur se sont envolées, et
Mark Waid a justifié l'existence du personnage de manière admirable et exemplaire.
Par contre, l'intrigue en elle-même, la raison pour laquelle Hackett vient demander l'aide de Murdock, fait intervenir l'une des organisations secrètes qui était à la poursuite du bidule (la base de données) dans les premiers tomes de la série. Cette organisation et ses agissements relèvent d'actions terroristes, plutôt débiles qui plombent l'intelligence des relations interpersonnelles.
Du coup, le lecteur craint le pire avec l'arrivée de Silver Surfer (Norrin Radd), personnage cosmique dont l'environnement est à l'opposé de celui très urbain de Daredevil. L'intervention d'un extraterrestre venu chercher une représentation légale auprès de Matt Murdock n'est pas faite pour rassurer. Et pourtant,
Mark Waid a concocté une comédie enjouée et enlevée, dans laquelle il fait ressortir le caractère méphistophélique de Ru'ach, et les points communs entre les 2 superhéros. le lecteur reste épaté par le regard pénétrant et perspicace du scénariste.
Pour ces 3 épisodes, Rodriguez se calque sur le style de Samnee, en moins épuré, avec un degré descriptif plus détaillé. Ce dernier continue de réaliser des dessins qui en surface ressemble fortement à ceux des années 1960, du début des superhéros Marvel. Dans le détail, ses dessins comportent bien des éléments rétro : un encrage à traits un peu gros pour donner une impression de simplicité, et des poses majestueuses des superhéros (Silver Surfer impérial dans son apparition sur sa planche, au travers de la vitre). Samnee trouve un équilibre étonnant entre la grâce et l'agilité des superhéros, et des postures plus ordinaires, montrant qu'il s'agit encore d'êtres humains.
Il apporte également une attention particulière aux décors. Son parti pris n'est pas d'être photoréaliste, mais d'ancrer chaque scène dans des endroits consistants et plausibles : un bureau avec des papiers, du parquet une chaise, un hall d'immeuble monumental avec un bureau de réception, des plantes vertes, des individus en train de déambuler, etc. Sous des dehors passéistes et simplifiés, Samnee réalise des planches détaillées, ou chaque élément est soupesé pour poser un environnement avec lequel les personnages interagissent. Il ne s'agit pas d'une simple toile tendue en guise de décor, devant laquelle les individus s'agiteraient sans incidence de l'endroit représenté. Pour cet épisode, Samnee bénéficie de la mise en couleurs de
Javier Rodriguez qui a opté pour des couleurs pop qui accentuent à merveille le plaisir que Daredevil éprouve à évoluer sur la planche de Silver Surfer.
Il n'y a que sa propension à dessiner de manière brute le masque de Daredevil qui est assez étrange. Samnee montre de manière patente que le masque du superhéros couvre ses yeux avec le tissu. le lecteur ne peut faire autrement que de se dire que les personnes qui voient Daredevil doivent constater qu'il a une étoffe opaque devant les yeux, donc en déduire qu'il est effectivement aveugle, étrange.
Les épisodes d'Indestructible Hulk trouvent naturellement leur place dans ce recueil, d'une part parce qu'ils sont également écrits par
Mark Waid et qu'ils mettent en scène Daredevil, mais aussi parce qu'ils participent à son portrait psychologique.
Waid reprend le même dispositif qu'avec Silver Surfer : c'est en associant 2 superhéros qu'il fait apparaître leurs différences, mais plus encore leurs points communs.
L'intrigue est assez basique (une course-poursuite pour rattraper le voleur de l'arme). Les dessins de Scalera évoquent ceux de Francis
Leinil Yu, en moins hiératique et plus énergique, impulsant un bon rythme à chaque scène.
Waid n'éprouve aucune difficulté à faire coexister Hulk et Daredevil, malgré leur différence de niveau de pouvoir. Il développe leur lien d'amitié de manière naturelle. Malgré tout la composante action a tendance à prendre le pas sur les autres.
Malgré une intrigue trop classique pour la première histoire, le charme des épisodes de Daredevil fonctionne à plein, grâce à des dessins moins passéistes qu'il n'y paraît, et un scénariste dont l'affection pour les personnages transparaît à chaque scène. Les 2 épisodes d'Indestructible Hulk s'insèrent bien dans la thématique de la série Daredevil, mais la sensibilité de
Waid est reléguée au second plan, derrière l'action.