Bruno Bertez […] : « Par l’intermédiaire des marchés qu’elles contrôlent totalement, les banques ont mis le couteau sous la gorge des gouvernements, sorte de menace implicite de leur couper les vivres. Elles ont exigé la solidarité européenne, elles l’ont imposée et ensuite elle ont forcé la main de la Banque centrale européenne pour qu’elle promette des liquidités gratuites à l’infini, sans limite, en attendant que les conditions politiques leur permettent d’exercer le chantage ultime. Le chantage ultime, honorez vos dettes, en confisquant l’argent de vos citoyens. »
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Lorsque vous déposez de l’argent sur votre compte en banque, il ne vous appartient plus vraiment. Par un jeu d’écritures, vous êtes titulaire d’un simple droit de créance à l’égard de votre banque qui VOUS DOIT VOTRE ARGENT. S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de ce livre, c’est celle-là. En cas de faillite, la banque peut ne pas vous payer, car une créance n’est pas un droit de propriété. Donc, lorsque vous entendez « il va falloir faire payer les créanciers privés », dressez l’oreille : on parle peut-être de vous.
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Il faut effacer environ 21 000 Mds$ de créances irrécouvrables chez les ménages, les entreprises, les banques et les Etats. Comment combler le trou que cela va faire dans le système bancaire hypertrophié ? En tapant dans les 74 000 Mds$ d’actifs financiers (vos comptes courants, livrets, assurances-vie, etc.) des classes moyennes et supérieures. Ce qui se produira tôt ou tard. En France, cela correspondrait à une ponction de plus de 30% de l’épargne financière, une sorte de super-impôt sur la fortune liquide.
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L’imbroglio entre banques et Etats est total. Les banques sont chargées de dettes d’Etats et toute faillite de grande banque met son Etat de tutelle en danger. La Banque centrale européenne a prêté aux banques espagnoles et italiennes, qui ont employé une partie de cet argent pour acheter des emprunts d’Etat de leur pays. Ce tour de passe-passe finance les politiques de dépenses publiques mais aussi les importations en provenance d’Allemagne. C’est ainsi que la zone euro survit cahin-caha depuis 2008.
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N’en déplaise aux politiciens vendeurs de lendemains toujours meilleurs, il n’y a pas de sortie de crise sans douleur. La suggestion du FMI de taxe spéciale de 10 % prépare la voie politique. Le moment venu, on vous expliquera que l’on ne fait qu’appliquer les prescriptions de cette organisation internationale. Exactement comme dans les entreprises qui font appel à des cabinets d’audit pour pouvoir ensuite licencier en s’abritant derrière les décisions des consultants.
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