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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Emmanuel de Waresquiel, avec cette biographie de Fouché, livre une somme passionnante sur un homme qui est devenu au fil des siècles la figure même du traître, de l'hypocrite, prêt à tout pour tirer les ficelles du pouvoir. L'honnêteté du biographe et de l'historien est de ne pas s'être contenté de cette image, de nuancer le portrait et de s'intéresser à un homme qu'il avoue ne pas aimer au moment où il commence ses recherches.
Un travail de fourmi dans une somme d'archives diverses et d'ouvrages contemporains, et on pourrait même dire une entreprise qui aurait pu paraître vouée à l'échec, en raison de la difficulté inhérente liée au personnage : Fouché a détruit tout ce qu'il a pu de documents compromettants, il a recouru au mensonge et à la flatterie pour recréer un portrait de lui-même plus avantageux.
Mais la chance sourit aux audacieux, et la réapparition inattendue d'une correspondance privée de Fouché a livré à l'historien tout un pan du personnage jusque-là ignoré.
Il n'y a pour autant aucune complaisance. L'homme est aussi le produit de l'époque, extraordinairement bouleversée et violente, où les passions politiques poussées à leur extrême ont divisé la France en deux partis irréconciliables pour longtemps. le génie de Fouché, selon l'expression de l'auteur, c'est d'avoir su non seulement comprendre les arcanes du pouvoir en des temps toujours incertains et troublés, mais aussi à s'y maintenir par son intelligence, son incroyable flair et sa faculté à s'adapter, parfois bien malgré lui, aux circonstances pour en attendre de plus favorables quand il le fallait. Haï et craint, il arrive pourtant à se rendre indispensable, à rendre des services quand il faut à ceux qu'il faut, et même à se faire aimer par des amis fidèles.
L'ouvrage d'Emmanuel de Waresquiel est passionnant, jamais il ne nous perd dans la complexité historique de la Révolution, de l'Empire puis de la Restauration, et pour ajouter au plaisir de la lecture, il est très bien écrit.
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S'attaquer aux 667 pages (denses) de cette biographie de Fouché peut apparaître comme un challenge. Mais le talent d'historien d'Emmanuel de Waresquiel a vite fait de donner l'envie de parcourir cet ouvrage avec détermination!

Le travail est immense, les recherches de documents d'archive approfondies et le résultat captivant. L'approche est davantage de découvrir l'homme Fouché plutôt que la série d'événements extraordinaires qui ont jalonné sa vie (l'un n'empêchant pas l'autre).

Evidemment en ayant terminé cette lecture je vais mettre au programme Talleyrand, que l'on fréquente tout au long du livre mais qui mérite un approfondissement sérieux

Un long moment d'histoire, une période fondatrice de nos temps modernes
La rencontre de véritables "hommes d'Etat" avec leur faits de gloire et leurs terribles erreurs
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Excellente biographie.
J'ai seulement regretté :
- la faiblesse de la période jusqu'à la Convention montagnarde (1794) : 190 pages sur 668.
- la période de l'Empire essentiellement centrée sur Napoléon !
- l'absence d'une chronologie en fin d'ouvrage.

Mais superbe écriture
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Comment comprendre Fouché ?
Deuils précoces ,impassibilité,cynisme et solitude mais sentimentalisme envers ses enfants et ses élèves.
tuberculose, force de caractère mais dissimulation
Foi dans la science et le savoir.
Origine sociale modeste,ambition,arrivisme,besoin d'être reconnu,mauvaise estime de soi,rejet des autres.
Formé par les Pères de l'Oratoire :Art de bien parler,liberté de penser, hypercontrôle , conformisme apparent , idéalisation de la nation donc les ennemis sont des traître et la pratique de la dénonciation une vertu.
Solitude masquée sous l'armure du pouvoir.
Neurasthénique.
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Fouché : un traître, l'homme du secret ; le policier tapi dans l'ombre. Ce sont souvent ces mots qui sont immédiatement associés au nom de Fouché. Cette image a été répandu sinon créée par les historiens et les écrivains du 19ème siècle. Qui ne se souvient d'Une ténébreuse affaireDe Balzac.
C'est ce personnage que Waresquiel dans sa complète et érudite biographie essaie de comprendre et de nuancer.
Fouché est né en 1759 près de Nantes. Son père s'est enrichi grâce à la traite négrière. Il a fait ses études dans un collège oratorien et va y rester comme professeur de physique. Fouché ordonné prêtre fait partie de sa légende.
Les événements vont servir ses ambitions cachées. La Révolution le trouve sur les bancs des Jacobins. Il vote la mort de Louis XVI. Il va rester pour toute sa vie un régicide. Il déteste Robespierre. Leur entente est impossible. Il n'y a pas de place pour deux ambitions.
Il participe à tous les gouvernements que connait la France comme ministre de la Police. Son goût du secret, son art de la manipulation, son habileté dans le mensonge font des merveilles à ce poste. Il connait tout, il sait tout grâce à ses « mouchards » ou à ses « moutons ». Enfermé dans son cabinet, il fait des listes . Tout est comptabilisé  , les infractions, les insoumissions, les vagabondages mais aussi les fortunes. le passeport est obligatoire pour se déplacer même en France. C'est » le silence de la pieuvre » qui enlace la France. Pour avoir une police efficace, il faut de l'argent. Il va le trouver dans la caisse des jeux. C'est l'origine de rumeurs dont celle d'un cabinet noir. Malgré ses méthodes contestables, Fouché transforme la police. Il la sépare de la justice et en fait une administration indépendante ; On peut dire qu'il est le créateur de la police moderne.
Fouché aime le pouvoir. «  Sa seule jouissance à lui, c'est le pouvoir « . La conquête du pouvoir est le but constant de sa vie. Sa fascination pour le pouvoir explique ses relations houleuses avec Bonaparte. Les deux hommes se détestent mais ils se savent indispensables l'un à l'autre. Un véritable jeu de chat et de souris. le seul qui puisse rivaliser avec lui est Talleyrand.,ministre « inamovible » des Affaires extérieures, poste convoité par Fouché. A la fois, semblables et différents, ils se haïssent. Ce pouvoir, Fouché l'exerce de façon occulte par le contrôle de la population. Ils chassent les proscrits, les suspects. Il contribue ainsi à augmenter le nombre des émigrés ; Mais, ensuite, il facilite leur retour et leur intégration. Il a très bien compris l'importance de l'opinion .Il surveille tout mouvement de mécontentement. Il est le précurseur des Renseignements généraux. Il utilise la presse pour manipuler l'opinion. Il fait ainsi écrire des articles à la gloire de Napoléon. En fait, il se mêle de tout y compris des affaires de famille de Napoléon. Il n'hésite pas à pousser au divorce avec Joséphine. Napoléon ne le supporte plus «  le ministre de la Police est le ministre de ma personne « 
Mais, E de Waresquiel va plus loin. Il tente de comprendre l'homme Fouché. Qui se cache derrière ce personnage physiquement laid, avec des yeux fascinants, cynique, mystérieux ?
Il faut replacer Fouché dans son époque ; L'épisode de la Révolution l'a profondément marqué. C'est une période terrible où chacun devait se protéger, se méfier de toute personne qui pouvait le dénoncer. C'est l'explication du goût pour le secret, la dissimulation, la manipulation. C'est aussi, à cette époque, que Fouché va acquérir des idées politiques auxquelles il va rester fidèle . Il va être tout sa vie un jacobin et un anticlérical. Et pourtant, Dans son château de Ferrières, il vit comme un noble. Il aime côtoyer les grandes dames comme la marquise de Custine, une de ses plus proches amies, ou Mme de Staël «  la femme la plus extraordinaire du siècle «  d'après lui. C'est un homme insaisissable «  Un renard doublé d'un caméléon « . Il semble indifférent, méprisant. Il cache peut être simplement sa nervosité et son hypersensibilité. C'est un bon père de famille ; Il a épousé Bonne Jeanne Coiquaud, d'une famille nantaise connue, laide, ambitieuse et avare. Il lui reste fidèle jusqu'à sa mort à l'âge de 47 ans. Il se remarie avec Ernestine de Castellane de trente plus jeune que lui. Elle ne va connaître avec lui que les chemins de l'exil. Il aime ses enfants et est bouleversé par la mort en bas âge de trois d'entre eux. Dans le parc de Verrières, il fait de longues promenades, sa distraction favorite. Il n'est pas attiré par l'art mais aime la musique.
Les dernières années le mènent sur les routes de l'exil : Dresde, Prague, Linz. Il meurt à Trieste le 26 Décembre 1820 dans l'indifférence générale.
«  Son nom est resté longtemps synonyme de trahison et d'abjection. Zweig, en l'assimilant, dans l'essai qu'il lui consacre entre les deux guerres au mal totalitaire en pleine ascension, n'a rien arrangé. L'ancien régicide a tant brouillé les pistes et effacé les traces qu'il faut un rude flair et beaucoup de patience pour le suivre jusque dans ses paradoxes et sa complexité. Avec lui, il reste et restera toujours une part d'ombre, une zone grise. »
Cest ce personnage complexe que nous restitue E de Waresquiel. Un vrai travail d'historien pour une vie qui ressemble à un roman noir.
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