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Voici clairement une lecture que je n'aurais surement jamais faite s'il n'y avait pas Babelio, et surtout Gwen et ses challenges…En effet, c'est dans le cadre du challenge BBC que j'ai repéré cette lecture et finalement, suite à une proposition de Gwen, je me suis lancée dans cette lecture commune…
Un livre au charme suranné qui parle d'une époque qui n'existe plus, l'entre-deux guerres en Angleterre.
Une écriture précise, quelquefois un peu ampoulée, et toujours so british….
Je reconnais que la lecture du premier quart a été laborieuse. J'ai vraiment du me concentrer pour ne pas me laisser envahir par l'ennui… et puis, tout à coup, la sauce a pris et mon intérêt est allé grandissant, voulant tout à coup savoir ce qu'il allait advenir des différents protagonistes…
Le milieu décrit par Evelyn Waugh m'a fait penser la série « Dowtown Abbey » que j'ai regardé il y a quelques années….
Le narrateur, Charles, pendant ses années à Oxford va se lier d'amitié avec Sebastian second fils d'une famille dont les titres de noblesse ne sont plus à prouver… En rentrant dans ce milieu aristocrate, précieux, à la fois guindé et nonchalant et qui possède ses propres codes, le jeune homme va être le témoin d'une façon de vivre en voie de disparition….Car en parallèle, au fur et à mesure de l'écoulement de cette histoire, les soubresauts de l'actualité de l'époque nous rappellent que bientôt viendront les temps des changements…L'avènement de Hitler au pouvoir, la guerre d'Espagne sont autant d'événements qui vont non seulement avoir une incidence à l'échelle européenne, mais aussi sur Charles et la famille de Sebastian….
L'histoire que nous raconte Charles a un arrière-gout de nostalgie et il semble vraiment bien loin, le temps de sa jeunesse….



Challenge Multi-Défis 2021
Challenge BBC
Challenge Pavés
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Retour à Brideshead' laisse un étrange goût d'amertume, d'inachevé. J'en ai oublié bien des détails, mais je n'oublie pas ce sentiment.

Un jeune homme d'origine moyenne, de nature plutôt timide, part faire ses études à Oxford. Plutôt discret, il s'intègre peu à la vie de l'école, y mène une vie discrète d'élève studieux – de « polar », comme on dit dans l'infect argot des écoles d'ingénieurs. le hasard fait qu'il devient ami avec le « lion » de l'école – le jeune homme le plus élégant, le plus recherché et le plus riche de l'école, Lord Sebastian Flyte. Il séjourne chez lui pendant les congés, découvre sa famille, notamment son élégante soeur Julia. Les mois défilent, les années d'école passent peu à peu, et il doit se rendre à l'évidence : lentement, volontairement, avec entêtement même, le charmant Sebastian est en train de sombrer dans l'alcoolisme…

Des années plus tard. le narrateur est un homme marié, Sébastian un homme ruiné errant quelque part. Par hasard, il recroise Julia. Pour elle, il divorcera… Mais ne l'épousera jamais. La guerre viendra achever de disloquer les restes de sa jeunesse.

Pourquoi le charmant Sebastian met-il tant d'efforts à ruiner consciemment et lucidement sa vie ? Y a-t-il vraiment de l'amour entre Charles et Julia, ou une simple complicité, un désir de rassembler la nostalgie qu'ils partagent pour une époque perdue ? On ne le saura jamais vraiment…

Je ne me rappelle plus de beaucoup de choses de ce livre, qu'il faudrait que je relise. Mais je me rappelle ce sentiment de mélancolie, cette incompréhension douloureuse et impuissante du narrateur devant son meilleur ami délibérément lancé dans une course à l'abime, ces amours et ces amitiés qui jamais de débouchent sur rien, le temps se chargeant de tout effacer.
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Lecture exigeante d'un roman exigeant d'un auteur exigeant.

Lecture qui requiert une attention soutenue et ne peut se satisfaire d'une concentration volatile. L'immersion ne fut pas simple, il fallut passer l'écueil des cent premières pages pour m'acclimater au style maniéré, limite précieux, style cependant nécessaire pour pénétrer en profondeur dans la sphère sélect de la gentry anglaise. le genre de crash-test qui fait dire que ça passe ou ça casse. Dans mon cas, c'est passé et le fait qu'il s'agisse d'une lecture commune a contribué à me faire tenir ferme la barre.

On ne peut s'étonner de voir figurer "Retour à Brideshead" parmi le top BBC des livres préférés des Anglais puisqu'il brosse une grande toile d'ambiance de ce qu'était encore la upper class britannique avant la Seconde Guerre Mondiale. L'entre-deux-guerres est véritablement cette période charnière pendant laquelle tout a basculé et après laquelle plus rien ne sera plus jamais comme avant. Intimiste, sobre et pourtant fastueux à sa manière, l'environnement des personnages prend sous la plume de l'auteur un relief unique, peut-être parce qu'il est question de peinture et d'esthétisme tout au long du récit, le personnage principal – et également narrateur – étant lui-même artiste peintre ?

"Retour à Brideshead" n'est pas un huis-clos comme pourrait le faire penser son titre qui évoque le nom d'une de ces grandes demeures aristocratiques anglaises nichées dans un vallon arboré d'un superbe parc où coule une rivière paysagée elle-même enjambée par des ponts rustiques faussement campagnards et terriblement romantiques. Plus largement, le roman est très ouvert sur l'Europe voire les Amériques, c'est à la fois une prise de pouls et une prise de température à l'heure où ça commence sérieusement à chauffer en Espagne et en Allemagne.

Il se dégage tout de même des personnages cet esprit de suprématie qui habite les Britanniques et qui fait un peu grincer les dents (des Français surtout) mais une fois qu'on s'est habitué au style métaphorique, parfois ampoulé (limite snob) mais en réalité terriblement humaniste, on peut se détendre et se laisser charmer par une atmosphère à la croisée des chemins de la série Downton Abbey, du film Gosford Park (tiens, tiens, d'ailleurs, série et film ont le même scénariste), ainsi que des romans "Les vestiges du jour" de Kazuo Ishiguro et "L'amant de Lady Chatterley" de D. H. Lawrence.

Un voyage littéraire plutôt ardu à la munificence surannée mais que je suis heureuse d'avoir entrepris.


Challenge PAVES 2021
Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge BBC
Challenge XXème siècle 2021
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Un roman que j'avais prévu de lire depuis longtemps et il a fallu une Lecture Commune pour enfin m'y mettre ! Et j'ai été captivée, avec une petite faiblesse vers la fin, à l'inverse de mes comparses.

Pendant la seconde guerre mondiale, à la faveur d'un déplacement d'un camp militaire, Charles Ryder se retrouve cantonné à Brideshead, un château qu'il a bien connu avant la guerre. Il entreprend de se remémorer ses souvenirs depuis sa rencontre avec un des fils lors de sa scolarité à Oxford pendant l'entre-deux guerres.

Charles est un jeune homme sans histoire et sans fantaisie et il va découvrir la vie des aristocrates en côtoyant Sebastian Flyte, rejeton excentrique et totalement déjanté de la riche famille de Lord Brideshead ! Sans entrave et sans limite de comportement Sebastian va “aimanter” Charles. En révolte contre sa famille et le catholicisme de celle-ci, il sombre dans l'alcoolisme dans une aura de désespoir que Charles ne pourra que contempler. Charles va être le spectateur privilégié de cette famille en marge qui va influer sur sa vie plus qu'il n'aurait pu le croire.

L'Entre-Deux guerres est une période de grands changements mais encore plus pour l'aristocratie qui ne se rend pas compte de la fin de l'âge d'or de leur vie protégée. le narrateur dépeint un tableau ironique et cynique de la vie décadente de cette jeunesse puis des adultes, inadaptés face aux événements qui se profilent.

La religion catholique, minoritaire en Grande-Bretagne, a une part énorme dans ce récit, elle influe sur le destin de chacun des membres de la famille Flyte en les enfermant dans un carcan dont ils ne pourront s'extraire.

Un roman de pure littérature british, en droite ligne de celle du XIXème où la vie d'une certaine société est décortiquée sans concession, sur fond de désespoir et de fatalité.

Challenge ABC 2021
Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge PAVES 2021
Challenge BBC 2021
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Roman remarquable, 1945, littérature anglaise.

Voici l'histoire d'une famille qui fait comme elle peut.

- La mère, aimée et haïe, sainte et méchante. A son grand désespoir, elle ne parvient pas à admettre l'homosexualité de son fils cadet, ni son alcoolisme (qu'elle a déjà éprouvé avec son mari)

- le père, expatrié une grande partie de sa vie avec son amante, fait un retour en force en fin de roman, pour venir mourir en famille, tyrannique et vengeur.

- Quatre enfants si différents face aux épreuves de la vie, de caractères, d'aspirations, et de forces.

- Une maison de famille, toile de fond et personnage à la fois, qui aimante et fait revenir ses habitants encore et encore...

Le narrateur est Charles, pas dans le strict noyau familial, mais toujours lié, d'abord à Sebastian, le fils cadet, puis à Julia.

Le point de départ : Charles et Sebastian, tout jeunes étudiants à l'université d'Oxford, se rencontrent et s'aiment.

Les thèmes sont traités avec finesse, nuances et humour : famille, homosexualité, alcoolisme, religion, art.

Le fond est riche et intelligent. La forme est magnifique : rythme parfait (euh, pour moi), très, très belle plume.

Excellent.

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En 1944, le capitaine Charles Ryder et son régiment sont cantonnés dans une vaste demeure, Bridesmaid, un domaine qu'il connaît déjà pour y avoir souvent séjourné dans les années 20 quand il avait été invité par un de ses amis. Rapidement les souvenirs ressurgissent...
Au sortir de la première guerre mondiale, c'est d'abord avec Sébastien que Charles fait connaissance, quand tous deux sont étudiants à Oxford. Sebastian, un peu dandy, un peu poète, se cherche dans l'alcool et l'humour désespéré, méprisant la bourgeoisie mais dépendant de l'argent que lui accorde sa mère. Lors d'un weekend à Bridesmaid, il fait la connaissance de Julia, la sœur, archétype du chic anglais, grande, élancée, maniant l'autodérision autant que la conscience d'appartenir à une classe privilégiée qu'il convient de pérenniser, il y a Cordélia, la petite dernière, vive et curieuse qui observe tout ce petit monde avec recul. La fratrie comprend également le frère aîné, héritier désigné du domaine, Bridley, conformiste, assez falot et dévot catholique.

Le roman évoque vingt ans de la vie du domaine dans les souvenirs d'un témoin extérieur mais extrêmement impliqué avec les membres de la famille et c'est la peinture d'une société en déliquescence, une famille aristocrate qui ne réussit pas à s'adapter aux changements de mentalité, de société, d'époque, qui tente de sauvegarder l'art de vivre britannique mais qui s'effrite; Sébastien rejette l'appartenance à ce monde, Julia se coule dans un mariage de convenance avec un homme mi aventurier, mi politique qui cherche la députation et le frère aîné se laisse séduire par une veuve intéressée...
C'est un roman qui dépeint magnifiquement des personnages englués dans des changements de société qu'ils subissent plutôt que les maîtriser, écrit avec un style magnifique et très littéraire que j'ai apprécié et même s'il y en a quelques longueurs, elles étaient vite oubliées par la beauté de la plume d'Evelyn Waugh.
Un roman prenant par l'auteur d'Officiers et gentlemen.
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Si vous avez aimé Les Vestiges du jour de Kazuo Ishiguro ou apprécié la série télévisée Downtown Abbey, vous trouverez dans Retour à Brideshead la même ambiance. Celle des fins d'époques où s'opposent, entre deux guerres mondiales, les traditions du siècle précédent aux évolutions de la société des Années folles.

Je ne reviendrai pas sur le contenu de ce roman. D'autres l'ont très bien fait avant moi dans les billets précédents. Je soulignerai la qualité de l'écrit d'Evelyn Waugh, admirablement rendu par la traduction de Georges Belmont.

Le traducteur a su retranscrire, sans les dénaturer, la force des mots et la poésie des phrases. Réalisation ô combien importante sans laquelle je n'aurai pas apprécié un si bel écrit. Ceci alors que je débutais ma lecture, avec beaucoup d'appréhension, bien que je lus, il a quelques semaines, le Cher disparu du même auteur. Je savais cependant que le registre et le thème des deux livres étaient bien différents.

Finalement, je ne regrette pas d'avoir lu ce roman qui est reconnu comme une oeuvre majeure de la littérature anglaise.
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Je suis toujours enthousiaste pour m'engager dans une lecture qui m'emmènera en Angleterre, dans l'ambiance feutrée des grandes demeures et en compagnie de personnages hauts en couleurs.

Retour à Brideshead nous plonge dans cette atmosphère si britannique du début du 20e siècle : d'abord Oxford dans les années 20, puis la campagne anglaise dans une famille aristocratique.
Charles Ryder, le narrateur, est jeune étudiant quand il rencontre le fantasque Sebastien Flyte. Un lien d'amitié très fort se noue entre les deux jeunes hommes. Charles finit par rencontrer la famille de son ami, dans cette demeure, Brideshead, qui va le marquer à vie. Sebastian, ne supportant pas ce poids familial, plonge inexorablement dans l'alcool et la fuite. Charles s'éloignera, puis se rapprochera quelques années plus tard de Julia, la soeur de Sebastian, dont il tombera amoureux.
Le début du roman se situe en 1944, pendant la guerre, quand Charles, officier, voit sa garnison prendre ses quartiers dans cette maison si chère à son coeur.

J'avais abandonné la lecture du roman il y a quelques années, la lecture commune du challenge multi défis m'a motivée pour recommencer et cette fois-ci pour aller jusqu'au bout. Je ne le regrette pas, même si la plume d'Evelyn Waugh peut être ardue parfois, et exigeante.

Un roman que j'ai trouvé teinté de nostalgie, et qui m'évoque la perte : la perte de la femme aimée, la perte des illusions, la perte de l'insouciance et de la jeunesse. Un roman qui m'interroge aussi sur la foi, sur la religion très présente dans le livre, sur le poids du péché et sur la culpabilité.

Un très beau roman, une lecture qui marque l'esprit.
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Charles Ryder, 39 ans, réserviste pendant la seconde guerre mondiale, se déplace avec sa troupe à travers l'Angleterre et vient s'installer près d'un endroit qu'il reconnait immédiatement : Brideshead.
Cette demeure, il l'a découverte quelques vingt ans plus tôt, grâce à son ami Sebastian, fils de la famille Flyte, qu'il a rencontré à Oxford lors de ses années d'université.
Il ouvre alors sa mémoire et c'est toute une période, l'entre deux guerres, qui nous est contée.
Des personnages extravagants, de l'argent, un brin de folie, de l'irrespect envers les convenances et la/les religions, une époque d'insouciance que Charles semble redécouvrir avec nostalgie ... et regret aussi peut-être car ces personnages semblent tous s'être un peu perdus.
Un roman en demi teinte : une première partie un peu difficile d'accès, de par le style quelque peu formel et le peu d'action, puis un développement passionnant autour de cette famille très particulière.
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Alors que s'est déjà éteint son bref engouement pour la chose militaire, les hasards de la guerre ramènent un jour le capitaine Charles Ryder à Brideshead. Ce paysage, il le connaît encore par coeur : une vallée enchantée, trois lacs, un château, la plus belle demeure qu'il ait jamais connue - et avec lui, mille souvenirs d'un temps désormais révolu. C'était il y a plus de vingt ans, la première année à Oxford, les portes de la vie qui s'ouvrent enfin en grand, les amitiés studieuses qui cèdent le pas aux amitiés de plaisir, le temps où l'on apprend à boire et à aimer. C'était Sébastien Flyte, ce garçon délicieux, un peu puéril, dont il était devenu le compagnon inséparable et qui l'avait amené là, à la demeure de ses ancêtres. C'étaient les Années Folles, l'alcool qui coule à flots, la fête qui trébuche, les dysfonctionnements qui percent, la mélancolie qui s'installe et grignote, grignote irréparablement les belles promesses dont on se grisait tantôt.

Un sentiment de profonde tristesse domine à la lecture de ce roman - roman de la jeunesse perdue, de l'amour gâché, des illusions enfuies. Pas de pathos, pourtant, juste un ton de mélancolie sourde, d'amertume lucide, un peu désemparée, qui n'exclut ni l'humour pince-sans-rire ni la satire sociale. On a d'ailleurs soupçonné des personnalités bien réelles derrière certains personnages : Lord Beauchamp et son fils, Hugh Lygon, pour Lord Marchmain et Sebastian, un peu du peintre William Ranken pour Charles Ryder... de toute évidence, l'auteur peint un milieu qu'il connaît de près, la haute société de l'entre deux guerre, où se côtoient artistes et aristocrates, esthètes flamboyants et mondaines bon ton, avec ses extravagances, ses excès, ses folies, ses scandales, ses faille secrètes et ses traditions irréductibles. le tableau en est passionnant, un peu grinçant parfois, plein de charme, de vie, de couleurs, autour d'un petit noyau de personnages assez inoubliables. J'avoue un faible particulier pour Anthony Blanche, homosexuel flamboyant qui gère l'hostilité de ses camarades avec un panache admirable et restera, malgré ses fables et ses mises en scènes, l'un des caractères les plus francs et les plus forts du roman. Pour Cordélia aussi, la petite soeur dont la piété n'a d'égale que l'impertinence. Et puis, évidemment, Sebastian, qui ne saura que chuter en perdant son enfance, se heurter aux siens comme un animal captif aux barreaux de sa cage, Sebastian que tout le monde adore et qui se déteste lui-même avec une violence désolante - de ces personnages qui me touchent trop pour ne pas me séduire malgré l'envie latente qui me prend de leur botter l'arrière-train.
Difficile, pourtant, de saisir avec précision les ressorts intimes du personnage, de comprendre exactement ce qui le ronge, ce qui détruit de l'intérieur cette famille. Une part de mystère est voulue, sans aucun doute, le narrateur lui-même, longtemps, reste perplexe devant le drame qui se joue, d'autant plus impuissant et désarmé. Puis avec lui, on commence à saisir certaines choses, mais évoquées toujours de manière très allusive - et je ne suis pas certaine d'avoir toujours bien saisi ce qui était impliqué, notamment dans les dessous des rapports familiaux, le rôle de la religion dans tout cela, à la fois essentiel et très ambigu, destructeur et consolateur. Je serais assez tentée, à vrai dire, de voir dans la figure de Lady Marchmain un symbole autant qu'un personnage. Aimée et respectée de tous, sauf de ceux qui comptent réellement pour elle, objet d'un engouement passionné mais vite éteint de la part de son époux, qui depuis lors la fuit comme la peste pour vivre une existence lointaine, libre et plus ou moins scandaleuse, vouée à détruire tous ceux qu'elle cherche à retenir avec les meilleures intentions du monde, et tout particulièrement son fils cadet, implicitement homosexuel, qui n'assume pas de la haïr, elle reste assez mystérieuse en tant qu'individu mais prend pleinement son sens si on voit en elle, femme fatale et sainte, une incarnation de la tradition religieuse de la famille. Religion catholique, en l'occurrence, qui donne aux Flyte une place un peu à part dans l'aristocratie britannique, qu'ils cherchent à peu près tous à fuir mais à laquelle ils finissent toujours par revenir, presque malgré eux, pour le meilleur ou pour le pire.

Il méritera au moins une seconde lecture, ce roman - une lecture plus posée, moins avide de savoir comment tout cela va (mal) tourner, plus sensible aux indices, aux sous-entendus, enrichie peut-être d'autres romans de cet auteur que je connais assez mal. Je me procurerai en revanche une autre traduction que celle utilisée par l'édition 10/18, vieille, souvent maladroite, qui ne rend certainement pas justice au style de l'auteur.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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