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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
... une histoire drôle pour personnes tristes, une histoire triste pour personnes drôles.
J'adore cette phrase en quatrième de couverture.
Sur ma critique de Dégâts des eaux, un commentaire de JoedeCarc. Je cite : « Je recommande ‘Ordo', un bijou de sensibilité, un livre à part dans l'oeuvre de Westlake. » Presque tout est dit. Un matelot est chahuté par ses collègues, alors que c'est dans le journal, pour leur avoir caché qu'il avait été marié à la grande star de cinéma, la reine du sexe actuel. Lui tombe dessus un passé d'il y a 16 ans quand il a épousé une jeune fille qui a menti sur son âge et que la mère a fait annuler ce mariage. le problème est qu'elle a changé de nom, de look et autre et qu'il n'arrive pas à la reconnaître. Il prend un congé pour tenter de comprendre.
Un roman sur l'identité, du comment se déconstruire, du retour vers le passé, des paillettes, devient-on son propre personnage ou l'inverse ? Une joie en plus : traduction de Jean-Patrick Manchette. Un énorme merci à JoedeCarc pour, effectivement, ce petit bijou.
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Ordo un gars de la marine à deux ans de la quille
est une vedette aux yeux de ses compagnons matelots
bluffés de voir sa photo tout jeunot dans la rubrique people du journal.
C'est vrai qu'il a été brièvement marié à celle qui deviendra la star mondiale Dawn Devayne...
sauf qu' Ordo ne reconnaît plus les traits de son ex
et décide d'aller à sa rencontre pour la voir de plus près...
Donald Westlake comme son matelot à la cool arpente les pavés d'
Hollywood Boulevard et s'incruste dans le milieu artistique californien
à la recherche de la star perdue...
Bien qu'il vogue dans le Rivage noir, ce livre traduit par Jean-Patrick Manchette n'est point un polar mais un roman d'atmosphère.
La description d'un univers de paillettes, d'une romance proche des feux de la rampe et le ton faussement désabusé font passer un rudement bon moment en compagnie d'Ordo qui ne fait pas dans la nouvelle vague.
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Westlake rime avec polar, ou presque, mais pas que.

Imaginez-vous découvrir, bien des années après un divorce depuis longtemps prononcé, que votre douce et tendre de naguère s'affiche désormais en 4X3 sur Hollywood Bd, en star incontestée du septième art qui l'aura porté au pinacle.

Bon ,faut dire qu'à l'époque, Ordo, la vingtaine arrogante, venait d'épouser une gamine de seize ans, ce qui déplut à belle-maman qui s'empressa de faire annuler cette union contre nature. Si la chose est entendue, ce qui tarabuste notre trentenaire de marin habitué aux pires tempêtes, c'est qu'entre la frêle et douce Estelle Anlic d'antan et la sublime Dawn Devayne sur grand écran, le fossé est abyssal. C'est bien simple, il ne la reconnait absolument pas, ce bon Dr Delajoux étant totalement étranger à l'affaire. Désireux d'en avoir le coeur net, il bazardera ses RTT, CA et moultes heures supp' histoire d'éclaircir cet imbroglio qui le perturbe plus que de raison. Mais est-il toujours bon de vouloir solder les comptes avec le passé, ça, c'est à vous d'en juger...

C'est court mais c'est bon.
En 120 pages, Westlake aborde la problématique de l'impossible amnésie amoureuse et des secondes chances mort-nées tout en taillant un costard XXL au monde du cinéma qui se la raconte sévère.
L'écriture est intrigante et auréolée d'un épais mystère.
Le récit empreint de nostalgie et d'amertume se déguste sans aucune modération...
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« -Hey, Orry. T'as jamais dit que t'avais été marié à Dawn Dewayne. Bon Dieu, Orry, c'est marqué noir sur blanc dans ce putain de journal ! »
C'était vrai, une photo du Matelot Première Classe Ordo Tupikos s'étalait dans ce journal où l'on pouvait lire un long article consacré à la célèbre vedette de cinéma Dawn Dewayne, la nouvelle incarnation de tous les fantasmes de blonde explosive.
Ordo en était resté sonné.
S'il avait bien été marié à une fille dans le temps, c'était avec une dénommée Estelle Anlic et elle n'avait vraiment rien à voir avec la pin-up du magazine !
La mère avait d'ailleurs fait annuler le mariage car sa fille était encore mineure à l'époque ; elle avait dit qu'elle avait 19 ans, en réalité elle n'en avait que 16. Heureusement la Marine lui avait évité un tas de tracas en l'affectant au loin sur un navire.
Seize ans s'étaient écoulés, ils ne s'étaient jamais revus et jamais il n'avait pensé que la star hollywoodienne, dont il avait vu quelques films, n'était autre qu'Estelle Anlic ! Elle avait tellement changé ! Rien à voir avec ce qu'elle était autrefois, on ne la reconnaissait tout simplement pas, « comme une maison de bois se transformerait en maison de brique ».
Alors que lui à l'inverse n'avait pas changé d'un pouce, il était resté exactement le même type qu'auparavant, plus âgé certes mais pas différent.
Cette histoire l'avait à ce point perturbé qu'il avait pris une permission, destination Los Angeles, dans le but de rencontrer Dawn Dewayne pour tenter de comprendre cette si radicale transformation.
Pendant plusieurs jours, des bureaux d'impresarios aux plateaux de tournages en passant par les luxueuses résidences de Bel Air, il avait partagé un peu de ce monde de paillettes, de strass et de faux semblants, des stars du cinéma d'Hollywood.

Comment une personne peut-elle devenir totalement quelqu'un d'autre ? Comment quelqu'un peut-il changer à un point aussi radical que tout ce qui le caractérisait auparavant a complètement disparu ?
Toutes ces questions apparemment anodines que se pose le marin Ordo Tupikos sur le changement de personnalité, sont la base d'un roman d'atmosphère totalement captivant qui va nous asservir jusqu'à la dernière ligne car la maîtrise de Donald Westlake en matière de suspense est vraiment d'un très haut niveau.
Il ne faut pourtant pas s'en étonner car Donald Westlake (1933-2008) est l'auteur d'une bonne centaine d'ouvrages et principalement de romans noirs ou policiers dont plusieurs ont été adaptés au cinéma.
C'est le cas d'« Ordo », adapté en France en 2004 par Laurence Ferreira-Barbosa avec Marie-José Croze dans le rôle de l'actrice métamorphosée.

« Ordo » n'a pourtant rien à voir avec un roman policier, pas d'enquête, pas de meurtre, pas de flic ni de détective. Mais l'ambiance générale de ce court roman qui traite de l'identité, du souvenir et de la mémoire, est saisissante dès le départ, car caractérisée par un style épuré et nerveux et un rythme impeccablement balancé sans aucun temps mort.
Les questions qui perturbent Ordo sont de celles qui vont avoir une résonnance dans sa propre existence et inévitablement dans notre propre conscience. Ainsi, jusqu'à quel point faut-il haïr sa vie et son être pour désirer que plus une seule partie n'en émerge ? Dans quel recoin caché les souvenirs, que l'on sait souvent tenaces, se nichent-ils afin d'être entièrement occultés?
Et le bonheur ne passe-t-il que forcément par l‘oubli ?
Beaucoup de questions identitaires auxquelles Ordo tentera de trouver les réponses dans un milieu où justement les faux-semblants sont légion.

En élaborant son récit dans le monde du cinéma, Donald Westlake égratigne en même temps un milieu où il est bien difficile de démêler le vrai du faux, les acteurs endossant leurs rôles de célébrités bien au-delà des scènes de tournages…
« Tout le monde sait que les noms de stars de cinéma sont gravés sur les trottoirs d'Hollywood Boulevard. Chaque année, ces noms perdent un peu plus de leur signification. L'idée de ces noms, c'est l'immortalité, mais ce qu'ils révèlent vraiment, c'est la mort»…La mort de l'ancienne vie et de l'ancienne personnalité de bon nombre de vedettes que l'on crée de toute pièce pour alimenter le fantasme du public.

Le sacrifice en vaut-il la chandelle ? le bonheur est-il au prix de l'oubli et de la négation de l'être ?
En ne changeant pas, Ordo a-t-il finalement raté sa vie ?
Chacun se fera son opinion au terme de ce bref roman plein de subtilité, traduit de l'américain par Jean-Patrick Manchette - un autre auteur de polars - lequel a su retranscrire toutes les finesses et le charme de ce très bon scénario.
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C'est un peu Dumas et Vingt ans après ; c'est un peu Gainsbourg et Variations sur le même t'aime ; c'est un peu Lelouch et Partir, revenir ; c'est un peu Sautet et Une histoire simple ; c'est surtout Donald Westlake et qu'est-ce que c'est bien !

Jeune Marine, Ordo « Orry » Tupikos s'est marié avec Estelle Anlic avant que ses parents ne la lui reprennent. Il retrouve sa trace par hasard des années après alors qu'elle est désormais Dawn Devayne, star de cinéma adulée à Hollywood.

Ils vont se revoir. Mais si Dawn retrouve bien Orry, Orry retrouve t-il Estelle ou Dawn ? Ou pourra t-il retrouver Estelle en Dawn ?

En quelques pages, Donald Westlake délaisse un temps son héros récurrent et ses pseudos pour nous livrer une histoire toute en tendresse et nostalgie sur le thème des plats qui ne repassent pas, de la mélancolie chimérique des souvenirs heureux, de l'incroyable force émotionnelle qu'offre parfois la vie à certaines parenthèses inattendues.
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"Quand cesse-ton d'être la personne qu'on est et devient-on quelqu'un d'entièrement différent ? Qu'est-ce que cela vous fait ?"

Selon les cercles que nous cotoyons nous ne serons pas perçus de la même façon car inéluctablement nous n'y avons pas le même statut, le même rôle, la même place. Rares sont les personnes qui nous voient évoluer dans tous les milieux. Aussi les représentations vont bon train, y compris et peut-être surtout dans les transports amoureux. Prétendre connaître quelqu'un tient de la gageure car l'individu lui-même est souvent surpris de ses propres réactions devant certaines situations.

De même, lorsque l'on n'a pas vu quelqu'un depuis assez longtemps on oscille généralement entre deux surprises : celle provoquée par la permanence de certains traits physiques et de certains traits de caractère que les années écoulées ne semblent pas en mesure d'éroder et a contrario celle provoquée par la découverte de changements plus ou moins subtils, plus ou moins radicaux.

L'une comme l'autre sont susceptibles de nous rassurer comme de nous perturber car elles questionnent les souvenirs, les certitudes.

Le récit de vie d'Estelle Anlic devenue comédienne à succés sous le pseudonyme de Dawn Devayne ressemble à un parcours erratique dans un palais des glaces. Où se situe vraiment la personnalité de cette femme qu'avait épousée Ordo Tupikos ? Ce dernier ne l'avait d'ailleurs pas reconnue lorsqu'il avait vu ses films !

Après avoir constaté non sans ironie et cynisme comment son entourage modifie sa façon de l'interpeller depuis qu'un magazine a révélé qu'il avait convolé en injustes noces avec Estelle/Dawn alors qu'elle était encore mineure, ce banal marin qui par contre n'a pas bougé d'un iota va chercher à comprendre comment Estelle a pu se métamorphoser à ce point.

Au-delà de ses joues rondes qui ont fait place à des pommettes saillantes, il ne parvient pas à saisir ce qui a pu se passer pour qu'elle incarne à juste titre aujourd'hui pour des millions de spectateurs la quintessence de la sensualité et de la beauté. "Tout le monde a des fantasmes, mais ce n'est pas tout le monde qui jette sa personnalité réelle pour vivre dans le fantasme."

Comme de si de rien n'était, il redevient son amant après seize ans d'absence, l'accompagne sur les tournages, s'installe de fait dans la luxueuse maison de la star puis soudain est finalement implicitement convié à quitter les lieux et sa vie.

Pourquoi ? La réponse de Donald Westlake est à la fois simple et complexe. Comme l'évidence en somme.

Autre titre de Donald Westlake
Lien : http://muet-comme-un-carpe-d..
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Autant le dire tout de suite, je suis un inconditionnel de Donald Westlake. Les multiples aventures de Dortmunder, le voleur looser aux plans infaillibles et improbables m'ont bien fait rire. S'il fallait vous en conseiller un pour commencer, je choisirais peut-être "Dégâts des eaux", peut-être juste parce qu'il est encore plus improbable que les autres ! Mais détailler toutes ces aventures, ainsi que celles de ses autres personnages récurents, risquerait d'être monotone. C'est pourquoi j'ai préféré privilégier un roman plus "sérieux". Non pas "Le couperet" qui a eu son heure de gloire grâce au cinéma, mais "Ordo", un texte court qui n'a rien d'un roman policier. Surprenante histoire de cet homme qui retrouve, au hasard d'un article de journal, un amour de jeunesse. Il se surprend presque lui-même à partir à la recherche de son amoureuse écervelée de l'époque, puis à vaguement envisager de renouer ce fil sorti de son passé. Une histoire sur les enchantements de la jeunesse et les désenchantements du présent, la vie quoi…
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Ordo Tupikos est marin. Pas pêcheur mais quartier-maître de l'us navy. Tranquille et simple, proche de la retraite accordée à 40 ans, ses origines paternelles grecques, suédoises, indiennes d'Amérique, et maternelles irlandaises et italiennes font de lui l'archétype de l'américain à 100 % . Lorsque dans un magazine pipole paraît un article intitulé « Dawn Devayne est-elle la prochaine star du sexe mondial ? », dans lequel il est révélé qu'elle a été, 16 ans auparavant, brièvement mariée à Ordo Tupikos, le passé du navigateur lui saute brutalement au visage.


Pourtant rien dans cette vedette hollywoodienne ne lui rappelle Estelle Anlic dont il a été amoureux et qu'il a épousée alors qu'elle n'avait que 16 ans et lui 21. le mariage fut rapidement annulé, la môman d'Estelle n'appréciant guère la précocité conjugale et illégale de sa fille.


Sur les traces de son passé sentimental, Ordo se rend à Hollywood, lieu où même les plantes sont artificielles, pour tenter de répondre aux questions suscitées par l'article de presse : Comment cesse-t-on d'être la personne qu'on est et devient-on quelqu'un d'entièrement différent ? Comment Estelle a-t-elle pu changer si complètement, dans son aspect, sa personnalité, son genre de vie alors que lorsqu'elle aimait Ordo, elle n'était même pas quelqu'un qui puisse seulement espérer devenir une star de cinéma. Comment Estelle Anlic s'est-elle transformée en Dawn Devayne ?


Ordo occupe une place à part dans la bibliographie de Donald Westlake puisqu'il ne s'agit pas d'un polar mais d'une brève et sensible réflexion sur la nostalgie d'amours juvéniles que l'on rêve de voir renaître de leurs cendres comme si l'on n'avait pas vieilli, changé, comme si du temps ne s'était pas écoulé. Ne vaut-il pas mieux laisser le passé dormir paisiblement plutôt que de vouloir le réveiller ?


Quel plaisir de retrouver Jean-Patrick Manchette en brillant traducteur !
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Les livres à part ont souvent tendance à être les plus commentés, analysés, en d'autres termes les plus importants dans la carrière des écrivain.e.s. Si on en vient à parler de Donald E. Westlake, alors Ordo pourra sans objection être rangé dans cette catégorie. À l'instar de Mémoire Morte ou Monstre Sacré, avec lesquels il partage quelques obsessions, ce roman se situe aux antipodes des récits habituellement magnifiés par Westlake. Plus encore, celui-ci surprend par son format plus proche de la courte nouvelle (moins de 100 pages), tenue avec un ton à la fois léger (même aérien), profond et mélancolique. le thème d'une identité diffuse, multiple ou trompeuse, est un renvoi au concept de persona cher à Carl Jung, qui veut que l'individu se conforme à un rôle pour se fondre dans la société. Alors qu'un élément de son passé remonte à la surface, Ordo Tupikos se retrouve en plein doute existentiel. Est-on le jouet du temps ou d'un environnement qui vous contraignent à devenir quelqu'un d'autre ? Combien de "masques sociaux" pour recouvrir le moi profond ? Peut-on changer jusqu'à ne plus être du tout la personne que l'on a été ? On retrouve cette interrogation et cette duplicité bien souvent dans les oeuvres périphériques de Westlake, notamment les deux pépites dont j'ai mentionné le titre plus haut. Ordo n'est sans doute pas aussi accompli que ses deux objets non identifiés dans la bibliographie de son auteur, il n'en demeure pas moins fascinant à lire. Très fluide, rythmé et méditatif, on pencherait presque pour un long poème désabusé où perce une sensibilité inhabituelle.
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Un petit roman à part dans l'oeuvre de Donald Westlake. Un court récit très bien écrit, plein de mystère et de poésie. Décidément, Westlake est capable de tout!
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