Les peintures de cet artiste seront donc vagues comme des rêves; ils offriront des contrastes qui n'existent que dans sa fantaisie exaltée. J'admets que malgré tout cela, tel idéaliste puisse peindre des paysages admirables. S'il a le sentiment du beau, il empruntera à la nature des effets de couleur et de lumière, qui frappent les sens, qui charment les yeux , là même où il n'admet aucun détail.
Un réaliste qui se met à peindre, — je ne parle pas des faiseurs y qu'on rencontre d'ailleurs dans l'une et l'autre école ,— prouve par le fait même qu'il se sent frappé, attiré par la nature et sa beauté. Une telle impression de beauté n'est reçue par aucune individualité sans que celle-ci n'en soit en quelque sorte ennoblie. C'est pour l'âme une sorte de conception de la poésie à laquelle elle est appelée plus tard à donner naissance.
Le paysagiste idéaliste, quoiqu'il ne puisse se dispenser de compter davantage avec la nature, ne lui emprunte que les lignes et les tons, dans lesquels il croit voir un reflet de ses aspirations et de ses rêves. Il néglige les détails qui ne font que déterminer le caractère d'une scène de la nature, dont il ne se soucie qu'autant qu'il répond à sa " vue intérieure " , — expression favorite des idéalistes allemands.
Le peintre qui fait l'objet de cette étude est un des chefs éminents de l'école hollandaise. Il est à la fois connu comme tel par les admirateurs de cette école et par ceux même qui la tiennent en moins grande estime. Plus qu'aucun autre il y représente l'élément naturaliste. A ce propos et à titre d'introduction, qu'on nous permette de dire quelques mots de la question du réalisme dans l'art.