Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à remercier les éditions Sonatine et la plateforme NetGalley pour leur confiance renouvelée.
J'avais beau savoir que
Tim Willocks n'en était pas à son coup d'essai en matière de thriller, je ne m'attendais pas à me prendre un tel uppercut dans la tronche en attaquant ce bouquin.
D'entrée de jeu l'auteur annonce la couleur, le prologue commence en effet quelques heures avant le dénouement de l'histoire ; Turner est déjà au coeur de l'action et on devine aisément que son séjour à Cap Nord n'a pas dû être de tout repos…
Vous l'aurez compris ce bouquin vous emmène visiter l'Afrique du Sud, mais oubliez les décors de cartes postales pour touristes en goguette. Ici vous découvrirez l'envers du décor, le côté obscur de l'Afrique du Sud en quelque sorte.
À commencer par la région dans laquelle se déroule l'intrigue, des terres arides aux portes du Kalahari. Une région qui doit une prospérité inespérée à l'exploitation minière de Margot le Roux et de fait elle règne sur les lieux en maîtresse absolue, les autorités sont à sa botte.
On découvre aussi un pays en proie à une criminalité galopante où la corruption est une activité aussi courante que lucrative. Tout se paye quand on y met le prix, si ce n'est avec du cash, il suffit de trouver ce qui fera vibrer la bonne corde sensible.
Heureusement tout le monde ne se complaît pas dans cette fange nauséabonde et malsaine. Turner est un modèle d'intégrité qui, à défaut de croire en la police, croit encore en la loi et entend bien la faire respecter à tout prix. Adepte du tai-chi, il est la zénitude incarnée, mais ne vous avisez pas à venir piétiner ses plates-bandes, il peut se transformer en une véritable machine de guerre quand la situation l'impose.
Vous l'aurez compris pas d'entente possible entre Margot, prête à tout pour soustraire son fils à la justice, et Turner, bien déterminé à le ramener au Cap afin qu'il y soit jugé. Aucun des deux ne courbera l'échine devant l'autre, la confrontation est inévitable et elle s'annonce explosive.
Une intrigue menée à un train d'enfer qui saura vous prendre d'emblée aux tripes et ne vous lâchera pas avant le clap de fin ; et autant vous prévenir de suite, entre-temps vous n'aurez guère l'occasion de reprendre votre souffle.
Forcément c'est violent (souvent) et trash (parfois), mais ce n'est jamais gratuit. L'action est mise au service de l'intrigue et souvent analysée par les personnages qui n'agissent parfois plus par nécessité que de gaieté de coeur. Vous aurez notamment le droit à une inoubliable leçon de survie au coeur du désert… à éviter le ventre plein !
Évidemment on ne peut qu'éprouver un profond respect pour le personnage de Turner, mais l'auteur apporte le même soin à l'ensemble de ses personnages. Même les méchants ne sont pas des brutes épaisses décérébrées, ils ont leur raison d'agir de la sorte (amour d'une mère pour son fils, amour d'un homme pour sa femme, loyauté, amitié, appât du gain…) ; on n'est pas obligé d'adhérer, mais ça leur confère malgré tout une certaine humanité.
Et puis il y a les autres, ceux qui se retrouvent le cul entre deux chaises, mais ne peuvent guère réagir soit parce que trop impliqués par ailleurs (Winston), ou par peur de se dresser contre la Reine-Mère Margot (Iminathi) ou encore parce qu'ils ignorent tout de ce qui est train de se tramer à l'insu de leur plein gré (Dirk).
Un thriller noir à souhait, mais quelle claque ! Un magistral coup double (coup de coeur et coup de poing) amplement mérité.
Si vous voulez un thriller qui dépote grave,
La Mort Selon Turner est fait pour vous. En refermant le roman, je sais d'ores et déjà que je ne suis pas près d'oublier cette rencontre avec Turner.
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