Si vous aviez aimé ses précédents livres, “
la maladie de Sachs” étant sans doute le plus connu puisqu'il avait fait l'objet d'une adaptation cinématographique, vous ne pourrez pas ne pas aimer ce roman généreux, foisonnant, émouvant, bouleversant aussi, une ode aux femmes et un plaidoyer pour une médecine plus proche des patients, pour une écoute plus attentive des soignants... ce sont là les thèmes chers à
Martin Winckler, récurrents dans l'ensemble de ses écrits jusque dans les romans policiers... ne pas oublier qu'avant tout, il a exercé la médecine pendant 25 ans et n'a eu de cesse de s'élever contre le mandarinisme et la soi disant toute puissance des médecins souvent trop imbus de leur savoir et trop formatés par la faculté pour entendre vraiment leurs patients et voir en eux autre chose qu'un cas médical sorti du contexte de l'être humain dans sa globalité.
Jean Atwood, brillante interne des hôpitaux, futur professeur en chirurgie gynécologique doit, avant d'obtenir le poste qu'elle convoite, passer par un stage de six mois dans un service de Médecine de la femme, dirigé par un médecin généraliste à la réputation sulfureuse, Franz Karma, chantre d'une médecine modeste, à l'écoute de ses patientes qui l'adorent, entouré d'un personnel entièrement dévoué qui l'appelle par son prénom... du jamais vu pour cette interne carriériste, aux dents longues qui n'a pas de temps à perdre à écouter les nanas lui raconter leurs jérémiades, elle ce qu'elle veut, c'est du scalpel, des écarteurs, des compresses, des maladies des vraies... la confrontation ne se passera pas du tout comme elle avait imaginé et elle va être amenée à réviser ses positions et ses à-priori ...
Ce roman fourmille de mille histoires, que l'on suit comme un feuilleton, il résonne de voix de femmes entendues par milliers.
Martin Winckler n'a rien perdu de sa colère et de sa fougue contre la misogynie qui règne dans ces services qui devraient être au service de la femme et où les médecins se comportent en dieux tous puissants, c'est un roman écrit dans une langue formidablement juste, “qui parle, pleure, chante, s'enflamme, crie et passe sans crier gare par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. “(Télérama)...
J'adhère totalement aux idées de cet humaniste qu'est le docteur
Marc Zaffran alias
Martin Winckler et j'ai adoré ce pavé de 608 pages qui se dévore de façon addictive et dessine à travers les histoires chorales qui le composent le portrait de ce que pourrait bien être le médecin idéal...