AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,24

sur 2793 notes
La voix de soliste de ce « choeur des femmes » est tenue par Jean (prononcez "Djinn"), interne des hôpitaux, major de promo, sur le point de terminer son internat. Son but : obtenir un poste de chef de clinique dans le meilleur service de chirurgie gynécologique de France. Mais avant d'atteindre ce Graal, on lui impose, pour valider son internat, d'aller passer six mois dans une obscure unité de « Médecine de la Femme », dirigé par le controversé Dr Karma. Jean ne voit pas autrement ces six mois que comme un purgatoire, puisque dans cette unité, on passe le temps à faire tout ce qu'elle déteste – elle qui ne veut que se consacrer à la chirurgie « pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin » –, à savoir écouter les femmes parler d'elles-mêmes et de leurs problèmes. Entre cette jeune femme arrogante, agressive et dotée d'un fameux complexe de supériorité, et le Dr Karma, auquel la rumeur prête tous les vices, la confrontation semble inévitable.

Mais le sujet de ce roman n'est pas seulement le récit de la rencontre et du choc des idées entre ces deux personnes, c'est avant tout la mise en lumière de l'opposition frontale entre deux conceptions de la médecine gynécologique. D'un côté (majoritaire), il y a les actes : prescriptions pléthoriques de médicaments, d'analyses, d'examens invasifs voire non sollicités, tout cela « pour le bien des femmes », mais sans qu'on ait réellement pris la peine de les écouter, de les informer, de demander et d'obtenir leur consentement éclairé, bref, sans qu'on songe à se préoccuper de leur bien-être physique et psychologique, comme si, après tout (air connu), les femmes n'étaient pas les mieux placées pour savoir ce qui se passe dans leur corps et ce dont elles ont besoin ou envie. de l'autre côté, il y a la parole, celle des patientes, que de trop rares médecins prennent le temps de faire advenir (parce qu'un problème peut en cacher un autre), d'écouter et surtout (surtout!) de s'abstenir de juger ; et puis la parole de ces mêmes médecins qui informent, conseillent, proposent des alternatives, accompagnent, tout en évitant les examens médicaux superflus. En un mot : ceux qui respectent l'humanité de leurs patientes.

Alors certes on peut reprocher à ce roman quelques longueurs et un côté trop manichéen ou caricatural, mais question contenu, tout est bon à prendre. « le choeur des femmes » se lit comme un page-turner, parfois poignant, souvent révoltant ou écoeurant, qui provoque colère à l'égard des uns et admiration à l'égard des autres. Bien qu'écrit en 2009, il semble malheureusement toujours d'actualité, à en lire les nombreux articles et blogs sur les violences gynécologiques et obstétricales.

Lecture à prescrire donc à tous les gynécos (y compris les femmes) et médecins en général, comme une piqûre de rappel que leur travail consiste à soigner dans le respect de l'intégrité et de la dignité de leurs patient.e.s.

A lire et offrir par/à toutes et tous, pour (re)prendre conscience-affirmer-répéter-insister-marteler-revendiquer que le corps des femmes leur appartient, et que leurs voix méritent d'être entendues.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          591
Déjà ancien , ce gros livres de 600 pages a confirmé Martin Winckler dans son rôle de pourfendeur des mauvaises pratiques médicales surtout en gynécologie
Impossible , avec mon expérience de praticien, d' avoir un avis objectif. J' ai donc écouté les avis féminins qui étaient loin d' être unanimes . Certaines ont arrêté avant la fin du livre , la quasi-totalité a trouvé ce livre bien trop long , bien trop descriptif
Cette jeune chirurgienne gynécologue qui doit faire en stage en médecine pour valider son cursus chez un praticien à l' ancienne ,c'est-à-dire à l' écoute , va découvrir « la vraie médecine »
Il y a beaucoup de vrai dans les propos de l'auteur mais la fin est assez invraisemblable. MW est un bon scénariste mais un piètre romancier. Il a un égo hypertrophié .Je suis le médecin parfait, les autre sont nuls , malhonnêtes ou incompétents.
Commenter  J’apprécie          41
Ce livre amène un questionnement important et primordial sur les violences obstétricales, gynécologiques, sur la prise en charge des femmes par des professionnels de santé. Il bouleverse, il émeut, il perturbe, il questionne ! Lorsque j'ai terminé la dernière page, les derniers mots j'ai eu l'impression de dire au revoir à un très bon ami.
Commenter  J’apprécie          10
C'est une collègue qui m'a conseillé ce livre et elle a bien fait car c'est un coup de coeur ! J'ai tout de suite adhéré à l'écriture qui mêle narration et pensées (en italique) et qui laisse parfois la parole aux interlocuteurs·trices de Jean (« Djinn ») Atwood (d'où le titre). Cela donne un certain dynamisme au récit qui se lit très vite malgré ses 600 pages.
Le texte est avant tout un manifeste féministe pour le droit des femmes à disposer de leur corps. Les patientes qui défilent dans le bureau du Dr Karma ont toutes besoin, avant tout, de se confier en toute impartialité (« Ne jugez pas les femmes. Écoutez-les »). le médecin ne réalise d'ailleurs d'examen gynécologique que si c'est nécessaire (« Elles voulaient seulement que je leur tienne la main et que je les écoute pleurer. »). le Dr Karma s'efforce de répondre aux interrogations des femmes sur les différents moyens de contraception et sur la grossesse, ce qui l'amène souvent à entendre des confidences sur les relations amoureuses/sexuelles/maritales (« Elle avait besoin qu'on la rassure »).

Mais pour Jean Atwood, jeune interne ambitieuse qui a dû batailler pour en arriver là (« J'ai été trop humiliée, trop rabaissée auparavant, parce que je suis une nana ») et qui veut se spécialiser en chirurgie car elle peut « faire aussi bien qu'un mec, voire mieux », l'unité 77 n'est qu'un « défilé de plaintes, de gémissements, de jérémiades » (« Qu'est-ce que j'en ai à foutre de ces femmes et de leurs malheurs ? »). Au départ, l'héroïne semble désabusée et méprisante envers les patientes et l'on sent beaucoup de colère en elle – pourquoi donc ? Sa vie privée (son compagnon Joël qu'elle a mis à la porte, son père américain qu'elle n'a pas vu depuis cinq ans) se dévoile par touches, tout comme le secret qu'elle cache sous ses vêtements.

En réalité Jean est « désarçonnée par la manière dont nous travaillons ici », si loin de l'enseignement reçu. C'est l'un des thèmes phares de l'oeuvre : « Dans les foutues facultés françaises, on déforme les médecins au point qu'ils s'imaginent, une fois leur diplôme en poche, qu'ils savent tout et n'ont plus rien à apprendre ». le Dr Karma défend une autre manière de soigner, moins orthodoxe et plus humaine (« Avec les autres médecins, t'as toujours l'impression que t'es personne »). « Formatés par l'université », les jeunes médecins sont « déjà aigris, agressifs, frustrés » avant même d'avoir eu leur propre clientèle. Et puis pour le Dr Karma, « la médecine française est une médecine de classe. Un trop grand nombre de « professionnels » méprisent les femmes immigrées, obèses, prolétaires, femmes seules ou adolescentes en rupture ». Quant aux transgenres, ils fascinent tellement que les chirurgiens ont tendance à les prendre pour des cobayes (la chirurgie reconstructrice des organes génitaux n'est pas encore très au point). Plus le livre avance, plus il accorde d'importance à cette délicate question de l'identité : doit-on dès la naissance décider d'un bébé intersexe s'il est fille ou garçon ?

Ainsi, au fil de témoignages laissant perplexe et faisant réfléchir, on voit Jean évoluer progressivement (« Tu es une sensible, au fond. ») sans que le Dr Karma ne lui impose quoi que ce soit, même s'il est « malade qu'un jour tout ce savoir-faire acquis pour faciliter la vie des femmes sera perdu ». L'interne se rend compte que « mon immersion parmi les patientes de l'unité 77 a complètement changé ma manière de voir les choses », y compris dans sa vie personnelle, ce qui la rend bien plus sereine. Au final on sait que « quoi qu'il arrive et où qu'elle aille, elle soignera et elle fera du bien ». Et c'est tout ce que l'on attend d'un (bon) médecin.
Commenter  J’apprécie          130
On est quelque part au Canada. Avant d'obtenir son diplôme en chirurgie, Jean ou Djinn doit effectuer un stage en gynécologie dans le département du Dr. Karma, un médecin très humain avec ses patientes, le genre de médecin exemplaire et fin psychologue qu'il est rare de trouver. La jeune femme est bourrée de certitudes et le trouve agaçant. C'est évidemment réciproque, car l'arrogance de Djinn est désagréable. Elle ne supporte pas que ses acquis universitaires soient remis en question par tout ce qu'il a appris au travers de la pratique de sa profession. le Dr. Karma lui propose une semaine de stage de pure observation dans un premier temps. La confrontation entre les deux personnages est intéressante, et s'il n'y avait que cela, ce serait une lecture reposante, mais il s'agit de bien davantage dans ce roman qui est un ouvrage approfondi sur la pratique de la médecine, le respect des maux du patient, tous les problèmes qu'une femme rencontre liés à sa féminité, à sa sexualité ou même encore à son identité sexuelle. Avec la surabondance de cas de figures, le côté documentaire met au second plan le quotidien des docteurs, et j'ai lu de façon un peu plus fragmentée, parce que j'ai trouvé cela plus pesant, vu l'ampleur de ce travail d'enquête. le côté médical m'a touchée comme celui de la gestion de la douleur, de l'anxiété face à la situation d'examen, de la mort, de l'idéal du médecin, sa vocation, ou l'envers de la pratique médicale, le quotidien d'un médecin, etc… Fascinant mais lourd par endroits. Un roman utile et détaillé qui est à saluer.
Commenter  J’apprécie          220
Comment parler de ce livre ? Ce livre est une réflexion éthique qui m'a saisi, d'autant plus du fait de mon métier, mais qui saura aussi toucher toutes personnes allant voir le médecin, c'est-à-dire tout le monde ou presque.
Médecin de formation, Martin Winckler pose une question dans ce livre : Qu'est-ce que soigner ? Une vaste question aux multiples réponses. Il critique la médecine moderne où il questionne la place du médecin dans notre société aujourd'hui. Il apporte des faits de médecine qui questionneront certainement de nombreuses femmes puisqu'il se centre notamment sur la médecine gynécologique.
Au-delà de la médecine qu'il interroge, c'est un livre qui questionne aussi la position de la femme en tant que patiente. Ce qui rend l'histoire d'autant plus intéressante est que notre héroïne est elle-même une femme qui ne s'émeut pas particulièrement de la violence qu'on peut faire subir aux femmes lors de consultation gynécologique.

Mais c'est aussi un roman dans lequel nous suivons Jean Atwood, médecin émérite en passe de devenir chirurgienne d'un grand hôpital. Une héroïne antipathique aux premiers abords que l'on apprécie au fur et à mesure qu'on la connait, marquée par la vie.
L'histoire en soit est ponctuée de rebondissements plus au moins prévisible. J'ai adoré la relation entre Atwood et Karma, l'évolution de celle-ci. Ce sont vraiment des personnages très touchants.

Conclusion

Il est dur de parler de ce livre. C'est une expérience littéraire que je n'avais encore jamais faite et que j'ai adoré ! J'ai dévoré ce livre et je l'ai déjà recommandé à plusieurs personnes de mon entourage. Je vous invite à le découvrir au plus vite. Un coup de coeur !

Lien : https://freelfe.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          71
J'ai du mal à comprendre l'enthousiasme pour cet ouvrage sur Babelio, enthousiasme qui m'a conduite à le lire. Quelle déception! D'abord je ne trouve ça pas agréable à lire, ensuite l'histoire est cousue de fil blanc avec une dernière partie foutraque et ...ridicule, les personnages sont caricaturaux, sans nuances etc... Mais surtout et c'est ce qui m'a vraiment mise mal à l'aise, on prétend expliquer les "bonnes pratiques gynécologiques" sans montrer beaucoup de respect ni pour l'intimité des femme, ni pour leurs maux, ni dans la description des actes. J'ai trouvé ça voyeur et méprisant tout en étant donneur de leçons.
Commenter  J’apprécie          20
C'est avec regret que je laisse derrière moi Jean et le Dr Karma... J'ai tellement aimé voir évoluer Jean auprès du Dr Karma, qui grandit en tout point de vue auprès de ce médecin plein d'humanité (d'ailleurs si quelqu'un a l'adresse du cabinet de ce docteur, je veux bien 😅).
J'ai vraiment apprécié le style de l'auteur, qui peut déconcerter mais auquel j'ai franchement accroché !
Commenter  J’apprécie          90
Ce livre parle des femmes, parle aux femmes, parle pour les femmes. Dans une mise en forme un peu particulière, l'auteur nous invite dans un service de gynécologie très spécial, dit de "Médecine de la Femme", où l'écoute est aussi importante que le diagnostic et les soins apportés. La narration, entrecoupée de témoignages divers et de cas particuliers, crée une très bonne dynamique de lecture.

Jean Atwood, jeune interne à la détermination implacable, arrogante, dont la bienveillance fait cruellement défaut, mais pas les préjugés, va devoir apprendre à écouter (et à entendre). le récit étant narré à la première personne, nous sommes projetés directement dans ses pensées, grâce auxquelles nous assistons à son changement au fur et à mesure que l'on avance dans notre lecture. Jean est une femme très énergique, et cette énergie se reflète parfaitement dans ses ressentis, ses états d'âmes, ses réflexions, son cheminement intérieur. C'est souvent essouflant, car une fois lancée, on ne l'arrête plus. Sans même plus le temps de placer une virgule, Jean nous emmène dans un flot continu qui exige quelque peu un minimum de concentration mais qu'on ne veut pas lâcher.

Ici il est évidemment question de gynécologie, mais pas uniquement. On parle de moyens de contraception, de grossesse, d'accouchement, d'avortement, tout en évoquant la sexualité, les premières fois, l'abstinence, le viol, le harcèlement, les peurs et les inquiétudes, la honte, l'incompréhension. On est face à des interrogations plus diverses les unes que les autres. Par le biais de ces patientes, l'auteur oblige Jean à apprendre la bienveillance et l'empathie, nous la montrant de plus en plus attachante, "humaine".

On parle également et surtout d'intersexualité, qui est au coeur de l'intrigue. Cette dernière, qui est également agrémentée de secrets et de non-dits familiaux, devient de plus en plus passionnante.

Une lecture dynamique, énergique, essouflante. Éloquente. Féministe. Touchante. J'ai adoré.
Commenter  J’apprécie          202
« Qu'est ce qu'on m'avait raconté, déjà ? »

Une fois dit que ce n'est pas de la grande littérature, il faut préciser que c'est un livre intéressant et même passionnant pour plusieurs raisons.

D'abord, on apprend plein de choses sur la contraception et le corps des femmes. C'est écrit avec des mots simples mais ce n'est pas beta. On apprend sur les femmes en général, sur leurs vies, leurs malheurs, leurs espoirs, … On apprend sur le milieu hospitalier et l'industrie… bon là je suis plus réservée, c'est très caricatural mais je veux bien penser que de tels abus aient existés et peut être existent encore. On comprend mieux alors pourquoi il y a de si mauvais médecins.

Ensuite c'est une histoire avec des rebondissements. Une jeune médecin, très douée, percluse de certitudes, misogyne, comme pas permis, va se retrouver confronter à des femmes, qu'il ne s'agit pas seulement de « découper » (elle est chirurgienne) mais d'écouter et surtout d'entendre sans juger… Et bien que cela se révèle autrement plus difficile, elle y trouve des satisfactions qu'elle n'imaginait même pas. Elle va faire connaissance avec une autre façon d'exercer la médecine, qui petit à petit va l'amener à (re)prendre contact avec ses envies, et changer son attitude de façon radicale non seulement face à la médecine mais également à la vie. Un petit bémol, la crise familiale que traverse cette jeune femme est un peu too much… Est-ce que ce mélodrame ne dessert pas un peu le livre et son message sur la condition féminine face à la contraception et la médecine…

C'est un livre qui se lit d'une traite… enfin 671 pages quand même… qui fait du bien. Même sans être médecin, on peut tous avoir notre « patiente alpha » cette rencontre qui fait changer de vie.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (5745) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous bien Martin Winckler ?

Quel est le patronyme de Martin WINCKLER ?

Marc ZAFFRAN
Martin ZAFFRAN
Matthieu ZAFFRAN

10 questions
58 lecteurs ont répondu
Thème : Martin WincklerCréer un quiz sur ce livre

{* *}