Dans la mythologie grecque
Médée est la fille du roi de Colchide Eétès. Lorsque Jason et ses argonautes viennent réclamer la Toison d'or,
Médée l'aide à triompher et s'enfuit avec lui. Alors que les colchidiens les poursuivent,
Médée sacrifie son jeune frère, qui les a accompagnés, et jette les morceaux de son corps dans la mer, afin de les ralentir.
Médée épouse Jason et ils ont deux garçons.
Ils trouvent refuge à Corinthe, où le roi Créon les accueille. Mais Jason tombe amoureux de Glaucé, la fille du roi et répudie
Médée pour l'épouser. Cette dernière offre alors à la jeune femme une tunique empoisonnée qui prend feu, ainsi que le Palais Royal.
Médée, prise de folie, tue alors ses propres enfants.
Si
Jean Anouilh présentait une version de
Médée très proche du mythe original, ce n'est pas le cas de
Christa Wolf, qui en donne une tout autre image beaucoup plus féministe, de la même manière que
Madeline Miller, qui s'est attaqué à l'histoire de circé, la tante de
Médée.
Médée apparait comme une femme libre, dérangeante pour beaucoup, d'autant qu'elle bouscule les traditions et tente de percer les secrets inavouables sur lesquels est fondée la dynastie.
Dans cette version
Médée n'est pas coupable des meurtres qu'on lui attribue. Son jeune frère a été tué pour des raisons politiques et elle s'est contentée de voler ses restes, qu'elle a éparpillés par dessus bord pour semer ses poursuivants. Loin de vouloir assassiner Glaucé, elle tente de la guérir de ses crises d'épilepsie, causées par un traumatisme enfoui dans son inconscient. Elle lui offre de bon coeur une robe blanche le jour de son mariage, mais Glaucé, prise d'une nouvelle crise, se jette d'elle-même dans un puits. Les conseillers du roi imagineront cette histoire de tunique empoisonnée, afin de rajouter de nouveaux griefs envers
Médée. Lorsqu'elle s'enfuit, elle laisse ses enfants en garde aux prêtresses d'Héra, et ils seront tués par les Corinthiens de peur qu'ils ne réclament un jour le trône.
Outre l'image totalement différente que nous propose
Christa Wolf, le récit choral, où chaque narrateur nous raconte une partie de l'histoire, nous permet d'en appréhender au plus près la réalité. Ainsi tour à tour
Médée, Jason, Glaucé, Agaméda, colchidienne qui a suivi
Médée, Akamas et Leukos, deux astronomes du roi Créon, vont nous offrir leur vision des faits.
Je ne connais pas suffisamment la vie de l'auteur et ses implications avec l'histoire de la RDA et c'est donc après ma lecture que j'ai découvert que
Christa Wolf, après la réunification des deux Allemagnes, avait vécu une situation un peu semblable, où on l'accusait d'avoir collaboré avec la Stasi.
Médée "étant la victime toute trouvée d'une société en crise qui s'est lancée dans une absurde chasse aux sorcières".
Quoiqu'il en soit, j'ai été happée par l'histoire de cette femme, moderne et féministe, guérisseuse persécutée comme sorcière, utilisant la psychanalyse (qui bien évidemment n'existait pas à l'époque) pour tenter de soigner les démons intérieurs de sa patiente. Un réel coup de coeur !!
Lien :
http://dviolante5.canalblog...