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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cette chambre de Jacob ne peut que dérouter le lecteur non averti, voire le lasser. On sent dans ce court roman, publié en 1922, toute l'énergie que met Virginia Woolf à casser les codes du roman traditionnel, mais aussi ses difficultés à maîtriser cet exercice. Sans cesse son écriture hésite entre la sécheresse des annotations sur la foule de personnages qui traversent le livre et la touche poétique qui imprègne les passages décrivant la nature, ou les phénomènes atmosphériques.
Qui est Jacob Flanders ? Le narrateur omniscient qui se manifeste de temps à autre, au fil des pages, se refuse à nous le dire. Nous ne le découvrirons qu'au travers de la perception qu'ont de lui sa famille, ses amis de Cambridge, les femmes qui croisent sa route, ou encore ses rencontres de hasard. Il est impossible de saisir Jacob, enfant parmi d'autres enfants, étudiant au milieu d'autres étudiants, jeune employé menant une vie terne, voyageur lancé dans l'aventure du voyage par un héritage de cent livres. Une vision fragmentée du personnage, comme si nous le regardions au travers d'un kaléidoscope, exposés à l'incapacité de saisir ses pensées au-delà de l'écume de ses enthousiasmes et de ses dégoûts. Un être dont il ne reste rien à la fin de sa brève existence, sinon une paire de vieilles chaussures dont on ne sait que faire.
Le critique Arnold Bennett – dont Virginia Woolf pouvait se moquer magnanimement une fois son talent littéraire reconnu dans Moi, Snob ? – jugea sévèrement l'entreprise moderniste de l'auteure. Sa rupture avec les codes de la fiction, l'intrigue, le contexte dans lequel évoluent les personnages, la structure romanesque, lui valut une volée de bois vert. Faut-il pour autant condamner La chambre de Jacob ? Non. L'écrivaine casse la gangue du roman édouardien pour s'ouvrir de nouvelles voies. Elle innove, elle cherche et, même si le résultat est inégal, elle aboutit à une oeuvre teintée d'une profonde mélancolie, nimbée par le halo d'incompréhension et d'absurdité qui s'attache aux vies écourtées, la disparition de Jacob faisant écho à celle de son père, dont la mort elle aussi prématurée est évoquée au début du roman.
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Une écriture qui avance de trois phrases, puis recule de deux pour éviter d'arriver à l'énoncé définitif. Pour approcher l'oeuvre de Virginia Woolf sûrement pas le livre le plus facile.
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Je tiens à remercier les éditions Archipoche (et en particulier, Mylène Pagnat) pour l'envoi de ce service-presse.

J'aime connaître « mes classiques » et n'hésite d'ailleurs pas à parfois m'y plonger. N'ayant jamais ouvert un livre de cette auteure, je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais. Même si Virginia Woolf est considérée comme l'une des auteures majeures de la fin du XIXème – début XXème siècle, je n'ai pas apprécié son livre. Je m'explique...

Tout d'abord, Virginia Woolf a un style d'écriture tout à fait particulier. Les phrases sont longues, voire très longues. J'avais l'impression qu'une fois une phrase terminée, j'en avais déjà oublié son début. Cela ne permet vraiment pas une lecture aisée. Lisant souvent dans les transports en commun, je n'ai pas toujours pu et su me concentrer pour me laisser envahir par le récit. C'est le genre de livre à découvrir dans un endroit feutré, à l'abri du monde extérieur. de plus, j'ai trouvé que l'écriture était trop mélancolique et trop suggérée à mon goût.

D'habitude, j'aime les auteurs qui prennent leur temps pour planter le décor et qui n'hésitent à miser sur des descriptions amples quant à leurs personnages ou à l'environnement (afin que le lecteur ait l'impression d'être lui-même au milieu du récit). Ici, le problème est que la vie du héros principal, Jacob, n'est que fragmentaire s'éparpillant sur des personnages qui disparaissent aussi vite qu'ils sont apparus ou sur des lieux qui ombragent le personnage de Jacob. Après la lecture de ce livre, je ne parviens même pas à savoir résumer de ce qu'a été vraiment la vie de Jacob, comme a dû l'imaginer Virginia Woolf. Cette dernière nous en offre que des parcelles de vie, parfois très brèves et pas forcément de manière harmonieuse.

Malgré que j'ai peu apprécié ce livre (peut-être pas à juste titre), je ne ferai pas un trait sur les autres bouquins écrits par cette auteure. Je ne pense pas qu'il faut cantonner un artiste qu'à l'une de ses oeuvres car cela serait trop réducteur. Toutefois, j'attendrai quand même un petit moment avant de réessayer. La période estivale n'est peut-être pas la plus propice pour m'y plonger car il est vrai que j'y apprécie des styles plus légers et moins sévères que ce titre « La chambre de Jacob » n'avait à offrir.

Par contre, mention spéciale pour la préface de ce livre par Joseph Vebret (auteur français qui dirige le « Salon littéraire », magazine en ligne consacré aux livres, j'avoue que je ne connaissais pas ce site mais certains articles m'ont déjà plu] qui offre un éclairage sur la vie et sur le parcours littéraire de Virginia Woolf. En seulement quelques pages, il a su me faire découvrir cette auteure d'une très belle façon.
Lien : http://musemaniasbooks.blogs..
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J'ai beaucoup aimé la lecture de cet ouvrage, tout en finesse et délicatesse. C'est par petites touches a la manière d'un peintre que nous suivons Jacob dans sa vie et la succession de ses expériences, de ses découvertes, de ses passions, de ses amours. V.W suggère plus quelle ne donne dans le réel, elle relate par l'interrmédiaire des autres la vie et les,pérégrinations de Jacob. Cette manière de narrer peut désemparer le lecteur, je la trouve très fraiche et très plaisante. Recit choral très poétique.
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Il m'est bien difficile de résumer l'histoire tant j'ai eu l'impression que cela partait dans tous les sens. On suit Jacob de son enfance jusqu'à son engagement dans l'armée à la veille de la première guerre mondiale. On découvrira son dégoût de certaines personnes, ses amours.
Tout comme Mrs Dalloway, je ne sais pas trop quoi en penser. J'éprouve encore une déception face à ce qu'écrit Virginia Woolf.
Cependant je dois lui concéder certaines choses. Elle sait parfaitement décrire les choses de la vie de tout les jours, ce à quoi on ne prête pas attention : « L'air est languide dans une chambre déserte ; à peine gonfle-t-il les rideaux : les fleurs bougent dans la jarre. Une fibre du fauteuil d'osier craque, bien qu'il n'y ait personne dedans ».
Ou bien parler de la beauté des femmes : « La beauté féminine ressemble...elle ressemble, la beauté des femmes, à la lumière sur les flots, qui n'est jamais à demeure sur une vague unique. Toutes la reçoivent, toutes la perdent ; tantôt opaques et ternes comme du suif, tantôt translucides comme un pendeloque de cristal. Les visages qui ne varient pas sont des visages sans intérêt ».
On retrouve même une sorte de féminisme : « Mais si l'on autorise les femmes à travailler, comme des hommes elles auront vite fait de disparaître.  Leur sexe s'éteindra, (...). »
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Si « La chambre de Jacob » avait été le premier texte de Virginia Woolf que j'avais lu, je n'aurais pas cherché à lire ses autres écrits. Cette phrase est probablement trop honnête, mais c'est la stricte vérité. J'ai été très déçue de cette lecture. Elle est très souvent perturbante, désarticulée et demande beaucoup de concentration Pourtant, Dieu sait que j'aime Virginia Woolf…et que j'ai dévoré des livres comme « Une chambre à soi », « Orlando », « Les Vagues » (dont la structure est loin d'être classique) ainsi que son journal intime.

Je dois reconnaître que « La chambre de Jacob » est, quand même, la preuve d'une écriture travaillée et originale…mais faut aimer lire et passer son temps à recoller des morceaux pour comprendre l'histoire…C'est une confusion quasiment permanente en terme de temps et d'espace. On alterne entre des moments compréhensibles et des moments beaucoup trop flous. C'est même à se demander si certains passages étaient vraiment utiles.

Certaines choses sont pourtant intéressantes à discuter. Il y a d'abord la vision des femmes : elles sont souvent décrites comme cruches, inintéressantes et vraiment pas valorisées. Et c'est assez drôle quand on sait à quel point V.Woolf était féministe, et d'ailleurs on peut très bien mettre ce texte face à « Une chambre à soi » qui prône un peu tout le contraire.

La seconde chose porte sur le titre. Quand on lit « La chambre de Jacob », on peut facilement penser que cela va principalement parler de la chambre dans laquelle Jacob (a) grandit… mais c'est réellement bien plus vaste que cela. C'est plutôt le monde et les personnes qui l'entourent, durant toute sa vie. Des petits moments qui semblent anodins mais qui marquent des étapes, même si au fond, Jacob ne nous dit pas grand-chose de lui (on passe d'ailleurs parfois du « il » au « je » sans réellement comprendre pourquoi).

J'ai aussi aimé la description des rues de Londres ainsi que les paysages de la campagne anglaise. Pour y être déjà allé plusieurs fois, je trouve que V.W a très bien retranscrit ce que l'on y voit et ressent.

Malgré ces points positifs, je reste sur ma position et j'attribue la note de 3 sur 5. Je pense que ce n'est définitivement pas le bon livre si l'on souhaite commencer à lire les textes de Virginia Woolf, car il ne reflète pas son véritable talent.

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Virginia Woolf, pseudonyme d'Adeline Virginia Alexandra Stephen (1882-1941), est une femme de lettres anglaise, l'une des principales auteures modernistes du XXe siècle. Bisexuelle et féministe, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un membre central du Bloomsbury Group, qui réunissait des écrivains, artistes et philosophes anglais, groupe au sein duquel elle rencontrera Vita Sackville-West avec qui elle aura une liaison durant toutes les années 1920. Woolf souffrait d'importants troubles mentaux et présentait tous les signes de ce qu'on nomme aujourd'hui, troubles bipolaires. En 1941, à l'âge de 59 ans, elle se suicida par noyade dans l'Ouse, dans le village de Rodmell (Sussex), où elle vivait avec son mari Leonard Woolf, écrivain lui aussi. Elle avait commencé l'écriture comme activité professionnelle en 1905 pour le supplément littéraire du Times et un premier roman en 1915. La Chambre de Jacob date de 1922.
J'aime Virginia Woolf même si je ne suis pas certain de très bien la comprendre et ce roman est très symbolique de ce sentiment.
Le héros du livre c'est Jacob Flanders, élevé avec ses deux frères par une mère veuve. Nous allons le suivre tout au long de sa courte vie dans la bonne société, ses études (Cambridge), son émancipation avec son appartement à Londres, son intérêt pour la littérature, quelques maîtresses (Florinda…), ses relations dans le beau monde et son voyage solitaire autant que succinctement évoqué, à travers l'Europe passant par Paris, l'Italie et la Grèce avant de s'achever à Constantinople.
Pas grand-chose en vérité, d'un strict point de vue narratif. Sauf que c'est madame Virginia Woolf qui tient la plume – ce qui d'un côté corse l'affaire et d'un autre en fait tout le sel. L'écrivain n'est pas facile à lire, il ne faut pas le cacher à un nouveau lecteur, et ce bouquin encore plus qu'un autre. La lecture ne coule pas de source, il faut être très attentif, lire entre les lignes, deviner les éléments qui manquent, déduire ce qu'il advient de non-dits. Chaque nouveau personnage est une énigme à percer, les femmes semblent très friandes de Jacob, certaines deviendront ses maîtresses d'autres c'est moins sûr ; il n'y a pas que les femmes qui soient attirées par Jacob, son ami homosexuel Bonamy – « il avait plus d'affection pour Jacob que pour quiconque au monde » - en pince secrètement aussi pour lui.
Quand le roman s'achève abruptement par un dernier chapitre d'une seule page, sa mère et son ami Bonamy inventoriant sa chambre, on devine que Jacob est mort plus que le récit ne le dit, possiblement à la guerre. Et se pose la question, cet homme qui était-il vraiment ? Certes l'auteur nous a donné beaucoup de détails épars mais qu'en retenons-nous exactement ? C'est peut-être là, le thème du livre : on ne connait jamais réellement les gens, comme pourrait l'indiquer différentes remarques distillées au fil de cette lecture : « Il semble que d'avoir de nos semblables une opinion pénétrante, impartiale et totalement juste soit complètement impossible » ou encore « Il ne sert à rien d'essayer d'évaluer les gens. Il faut se fier aux signes, non pas précisément aux paroles, ni tout à fait aux actes. »
Lire Virginia Woolf m'ensorcèle littéralement : je tombe sous le charme de son style – assez spécial néanmoins - en quelques pages à peine et même si je ne saisis pas tout ce que je lis ( ?), je suis incapable de m'en détacher. Vous l'aurez compris, de la belle littérature mais peut-être pas pour tout le monde…
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La construction de ce roman est étrange, suivant tantôt la mère, tantôt Jacob, dans un espace temps souvent suggéré, parfois compacté, parfois dilaté... du point de vue de la mère, des camarades d'université, de la femme séduite, etc. Flanders... pour évoquer la bataille de Flandres de la première Guerre mondiale, d'où de nombreux jeunes Anglais ne sont jamais revenus... Jamais citée, la guerre est en arrière plan de toute la fin du roman. Un livre sur la peur de la perte, Virginia Woolf sort d'une longue dépression après la mort de sa mère de la grippe en 1895 (elle a alors treize ans), puis de sa demi-soeur Stella d'une péritonite en 1897, celle de son père en 1904 et enfin celle de son frère Thoby de typhoïde en 1906. Au moment où elle écrit ce roman, elle a déjà été internée plusieurs fois, a souffert de délire et d'hallucinations, peur de la folie... (elle finira par se suicider en 1941). On voit l'inquiétude et l'angoisse de mort de l'auteure dans le personnage de la mère toujours si inquiète pour son fils Jacob. Un style très différent de ce dont je me souviens de Mrs Dalloway, mais il faudrait que je le relise, ma première lecture date d'au moins vingt ans...
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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Il m'a demandé du temps celui-ci, tant de personnages, de points de vues, il m'est arrivé de m'y perdre !
Il demande de la disponibilité, je ne pouvais pas le lire en étant entouré de gens qui discutent ou quand j'étais trop fatiguée, d'où le temps qu'il m'a fallu pour le finir !
Ceci étant dit, une belle prose, un sens du souvenir, de la mémoire, de la complexité humaine.
On se dit qu'on est bien plus que ce que les gens pensent, on est tout ça à la fois, et rien, c'est mouvant.
Nous sommes des êtres intriguants, passionnants.
Belle lecture à vous.
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