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Virginia Woolf fait partie de mes auteurs fétiches et pourtant jamais encore je n'ai osé écrire le moindre avis sur une de ses oeuvres. Je souhaite remercier ici l'ami qui a exaucé un de mes voeux en m'offrant un exemplaire de la Chambre de Jacob dans l'édition à la couverture bleue de 1929.

L'écriture de Virginia Woolf me bouleverse, j'aime sa manière d'appréhender et de décrire le monde alors que je la qualifierais volontiers de cérébrale et ne comprends pas toujours où elle veut m'emmener. Cette oeuvre ressemble pour moi à un éloge funèbre. Jacob est décrit par différentes personnes de son entourage qui en montrent tour à tour une facette, un aspect, à un moment donné. Virginia Woolf nous propose un portrait éclaté et nous invite à recoller tous les morceaux à notre disposition pour avoir une idée approximative de qui il pouvait bien s'agir. Jacob est donc tout à la fois le grand absent et celui dont on parle sans cesse. Sa chambre, une pièce désormais inhabitée qui rassemble encore les objets qu'il a aimés, les livres sur une étagère, une paire de chaussures qui traînent. Cette lecture se présente pour moi comme une chasse aux indices. Rien n'est laissé au hasard, les collections, les livres cités, les dates, les pétales de coquelicot oubliés dans un ouvrage. Des petits cailloux blancs semés qui nous permettent de comprendre le dénouement sans que celui-ci soit explicite, le tout doublé de références autobiographiques de l'auteur.

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Un roman de 1922 pour le moins original, dans lequel le personnage incontournable et central, Jacob, glisse et se faufile comme une anguille dans l'univers feutré et coloré de Viriginia Woolf.
« Il est vain de vouloir résumer les gens. On doit s'en tenir à des indices, le dit n'est pas exactement fiable, le fait ne l'est pas non plus entièrement. Certaines personnes, il est vrai, savent d'emblée définitivement prendre la mesure d'un caractère. D'autres hésitent, s'attardent, vont où souffle le vent. »
Ce parti pris d'un portrait en creux ne rend pas la lecture aisée. Si dans l'ensemble la narration est chronologique, elle suit surtout le fil d'associations d'idées, de consciences différentes, de situations diverses, de thématiques à peine effleurées (comme la mort), pour finir par constituer une toile de la vie de Jacob, comme un réseau humain. Une sorte de Facebook avant l'heure. Par moment j'ai eu la sensation qu'un papillon tenait une caméra et s'invitait à la suite de Jacob. Alors un papillon, ça s'intéresse pas forcément à ce que le lecteur voudrait savoir. Il peut admirer un paysage le papillon. Ou s'intéresser à d'autres personnes que Jacob. Prendre de la hauteur, ou au contraire se poser pour des détails scrupuleux.
Quant à l'histoire, d'aucuns diraient qu'il ne s'y passe rien. Ce qui est un peu réducteur. Il s'y passe tout de même (parfois en filigrane) des bribes de vie de Jacob enfant, de Jacob adolescent, de Jacob jeune homme. Et de Jacob mort à la guerre vraisemblablement, mais là c'est à peine suggéré (à part dans la quatrième de couv'). Bref une vie quoi, parmi tant et tant. Avec sa grosse part d'évanescence futile.
Il m'a fallu beaucoup d'effort de concentration pour en arriver à bout, de ce roman. La suggestion ou l'effleurement en écriture n'accroche pas vraiment le lecteur, il me semble. Mais j'ai quand même beaucoup aimé par moments... quand à d'autres j'ai beaucoup zappé.
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Je crois que j'ai un peu de mal avec Virginia Woolf. Ce livre n'a pas fait exception, je m'y suis ennuyée, j'y ai trouvé des longueurs, et pourtant il s'agit paraît-il d'un très grand écrivain... Problème de traduction... problème de rythme plutôt qui ne me satisfait pas. Ou alors c'est bien trop intellectuel pour la petite lectrice que je suis. Il faut savoir faire preuve d'humilité parfois et accepter ses limites.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Ouf! Une lecture laborieuse mais tout autant originale et frappante! Comment se raconte cette histoire de Jacob? ou celle de sa chambre où ne restent plus que quelques reflets de lui? On ne saura pas le dire précisément! En tout cas l'ingéniosité de l'auteure a été de nous la raconter en ayant l'air de frôler juste le personnage, de nous le présenter comme une ombre. Une ombre qui vient envoûter ceux qui l'ont connu, ce que le lecteur ne connaîtra jamais, connaitre Jacob! Ce sont juste les faits qui parlent de lui.
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Je poursuis mon cheminement dans l'oeuvre de Virginia Woolf avec La chambre de Jacob.
Ce livre est un roman élégiaque à la mémoire de son frère aîné Thoby mort de la typhoïde de retour d'un voyage en Grèce en 1906. Celui-ci n'est pas cité mais nous comprenons rapidement que l'autrice en fait ici un portrait kaléidoscopique qui commence dans l'enfance, avec des scènes merveilleuses au bord de la mer rappellant La promenade au phare, et qui se termine, de façon elliptique avec la mort de Jacob.
Ecrit à l'âge de quarante ans, La chambre de Jacob, dont Virginia était assez satisfaite, est son premier roman moderniste. Elle utilise, pour la première fois, la technique narrative du flux de conscience, qui lui permet, par petites touches comme celles d'un peintre impressionniste, de casser la structure narrative classique des romans, et de composer un patchwork de sensations, d'émotions, de descriptions, de dialogues, qui au final, donne une vision globale de Jacob/Thoby.
Ce qui est remarquable dans la démarche de l'autrice, c'est que, de cette manière, elle parvient à proposer un portrait complexe et nuancé, dressé par une foultitude de personnages proches ou secondaires, et qu'elle dépeint simultanément la société anglaise du début du XXème siècle dans laquelle évolue Jacob.
Virginia Woolf tire et étire des fils, et cela part dans tous les sens. Il ne faut pas s'attendre à un récit chronologique et la lecture de l'ouvrage, que je ne recommanderais pas pour une découverte de l'autrice, requiert beaucoup d'attention.
Il y a beaucoup de digressions, de dialogues un peu confus, mais le résultat, à mes yeux, est magnifique. Traversée de fulgurances poétiques et d'éclairs de génie sur la vie, la mort et les façons d'être au monde,
La chambre de Jacob est un vibrant hommage au frère disparu de Virginia.
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Cette chambre de Jacob ne peut que dérouter le lecteur non averti, voire le lasser. On sent dans ce court roman, publié en 1922, toute l'énergie que met Virginia Woolf à casser les codes du roman traditionnel, mais aussi ses difficultés à maîtriser cet exercice. Sans cesse son écriture hésite entre la sécheresse des annotations sur la foule de personnages qui traversent le livre et la touche poétique qui imprègne les passages décrivant la nature, ou les phénomènes atmosphériques.
Qui est Jacob Flanders ? Le narrateur omniscient qui se manifeste de temps à autre, au fil des pages, se refuse à nous le dire. Nous ne le découvrirons qu'au travers de la perception qu'ont de lui sa famille, ses amis de Cambridge, les femmes qui croisent sa route, ou encore ses rencontres de hasard. Il est impossible de saisir Jacob, enfant parmi d'autres enfants, étudiant au milieu d'autres étudiants, jeune employé menant une vie terne, voyageur lancé dans l'aventure du voyage par un héritage de cent livres. Une vision fragmentée du personnage, comme si nous le regardions au travers d'un kaléidoscope, exposés à l'incapacité de saisir ses pensées au-delà de l'écume de ses enthousiasmes et de ses dégoûts. Un être dont il ne reste rien à la fin de sa brève existence, sinon une paire de vieilles chaussures dont on ne sait que faire.
Le critique Arnold Bennett – dont Virginia Woolf pouvait se moquer magnanimement une fois son talent littéraire reconnu dans Moi, Snob ? – jugea sévèrement l'entreprise moderniste de l'auteure. Sa rupture avec les codes de la fiction, l'intrigue, le contexte dans lequel évoluent les personnages, la structure romanesque, lui valut une volée de bois vert. Faut-il pour autant condamner La chambre de Jacob ? Non. L'écrivaine casse la gangue du roman édouardien pour s'ouvrir de nouvelles voies. Elle innove, elle cherche et, même si le résultat est inégal, elle aboutit à une oeuvre teintée d'une profonde mélancolie, nimbée par le halo d'incompréhension et d'absurdité qui s'attache aux vies écourtées, la disparition de Jacob faisant écho à celle de son père, dont la mort elle aussi prématurée est évoquée au début du roman.
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« Lire Virginia Woolf prend du temps. Son oeuvre est longue, variée, touffue, et sa manière d'écrire si peu conventionnelle que l'on doit faire attention, être vigilant, avancer à petits pas pour ne rien perdre et pour ne pas s'y perdre »
Voilà vous être prévenu, ce point du vue extrait de la biographie signée Agnès Desarthe et Geneviève Brisac, vous introduit dans l'univers littéraire de Virginia Woolf, je n'ai pas résisté à la curiosité quand est paru La chambre de Jacob dans une nouvelle traduction d' Agnès Desarthe.

Un roman mosaïque sans intrigue dont le personnage principal, Jacob Flanders, apparaît dans une série de scènes retraçant sa vie de son enfance à sa disparition. Ces scènes sont brèves, et la personnalité de Jacob se dessine peu à peu à travers les récits, les observations ou les critiques de ses amis, les réactions des jeunes femmes qui l'aiment, les apparitions de sa mère.
Nous le suivons ainsi sur la plage de son enfance, au collège à Rugby, à Cambridge dans sa chambre d'étudiant, à la bibliothèque... Nous croisons les jeunes filles qu'il séduit, ses conquêtes inavouables, celles qui l'aiment ou qui le trompent.
Nous le suivons dans son grand tour de Paris à la Grèce en passant par l'Italie.

Au fil des pages des petits cailloux sont semés qui annoncent la mort et la guerre : cimetière, cloche funèbre, détonations qui évoquent le futur bruit du canon jusqu'au choix du nom de Flanders. le temps est l'acteur principal du roman, l'on passe sans que rien ne soit précisé, de l'enfance à l'adolescence à la vie adulte
Les sentiments, les détails matériels de la vie de jacob ne sont jamais donnés, seules subsistent des images furtives et colorées
Le lecteur est toujours à l'extérieur, les choses sont effleurées, suggérées, Virginia Woolf tisse une toile aérienne et les motifs n'apparaissent que petit à petit, les images sont fugaces , la vie est passée aussitôt qu'esquissée
A travers ce roman on retrouve des thèmes chers à Virginia Woolf : le temps béni de l'enfance et des vacances à St Ives, le traitement inégal des filles à qui l'on interdit les études et l'université, « le chaos faussement ordonné de nos jours »
Virginia Woolf capte pour nous l'insaisissable, le temps qui passe furtivement, l'inconstance des sentiments.

Je laisse pour finir la parole aux deux biographes de Virginia Woolf
« La chambre de Jacob, récit autour de l'absent, à l'écriture presque dérangeante, marque une volonté de s'affranchir d'une tradition lénifiante, et une capacité hors du commun à traduire en mots les maux d'une époque. L'écrivain est comme traversée par son temps. »
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Ce livre se présente comme un grand puzzle où la vie des personnages n'est donnée que par fragments : nous ne connaissons l'histoire de Jacob Flanders, héros du récit, que par les pensées, et perceptions de ceux qui ont côtoyé sa vie (ses amis d'enfance, sa mère ou les filles qu'il a séduit, etc.).
On n'entre pas non plus dans les détails des autres personnages secondaires : ce sont des fragments de vies, de sentiments, et d'émotions qui se dessinent au fur et à mesure des pages…
L'impossibilité de connaître autrui revient comme un leitmotiv dans « la Chambre de Jacob » : plus précisément, c'est l'incommunicabilité entre les êtres, un des thèmes majeurs du roman que l'on retrouve, par ailleurs, dans « La Traversée des apparences » mais de façon plus affirmée.
La personnalité insaisissable du héros, et sa vie composée de scènes disparates nous rendent comptent et soulignent l'idée de l'incohérence de l'existence.
C'est peut-être là une des clefs de lecture de ce roman ! Ici, la solitude des êtres repliés dans leurs angoisses se révèle encore plus nette que dans le roman « Mrs Dalloway ». Et si Mrs Dalloway finit par avoir la brusque révélation du prix de la vie, et le sentiment intense d'exister.
Dans « la Chambre de Jacob », V.Woolf abandonne clairement l'approche objective des personnages pour ne s'intéresser qu'à la dimension subjective qui constitue leur vécu.
Plutôt qu'un roman, c'est un long poème éclatant de lyrisme. Empli d'images, rythmé par une écriture incantatoire. le recours à des personnages masqués rapproche également cette oeuvre complexe du théâtre.

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La chambre de Jacob est parue en 1922 et considérée comme le roman dans lequel Woolf a trouvé sa voix, le flux de conscience et tout ça. C'est plutôt expérimental, à découvrir, mais j'avoue qu'il vaut peut-être mieux commencer par un roman ultérieur.

On suit Jacob de son enfance à sa fin, ses études, ses amitiés, ses amours, ses occupations, ses voyages en Italie et Grèce en particulier. Toujours ou presque vu par son entourage, aux impressions diverses sur le jeune homme. Cela peut être assez froid, déroutant en tout cas. A accepter, quand cela donne ce merveilleux passage à la fin, où Jacob flânant à Londres est aperçu par plusieurs personnes à la suite, sans qu'aucune n'ose l'aborder.

Woolf excelle aussi à évoquer divers milieux, riches ou pauvres, ruraux ou urbains, par petites touches, milieux fréquentés par Jacob.
Enfin, l'écriture superbe est déjà là, précise, colorée.

"Des larmes montèrent à ses yeux. Toute la baie devint tremblante, le phare se mit à osciller, et elle crut voir le petit mât du grand yacht de Mr Connor ployer comme un cierge de cire exposé au grand soleil. Elle cligna vivement des yeux. Il arrive parfois des accidents terribles! Elle battit encre des paupières. le mât se redressa, la houle redevint régulière, le phare rigide."
"Les lumières de Scarborough étincelaient, comme le collier de diamants d'une femme qui ne cesserait de tourner la tête."

Existent aussi des passages que je trouve pleins d'esprit
"D'ordinaire, une femme élégante voyage avec plus d'une robe, et si le blanc convient aux heures matinales, peut-être qu'un costume de teinte sable semé de pois violets, un chapeau noir et un volume De Balzac, conviennent pour la soirée."

Juste pour voir, j'ai lu deux courtes nouvelles de Woolf, dont Bleu et vert, et franchement, en VO, c'est différent, Woolf cisèle.
"the frog flops over", "beneath the blue bells", par exemple. Intraduisible.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Merci à Mylène des éditions de l'Archipel pour cet envoi.

Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas réussi à terminé ce livre. J'avais pourtant tellement envie d'enfin découvrir la plume de Virginia Woolf ! Ai-je choisi de commencer avec le mauvais titre ? Ou bien n'ai-je pas lu ce livre au bon moment ?

Dès les premières lignes de la chambre de Jacob, j'ai senti que cette lecture serait laborieuse, qu'il me faudrait être concentrée. J'ai relu chaque paragraphe plusieurs fois pour assimiler les informations, mais malgré cela, j'ai souvent perdu le fil. Je n'ai trouvé aucune fluidité dans le style de l'auteure : elle passe d'un évènement à un autre, d'un personnage à un autre, sans aucune transition. Est-ce une question de traduction ? le langage littéraire et parfois soutenu ne m'a pas aidée à comprendre le sens de certaines phrases. Il me manque irrémédiablement du vocabulaire et de la pratique en lecture classique pour que ce roman soit à ma portée et que je puisse l'apprécier à sa juste valeur.

Je ne vais pas m'étendre sur cette lecture plus que difficile pour moi. Non sans avoir pourtant mis du mien et persévéré, je me suis rendue à l'évidence et je me suis arrêtée au premier tiers. Malgré cela, je pense que je retenterai avec un autre titre de Virginia Woolf pour ne pas rester sur un échec. Si vous avez des suggestions, je suis preneuse. Et si vous avez aimé ce livre, n'hésitez pas à me dire pourquoi, cela me donnera peut-être une autre vision de ce roman.
Lien : https://ellemlireblog.wordpr..
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