Au départ d'un fait dont on peut se dire qu'il est réel, la venue du Shah de Perse à Ostende pour rencontrer le roi Léoppold 2, le duo d'auteurs nous offre une petite enquête dont le véritable sujet est la belgitude...
Le roi est un chaud lapin. Ses frasques avec une jeunette (une gourgandine, parvenue... pour certains) qui pourrait être sa fille défrayaient la chronique. Cela suscitait le rejet d'une partie de la population. Ajoutons à cela (ce n'est qu'évoqué) ses malversations au Congo (qui est sa propriété personnelle et ne sera transféré à la Belgique que plus tard, en 1908), où on coupe des mains et affame les populations réticentes... le portrait est bien peu flatteur.
Ostende est une station balnéaire de premier plan. La Belgique est un pays riche, rapidement industrialisé. Les forces de gauche, qui placardent des affiche contre le roi, sont actives.
Au milieu de tout cela, le Commissaire Ansor va devoir se débrouiller pour trouver un assassin. Comme je le disais, l'enquête est un prétexte. On croise les crevettes à la mayonnaise,
James Ensor, le Bal du Rat mort, le kursaal d'Ostende, le plus grand d'Europe (et du monde) )à une certaine époque. Un kursaal (mot d'origine allemande), c'est une salle de spectacles, de concerts, un restaurant, un casino et des thermes. Tout cela en un seul lieu. Ce kursaal est une pièce d'architecture considérable, en verre et métal, où l'opulence belge s'exhibe.
Le roi est bien rendu, ses sautes d'humeur, sa morgue, son orgueil et son désintérêt pour le qu'en dira-t-on...
Patrick Weber reprend même le fameux dialogue entre le roi et le curée de la paroisse d'Ostende...
- Sire, on m'a dit que vous aviez une maîtresse avec qui vous vous affichez...
- Eh bien, monsieur le curé, on m'a raconté la même chose à votre sujet mais, moi, je ne l'ai pas cru...
Et le curé de s'en aller penaud. Léopold 2 dans sa plus majectueuse expression. A l'époque, il refusait de signer des lois, pourtant votées par le parlement.
Il faut bien avouer, cependant, que la BD ne décolle pas vraiment. On est dans une BD "à papa", avec des rouages hésitants et poussifs, un dessin fort simple, et un dénouement bricolé. Cela m'a fait penser à du Bob et Bobette, ce qui est loin d'être un compliment.