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Je ne savais pas que les jésuites demandent à leurs novices de vivre ce qu'ils appellent le "mois mendiant" : pendant quatre semaines, chaque novice doit marcher et vivre une existence de mendiant, et il doit vivre cette expérience "de débrouillardise, de pauvreté et de vagabondage" avec un autre novice qu'il n'a pas choisi.
C'est donc ce que Charles Wright a été amené à vivre. Drôle d'expérience pour un drôle de novice jésuite ! Imaginez un type de trente-sept ans qui a déjà eu plusieurs vies professionnelles et qui est toujours en recherche spirituelle, ayant déjà été novice dans une abbaye cistercienne. Il se retrouve donc avec Benoît, un autre novice de son âge qui est déjà prêtre. Comme la destination de leur marche est la trappe de Notre-Dame des Neiges en Ardèche, ils décident de traverser le Massif Central en partant d'Angoulême. En plus de Benoît, Charles Wright a deux compagnons de route, deux figures tutélaires, Arthur Rimbaud et Charles de Foucauld !
Ce long temps de marche dans une France éloignée des centres urbains est propice à une reconnexion au monde qui nous entoure. Il y a d'abord le minéral et les différents types géologiques du Massif Central. Il y a ensuite le végétal, avec les plantes, les fleurs et les fruits qu'il découvre ou redécouvre, et surtout les forêts. Il y a encoe le monde animal et l'affectation particulière qui lie Charles Wright aux vaches ! Enfin, il y a la richesse de toutes les rencontres humaines, avec en premier lieu les discussions parfois animées avec Benoît où se révèlent leurs caractères différents. Puis les rencontres sur le chemin où se côtoient aussi bien l'égoïsme que la, générosité. C'est aussi une plongée profonde dans une France qui se déchristianise et où ils sont bien rares les catholiques qui essaient encore de témoigner de leur foi.
La dernière rencontre que fait Charles Wright, c'est surtout avec lui-même : il regarde en lucidité son projet de vocation dans un ordre religieux... et admet que ce n'est pas sa voie !
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J'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de cette chronique d'un pèlerinage-mendiant d'un mois au travers du Massif Central sur les chemins de l'estive ( le GR4 principalement).
L'auteur et son compère Parsac, prêtre, sortaient tous deux du noviciat des jésuites, qui est couronné ( si on ose dire ! ) par un mois d'un parcours à la grâce de Dieu : pas d'argent, pas d'hébergement prévu ou suscité de par son statut, pas d'internet, de téléphone portable, et à pieds strictement !
Le style est à la fois simple, et soutenu, le ton agréable avec une bonne dose d'humour et pas de chichi. C'est aussi une magnifique leçon de géographie, de géologie, d'histoire du massif central et de chacun de ses pays. Charles Wright qui possède de grand talents de journaliste, d'écrivain et un grand sens de la synthèse nous le résume ainsi : «  Tout le Massif Central est un incendie éteint. Ici le blé pousse sur la pierre ponce, le foin germe sur le basalte, et nous marchons sur de la lave pétrifiée. »

Bien entendu, les rencontres sont décrites avec soin et les personnes dont certaines dotées de très fort caractère forment une galerie de portraits intéressants souvent parfaitement reliés à leurs lieux de vie, certaines anecdotes sont surprenantes, émouvantes, croustillantes, ami babeliote, rien que pour cette partie non méditative ou rêveuse du récit vaut le détour !

Charles Wright, nous fait partager ses marottes : les vaches, la forêt, et sa passion pour Raimbaud, j'ai beaucoup appris sur sa vie , pour Charles de Foucauld, leur saint mentor pour ce pèlerinage..Les références littéraires foisonnent de Cioran, en passant par la Bible, Baudelaire, et bien d'autres ! « l'imitation de Jésus Christ » attribué à un obscur moine du X V eme siècle Thomas a Kempis leur fournira quelques leitmotivs de méditation en collant à la réalité de ce qu'ils vivent au long de leur cheminement.
Ce petit livre pose vraiment les bonnes questions : À quoi tenons nous le plus ? Comment se fait-il que nous ayons perdu à ce point le secret de l'alliance de la terre et des saisons, ce savoir de nos (récents ) aïeux ?
Comment se fait-il que les français, notamment dans le rural «  profond » soit aussi épuisés ?
Je partage totalement le constat bien illustré dans cette chronique sur la laideur de périphéries, des entrées de villes uniformisées par les enseignes mondialisées, l'état pitoyable et inquiétant de l'Eglise en France qui continue à vouloir quadriller le territoire au prix d'épuiser ses curés ( la plupart africains) et s'avère incapable de voir la déchristianisation massive, galopante comme l'écrit l'auteur.
La vie de pèlerin mendiant est très dure, l'hospitalité dans les villes est catastrophique, chaque soir c'est une forte inquiétude qui prend nos deux pèlerins pour trouver le gîte et l'alimentation .
ils ne ne sont jamais assurés, la précarité ainsi vécue est douloureuse et pourtant ainsi que souligné, une solution finit toujours par être trouvée, en contrepartie souvent nos « clochards » devront écouter patiemment leurs hôtes,

tant il est vrai que tout être cherche à dire ce qu'il souffre et puis souvent le vin aidant, les barrières tomberont .. En conclusion, se mettre sur les pas du Christ, dans le sens où Dieu n'est pas dans les nuages, mais en nous, et dans le visage de l'autre, reste une immense aventure très enrichissante, et le dénuement y contribue, le dénuement incluant la dépose des oripeaux qui nous entravent trop ; internet , l'info en continu…
A ce prix, la marche est un grand dispensateur d'émerveillement. Nos deux jésuites novices retiennent l'enseignement principal de leur démarche : «  les choses arrivent quand on ne les cherche plus. Lorsqu'on se détend, qu'on ouvre la main, tout s'ouvre et on reçoit en abondance ! »
Allez, faites vous du bien avec ce livre ! Il réhabilite aussi la notion de canton, l'auteur utilise souvent ce mot tombé en désuétude alors que c'est la bonne échelle pour vivifier nos territoires par des liens de proximité, de solidarité, contre-poison à l'enfermement de chacun dans le cadre de la guerre économique, du pouvoir exorbitants des écrans, de l'argent-roi, de la virtualisation de nos vies. Et comme l'écrit avec humour Charles Wright : « Dans la France contemporaine, croiser deux jésuites, c'est aussi exotique que rencontrer des guerriers d'une tribu masaï »
!



Par contre en écho, croiser des clochard, des vrais, nos invisibles ?? A méditer pour réinventer notre potentiel d'hospitalité !


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"Avouer par les temps qui courent que l'enseignement d'un charpentier juif donne du sel à votre vie, la conduit même vers les profondeurs, c'est se condamner à récolter des haussements d'épaule." Après diverses expériences, à 37 ans, voilà l'auteur qui devenant novice chez les Jésuites, à Lyon. Lui qui a connu journalisme et cabinets ministériels... Même là il rue un peu dans les brancards. Jusqu'à l'été 2019, où avec un compagnon novice lui aussi, non choisi, il doit passer quatre semaines à marcher, sans téléphone, sans argent, charge à eux de se débrouiller.

Il choisit une bonne partie du GR 4, et ils cheminent d'Angoulême à Notre Dame des neiges, de la Charente à l'Ardèche, traversant des coins magnifiques, avec plus de vaches que d'habitants. Ils doivent faire l'apprentissage de la mendicité, ce ne sont pas les mécréants les moins généreux. Une France vraiment déchristianisée, dont les prêtres viennent souvent d'Afrique.

Au fil de la marche, c'est l'occasion de méditer ou discuter sur ses deux 'héros', Charles de Foucault, dont les reliques sont à Notre Dames des neiges, et Rimbaud, mettant en lumière les parallèles entre leurs deux existences. Dans son sac, en plus d'un Pléiade des oeuvres de Rimbaud, L'imitation de Jésus-Christ, dont les aphorismes se révèlent adaptés à son expérience.

Ils connaissent des nuits frisquettes, des journées caniculaires. le narrateur devient de plus en plus sensible aux bienfaits de la nature, sans oublier les rencontres qui le convainquent que la générosité n'est pas morte (même s'il a dû subir mépris et rebuffades, mais ça fait partie de l'expérience).

Pour ceux qui auraient peur de se lancer, sachez qu'il n'y a pas de bondieuseries pontifiantes ni d'envolées lyriques sur la nature. Toujours on revient sur terre, souvent avec humour. Ha oui, au fait, c'est écrit avec une élégance de bon aloi.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Appréciant l'auteur, j'ai acheté ce livre sans hésitation, mais je suis déçue. le livre relate de belles rencontres , il y a comme un humour détaché, surtout vis-à-vis de son compagnon de route. Mais sa lecture ne m'a rien apporté. Peut-être ai-je été perturbée par l'évidence que l'auteur est en pleine recherche personnelle et qu'il ne sait plus trop où il va ?
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J'ai finis cette lecture transportée.
Le voyage de 2 novices en voie de devenir prêtres de Angoulême à l'abbaye des neige sans argent à pieds. Au final leur voyage s'avère excessivement riche de toutes les rencontres et échanges. Tous types d'échanges entre eux ou avec les gens ou avec eux même.
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De ce livre, je n'aurai apprécié que l'épilogue ou l'auteur avoue son incapacité à rentrer dans des cadres et son renoncement à devenir jésuite.
Pour le reste, le récit du mois de rando mendiant ne m'a pas plu.
J'ai senti l'auteur hautain. Plutôt que de rentrer dans le contrat de ce mois de solitude, il a pris des notes tout au long, avec le clair dessein d'en faire un livre, dessein qui a sans nul doute faussé l'expérience.
Son regard sur les personnes croisées n'est pas humble. Toute femme est regardée sous l'angle du désir qu'elle suscite. Les gens sont désignés de haut avec le pronom ce, cette, ces, comme s'ils étaient réductibles à l'observation qu'on fait d'eux. J'ai ressenti un certain manque de respect de toutes ces personnes généreuses dont les prénoms sont transcrits en clair dans le texte.
L'auteur surjoue l'apport du contact avec la nature et se perd en superlatifs qui ne sonnent pas justes, comme si mettre des emphases à ce qu'on décrit pouvait transformer le vécu.
Je me suis lassé des références incessantes à Foucauld (Charles) et Rimbaud, et des quelques autres, références qui éloignent de la réalité de la rencontre avec son corps, avec les éléments, les personnes.
Pour autant, je conçois qu'on puisse apprécier. Mais cela n'a pas été mon kif. Je préfère un bon Tesson, même si je m'en suis aussi un peu lassé.
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C'est un bon livre que le chemin des estives. Quel dosage d'ingrédients fait la richesse et l'intérêt de ce récit ? La marche dans quelques 700 kilomètres de paysages (et sous le cagnard) qu'on aurait envie à son tour de parcourir par les chemins du GR4. Des réflexions spirituelles - ou mystiques ? - inspirées des lectures picorées dans l'oeuvre d'un anonyme L'Imitation de Jésus-Christ, l'Illumination et la vie d'errance d'Arthur Rimbaud, et la route parallèle d'un contemporain du poète, Charles de Foucault. Ce qui est vivant, tour à tour savoureux ou touchant, ce sont les rencontres au fil de quatre semaines de pérégrinations sans un sou en poche, à la quête quotidienne d'une subsistance et d'un lieu où poser sa tête. Enfin l'apprentissage concret du vivre ensemble de deux pèlerins que le seul tirage au sort réunit au départ. Au fil des pages, l'envie de recopier quelques paragraphes se fait de plus en plus forte. Charles Wright a consigné moult notes dans le calepin de son voyage, et il a bien fait de travailler cette matière première enrichie d'une érudition qui donnera naissance à un livre qui vaut le détour et le voyage dans le Massif Central. Récit bien écrit, sans recherche stylistique sophistiquée, recommandable sans crainte à un public large, toutes sensibilités confondues.
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Comme nous l'apprend l'auteur, l'entrée dans l'Ordre des Jésuites commence par un noviciat au cours duquel le futur prêtre doit se dépouiller (pour un instant) de toute richesse et de tout attachement aux biens matériels. Il va donc devoir parcourir les chemins sans argent ni aucun moyen de communication, en compagnie d'un autre novice plus avancé que lui dans son parcours initiatique mais qu'on ne lui a pas laissé la possibilité de choisir. Une mise à l'épreuve matérielle et humaine qui décidera, ou non, de la fermeté de sa vocation. C'est ce cheminement que nous conte Charles Wright, une traversée d'ouest en est, pendant un mois, du Massif Central, en pleine période de canicule. On souffre, de la chaleur, des pieds, du manque d'hygiène, de la faim parfois lorsque les portes se ferment car il faut trouver chaque jour sa pitance et de quoi s'abriter pour la nuit. Une traversée de la France profonde qui n'est pas sans rappeler la traversée des "territoires de l'hyper-ruralité" effectuée, pour des motifs bien différents, par un certain Sylvain Tesson ("Sur les chemins noirs"), écrivain-voyageur avec lequel l'auteur partage un goût très prononcé pour les mots rares et les citations. Mais la comparaison s'arrête là même si la zone traversée est en grande partie la même et si tous les deux ont été confrontés à la détresse économique d'une région éloignée des grands bassins d'activité agricole et industrielle. Ici, le cheminement est avant tout intérieur, propre à la méditation face à une nature omniprésente et des populations variées, souvent en souffrance mais capables aussi d'une profonde aménité. Nos deux compères vont apprendre, parfois à leurs dépens, que l'accueil du pèlerin n'est pas, et de loin, l'apanage des croyants, bien au contraire, et n'a pas grand-chose à voir avec le fait d'être riche ou pas. Une belle leçon de vie, que chaque lecteur recevra, en fonction de sa propre personnalité ou son vécu, comme un message d'espoir ou bien un constat accablant. Un très beau livre, écrit avec une profonde sensibilité. On pardonnera à l'auteur quelques confusions, entre l'est et l'ouest au tout début de son parcours, ou encore entre les pécheurs et les pêcheurs. Cela fait sourire mais ne nuit guère au plaisir de la lecture…
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Déçu par ce livre qui n'a pas répondu à mes attentes.
J'apprécie les récits de la marche « orientée », spirituelle (pèlerinage) ou non pour partager avec le lecteur sa reconnexion avec la nature, les belles rencontres faites sur les routes ou son cheminement intellectuel pour se recentrer sur l'essentiel, sur soi-même.
Mais ici, le récit de son mois « mois mendiant » du noviciat de Charles Whrigt (Pèlerinage obligatoire sans argent ni téléphone en compagnie d'un acolyte imposé) ne partage rien d'autre que son estime pour Rimbaud et Charles de Foucault et son amour des vaches.
C'est plat.
L'auteur nous rapporte que son compagnon de route lui a dit à un moment : "Tu me barbes avec tes songeries".
Eh bien, moi aussi, ce texte m'a barbé.
A oublier
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Charles Wright et Benoît Passac, tous deux jésuites, se doivent de faire un pèlerinage ensemble. Ils vont donc parcourir quelques 700 km à travers l'Auvergne sans un sou en poche en comptant sur la bienveillance des personnes qui croiseront leur chemin.

Durant cette marche - qui par ailleurs permet au lecteur d'entrer en communion avec la nature avec ses paysages magnifiques, ses odeurs - les deux hommes vont croiser tout type de personne. Et l'image d'Épinal du pèlerin à qui chacun ouvrait sa porte a pris un grosse claque. En effet, il y aura parfois du mépris, parfois de l'ignorance voire de l'indifférence mais certaines rencontres seront aimables, riches qui montrent que les mots accueil et hospitalité ont encore un sens.

Le côté religieux de certains échanges m'a parfois barbé et j'ai lu ces passages en diagonale.

Cependant en cheminant à côté de ces deux hommes, j'ai ressenti un certaine forme de félicité à être en harmonie avec la nature mais aussi par le fait que de se déconnecter complètement de notre société du paraître, où tout va très vite, on retrouve l'essentiel : vivre à une autre rythme, celui de la nature et se recentrer sur soi même.

Ce récit à la très belle écriture est à conserver à portée de main pour avoir le plaisir (le besoin ?) de s'y replonger régulièrement.
Lien : https://quandsylit.over-blog..
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