AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 319 notes
5
15 avis
4
25 avis
3
10 avis
2
3 avis
1
0 avis
Je remercie Babelio et les éditions Flammarion, J'ai Lu pour ce livre dont j'ai été bénéficiaire lors de la dernière opération masse critique.

Le début du livre est de bon augure. Cette édition de poche glisse des caractères de bonne taille, l'interligne est généreux, les chapitres sont titrés, l'éditeur a eu la bonne idée de schématiser le tronçon du GR 4 parcouru avec des points d'étapes illustrés, le tout ne peut que rencontrer mon approbation.

Charles Wright a 37 ans. Il nous dit que son année au noviciat l'a mis face à son inaptitude à épouser une forme de vie, à se décider sur une orientation à prendre. Parcourir à pied 700 km d'Angoulême à l'abbaye Notre Dame des Neiges où a vécu, une petite année, Charles de Foucauld devrait donner selon lui une réponse à sa désorientation. Ce sera une marche éprouvante, dans une partie de France dépourvue de population, à perte de vues des pâtures, des bois, des crêtes, des volcans, une France sauvage. Sur ce projet, une grosse difficulté qui s'ajoute aux autres, voyager avec un compagnon qu'il n'a pas choisi. Pendant quatre semaines, ils devront se supporter et tâcher d'avancer ensemble, dans une promiscuité de chaque instant et des conditions de vie qui mettra les nerfs à rudes épreuves.

Voilà, Charles en route avec Benoit Parsac, quarante ans. Ils mendieront la nourriture au bout de journées de trente kilomètres de marche. En effet, il était décidé qu'ils voyageront sans un sou en poche. Pas de smartphone, pas de tente, juste une carte IGN. le dimanche sera, journée de repos, ponctué par une eucharistie.

Le narrateur est Charles qui aura pris des notes pour témoigner de faits survenus lors de ce pèlerinage. Il ne cachera pas les difficultés rencontrées avec son compagnon de route. Il nous apprendra que les campagnards sont plus généreux que les citadins, qu'il ne faut pas être chrétien pour être généreux.

Les parties du récit sur lesquelles, moi lecteur, je me suis le plus accordé, ce sont, les couples, les solitaires, les cabossés qui ont offert le gîte et le couvert, qui ont vidés leur sac, c'est-à-dire qu'ils se sont timidement livrés sur leurs difficultés de vie. A cela Charles précise : « Parsac et moi nous avons été les réceptacles de ces coeurs qui s'épanchent, d'écouter sans juger, et s'il faut absolument dire quelque chose, de les assurer que nous sommes frères dans le malheur. Ce sera une amitié d'un jour. Nous poursuivrons notre route, eux la leur ».

Une femme de quatre-vingt -douze ans nous donne à boire. Elle nous dit : « Mes petits, quand je repense à ma vie, ce qui m'a rendu heureuse, c'est les gens à qui j'ai rendu service …. Charles pense alors à une parole de Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, on sera jugé sur l'amour. »

Lors d'une rencontre Charles souligne : Une fois de plus, je reçois une leçon d'humanité de la part de deux incroyants. Certains doctrinaires crachent des anathèmes et cherchent à tout prix à amener les autres à la vérité dont ils se croient dépositaires. Mais le christianisme n'est pas une opinion, une idée à laquelle on tient. le chrétien doit manifester de l'accueil, une relation aimante. Dominique et Marie ne sont pas chrétiens mais ils nous manifestent une hospitalité. le Christ nous enseigne dans l'Evangile : « J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger. J'ai eu soif et vous m'avez donné à boire. »

Charles met en toile de fond de la marche ce qu'ont dit et réalisés Rimbaud et Charles de Foucauld sur lesquels, il est très documenté.

Il est également très documenté sur les vaches limousines, de salers, les Aubrac et que sais-je encore. Il a sur elles un regard bien veillant, un échange confiant qui se manifeste par une caresse, qui lui vaut en retour un coup de langue râpeuse.

Lors d'un repas où nous sommes accueillis, Bertrand nous dit : « L'Eglise se défait à vue d'oeil. Pendant des siècles, ce coin de terre était quadrillé par près de trois cents paroisses. Il n'y en a plus que six. du christianisme, il ne reste que des lambeaux : le culte des morts, les enterrements, la Toussaint, les Rameaux … ; quelques femmes fidèles, souvent âgées maintiennent la lampe allumée de l'église de village ; elles veillent quand tout s'éteint. Qui ouvrira l'église à leur mort ?

Plus loin, dans le texte, quelques lignes que je partage entièrement. « … la souffrance n'a pas de sens, et ne sert qu'à envenimer les existences. Elle est contre nature. Nous sommes faits pour le bonheur. L'Evangile, qui orchestre le passage des larmes du Vendredi saint à la joie du dimanche de Pâques, de l'humilité du Golgotha au Glorifié de la Résurrection, ne dit pas autre chose.

J'ai résisté à faire un saut, en cours de lecture, sur le dernier chapitre ou l'épilogue, me demandant que va apporter à Charles ces 700 kilomètres de marche, parfois et même souvent de tortures ?

La réponse s'offre à vous futurs lecteurs !

Commenter  J’apprécie          220
Charles Wright, qui nous avait offert en 2018 un livre admirable sur la vie de Dom Louf intitulé le chemin du coeur que j'avais chroniqué ici, nous propose ici un autre chemin, un chemin plus personnel. A 37 ans, à l'occasion de son noviciat chez les Jésuites qu'il finira par quitter, il lui est demandé, avec un autre compagnon de route, d'expérimenter pendant un mois la vie d'un pèlerin mendiant. Et il part, avec un sac à dos, sur les chemins de la Creuse, du Massif central, de la France cantonale comme il le dit lui-même, en direction de Notre-Dame des Neiges. Ce livre est le fruit de ce qu'il a noté jour après jour, avec Rimbaud dans une main et l'Imitation de Jésus-Christ dans une autre.

Charles Wright ne ménage pas sa peine à nous décrire son parcours, ses déconvenues, ses joies, ses difficultés, l'hospitalité des gens qu'il croise, les églises fermées, une France presque oubliée de gens simples que l'agitation des grandes villes n'atteint pas. Il nous offre de très belles pages sur la nature, les vaches qu'il affectionne particulièrement, la pauvreté évangélique, l'abandon, la confiance. En érudit qu'il est, il émaille son livre de belles citations qui prennent tous leurs sens à l'orée de son dénuement, de ses longues marches et paysages souvent désertiques.
Lien : http://alarecherchedutempspr..
Commenter  J’apprécie          220

À 40 ans tout juste sonnés, Charles Wright semble déjà avoir vécu plusieurs vies. Historien de formation, il a été entre autres journaliste, éditeur puis plume de ministre pendant plusieurs années. Derrière ce tableau de réussite sociale se cache cependant une âme désillusionnée par le monde qui l'entoure. La “comédie sociale” à laquelle il prend part le laisse vide, fondamentalement insatisfait. Cette "pénurie de l'être", invitation à se reconnecter avec ses aspirations les plus profondes, le pousse à s'engager sur une voie spirituelle.

En 2019, il fait son entrée au noviciat des Jésuites de Lyon. L'expérience communautaire menée auprès des disciples d'Ignace de Loyola se révèle éprouvante et les pratiques religieuses telles qu'elles lui sont données à observer vides de sens. “Je pratiquais une religion buissonnière, faisant mes dévotions en contemplant les frondaisons des arbres plus volontiers que dans les églises où des liturgies plates arasaient le mystère”. 

Reléguant ses tourments vocationnels en arrière-plan, il décide de se consacrer au “mois-mendiant”, un rite initiatique consistant en une marche de 4 semaines sans argent ni tente ou moyen de communication accompagné d'un autre apprenant. Épreuve de pauvreté, confiance en la providence, compagnonnage imposé, la formation jésuite valorise le savoir d'expérience. Avec Parsac, son acolyte désigné, ils s'accordent sur le choix d'un itinéraire en marge des assauts de la modernité et de la frénésie de notre société.  

Le chemin des estives est le récit lumineux et bienfaisant de ce mois de pèlerinage passé à sillonner le Massif Central. Partant d'Angoulême en Charente, une traversée pédestre de 700 kilomètres les attend avant de rejoindre l'abbaye de Notre-Dame-des-Neiges logée dans la montagne ardéchoise. Soumis à un dénuement total, les deux vagabonds sont tout au long de leur périple tributaires des circonstances et des habitants pour pourvoir aux besoins les plus rudimentaires. 

Méfiance et refus font le plus souvent place à des élans de générosité, de bonté, d'hospitalité et d'intimes confidences. Charles Wright qui consigne chaque jour les bribes de son expérience itinérante dans un carnet, témoigne de l'intensité de ces rencontres tant éphémères qu'indélébiles lui procurant bien plus qu'une inestimable consolation. Village après village, l'auteur dresse le portrait d'une France profonde oubliée à bout de souffle mais dont le coeur recèle de “trésors d'humanité”.

Voyagent à ses côtés des compagnons de vie invisibles dont la pensée imprègne chacun de ses pas. Quel ne fut pas mon plaisir de côtoyer Arthur Rimbaud et Charles de Foucauld tous deux omniprésents mais aussi Charles Baudelaire, Henry Thoreau, Emil Cioran, Thomas Kempis pour ne citer qu'eux. de nombreuses références choisies sur mesure viennent tour à tour étayer, étoffer et sublimer l'expérience vécue par l'auteur. 

Ode à la liberté, éloge de la sobriété, hommage à la nature et aux gens de peu, "l'explorateur de sous-préfectures" comme il lui plaît de se nommer, nous offre également d'éclairantes observations à la fois historiques, géographiques, géologiques, sociologiques, philosophiques et spirituelles. Sa plume lucide, délicate, poétique et cultivée a su faire écho en moi. 

Merci à lui pour cette échappée livresque inspirante et enthousiasmante non dénuée d'humour ainsi qu'à ceux qui auront eu la patience (que dis-je le courage) de me lire jusqu'à la fin. Quand on est charmé, difficile de se museler. Un livre à découvrir, lire, relire, offrir, je recommande assurément. 

Une invitation pour chacun d'entre nous à parcourir son propre “chemin des estives”... 



Lu en novembre (2021) - Rapatriement des quelques retours partagés sur mon ancien compte avant fermeture définitive.
Commenter  J’apprécie          204
Un livre qui fait du bien moralement, spirituellement et physiquement. le tout tranquillement installé dans votre fauteuil ! Avec Charles Wright vous parcourez 700 kilomètres du GR4, de la Charente à l'Auvergne, et vivez l'expérience du dépouillement qui révèle et fait voir l'essentiel. ”Quand on cesse de s'inquiéter de soi, de son confort, de son avenir, et qu'on s'abandonne à ce qui vient, la vie nous sourit.” Charles et Benoît, son compagnon de route, vous font découvrir des paysages de la France profonde, à couper le souffle, avec eux vous faites de belles rencontres, éphémères mais authentiques, de celles qui comptent vraiment et qu'on n'oublie pas ; et parallèlement une rencontre avec vous-même. Vous testez votre endurance, mettez à nu vos aspirations et vos résistances, votre foi aussi.
Le chemin des estives est le récit de l'expérience que fit Charles Wright, au sortir d'un an de noviciat chez les Jésuites. Il fut envoyé sur les routes, sans rien : ni argent, ni portable, avec pour seuls bagages un duvet et quelques livres : Thoreau, Rimbaud, l'Imitation de Jésus Christ et l'Evangile. "Chaque jour pendant un mois, j'ai griffonné des notes qui forment la matière de ce livre. Trois fois rien : des rencontres, des sensations, un paysage, des choses vues. Ce récit est le sac reprisé où j'ai déposé cette moisson quotidienne. La récolte de mes journées couchée sur le papier."  Au départ une question et à l'arrivée la réponse. Au départ un futur prêtre et à l'arrivée un homme nouveau, un homme libre qui a trouvé sa véritable vocation. "J'ai compris qu'entre toutes ces inclinations qui se disputaient mon coeur, il ne fallait pas choisir. L'existence consiste à accorder les vérités multiples dont nous sommes tissés, non à amputer telle partie de sa personnalité au profit d'une autre. Il faut sortir de la mentalité cartésienne et de nos catégories qui ont toujours tendance à être rigides : ce qui est blanc ne peut pas être noir. La vérité est plus ample qu'on l'imagine."
Le chemin des estives est une marche, un cheminement intérieur aussi. Un récit plein d'humour et d'autodérision, où Arthur Rimbaud et Charles de Foucaud sont omniprésents. Une belle aventure humaine et spirituelle.

Commenter  J’apprécie          140
Charles Wright est un homme brillant. Après des études d'histoire, il travaille dans une vie trépidante pour un ministre, dont il écrit les discours. Homme actif, qui ne cache pas ses conquêtes féminines, il comprend que sa vie passée à courir n'a pas de sens, et commence une longue recherche de lui-même.

Il entre d'abord à l'abbaye de Lérins, où il reste un an, puis est admis au Noviciat des jésuites, rue de Sèvre à Paris.

Parmi la formation proposée aux jeunes jésuites, on lui propose de vivre le « mois mendiant » : un mois de marche sans argent, en compagnie d'un autre novice jésuite. Comme Charles est fasciné par Charles de Foucauld, qui a commencé sa vie de moine à la trappe de Notre-Dame-des-Neiges, il imagine un parcours qui traverse, globalement, le Massif Central, d'Angoulême jusqu'au monastère trappiste. Il a en poche les oeuvres complètes d'Arthur Rimbaud, poète qu'il affectionne, et l'Imitation de Jésus-Christ, livre spirituel reconnu entre tous.

Charles est en quête d'absolu, de grandeur, de silence, de contact avec la nature, de calme, de paix… Il sera comblé par l'immensité des paysages qu'il va traverser.

Les deux novices, sans argent, sans avoir le droit de dire qu'ils sont jeunes religieux, « font la manche » de village en village, rencontrent des personnes qui leur donnent à manger, ou un toit, ou discutent avec eux. Charles a une grande facilité pour se lier d'amitié avec les gens, et comme manifestement il inspire confiance, plusieurs personnes se confient à lui. Beaucoup ont traversé des moments difficiles.

Le récit est fabuleux, le vocabulaire est riche, le style exceptionnel : il s'agit d'un récit de grande qualité. Preuve en est que l'on ne s'ennuie pas (en tout cas, je ne me suis pas ennuyé !) et que l'on a envie de parcourir le chemin que nos deux novices viennent de traverser.

On peut tout de même être un peu surpris par ce type de formation pour des apprentis religieux. Formation dans laquelle la prière est peu présente, l'eucharistie dominicale uniquement. On pourrait presque penser qu'il s'agit d'une formation pédagogique ou psychologique, mais pas d'une formation spirituelle. Pour comprendre ce que je veux dire, « on n'emmène pas des apprentis joueurs de foot faire du saut à la perche ». J'ai essayé d'en savoir plus sur ce « mois mendiant », mais je n'ai pas trouvé beaucoup d'informations à ce sujet.

Enfin, Charles Wright nous fait régulièrement part de son insatisfaction face à la vie contemporaine ; son désir de liberté lui fait refuser toute organisation quelle qu'elle soit.

« Un corps de religieux ? Comme le périple au Massif Central me l'a révélé, je suis bien trop sauvage pour m'incorporer à un groupe, être assigné à résidence, fixé dans un lieu ».

« Un ordre sacerdotal de l'Église ? La traversé des hautes terres m'a définitivement converti à la religion buissonnière. »

Oui, comme Charles Wright, nous sommes beaucoup à ressentir cet appel de la nature, cette joie profonde devant la Création. Mais Charles Wright n'a peut-être pas encore perçu que cet soif d'infini n'est comblée que par le don de soi.

Il est d'ailleurs assez curieux que dans la présentation vidéo du livre (ci-dessous) l'auteur parle de son appel de la nature, de la beauté des paysages... comme si son périple n'était qu'un simple parcours sportif pour fuir les grandes villes, alors que l'autre problématique fondamentale du livre est tout de même sa vocation jésuite.

Si la vie n'est pas donnée, elle est stérile, « si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il ne donne pas de fruit ».
Lien : https://blog.peuterey-editio..
Commenter  J’apprécie          140
rès belle invitation à prendre son temps, le chemin des estives est une magnifique randonnée à travers le Massif Central, souvent un peu oublié. Assez particulière cette longue marche. Charles Wright, alors trentenaire aspirant jésuite, entame une virée buissonnière de 700 km dans le "milieu" de la France à travers sept départements entre Charente et Ardèche. En binôme avec Benoit, lui est un prêtre confirmé. Un peu sur les traces de Charles de Foucauld, un peu inspiré par les semelles de vent de Rimbaud, beaucoup pour s'interroger. Certains vont chercher le bonheur en Sibérie ou en Alaska, moi je lorgne ducôté d'Aubusson, de Saint-Flour et du plateau de Millevaches...Je suis un aventurier de la France cantonale, un explorateur de sous-préfectures.

Ne croyez pas mettre vos pas dans un austère chemin de croix, moralisateur et ennuyeux, Mr. Wright est drôle et impertinent parfois et sait aller à la rencontre des gens de là-haut, de là-bas, de là-centre. Pittoresque voisinage d'étrangers ayant choisi l'Auvergne en recul de leur propre existence, de braves villageois dont la méfiance ne résiste pas au sourire de nos curieux touristes, de commerçants plus ou moins généreux, de prêtres autochtones congolais ou rwandais ombrageux qui n'aiment pas trop partager la lumière dominicale de leur église de canton avec Benoit. Il y a des athées bien sympathiques et des croyants obtus. Il y a le contraire. Il y aurait donc une vie entre Loire, Garonne et Rhône.

Il y a aussi de bons petits vins de la Sioule et nos voyageurs n'y voient rien à redire, vraiment rien. Et moi je ne vois rien à redire à ce pélerinage à hauteur d'homme sinon qu'il a donné naissance à un joli bouquin, un bouquin chemineau, un bouquin de haies et de landes, un bouquin d'ampoules au pied et de lits fourragers. Un bouquin qui tord le cou au prétendu regard bovin, Charles Wright s'y entendant tout à fait à sympathiser avec limousines, aubrac et salers.
Commenter  J’apprécie          132
Dans la formation jésuite, les novices doivent expérimenter un mois de mendicité : un pèlerinage de quatre semaines, sans argent, sans téléphone, sans tente et sans carte de crédit. C'est ce pèlerinage, qui doit se faire à deux, que Charles Wright, accompagné d'un prêtre novice, Benoit Parsac, a fait en juillet 2019, allant d'Angoulême à Notre-Dame des Neiges, en Ardèche.
Le Chemin des Estives rejoindra certainement tous ceux qui ont fait l'expérience d'une marche de nature spirituelle, que ce soit sur le chemin de Compostelle ou ailleurs. Ayant eu la chance de marcher jusqu'à Saint-Jacques, j'ai retrouvé plus d'éléments de notre itinéraire (qui n'était pas le chemin du Puy, il est vrai) que dans tous les ouvrages lus jusqu'à présent.
Charles Wright est un écrivain, un homme cultivé et un homme en recherche. le livre est truffé de belle pépites qui sont nourries par ces caractéristiques de l'auteur. Il donne matière à réflexion et à contemplation.
J'ai pourtant ressenti quelques agacements, suite à certaines redites. L'auteur écrit avec peu de filtres et son regard sur autrui recherche la bienveillance, mais ne peut s'empêcher d'être souvent jugeant, voire condescendant. En cela, il ressemble sans doute à la plupart d'entre nous, mais risque de heurter une fois ou l'autre tel ou tel lecteur qui se sentirait visé, directement ou au travers de proches. C'est le paradoxe de ce livre d'un auteur qui se livre tellement qu'il force le lecteur à un face à face personnel avec lui, sans prendre le temps de la découverte réciproque, de l'ajustement à autrui et de l'apprivoisement, alors même que l'expérience dont il nous parle est faite de tout le contraire...
Commenter  J’apprécie          130
Un réel plaisir à lire ce "chemin des estives", au coeur d'une France rurale et à découvrir le regard de Charles Wright, le pèlerin avant son noviciat, accompagné d'un jésuite dans cette "escapade".
Une invitation à un voyage méditatif, animé par l'évocation des échanges avec les gens rencontrés, les grandes figures qui surgissent, et éclairé par des pensées et une érudition qui en décuplent le plaisir...
Commenter  J’apprécie          122
J'ai beaucoup aimé ce livre, tout en ayant conscience que je suis partial : j'ai visualisé la traversée des Combrailles puisque c'est un des centres de gravité de mon existence, où je vais probablement passer une grande partie de ma retraite, où 2 vélos m'attendent déjà. Quant à Lugarde, dans le Cantal, c'est le village natal de mon beau-père, qui avait 2 ans de plus que le Henri qui a accueilli Charles et Benoit, tel que relaté dans ce livre.
Au-delà de ces aspects personnels, ce texte offre au lecteur un vagabondage, au sens propre du terme, puisque les deux compères vaquent et vivent de la charité des personnes rencontrées. Charles, citadin qui a fait des études poussées raconte ses sensations au contact des paysages et de la nature (des vaches en particulier), ses rencontres parfois étonnantes, fait des détours réguliers par les vies de deux autres Charles, de Foucault et Beaudelaire, se laisse guider par Thomas A Kempis, moine du 15ème siècle.
Commenter  J’apprécie          110
J'ai bien aimé ce long cheminement de ces deux errants qui, loin des chemins de pèlerinage médiatisés, se lancent dans une marche de sept cents kilomètres. Partant d'Angoulême, les deux marcheurs devront rallier l'abbaye de Notre Dame des Neiges, en traversant les reliefs du Massif Central. Tous deux sont aspirants jésuites et doivent, à ce titre, vivre un "mois mendiant", c'est à dire un pèlerinage de quatre semaines sans argent. Au fil du temps, la traversée de multiples paysages aux beautés secrètes se fait et les figures de Charles de Foucauld et Arthur Rimbaud se détachent en filigrane. le livre est riche en descriptions de sites oubliés qui témoignent d'une vitalité jadis importante du christianisme , en portraits d'hommes et de femmes qui, même s'ils semblent fermés au départ, sont prêts à accueillir et à donner et de réflexions multiples sur le monde d'aujourd'hui et ses addictions, l'importance du cheminement spirituel et la difficulté à se détacher des usages du monde.
Ce Chemin des estives est rédigé dans une langue alerte et interrogative. On peut bien sûr trouver à redire et rester sur sa faim en estimant qu'il ne s'agit là que d'une suite d'impressions et de réflexions et qu'une recherche spirituelle qui se respecte demande plus que quelques semaines sans téléphone portable, mais pour ma part, cet aspect ne m'a pas dérangé. J'ai aimé cette longue parenthèse.



Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (744) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1833 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}