4 récits se passant au vingtième siècle et toutes, sauf la dernière, semblant se suivre dans le temps. On y parcourt ce siècle quasiment de bout en bout.
Livre écrit comme par de petites touches timides, il y a de la retenue chez cet écrivain. On ne s'étonne pas à apprendre que l'oeuvre complète de Wyndham tient en un tome de 400 pages.
L'ensemble est très bien écrit et coule de source. Une mention particulière pour le dernier récit où l'auteur a plus laissé parler son imagination
Commenter  J’apprécie         10
Les poèmes du recueil Crinkum-Crankum étaient en effet très mauvais, mais je les trouvais néanmoins fascinants. L'un d'eux en particulier, intitulé «Jardinage», commençait par ce vers qui me hantait, et dont je me souviens encore: «Je suspends mon pull à une branche.» Ce vers dégéageait une telle médiocrité que je suffoquais littéralement à l'idée que quiconque (quand bien même ce ne serait que l'auteur) ait pu prétendre appeler cela de la «poésie». Et cependant, l'image du pull suspendu à la branche réussissait parfaitement à évoquer, de façon presque aussi vivante et nette, une autre image d'Enid ffrench, celle d'une silhouette accroupie non loin de là, la tête, avec sa coupe à la graçonne, protégée par un chapeau de soleil à bords flottants, penchée au-dessus du parterre qu'elle désherbait... Si ce vers pouvait faire cela, n'était-ce donc pas de la «poésie», après tout?
Quelques uns des plus beaux vers jamais écrits furent déclamés par l'une des plus belles voix jamais entendues. La stature imosante et la force physique du comédien avaient fait du dévoilement progressif de la faiblesse d'Othello comme une menace de désordre cosmique impensable; lorsqu'une crise soudaine l'avait terrassé, on avait reconnu la terreur primitive d'un effondrement ultime et arbitraire; quand il avait lancé: «Alors le chaos est revenu», ses mots avaient grondé comme l'écho qui annonce le néant originel.
Il tenait de ses propres parents un principe tiré de leur austère dogme en matière d'amour: «Peu m'importe ce que font mes enfants, du moment qu'ils sont heureux.» (Dans les faits, ce principe n'est pas aussi permissif qu'il y paraît, car non seulement il fait du bonheur un devoir, mais il est également inhibant puisqu'il implique que, quoi qu'on fasse, c'est nécessairement avec raison, du fait même qu'on est l'enfant de celui qui s'exprime – dès lors, tout acte provocateur, expérimental ou destructeur perd de son sens avant même d'avoir été commis.)