AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 369 notes
5
13 avis
4
18 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
0 avis
Habituellement un court roman ne fait pas long feu entre mes mains. Là, j'ai mis une semaine pour lire ces 2 récits totalisant 248 pages. Vous avez compris, je n'ai pas pris plaisir à le lire. Marguerite Yourcenar n'est pas pour moi et je suis passée totalement à côté.
Que vous dire ! Alexis est une longue lettre qu'il adresse à sa femme car il lui fait l'aveu de son homosexualité. C'est long. Mon esprit ne s'attachait pas au récit. Combien de fois ai-je du relire tel et tel passage car je n'étais pas concentrée…. A la fin tellement énervée, je ne relisais plus. Pour le Coup de Grâce, ma lecture s'est mieux déroulée mais j'ai trouvé cette histoire d'amour en tant de guerre, qui n'a pas pris jour, inintéressant. Il n'y a que la fin qui est brutale.
Commenter  J’apprécie          10
Un lent crescendo. Ou plutôt, pour la lectrice de cette longue lettre, une lente descente aux enfers. Lente mais inexorable... jusqu'à ce moment, où, brutalement, est annoncée comme évidence, sans plus de précaution: "le bonheur n'est pas venu, Monique".
Un nouveau clou est planté une page plus loin: "je cherche à revivre, le plus exactement possible, les semaines qui menèrent aux fiançailles, Monique, ce n'est pas facile. Je dois éviter les mots de bonheur ou d'amour, car enfin, je ne vous ai pas aimée."
Au delà même de l'amour du bonheur, les instants de prière en semble sont saccagés par un brutal: nous nous forcions aux pratique d'une dévotion exaltée". Et Dieu ne sera pas un recours: "ceux auxquels tout manques'appuient sur Dieu, et c'est à ce moment que Dieu leur manque aussi"

Descente au enfers: c'est confirmé! Elle est rendue plus poignante par le style souple, fluide, "l'acoustique du livre" qui est mentionnée en préface.
Commenter  J’apprécie          100
Alexis,
Une lettre de séparation d'une grande profondeur qui est toute en retenue et d'une grande beauté de par son style très intellectuel. Alexis nous livre son combat intérieur et nous met face à nos propres émotions où les non-dits baignent... le mot n'est pas nommé, secret trop lourd à porter ! Il nous fait ressentir ce mal qui le ronge comme une maladie sournoise qui vous tourmente et ne vous lâche pas ! à l'époque, qualifiée même de "honteuse" car indicible.
Commenter  J’apprécie          10
Une belle et longue lettre...
Commenter  J’apprécie          10
Etonnante cette facilité de Marguerite Yourcenar à se glisser dans la peau de ses personnages, surtout masculins : Hadrien, Zénon, Alexis dans cet ouvrage ou Eric von Lhomond encore dans le coup de grâce.

Etonnant aussi chez elle cette faculté d'autopsier le processus de pensée de l'homme, au sens de mâle de l'espèce humaine, dans sa relation au monde, dans sa relation à l'autre. L'autre étant souvent féminin naturellement, mais pas seulement, tel Antinous pour Hadrien.

Son approche des sentiments est très intellectualisée, un peu trop même. Elle lui confère une froideur presque scientifique. Cette maîtrise imposée ôte à mon sens à l'expression du sentiment sa spontanéité, sa sensualité qui donne de la chaleur à l'épanchement amoureux. Comme elle le dit elle-même : "Au lieu de parler d'amour, nous parlions sur l'amour".

Il est beaucoup question d'états d'âme de la part de ses héros dans l'évocation de ce combat qu'est la vie, en quête de plénitude plus que du bonheur, estampillé trop convenu. Ces personnages évoluent dans un univers écartelé entre les aspirations du corps, certes bien gouvernées, les convenances imposées par le milieu social et l'élévation intellectuelle, seule à pouvoir supprimer les barrières qui cloisonnent nos sociétés. On verse toutefois peu dans les croyances. le spirituel est trop hasardeux.

Mais la maîtrise de la langue vient au secours de cette analyse quelque peu déprimante. Pas un mot superflu, chacun est lourd de signification. Pas une phrase creuse. Pas un paragraphe qui ne soit construit. La syntaxe de Marguerite Yourcenar, qu'elle façonne en orfèvre, est l'escabeau qu'elle place sous nos pieds pour accéder à la puissance de son univers sémantique.
Commenter  J’apprécie          292
Alexis, ou le Traité du Vain Combat est un long plaidoyer d'un homme qui explique son mariage voué à l'échec. Le narrateur, Alexis, écrit à sa femme Monique, pour lui témoigner son affection et son admiration pour la femme qu'elle est, tout en lui avouant à demi mot son homosexualité. Il n'est jamais précis, les mots sont détournés vers des périphrases floues, des expressions fleuries qui délivrent presque son secret, jamais explicitement.
Le style est fluide, touchant quoique parfois cruel dans ses propos: Alexis accuse les autres de ne pas accepter ce genre de différence et par ailleurs, de ne pas comprendre ce qu'il est. Sa "nature" fait de lui un être à part, luttant perpétuellement contre ses démons intérieurs, contre les autres.
La musique, le silence prennent tout deux une place majeure dans l'oeuvre puisque cette vocation lui permet de laisser échapper mélodieusement son mal de vivre. La musique exprime ce qui se cache derrière ce silence familial, mais surtout ce silence pesant qui nie ce qu'il est vraiment.
Cette lettre dévoile les mœurs de l'époque, le rejet de cette marginalité qui n'était pas acceptée, contraire à toutes ces normes sociales présentes jusqu'au XXe siècle.

Finalement, on éprouve de la compassion pour le narrateur, de l'admiration aussi, pour lutter contre ses penchants naturels mais "malsains" pour l'époque. C'est un personnage courageux, torturé, intelligent : ceux dont on ne peut se passer, qui nous appellent à la lecture et qui nous font aimer les mots, et à travers eux, la bataille dans laquelle nous plonge la vie.
Commenter  J’apprécie          30
Deux histoires différentes qui se rejoignent dans le thème: le malaise dans les relations amoureuses dans les années vingt. A l'époque, l'éducation de la petite noblesse enseignait des idéaux et ne permettait pas d'être différent.

La première histoire est une longue lettre D Alexis à Monique, dans laquelle il essaye d'expliquer leur mariage raté.

Dans le coup de grâce, Eric raconte ses relations difficiles et ambiguës avec Sophie durant la guerre civile qui a suivi la révolution russe dans les pays Baltes.

Ce qui fait la beauté du livre, ce sont les mots toujours si justes de Marguerite Yourcenar. Rien n'est dit et tout est dit à la fois. Il suffit juste de déguster le texte pour comprendre ses messages.
Commenter  J’apprécie          100
Ce livre débute par un roman intitulé « Alexis ou le traité du vain combat », celui que Marguerite Yourcenar a écrit à vingt-quatre ans, soit le même âge que le personnage éponyme, Alexis. Ne comptabilisant qu'une centaine de pages, il est représentatif de la retenue, de la sobriété mais également de la finesse dont est empreinte l'écriture du narrateur.

Car lorsqu'il entreprend d'écrire une lettre explicative après son départ, c'est bien Alexis le narrateur ; quant au destinataire, Monique, il s'agit de la femme avec laquelle il est uni par ce qui n'est pas un mariage d'amour ; Alexis étant homosexuel. Dans cette lettre, Alexis reconstitue son histoire personnelle en commençant naturellement par le passé ; il raconte alors qu'il est entouré de la présence rassurante des femmes, celles-ci occupant une place privilégiée dans son éducation. On apprend ensuite qu'il combat ses désirs qu'il juge criminels et que, « contaminés par eux », il choisit de quitter le domicile familial afin de ne pas les révéler à sa mère, pieuse de surcroît. L'action de fuir le domicile va donc de pair avec l'action de fuir ses « désirs malsains ».

Dans ce contexte où il est en proie à un sentiment de culpabilité toujours plus fort, Alexis trouve néanmoins une échappatoire dans son activité de musicien ; en effet, la musique lui permet d'exprimer les sentiments complexes sur lesquels il ne saurait mettre de mots ou, plus exactement dans son cas, les sentiments qu'il réprime au quotidien.

Au final, par le biais D Alexis, nous apprenons les conséquences multiples qu'entraînaient le fait d'être homosexuel au début du XXème ; en l'occurrence, Alexis se voit contraint d'abandonner une femme admirable pour laquelle il a beaucoup d'affection, mais qu'il perçoit davantage comme sa mère que comme une vraie épouse. En découle à nouveau un sentiment de culpabilité, même si Alexis se justifie par une phrase pertinente vers la fin : « j'aime encore mieux la faute (si c'en est une) qu'un déni de soi si proche de la démence ».

Quant au deuxième roman, le sujet n'est pas aussi original (pour l'époque) et même assez éculé (une tragédie amoureuse) : dans le cadre de la guerre civile russe, une jeune femme s'appelant Sophie va être prise d'une passion Racinienne pour Eric, un officier qui, en comparaison du feu que symbolise la passion de Sophie, semble avoir un coeur de glace. Par rapport à Alexis, on a bien un fil rouge avec la thématique de l'homosexualité, puisqu'Eric incarne un militaire proche de son compagnon de guerre, Conrad qui est aussi le frère de Sophie. Aussitôt, la frontière entre la camaraderie entre guerriers et l'amour est ténue, comme le veut la tradition de l'antiquité grecque avec Achille et Patrocle par exemple. Par ailleurs, chez Yourcenar, cela rappelle un peu la relation d'Hadrien et d'Antinoüs dans les mémoires d'Hadrien.

Enfin, voilà, ce livre ne témoigne pas autant de l'érudition de Yourcenar que « les mémoires d'Hadrien », mais il s'avère néanmoins intelligent dans la façon dont il traite de la condition de l'homosexuel au XXème.
Commenter  J’apprécie          181
Livre traitant de l'homosexualite sans nommement le nommer.Ouvrage qui parle d'amour et de desespoir.Desespoir et incomprehension,jugements moraux et mauvaise conscience!Prejuges immondes!Je trouve cela triste que l'on ne puisse pas aimer comme on le veut,comme on le desire.On ne vit qu'une seule fois sur cette terre,on devrait pouvoir vivre comme on l'entend;du mieux possible sans prise de tete
Commenter  J’apprécie          80
Dans une lettre un jeune homme issu de l'aristocratie se confesse à sa jeune femme dont il est séparé. Il lui laisse entendre que, depuis son adolescence, il a des attirances répréhensibles, et que leur rencontre et leur mariage ont été des tentatives pour s'en affranchir...

Un roman court, qui mériterait le nom de nouvelle, assez agréable à lire, et si construit en aphorismes qu'on aimerait tout noter. Je crois bien que je noterai également la préface quelque part, une très belle réflexion sur la difficulté à exprimer "le vice" en littérature sans se retrouver dans des tonalités inadéquates. L'auteur étend ce constat à la vie matrimoniale où règne, dit-elle, la "superstition verbale". Elle la rendra à la perfection dans ce roman, en restant dans l'euphémisme, l'ellipse, le rébus, "(...) l'emploi de cette langue dépouillée, presque abstraite, à la fois circonspecte et précise, qui en France a servi durant des siècles aux prédicateurs, aux moralistes, et parfois aussi aux romanciers de l'époque classique pour traiter de ce qu'on appelait alors "les égarements des sens". (...) Par sa discrétion même, ce langage décanté m'a semblé particulièrement convenir à la lenteur pensive et scrupuleuse D Alexis, à son patient effort pour se délivrer maille par maille, d'un geste qui dénoue plutôt qu'il ne rompt, du filet d'incertitudes et de contraintes dans lesquelles il se trouve engagé, à sa pudeur où il entre du respect pour la sensualité elle-même, à son ferme propos de concilier sans bassesse l'esprit et la chair". C'est parfois un plaisir de jeu de pistes que d'essayer de reconstituer une anecdote incomplète.

Malgré ce luxe de précaution et l'intention affichée de ne pas confier à sa femme plus de turpitudes qu'il n'est nécessaire, de ne pas la blesser plus qu'il ne le faut, à mesure que le récit avance il se fait plus cruel, semblant être plus précautionneux avec les souvenirs des périodes où elle n'était pas que celles où ils se sont connus et où tout détail se retrouve forcément "miné".

J'ai juste été un peu piquée de ce qu'un passage entier semble extrait de Givre et Sang de Cowper Powys, publié quatre ans avant Alexis : "et les portraits de famille (...) cessaient d'être une présence pour devenir une apparition. Ainsi, la volonté qu'exprimaient ces figures d'ancêtres s'était réalisée : notre mariage avait abouti à l'enfant. Par lui, cette vieille race se prolongerait dans l'avenir ; il importait peu, maintenant, que mon existence continuât : je n'intéressais plus les morts, et je pouvais disparaître à mon tour, mourir, ou bien recommencer à vivre". Je ne peux croire qu'il s'agisse d'une coïncidence, mais ça n'est qu'un seul passage là où c'est le thème central de Givre et Sang.

Cf. lien sur mon blog pour "Le Coup de grâce".
Lien : http://aufildesimages.canalb..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (1143) Voir plus



Quiz Voir plus

Marguerite Yourcenar

Quelle est la nationalité de Marguerite Yourcenar ?

Elle est belge
Elle est américaine

10 questions
285 lecteurs ont répondu
Thème : Marguerite YourcenarCréer un quiz sur ce livre

{* *}