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Alexis ou le traité du vain combat:
Longue confession d'un homme submergé par son homosexualité contre laquelle il lutera en vain et qui avoue à sa femme. Toujours le style époustouflant de Marguerite Yourcenar. C'est précis, riche, puissant.
Le coup de grâce
Ce roman m'a rappelé une nouvelle de Stéphane Zweig "La pitié dangereuse". Dans un cas comme dans l'autre on vit le parcours tragique de deux femmes follement amoureuses et dont l'amour insatisfait a poussé à la perte. Dans un cas comme dans l'autre les hommes n'ont pas le beau rôle. Ils ont alimenté ces passions, les ont nourris en poussant ces femmes dans une impasse.
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Incapable de vaincre son penchant pour les hommes, Alexis écrit à son épouse Monique, femme d'une bonté exceptionnelle, pour lui expliquer les raisons de son départ : "Je vous demande pardon, le plus humblement possible, non pas de vous quitter, mais d'être resté plus longtemps".
Alexis ou le Traité du vain combat, cette longue lettre porte son nom à merveille. le jeune homme revient sur ses souvenirs d'enfance, ses premières expériences amoureuses et charnelles, ses études, sa vie à Vienne. Il retrace l'histoire de sa vie, de sa lutte contre son homosexualité. Force lui est de constater qu'on ne peut refouler éternellement ses préférences. Il brise son mariage ; il n'a d'ailleurs jamais été amoureux de Monique et elle jamais heureuse avec lui. La lucidité du regard que le protagoniste porte sur son parcours et son honnêteté fait toute la beauté de la lettre.

Le coup de grâce est d'un tout autre registre. Cette nouvelle relate, dans les pays baltes de 1920, la lutte amoureuse entre Eric et Sophie, la soeur de son meilleur ami. La jeune femme lui a offert sans détour son corps, et lui la fuit. Un seul baiser sera échangé au cours de ce combat sans merci, au terme duquel l'amour se transformera en haine.
Pourquoi Eric ne veut-il pas de Sophie? La raison n'en est pas clairement donnée, il est peu probable que ce soit uniquement par loyauté envers son ami Conrad. Il semblerait aussi qu'il l'ait plus aimée que ce qu'il laisse paraître. On n'imaginerait pas d'autre fin que la fin tragique que Marguerite Yourcenar à cette nouvelle.

Challenge ABC 2015/2016
Challenge Petits plaisirs 2016
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Les deux récits réunis ici semblent s'opposer plus que se compléter: le second se déroule dans les fièvres de la guerre, tandis que le premier est la méditation d'un homme qui, se découvrant homosexuel, décide de vivre sa vie sans plus s'encombrer de faux-semblants, après de longues années d'un combat contre lui-même. Pourtant, dans les deux cas, il s'agit de combattre et de faire la guerre, et ces histoires apparemment un peu minces, à côté de l'Oeuvre au Noir, des Mémoires d'Hadrien ou d'Un Homme Obscur, leur sont comparables en qualité et en profondeur.
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Alexis : Dans les années 20, un jeune homme de la bonne société découvre le plaisir et la jouissance du plaisir. Marié à une jeune femme dont il a pensé qu'elle lui apporterait le réconfort devant ce qu'il considère avec son époque comme un vice, il s'aperçoit qu'il n'en est pas guéri. Il lui écrit donc une longue lettre de rupture.
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Deux courts romans sont réunis dans ce livre.
Alexis ou le Traité du Vain Combat est une longue lettre de rupture qu'adresse Alexis Gera à son épouse Monique. Malgré toutes les circonvolutions on comprend très vite la cause de cette rupture à laquelle Alexis ne donne jamais de nom. Aujourd'hui on appellerait ça un coming out. Pour essayer de se faire comprendre Alexis raconte sa vie, son enfance, ses années au collège, son éveil à la sexualité, sa carrière de musicien. Une vie personnelle bien sûr, et c'est certainement outrepasser les intentions de Marguerite Yourcenar que de chercher dans cette vie des explications générales à l'homosexualité, de faire D Alexis un archétype. Pourtant, quand on raconte une vie, on ne raconte que des acquisitions, et il se trouve que cette vie D Alexis est marquée par une relation privilégiée avec les femmes qui l'entouraient dans son enfance et en particulier avec sa mère. Dans la préface, écrite des années plus tard, Marguerite Yourcenar émet cependant des réserves sur cette explication. Et d'ailleurs, tout le long de cette lettre, Alexis ne prétend pas expliquer mais essaye simplement de se faire comprendre. Aussi, quand il évoque cette homosexualité, il parle d'instinct et même d'une « raison physiologique ». Alexis est également imprégné par la morale catholique et tout le vain combat qui est évoqué dans le titre est celui de l'âme contre le corps. Cette lettre de rupture, l'aveu D Alexis, celui de n'avoir jamais aimé, est le témoignage que l'esprit et le corps, aux aspirations parfois contraires, sont inséparables et que réprimer ses instincts c'est aussi étouffer son âme. La fin du roman contient aussi des vues assez pénétrantes sur le mariage sans amour. L'écriture est sobre et un peu fanée, comme pourrait l'être celle du dernier rejeton d'une vieille famille aristocratique. Bizarrement, on ne rencontre aucun homme dans cette lettre, toutes les relations homosexuelles sont passées sous silence. Par contre, quelques belles lignes sont consacrées aux femmes.
Le coup de Grâce est un roman aux allures plus traditionnelles, une histoire d'amour qui se passe aussi en Europe l'Est, durant la guerre russo-polonaise de 1920. Eric von Lhomond, un jeune officier au caractère froid, confinant à la cruauté, raconte, quelques années plus tard, l'amour non partagé que Sophie lui porte, alors que la guerre fait rage. Sophie étant la soeur de son meilleur ami d'enfance, Conrad. Eric ne cesse d'être admiratif de Sophie, toute son attention est portée sur elle, sur les évènements auxquels elle a dû faire face, sur ses sentiments, ses réactions, mais il n'avoue que du bout des lèvres ses propres motivations. Un roman qui mériterait une relecture, en se focalisant non pas sur ce que le narrateur raconte mais sur la manière dont il le raconte et surtout sur ce qu'il ne dit pas. La fin est vraiment terrible.
Les personnages de ces deux romans ont été inspirés par le couple Jeanne et Conrad von Vietinghoff. Un couple qui a eu beaucoup d'importance dans la vie de Marguerite Yourcenar, Jeanne lui ayant servi un peu de mère de substitution. Il y a donc une unité de lieu (Europe de l'Est) et de temps (années 1920) qui rassemble ces deux romans. Une unité de sujet également. Des sujets qui se répondent et se démodent difficilement, comme le traitement qui en est fait ou l'écriture. Classique, littéraire, une suite de phrases sublimes (surtout dans Alexis), avec assez peu d'innovations. le genre de romans irréprochables, sans véritable surprise dans la forme, mais toujours agréables à lire.
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Bel exercice de style d'évoquer l'homosexualité d'un homme sans la nommer, un musicien se force à vivre son mariage mais ses pulsions l'empêchent de se réaliser complètement.
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Deux romans de Marguerite Yourcenar. le premier constitue une longue lettre en forme de confession d'un homme qui avoue à sa femme son homosexualité, et le second titre raconte l'histoire d'amour impossible entre un homme et une femme, soeur de son meilleur ami.
Dans les deux cas, les récits aboutissent à l'issue inéluctable amorcée dès le départ : dans le premier, Alexis quitte sa femme et dans le second, la mort emporte l'héroïne, comme seule conclusion d'un amour impossible.

Première femme élue à l'Académie Française, mais style pas pour autant académique. Soutenu, c'est sûr, magnifique, sûrement. Dans le premier texte, le style sert la finesse et la délicatesse du propos. Dans le second cas, Yourcenar tisse la toile d'un roman classique comme une tragédie.

Ma préférence au premier texte, plein de justesse et très pudique. Savoir qu'il a été écrit par l'auteur à seulement 24 ans et y trouver tant de maturité… impressionnant ! le Coup de Grâce m'a moins plu. le contexte de guerre du texte fait un peu décor de théâtre, on n'y croit pas toujours (malgré la documentation de l'auteur sur le sujet). Yourcenar s'en sert comme huis clos et y décrit un amour impossible. En tout cas, d'une grande justesse psychologique. Yourcenar décrit des mentalités d'un autre temps, dans les deux cas, mais ça demeure intéressant de toute manière.
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Dire que l'écriture est magistrale, est-ce utile? OUI, et mille fois OUI, pour que tous ceux qui comme moi n'avaient lu que quelques extraits de son oeuvre lisent ces deux nouvelles. Cette lecture fut un régal et un émerveillement, lorsqu'on réalise qu'une si jeune fille pût écrire "Alexis ou le traité du vain combat": la longue lettre-confession d'un époux à sa femme, par laquelle il se confie et explique pourquoi il la quitte. Splendide.
La deuxième m'a également saisie et émue: le destin de deux êtres, faits pour se rencontrer mais sans y parvenir, avec la terrible guerre civile russe de 1919 comme toile de fond.
LA littérature dans ce qu'elle a d'exceptionnel.
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Déjà au sommet de son art, à seulement 26 ans.....
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