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sur 217 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« Wang-Fô aimait l'image des choses, mais non les choses elles-mêmes »

N'est-ce pas le paradoxe de l'artiste ? Il est celui dans la cité qui, grâce à sa sensibilité, traduit le mieux nos affects et en même temps, celui qui manque le plus cruellement d'empathie pour le réel.

Yourcenar illustre bien ce personnage (Wang-Fô) fasciné par les gens non pas comme des fins mais en tant que moyens au service de son art, les poussant jusqu'au sacrifice ultime sans en ressentir autre chose qu'une forme d'inspiration artistique ou du moins, s'il en est affecté, cette affliction est immédiatement récupérée.

L'artiste est-il égocentrique et d'un ingénu narcissisme par nature ou bien, pour le lucre de l'art, doit-il s'interdire d'éprouver de l'empathie (car cette dernière conduirait inévitablement Wang-Fô à renoncer à certaines de ses peintures, notamment celles de l'épouse de Ling) ?

Et l'art… Se doit-il de dire la vérité ? Peut-on le condamner sous prétexte qu'à nos yeux il dépeint le réel de façon si illusoire qu'il le rend écoeurant ? Finalement, l'art serait-il l'ennemi du réel en ce sens qu'une trop fastidieuse exposition aux oeuvres d'art rend (même un Empereur) inapte à la vie ?

Toujours est-il que l'art affecte intimement les personnages de cette nouvelle orientale. Face à la tiédeur de la vie, l'art pousse un homme à qui rien ne manquait à tout sacrifier dans une relation de maître à disciple endogène au continent asiatique.

Cruel est l'art, en témoigne la beauté sémantique émanant d'une scène d'exécution fugace. Et comme si la réalité eut été trop odieuse pour l'auteure elle-même, la seule issue de ce conte fut la fuite chimérique.

Cette nouvelle légendaire - nous sommes proche du récit mythologique - de Marguerite Yourcenar ne souffre aucune surabondance. Les couleurs s'entremêlent à l'image du réel et du fantastique et la brièveté du texte y côtoie l'épaisseur du récit.

Finalement au sortir de ce conte, le lecteur face au texte est pareil à l'artiste face au réel, reconnaissant la beauté de l'oeuvre et le génie de l'artiste sans pour autant ressentir d'empathie.

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L'histoire de Wang-Fô illustre bien que l'art est un miroir trompeur de la réalité. Un conte oriental cruel et poétique.
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Comment Wang-Fô fut sauvé s'inspire d'un apologue taoïste de la vieille Chine. le texte figure dans son intégralité dans les Nouvelles orientales (1963) et il est disponible également en audio sur you tube. C'est une nouvelle philosophique qui propose une réflexion sur l'art mais aussi une illustration du détachement taoïste. La nouvelle est parfaite, magistralement construite, pleine de subtilité et d'ironie légère avec de sublimes images orientales en couleurs. Mais elle ne m'a pas émue. Je n'ai pas éprouvé d' empathie particulière pour le personnage de Weng-Fô artiste égoïste et fataliste, complètement décollé du monde réel. La narration est à son image froide et détachée du lecteur. Bon, Je crois que je ne suis décidément pas faite pour le tao ni pour l'écriture de Marguerite Yourcenar.
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Wang-Fô, un peintre chinois, accompagné de son disciple Ling, parcourent les chemins à la recherche de paysages à peindre. Ces tableaux sont si beaux qu'on les dit magiques. Un soir, les soldats de l'Empereur vinrent les arrêter sans raison apparente...
Un joli conte qui permet de découvrir la plume de Marguerite Yourcenar et l'art de Georges Lemoine. Ce dernier illustrant ce récit avec de douces et poétiques aquarelles. Un conte intéressant sur l'art mais aurait mérité d'être plus approfondit.
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"Comment Wang-Fô fut sauvé" est le texte le plus célèbre issu du recueil "Nouvelles orientales" de Marguerite Yourcenar, paru en 1936.
Je ne sais pas pourquoi on parle de nouvelle car il s'agit plutôt d'un conte fantastique avec une très jolie fin que j'ai beaucoup aimé. Pourtant, je trouve que le texte n'est pas très bien construit. D'abord parce que, pour moi, le personnage principal n'est pas Wang-Fô mais son disciple Ling. La premiere partie du conte raconte son histoire.
Ling est un modeste peintre qui va abandonné sa famille pour devenir le disciple de Wang-Fô, vieux peintre dont les peintures sont plus vraies que nature, grâce à qui il a une perception neuve de ce qu'il y a autour de lui. Il va vendre ses biens pour suivre le maître sur les routes du royaume de Han.p
Wang-Fô, qui était craint et vénéré, et Ling, totalement soumis, vagabondent. Il donne les tableaux à qui les apprécie ou les échange contre de la nourriture jusqu'au jour où l'empereur les fait arrêter par l'armée pour punir Wang-Fô. Ce prince a passé toute son enfance à regarder les tableaux du maître et lorsqu'il a été en contact avec la réalité, le monde lui a paru bien moins beau. Ling qui essaie de défendre son maître va être décapité froidement.
Heureusement, le fantastique va prendre le dessus à ce moment de l'histoire et je pense que le conte aurait pu s'appeler "Comment Ling fut sauvé".
Sans raconter la fin, je me demande si Marguerite Yourcenar veut dire que l'image du monde doit rester un rêve ? Je ne sais pas mais elle ne cherche pas forcément une morale.

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Ling voit sa vie changer quand il attache ses pas et consacre son existence à un peintre prodigieux, Wang-Fô, dont le regard exercé lui montre ce que, jusque-là il n'avait jamais réussi à voir, couleurs, liens, connotations...

Même l'empereur de Chine en veut à Wang-Fô : sa peinture éveille à la beauté mais n'apprend pas le monde tel qu'il est, connaissance capitale pour un homme appelé à régner, et dont il a été privé. Il condamne à mort les deux hommes...

J'ai certainement lu trop rapidement ce conte, mais j'ai eu l'impression d'être irradiée de couleurs à la fois vives et limpides pendant toute cette lecture et c'est cette impression que je voudrais rendre ici.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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