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sur 218 notes
« Wang-Fô aimait l'image des choses, mais non les choses elles-mêmes »

N'est-ce pas le paradoxe de l'artiste ? Il est celui dans la cité qui, grâce à sa sensibilité, traduit le mieux nos affects et en même temps, celui qui manque le plus cruellement d'empathie pour le réel.

Yourcenar illustre bien ce personnage (Wang-Fô) fasciné par les gens non pas comme des fins mais en tant que moyens au service de son art, les poussant jusqu'au sacrifice ultime sans en ressentir autre chose qu'une forme d'inspiration artistique ou du moins, s'il en est affecté, cette affliction est immédiatement récupérée.

L'artiste est-il égocentrique et d'un ingénu narcissisme par nature ou bien, pour le lucre de l'art, doit-il s'interdire d'éprouver de l'empathie (car cette dernière conduirait inévitablement Wang-Fô à renoncer à certaines de ses peintures, notamment celles de l'épouse de Ling) ?

Et l'art… Se doit-il de dire la vérité ? Peut-on le condamner sous prétexte qu'à nos yeux il dépeint le réel de façon si illusoire qu'il le rend écoeurant ? Finalement, l'art serait-il l'ennemi du réel en ce sens qu'une trop fastidieuse exposition aux oeuvres d'art rend (même un Empereur) inapte à la vie ?

Toujours est-il que l'art affecte intimement les personnages de cette nouvelle orientale. Face à la tiédeur de la vie, l'art pousse un homme à qui rien ne manquait à tout sacrifier dans une relation de maître à disciple endogène au continent asiatique.

Cruel est l'art, en témoigne la beauté sémantique émanant d'une scène d'exécution fugace. Et comme si la réalité eut été trop odieuse pour l'auteure elle-même, la seule issue de ce conte fut la fuite chimérique.

Cette nouvelle légendaire - nous sommes proche du récit mythologique - de Marguerite Yourcenar ne souffre aucune surabondance. Les couleurs s'entremêlent à l'image du réel et du fantastique et la brièveté du texte y côtoie l'épaisseur du récit.

Finalement au sortir de ce conte, le lecteur face au texte est pareil à l'artiste face au réel, reconnaissant la beauté de l'oeuvre et le génie de l'artiste sans pour autant ressentir d'empathie.

Qu'en pensez-vous ?
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L'histoire de Wang-Fô illustre bien que l'art est un miroir trompeur de la réalité. Un conte oriental cruel et poétique.
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Comment Wang-Fô fut sauvé s'inspire d'un apologue taoïste de la vieille Chine. le texte figure dans son intégralité dans les Nouvelles orientales (1963) et il est disponible également en audio sur you tube. C'est une nouvelle philosophique qui propose une réflexion sur l'art mais aussi une illustration du détachement taoïste. La nouvelle est parfaite, magistralement construite, pleine de subtilité et d'ironie légère avec de sublimes images orientales en couleurs. Mais elle ne m'a pas émue. Je n'ai pas éprouvé d' empathie particulière pour le personnage de Weng-Fô artiste égoïste et fataliste, complètement décollé du monde réel. La narration est à son image froide et détachée du lecteur. Bon, Je crois que je ne suis décidément pas faite pour le tao ni pour l'écriture de Marguerite Yourcenar.
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Première nouvelle du recueil des "Nouvelles orientales", "Comment Wang-Fô fut sauvé" est une réflexion sur l'art. La réflexion est très intéressante, avec énormément de symboles, mais la nouvelle ne m'a pas plu.
Mon plus grand problème, c'est le style. C'est un style extrêmement simple, dépouillé, qui aurait pu être d'une grande beauté, s'il y avait eu, un vrai travail de style, ce qui, à mon avis, du moins, n'a pas été fait. Il aurait pu être dépouillé et poétique, il n'est que simple, c'est tout.
La poésie, que j'espérais trouver en lisant ce texte, s'est révélé absente dudit texte. Il y eut pu avoir certaines idées qui aurait pu être traiter de manière poétique, mais je n'ai pas eu le sentiment qu'elles le furent.
C'est vraiment dommage car il y a de bonnes idées, une intrigue qui pourrait très bien fonctionner, une vraie réflexion, mais il n'empêche : je n'ai pas aimé. Ce sont des choses qui arrivent…
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Ce petit conte de Marguerite YOURCENAR « Comment Wang-Fô fut sauvé » est une belle entrée dans les traditions de la Chine.

Wang-Fô est un vieux peintre nomade, peignant de part son pays, ne faisant que peu de cas de l'argent. Il lui arrive d'échanger ses oeuvres avec ceux qui les apprécient contre un bol de riz. Ling, son jeune serviteur, se complait à lui tenir compagnie, à voler si nécessaire pour que le peintre soit constamment libre de ne penser qu'à son art. Mais voilà que l'Empereur des Han (Grande Chine) vient les arrêter pour une raison étrange. le destin semble très peu propice à Ling et son maître. Et toute la question comment Wang-Fô devient naturelle.

Ce tout petit conte me comble bien-sûr par sa fin. J'aurais pourtant aimé être embarquée plus longtemps dans ce mode de vie nomade, miséreux et également sage. J'aurais aussi apprécié encore plus de détails de ce palais impérial, de cette autorité suprême, de cette liberté de mouvement du peintre contre cet isolement de l'empereur.
Le plaisir de lecture fut dans les détails colorés, les regards d'artiste de ce vieux peintre. Tout est prétexte à admiration : paysage, ombre sur un mur, broderie des soldats l'embarquant etc.
(...) Georges LEMOINE propose des illustrations vraiment douces, comme faites de sables mais je n'ai pas vraiment eu l'impression d'être en Chine. J'imagine que les enfants suivent ainsi l'histoire avec des repères plus « occidentaux ». (...)

l'avis complet là
Lien : http://1pageluechaquesoir.bl..
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Première incursion chez Marguerite Yourcenar, classée chez moi auprès de Malraux, Céline et Balzac auparavant dans la catégorie "romanciers qui me font très peur". Bon j'ai commencé avec une courte nouvelle, je n'ai pas pris de grands risques, et ce fut même plutôt agréable et divertissant. cette nouvelle fait partie des nouvelles orientales qu'elle a écrites dans les années 60 et prend un tour fantastique qui m'a beaucoup plu, le tout d'une écriture fine et poétique.
Il serait largement temps, maintenant, que je me lance dans quelque chose d'un peu plus consistant.
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Voici un petit conte philosophique particulièrement poétique à écouter. Plein d'images à mettre dans les yeux des enfants, et plein de sens pour le coeur des adultes.

C'est une nouvelle du recueil de Marguerite Yourcenar "Les nouvelles orientales" (1936).

Wang Fô, toujours accompagné de son apprenti Ling, est un artiste peintre. On raconte que ses tableaux sont plus vrais que nature. Un jour cependant, il se fait arrêter par l'armée impériale : l'empereur qui durant son enfance n'a connu le monde qu'à travers les tableaux de l'artiste s'est trouvé bien déçu quand il n'a trouvé dans la réalité rien de ce qui lui plaisait des tableaux. Il est bien décidé à le punir pour cette trahison, ce mensonge terrible...
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Ma première approche de Marguerite Yourcenar et j'ai trouvé cette nouvelle poétique et captivante. J'ai hâte d'en lire davantage sur cette auteure.
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Un texte très court mais d'une richesse exceptionnelle pour évoquer la peinture, l'idée de la représentation, la poésie et la rudesse du réel. de magnifiques illustrations viennent accompagner assez délicatement le récit et ses évocations.
A mettre entre toutes les mains, petites ou grandes.
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Texte très poétique sur la puissance de l'art et la cruauté des hommes à qui c'est hermétique.

J'ai aussi beaucoup aimé les dessins de Georges Lemoine qui accompagnent cette nouvelle.

Ça se lit sans faim, j'ai beaucoup aimé !

Et cela me rappelle mon papa avec qui j'allais parcourir les expos de peinture.
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