Citations sur Nouvelles orientales (131)
L'automne arriva, changeant les arbres de la montagne en autant de fées vêtues de pourpre et d'or, mais destinées à mourir aux premiers froids.
Le dernier amour du prince Genghi
Mais j’envie Panégyotis. Il est sorti du monde des faits pour entrer dans celui des illusions, et il m’arrive de penser que l’illusion est peut-être la forme que prennent aux yeux du vulgaire les plus secrètes réalités.
Je vais mourir, fit-il péniblement. Je ne me plains pas d’un sort que je partage avec les fleurs, avec les insectes, avec les astres. Dans un univers où tout passe comme un songe, on s’en voudrait de durer toujours. Je ne me plains pas que les choses, les êtres, les cœurs soient périssables, puisqu’une part de leur beauté est faite de ce malheur.
Marko reconquit le pays et enleva la belle fille qui avait éveillé son sourire, mais ce n’est ni sa gloire, ni leur bonheur qui me touche, c’est cet euphémisme exquis, ce sourire sur les lèvres d’un supplicié pour qui le désir est la plus douce torture.
Lorsque Genghi le Resplandissant, le plus grand séducteur qui ait jamais étonné l'Asie, eut atteint sa cinquantième année, il s'aperçut qu'il fallait commencer à mourir. Sa seconde femme, Mourasaki, la princesse Violette, qu'il avait tant aimée à travers tant d'infidélités contradictoires, l'avait précédé dans un de ces Paradis où vont les morts qui ont acquis quelque mérite au cours de cette vie changeante et difficile, et Genghi se tourmentait de ne pouvoir se rappeler exactement son sourire, ou encore la grimace qu'elle faisait avant de pleurer.
Dans un univers où tout passe comme un songe, on s'en voudrait de durer toujours.
Jadis,Kâli,nénuphar de la perfection,trônait au ciel d'Indra comme à l'intérieur d'un saphir;les diamants du matin scintillaient dans son regard ,et l'univers se contractait ou se dilatait selon les battements de son cœur .
Wang-Fô aimait l'image des choses,et non les choses elles-mêmes et nul objet au monde ne lui semblait digne d'être acquis ,sauf des pinceaux, des pots de laques et d'encres de chine ,des rouleaux de soie et de papier de riz .
De même qu’il n’y a pas d’amour sans éblouissement du coeur, il n’y a guère de volupté véritable sans émerveillement de la beauté.
- Racontez-moi une autre histoire, vieil ami, dit Philip en s'affalant lourdement sur une chaise. J'ai besoin d'un whisky et d'une histoire devant la mer ... L'histoire la plus belle et la moins vraie possible, et qui me fasse oublier les mensonges patriotiques et contradictoires des quelques journaux que je viens d'acheter sur le quai. Les Italiens insultent les Slaves, les Slaves les Grecs, les Allemands les Russes, les Français l'Allemagne et, presque autant l'Angleterre. Tous ont raison, j'imagine. Parlons d'autre chose ...
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