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Citations sur Nouvelles orientales (131)

Tu es comme l'été ; je suis comme l'hiver. Tu as Dix Mille Vies ; je n'en ai qu'une, et qui va finir.
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Une puanteur montait d’un tas de détritus de poissons que nettoyaient des mouettes presque insupportablement blanches.
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- Racontez-moi une autre histoire, vieil ami, dit Philip en s’affalant lourdement sur une chaise. J’ai besoin d’un whisky et d’une histoire devant la mer… L’histoire la plus belle et la moins vraie possible, et qui me fasse oublier les mensonges patriotiques et contradictoires des quelques journaux que je viens d’acheter sur le quai. Les Italiens insultent les Slaves, les Slaves les Grecs, les Allemands les Russes, les Français l’Allemagne et, presque autant, l’Angleterre. Tous ont raison, j’imagine. Parlons d’autre chose…
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Tu m’as menti, Wang-Fô, vieil imposteur : le monde n’est qu’un amas de taches confuses, jetées sur le vide par un peintre insensé, sans cesse effacées par nos larmes.
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Il va sans dire que Marko reconquit le pays et enleva la belle fille qui avat éveillé son sourire, mais ce n'est ni sa gloire, ni leur bonheur qui me touche, c'est cet euphémisme exquis, ce sourire sur les lèvres d'un supplicié pour qui le désir est la plus douce torture.
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Un coup de vent creva la fenêtre; l'averse entra dans la chambre. Wang-Fô se pencha pour faire admirer à Ling la zébrure livide de l'éclair, et Ling, émerveillé, cessa d'avoir peur de l'orage.
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il a manqué à l'Iliade un sourire d'Achille
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Quand je pense que des idiots prétendent que notre époque manque de poésie, comme si elle n'avait pas ses surréalistes, ses prophètes, ses stars de cinéma et ses dictateurs.
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Kâli la Noire est horrible et belle. Sa taille est si fine que les poètes qui la chantent la comparent au bananier. Elle a des épaules rondes comme le lever de la lune d'automne ; des seins gonflés comme des bourgeons près d'éclore ; ses cuisses ondoient comme la trompe de l'éléphanteau nouveau-né, et ses pieds dansants sont comme des jeunes pousses.
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Depuis des années, Wang Fo rêvait de faire le portrait d’une princesse d’autrefois jouant du luth sous un saule. Aucune femme n’était assez irréelle pour lui servir de modèle, mais Ling pouvait le faire, puisque ce n’était pas une femme. Puis Wang Fo parla de peindre un jeune prince tirant à l’arc au pied d’un grand cèdre. Aucun jeune homme du temps présent n’était assez irréel pour lui servir de modèle, mais Ling fit poser sa propre femme sous le prunier du jardin. Ensuite, Wang Fo la peignit en costume de fée parmi les nuages du couchant, et la jeune femme pleura, car c’était un présage de mort. Depuis que Ling lui préférait les portraits que Wang Fo faisait d’elle, son visage se flétrissait, comme la fleur en butte aux vents chauds ou aux pluies d’été. Un matin, on la trouva pendue aux branches du prunier rose. Wang Fo la peignit une dernière fois, car il aimait cette teinte verte dont se recouvre la figure des morts.

(...)

« Tu me demandes ce que tu m’as fait, vieux Wang Fo ? Tu m’as fait croire que la mer ressemblait à la vaste nappe d’eau étalée sur tes toiles, que les femmes s’ouvraient et se refermaient comme des fleurs, et que les jeunes guerriers à la taille mince qui veillent dans les forteresses étaient eux-mêmes des flèches qui pouvaient vous transpercer le coeur. A seize ans, j’ai vu se rouvrir les portes qui me séparaient du monde: je suis monté sur la terrasse du palais pour regarder les nuages, mais ils étaient moins beaux que ceux de tes crépuscules. J’ai commandé ma litière: secoué sur des routes dont je ne prévoyais ni la boue ni les pierres, j’ai parcouru les provinces de l’Empire sans trouver tes jardins pleins de femmes semblables à des lucioles, tes femmes dont le corps est lui-même un jardin. Le sang des suppliciés est moins rouge que la grenade figurée sur tes toiles, la vermine des villages m’empêche de voir la beauté des rizières, la chair des femmes vivantes me répugne comme la viande morte qui pend aux crocs des bouchers, et le rire épais de mes soldats me soulève le coeur.

Tu m’as menti, Wang Fo, vieil imposteur: le monde n’est qu’un amas de taches confuses, jetées sur le vide par un peintre insensé, sans cesse effacées par nos larmes. Le royaume de Han n’est pas le plus beau des empires, et je ne suis pas l’Empereur. Le seul empire sur lequel il vaille la peine de régner est celui où tu pénètres, vieux Wang, par le chemin des mille courbes et des dix mille couleurs. Toi seul règnes en paix sur des montagnes couvertes d’une neige qui ne peut fondre, et sur des champs de narcisses qui ne peuvent pas mourir.
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