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sur 775 notes
La Veuve Aphrodissia est la septième nouvelle de ce recueil en contenant une dizaine. Marguerite Yourcenar s'est inspirée de fables, de contes ou de faits divers orientaux pour les retranscrire avec son propre style.

Le texte s'ouvre sur la mort de Kostis le rouge, un hors-la-loi ayant tué le pope d'un village De Grèce. Si les habitants se réjouissent de cette mort, la femme du Pope, elle, en est affectée – douloureusement affectée. Car Aphrodissia aimait en secret Kostis. Elle est obligée cependant de paraître respectable en mémoire de son époux. Et c'est bien là tout son dilemme. Car, finalement, elle est doublement veuve : administrativement (le Pope) et amoureusement (Kostis). La révolte de cette femme est accentuée par ce deuil qui n'en finit pas. En Grèce, comme dans l'Antiquité, les pleureuses doivent venir se lamenter devant le corps du défunt. Mais ici, il lui faut attendre trois jours et trois nuits, que l'on ramène le mort, avant d'entamer ce long travail sur soi. Et ce qui est fabuleux avec l'écriture de Yourcenar, c'est que l'on ne comprend pas de suite. Ce n'est que lorsque la veuve veut offrir à manger à ses « vengeurs » que l'on commence à apercevoir son ressenti : « (…) comme elle n'avait pu assaisonner de poison les tranches de pain et de fromage qu'elle leur avait présentées, il lui avait fallu se contenter d'y cracher à la dérobée, en souhaitant que la lune d'automne se lève sur leurs tombes. »

Certes, le sujet de l'amour adultère n'est pas nouveau. Mais l'auteur le transcende ici par la magie de son écriture. On entend presque le coeur de cette femme qui hurle. le Pope ne lui avait donné qu'une image sociétale. Elle n'était rien aux yeux de ceux qu'elle appelle « les paysans », avec tout le mépris qu'elle insuffle dans ces termes. Avec Kostis, elle était Femme. Et lorsqu'elle aperçoit sur le bras de cet être aimé que son prénom y est gravé, elle ne se maîtrise plus.

Yourcenar reconstitue ici une tragédie avec ce climat propre aux dérèglements passionnels. Aphrodissia est digne de Phèdre et d'Antigone. Elle laisse s'exprimer l'amour et l'exaspération. Cela ira jusqu'à la folie. Un texte magnifique à lire absolument !
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En aparté, en attendant de finir ma lecture en cours. de son pseudonyme Marguerite Yourcenar et ce recueil "Nouvelles Orientales", cette grande dame qu'elle était de la littérature et en tant que écrivain et académicienne qui plus est, j'ai pu découvrir ce recueil il y a très longtemps quand j'étais au lycée.
C'était une lecture imposé par nôtre prof de français et je dois dire que sur tous les livres que l'on a eu à lire en seconde, c'est le seul que j'avais grandement apprécié.

Oui bon, parce que à l'époque tout ce qui m'intéressais c'était le sport et fumer hasch avec mes potes.
J'en ai foiré ma scolarité... mais bon, faut bien que jeunesse se fasse (même avec des regrets).

Je ne me souviens plus trop des nouvelles du recueil car cela remonte à ma classe de seconde et que c'est plus très frais dans ma mémoire. Ça doit dater de 2000 ou 2001.

Mais je sais tout du moins que cela avait été un grand moment de lecture avec des analyses et des débats hauts en couleurs en classe.

J'ai toujours ce livre chez mes parents, à l'occasion je le relirais et si besoin je reviendrais sur ce billet.
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Départ immédiat pour un Orient de rêves et de légendes en ouvrant les sublimes pages du recueil Nouvelles orientales. Marguerite Yourcenar nous emporte et transporte par delà le temps et les frontières de la réalité pour rendre visite à un héros serbe aussi beau et grand que cruel. A un vieux séducteur de l'époque Heian qui quitta les ors et les fastes de la capitale pour une réclusion avant que le grand âge ne montre à tous sa déchéance. En Grèce, Néréides, Nymphes et Sylvains continuent leurs danses séculaires d'avant les hommes. On rencontre en Chine un vieux peintre et son fidèle disciple sauvés par la magie de ses encres et laques. Quant à la redoutable Kâli, qui laissa son nom à la mégapole de Calcutta, on lit ici une variante des cosmogonies hindoues, mâtinée de réflexions philosophiques sur l'être et la vie.
Autant d'histoires, contes et apologues qui permettent rêveries, voyages fantasmagoriques et réflexions sur les thèmes abordés. Car chez Marguerite Yourcenar, la forme égale le fond d'où transparaît une impressionnante érudition et une connaissance des civilisations orientales et d'Extrême-Orient.

Les quelques récits réunis dans ce recueil traduisent également l'art et la maestria de cette grande dame de la littérature. La beauté de son écriture, la poésie délicate qui imprègne sa prose, la manière de sublimer les mots pour pousser les portes de l'illusion et de la légende, tout incite à découvrir ou redécouvrir ces Nouvelles orientales aux charmes aussi infinis qu'intemporels.

Et, last but ont least, Gallimard nous offre ici un recueil où le texte superbe est encore magnifié par les délicates illustrations de Georges Lemoine. Exquises peintures dont les teintes douces et comme translucides éclairent les pages de chaque récit.

Alors bon voyage!
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J'ai un peu honte. J'avoue ne pas avoir été conquis par ces « nouvelles orientales ». Je ne saurais pas trop expliquer pourquoi. Les intrigues ne m'ont pas captivées. Même si la toile de fond, la culture où elles se déroulent m'ont plues. Sentiment que les personnages se diluent dans l'intrigue. Je ne sais que dire de plus. Ce n'était peut-être pas le bon moment. Toutes mes excuses Marguerite !
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Ce recueil de 10 Nouvelles Orientales s'était totalement échappé de mon souvenir à peine un an après l'avoir lu. Soucieux de ne pas avoir de critique sur mon Babelio de cette lecture pourtant récente, je viens de relire entièrement ce petit livre. Lorsque j'ai repris le recueil, il m'était impossible de me souvenir de la moindre nouvelle, pourtant à chaque nouvelle page tournée, toutes ces histoires me revenaient en tête, non pas comme une impression de « Déjà vu » mais comme une certitude, une évidence. Et cette fois avec un grand plaisir.

Le peintre Wang-Fô d'abord, qui transforme avec son pinceau l'horreur ou la platitude du monde en ravissement sur papier, à ce point qu'il trompe l'empereur, lui donnant l'illusion d'un monde parfait loin d'une réalité sordide. L'art ici transcende le réel. A tel point qu'il sauve littéralement le peintre et son disciple de la mort lorsqu'ils fuient à travers l'oeuvre même, dans un bateau sur un fleuve qu'il a lui-même dessiné.

Dans l'homme qui a aimé les Néréides ou dans La chapelle aux hirondelles Marguerite Yourcenar nous fait faire connaissance avec des êtres mythologiques aux charmes mortels, chassées par les hommes et la religion. Une métaphore de la condition des femmes, dont les charmes sont suspects, profanes, destructeurs. S'ajoute avec le lait de la mort le thème du sacrifice maternel, de la femme outragée, mortifiée, littéralement emmurée, restreinte à son unique fonction nourricière.

Un beau recueil de nouvelles venant d'ailleurs, d'une écriture poétique aux accents homériques d'une certaine violence mais où s'ajoute ici une forme de douceur toute féminine.

24 août 2012
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Entre contes et légendes, fables et mythes, les dix Nouvelles Orientales de Marguerite Yourcenar, perles sauvages d'une intense beauté, emportent leur lecteur, bercé par les eaux primitives ou balloté par les peurs ancestrales, au delà du réel pour mieux le diluer dans un inconscient collectif.
Fines touches picturales pour transmettre une autre perception de l'art à travers le récit de la vie du sage peintre chinois Wang-Fô, qui tel un magicien, suscite des émotions diverses allant de l'amitié fidèle de son disciple Ling à la cruauté de l'empereur "Dragon Céleste", et qui tel un dieu, accomplit des miracles pour donner naissance au réel à partir d'une image.
Emotions démesurées entre trahison, haine et horrible vengeance d'une bourrelle, contre lesquelles le mur du stoïque "héro serbe" Marko Kraliévitch force de la nature indomptable s'élève pour résister à tout. Et pourtant, quelques chapitres plus loin, ce même Marko trouvera son maître pour stopper sa propre violence.
Amour maternel infini de la femme emmurée continuant l'allaitement de son enfant. Mais "il y a mères et mères", n'est-ce pas?
Oubli impardonnable d'un vieux séducteur raffiné pour rappeler que l'amour ne se décline pas avec la même intensité.Et pourtant la douce et fidèle "Dame-du-village-qui-tombe" se devait d'être inoubliable!
Fantasmes tachés d'interdits, les Néréides nues, ces démones sensuelles font perdre parfois la tête au simple et au figuré.
Défenseur d'une pureté de l'âme, le moine Thérapion, exorciste bien intentionné vis à vis des "Maudites" n'outrepasse-t-il pas sa quête de bien en s'armant d'un crucifix et d'une truelle contre le pêché de chair.
Hypocrisie quand tu nous tiens! Cruel dilemme lorsque l'on est veuve d'un insipide époux assassiné par "Kostias le Rouge" et l'amante du meurtrier sanguinaire.
Le monde est imparfait. La déesse Kali, "Noire horrible et belle" courtisane en est la preuve vivante.
Ô Misère du monde! Pourquoi Dieu, au lieu de l'Univers ne s'est-il pas contenté de peindre de simples paysages? conclut Cornelius Berg le portraitiste devenu lucide au fil du temps.
Marguerite Yourcenar, femme de lettres française et américaine du XX° siècle, académicienne, poète, dramaturge, romancière, a toujours évoqué les problèmes du monde moderne à travers les mythes antiques.
Nouvelles Orientales, bien que d'un genre différent de ses autres écrits (car apparentées à des contes) sont pourtant d'actualité. Langage de l'Art pour dépasser le quotidien, stoïcisme face à la cruauté, abnégation, inégalité des sentiments, désir, fanatisme aveugle,hypocrisie, imperfections, rapport de forces, misère............le monde est un drôle de kaléidoscope vu à travers maux et mots.
Comment ne paspenser à Sept histoires qui reviennent de loin de Jean-Christophe Rufin, aux couleurs et parfums du monde, parfois fantastiques, qui portent le lecteur sur leurs ailes entre vie et mort et dont l'écriture limpide est empreinte de poésie?
Comment ne pas penser aux nouvelles de Jean-Marie-Gustave le Clézio: Histoires du pied et autres fantaisies, leçons de vie et voyages initiatiques?
Car Nouvelles Orientales, telles des Fables de la Fontaine, sont porteuse de morale, celle de "la voyageuse qui sait marcher dans le ciel"....celle de l'élévation, du dépassement de soi et du bien.
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Pour savourer cette lecture délectable (réédition datée de 1978), il convient tout d'abord de prendre connaissance du post-scriptum rédigé par l'auteur qui permet de mieux comprendre l'ossature de ce recueil, (première publication en 1938), de savoir qu'il a été remanié au fil du temps (corrections de style, réécriture de la chute d'une nouvelle, suppression d'une autre, nouveau titre …) de découvrir les matériaux qui ont servi à façonner ces textes : fables, apologues, légendes, contes, faits divers , superstitions, mythes, ballades captées au cours de ses nombreuses pérégrinations , rencontres avec les indigènes… mais aussi écriture imaginative personnelle.
L'orient exotique , mythique, sauvage, captivant que Marguerite Yourcenar nous donne à explorer par le biais de ses nouvelles est un vaste territoire qui s'étend, du sud de l'Europe Albanie, Balkans , en passant par la Grèce, voyage fait de va et vient qui se poursuit en Inde , en Chine, au Japon et se termine à Amsterdam en compagnie de Cornélius Berg qui lui aussi séjourna en Orient. Un long périple géographique et historique, dans le lointain passé, dans le présent aussi.
Toutes les caractéristiques de son style intemporel et la magie de sa plume se déclinent dans ces dix nouvelles : poésie, érudition, imagination, puissance...
C'est inutile d'en dire plus, il faut lire ces nouvelles orientales , elles offrent le dépaysement, elles font voyager sans bouger de son fauteuil et chacun sait que pour aller loin , il faut ménager sa monture !
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Un magnifique condensé de légendes, de superstition, d'allégorie…
Des Balkans, de la Grèce, du Japon, de la Chine, de la Hollande… des voyages de l'antiquité qui n'ont pas pris une ride.
C'est là tout le génie de cette écrivaine Marguerite Yourcenar.
Son écriture vogue et flotte aux rythmes de ces histoires. Souvent cruelles, les textes sont courts et très précis.
Mes préférées seront:
- Comment Wang-Fô fut sauvé ?
- le dernier amour du Prince Genghi.
- L'homme qui a aimé les Néréides.
- Notre Dame-Des-Hirondelles.
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J'entre dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar par la grande porte, celle des nouvelles orientales. Ces textes courts ouvrent un grand nombre de portes et de fenêtres sur son travail. La langue, d'une poésie délicate, rigoureuse et très travaillée, ne laisse rien au hasard. La moindre description, liaison, bout de phrase ou fin de dialogue est empreint d'un mysticisme intriguant et passionnant. Les thématiques qu'elle évoque sont des motifs mythologiques ou religieux retravaillés, interprétés, sublimés. Certes, on peut rester à la porte comme dirait l'autre, mais de mon point de vue, sur ce type de format (court), c'est parfait ! Il faut que je poursuive la découverte de sa bibliographie. Il y a tant à lire...
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En littérature, j'ai eu souvent l'occasion de lire des livres bons, excellents, merveilleux… Et puis parfois, il y a des livres comme les "Nouvelles orientales", de Marguerite Yourcenar. Soyons clair : je me suis ennuyé ferme.
Je n'ai pas aimé le style. L'objectif de Marguerite Yourcenar, en la matière, était probablement d'atteindre une certaine épuration, ce qui, a priori, aurait pu me plaire ; j'ai adoré "Le vieil homme et la mer" d'Ernest Hemingway, ou "Le joueur d'échecs", de Stefan Zweig, où les auteurs affichent un style simple et épuré. Mais là, je n'accroche pas ; car, autant dans "Le joueur d'échecs" ou dans "Le vieil homme et la mer", les phrases épurées, en apparence simples, étaient travaillées pour conférer au récit une grande capacité à nous émouvoir, autant dans les "Nouvelles orientales", l'épuration ne semble avoir aucun objectif.
Je m'attendais à des ouvrages, tout en poésie, mais hélas, la poésie fut la grande absente du livre. Je n'ai trouvé aucune poésie, ni dans les phrases ni dans les histoires de madame Yourcenar.
Certaines nouvelles témoignent, à l'aide de métaphores, d'une pensée philosophique, mais, d'un point de vue littéraire, elles ne m'ont pas semblé intéressantes.
Marguerite Yourcenar reste une grande dame, mais ce livre est un petit livre, à mon avis, du moins. Personnellement, je suis resté douloureusement insensible à ce recueil de nouvelles.
Je suis donc déçu.
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