Si nous passons de l'expression morale et du caractère à la technique de l'art, essayant de faire comprendre l'intérêt qui peut s'attacher à la carrière du sculpteur et à la valeur personnelle de l'ouvrier; Matteo doit être envisagé sous un nouvel aspect. C'est un des ornemanistes les plus exquis qu'ait comptés l'art florentin, et là il est d'une pureté antique : s'il emprunte à la Grèce et à Rome tous ses éléments décoratifs, il sait les transformer, il les assouplit, et il les applique.
Matteo Civitali, né en 1436, meurt en 1501 ; sa vie se passe entre Florence, Lucques, Pise, Gênes, Sarzana et Carrare. Né dans le plus beau siècle de l'art en Italie, il a vécu dans la région qui a vu surgir les plus belles oeuvres d'art depuis l'antiquité, et il a connu Donatello, Verocchio, Desiderio da Settignano, Mino, Luca délia Robbia et les Rossellini. Matteo n'est point un inventeur, ni par conséquent, un homme de tout premier ordre ; il suit l'impulsion donnée par les grands trouveurs, et ce n'est que dans l'application de leurs formules qu'il montre une expression personnelle où se reflète une âme exquise.
I.a statuaire du XVe siècle italien n'a rien produit de plus pur et de plus recueilli dans l'expression ; les mains sont des merveilles d'élégance, le pli monumental est bien traduit de la nature, et, sous l'enveloppe, on sent le corps dans sa jeunesse et sa grâce On peut dire que cette oeuvre est véritablement angélique : ces figures ne sont d'aucun temps et ne sont point marquées par une manière qui les rattache à une période sculpturale ; elles sont faites pour traverser les âges, parler à tous les yeux et à tous les cœurs.