La fiancée de l'an passé est un recueil de nouvelles que j'ai dévoré en deux jours. Habituellement, de pareils bouquins, j'aime bien en étaler la lecture car ça m'aide à mieux garder en mémoires les différentes histoires qui le composent. Sinon, ça ne devient qu'un souvenir évanescent et confus. Pourquoi cette fois-ci j'ai fait exception ? Parce qu'il s'agit d'un bouquin de
Zyrànna Zatèli. J'ai lu trois autres livres de cette auteure grecque et je les ai tous adorés, en particulier
La mort en habits de fête. C'est qu'elle a le don de transformer l'ordinaire en extraordinaire. Ses personnages et les situations qu'ils peuvent sembler banales mais, par la force d'évocation de la plume, c'est comme si elles devenaient régies par un destin implacable.
Comme l'a écrit son traducteur
Michel Volkovitch (dont je tiens à souligner l'excellent travail),
La fiancée de l'an passé comme le reste de l'oeuvre de Zateli constituent un «monde profondément zatélien, c'est-à-dire à la fois étrange et familier». Toujours, il y a cette atmosphère étrangement attirant et inquitant à la fois.
On y retrouve aussi ce petit je-ne-sais-quoi de décalé qui lui donne un air si particulier. Par exemple, dans la première nouvelle, celle qui porte le titre du recueil, la narratrice, une fillette, se fiance avec le silencieux Marcos. On sent que quelque chose cloche mais on n'arrive pas à mettre le doigt dessus. La fin qui nous dévoile la véritable identité dudit fiancé, surprenante, qui démontre l'étendue du talent de Zatèli. J'aime beaucoup quand les auteurs réussissent à «jouer des tours» aux lecteurs, parfois même à s'amuser à leurs dépens. Et celle-là y excelle.
Les nouvelles suivantes sont toutes aussi bonnes. Elles mettent en vedette d'autres personnages de la famille de la jeune fiancée, ou de son village, par exemple Marianthi, le coiffeur Zorzios, l'aïeule Persephoni, qui approchait les cent vingt ans, l'oncle Varnavas et bien d'autres encore, tous aussi colorés les uns que les autres. J'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'une sorte d'autofiction où Zatelli raconte (en faisant preuve de beaucoup d'imagination) son enfance et sa vie de jeune femme.
Passé la moitié du recueil, les nouvelles se mirent à proposer des protagonistes autres que cette tribu devenue si familières, et se déroulant à Athènes ou ailleurs, même à l'étranger. J'en étais un peu déçu, désirant beaucoup découvrir des facettes cachées à des personnages que j'avais adoptés. Mais les nouveaux étaient aussi intéressants et «vivaient» des expériences tout aussi uniques.
Donc, pour moi, le recueil
La fiancée de l'an passé fut une lecture passionnante. J'espère que les autres bouquins de
Zyrànna Zatèli seront traduits rapidement.