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3,66

sur 182 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Qu'est-ce donc? Un essai, une balade littéraire, un manifeste?
L'autre moitié du monde : les femmes, les minorités majoritaires en nombre mais pas dans les arcanes du pouvoir.
Auto-psychanalyse sauvage qui pose beaucoup de questions très à la mode et qui propose des pistes de réflexion.
N'y cherchez pas un essai construit très méthodiquement, mais plutôt l'occasion d'aiguiser votre regard sur le monde qui nous entoure, littérature comprise.
Je l'ai "lu en audio" et la voix de Séphora Pondi m'a un peu dérouté au début. Puis je m'y suis habitué, elle a réussi l'exploit de m'immerger complètement dans le discours un peu aérien de l'auteure. Lorsque cela s'est terminé, je me suis comme "réveillé".
Bravo à elles donc.
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Ce livre est d'une grande intelligence, enfin, disons que l'intelligence de son autrice y transparaît complètement.

Alice Zeniter écrit ici un essai qui parle de son expérience de lectrice et d'autrice. Cela commence par des considérations féministes, dont certaines m'ont beaucoup fait réfléchir, car effectivement je n'y avais jamais pensé. le fait que dans les livres aussi, mais de manière générale, dans la fiction finalement, les femmes sont à l'arrière ban. Elles existent dans un groupe, et assez peu individuellement, dans une histoire d'amour, etc. Là, rien de nouveau sous le soleil, hélas, mais la façon dont l'accent est mis là-dessus est -à mon sens- plutôt nouvelle.
Ce livre regorge de citations, de notes (quelle belle idée ces notes de bas de page!), de références, qui m'ont donné envie de lire et/ou relire des romans, des auteurs... de m'interroger différemment quand je me plonge dans une fiction aussi.
Je pense que j'y reviendrai. Je lis très rarement un livre deux fois (je ne suis finalement même pas sûre que cela me soit déjà arrivé), mais pour celui-là, j'espère faire une exception. Il mérite une relecture, tellement il est dense.
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Je pense que c'est la première fois que je lis un essai de ce genre jusqu'au bout et avec autant de plaisir, voire d'avidité.
Car oui, ce livre d'Alice Zeniter peut être qualifié d'essai. Il n'est pas dans la même veine que ses précédents ouvrages.
Mais on y retrouve son écriture claire, précise et sa vaste culture littéraire.
Son essai comporte beaucoup de références à des livres, des revues, des auteurs, mais ce n'est pas du tout lourd. Elle sait les incorporer comme il faut, à juste dose. Ses propos sont accessibles, je n'ai pas eu le sentiment d'une lecture ardue, par contre j'ai eu le sentiment d'apprendre plein de choses et de me dire souvent "c'est vrai ce qu'elle dit, mais je n'y avais pas pensé... je ne l'avais pas remarqué... je n'avais pas fait le lien".
Elle part du constat que la littérature a été masculine pendant très longtemps et qu'elle l'est encore beaucoup. Les auteurs classiques sont des hommes, les héros sont des hommes, qui parlent à d'autres hommes, publiés par des hommes et critiqués par des hommes. de ce constat, elle va élargir sa réflexion aux personnages, au style de roman, à la fiction... Elle mêle souvent sa propre expérience de lectrice et d'écrivaine à celle plus générale.
C'est un essai qui m'a vraiment emballée, j'avais très souvent le crayon à côté pour souligner certains passages ou citations. Il m'a donné envie de me plonger dans certains ouvrages qu'elle cite.
En somme une lecture qui parle de lectures et qui donnent envie d'autres lectures!
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Le préliminaire précise qu'il ne s'agit ni de fiction ni d'essai, c'est un livre dans lequel Alice Zénifer s'interroge sur la place de cette "moitié du monde" en littérature.
Lectrice d'abord, la jeune fille aura du mal à s'identifier à une héroïne : passionnée, soumise, victime ou simple faire-valoir d'un héros masculin, rien d'enthousiasmant ! Elle interroge ensuite le rapport des femmes à l'écriture : leurs goûts littéraires, leurs choix d'écriture ont été façonnés par la production narrative dominante. Comment se départir des codes du roman ? Où trouver l'originalité et la complexité nécessaires à de nouvelles créations ? En donnant peut-être la parole aux minorités : les femmes mais aussi les handicapés, les gens de couleurs, les autres.
Enfin elle retrouve les mêmes schémas et les mêmes personnages dans les séries télévisées.
Une réflexion très intéressante étayée de nombreux exemples et de citations. On aimerait les retenir !
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Dans cet essai, très vivant, Alice Zeniter nous parle d'écriture mais aussi, et c'est bien normal puisque les deux sont liées, de lecture.
Elle nous confie, en toute simplicité, ce qui l'a conduite, et encore aujourd'hui la fait avancer, mots après mots.

Véritable message d'espoir pour toutes celles et ceux qui se demanderaient "À quoi sert de lire ?" ou "À quoi bon écrire ?", puisqu'elle démontre que les voix, de Toute une moitié du monde ne se sont pas encore laissées "entendre", et manquent à la littérature.

Pour moi, en tout cas, un vrai bon moment d'échange et de partage, une balade bien agréable à dos de livres.

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J'ai toujours un apriori favorable quand j'attaque un livre d'Alice Zeniter. Je n'ai pas été déçue. Toute une moitié du monde nous entraine sur la trace des héroïnes féminines dans la littérature et... leurs destins ou leur comportement ne donnent pas envie de s'y identifier. Ni à Alice Zeniter ni à moi... Il faut dire que beaucoup de ces femmes sont nées de l'imagination d'un écrivain. L'auteure cite Tony Morrison, dont j'ai lu tous les livres cette année: une manière de rendre hommage à cette grande écrivaine, dont les héroïnes arrivent bien souvent à transcender une souffrance insupportable (c'est moi qui le rajoute). Alice digresse sur le personnage en général dans la littérature, avec une touche d'humour, et nous fait ses commentaires via les notes de bas de page (voir très bonne émission de Géraldine Mosna-Savoye à ce sujet sur France Culture https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/sans-oser-le-demander/mais-qui-lit-les-notes-de-bas-de-page-9157492 ). J'aime l'écriture dynamique d'Alice Zeniter, à son image. Elle a l'« art » de nous emporter dans ses raisonnements sans avoir la grosse tête. Les citations et les auteur.e.s qu'elle invoque me parlent. J'ai pris autant de plaisir à lire cet ouvrage que Une fille sans histoire.
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La préface est claire, et Alice le précise dès le début des rencontres avec le public : ce livre n'est pas un roman ; il pourrait être un essai ; elle aime à dire que c'est, tout simplement, un LIVRE. Et cela n'est ni précieux ni anodin : Toute une moitié du monde est une réflexion qu'Alice Zeniter livre, autant en tant qu'écrivaine qu'en tant que lectrice, et, qui plus est, en tant que femme qui revendique la place de cette moitié du monde qu'est le genre féminin.

Pas de fiction emportant dans une aventure avec suspense. Mais une invitation à se demander pourquoi on lit des « histoires », ce que l'on attend de ces échappées. Et l'invitation est active : le livre fait visiter, partager, avec une grande simplicité de style qui évite de tomber dans le texte érudit, les oeuvres, surtout littéraires et cinématographiques, qui, selon les propres termes d'Alices Zéniter
« me permettent d'entrer en relation avec des êtres qui me sont inconnus et me deviendront proches, tout comme des récits qui leur permettent – à l'intérieur de la fiction – des relations riches, complexes et fragiles. ».

On sort de cette lecture, et des rencontres avec Alice Zeniter, avec juste l'envie de plonger dans ces aventures que sont les fictions, pour « ouvrir les fenêtres », celles de la vie, rencontrer des personnes, des idées, des situations qui nous sont « autres », et, justement, aimer ces moments parce qu'ils sont des Ailleurs. La conviction, aussi, que les femmes ne sont pas une petite moitié du monde et que, loin d'un féminisme revanchard, il s'agit pour elles d'être là.
Toute une moitié du monde est l'un de ces livres qui, sans donner de « leçons », fait grandir la personne qui le lit. Alors : merci Alice ….. Et nous attendons avec impatience la prochaine fiction signée AZ .

Pour rencontrer Alice Zeniter :
https://youtu.be/oM2L1TIsikY

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Reprenant ses réflexions plus qu'amorcées dans sa pièce-monologue « Je suis une fille sans histoire » de 2021, Alice ZENITER développe sa pensée, la précise encore un peu plus, l'affine et la déploie. S'appuyant sur l'art, la culture, et en particulier « son » milieu, celui de la littérature et du théâtre, elle démontre de manière stupéfiante le formatage de la fiction dans l'Histoire par la figure masculine toute puissante. Il en est de même pour le cinéma, et pas seulement pour celui d'antan.

« Je suis une fille sans histoire » était un texte bref et concis pour être joué au théâtre. Il le fut par ZENITER elle-même. Ici, si le discours est amplement densifié, il prend la forme d'un essai, toujours engagé, toujours enragé, toujours féministe. Comme dans le livre précédent, la littérature fictionnelle n'est pas le seul art cité dans cet ouvrage. Et Alice ZENITER se plaît à relayer des travaux d'autres femmes oeuvrant pour le désassemblage de la norme masculiniste du débat : « Dans « Sortir les lesbiennes », un documentaire radio de Clémence Allezard, la réalisatrice Céline Sciamma déclare qu'elle tient délibérément les hommes hors cadre, hors champ et ajoute que ça permet aux spectateurs masculins de s'identifier aux personnages féminins qu'elle filme. Ce qui pourrait se présenter a priori comme une exclusion est en réalité le seul moyen de les inclure. Trop peu habitués à passer d'un genre à l'autre lorsqu'ils entrent dans une oeuvre de fiction, les hommes se projetteraient toujours d'emblée vers les personnages masculins et il faudrait faire disparaître ceux-ci pour que les spectateurs puissent connaître ce que les spectatrices et lectrices pratiquent depuis toujours : une identification indépendante du genre ».

L'autrice aime se faire la porte-parole d'idées déjà énoncées par le passé, mais pas encore acceptées. Ainsi pour justifier la présence d'une femme dans un roman par exemple, elle nous prie de réfléchir sur le fait que si la femme était dans cette histoire remplacée par une lampe, l'intrigue en serait-elle déformée ? En somme, la femme en tant que telle apporte-t-elle quelque chose à l'action ?

Puis convocation de Toni MORRISON et extraits d'une interview de 1993 de la célèbre romancière où elle pose les jalons d'une dissidence féministe dans la culture. Puis la plume d'Alice ZENITER va chercher dans les racines de la littérature, recensant des autrices oubliées ou contestées alors pour n'avoir que rappeler leurs droits de femmes et les devoirs des hommes. Pour parfaire ses convictions, elle ouvre et analyse brillamment des oeuvres littéraires, l'occasion d'une autocritique avec le recul : certains personnages féminins de Alice ZENITER ne sont peut-être pas tout à fait à la hauteur, mais elle continue d'y travailler.

Ce texte sait se faire autobiographie, mais sans jamais en faire des tonnes : évoquer (avec cet humour propre à l'autrice, un humour décapant qui fait mouche à chaque saillie) sans dénoncer vulgairement, rappeler une attitude, un comportement d'un homme à son égard ou à celui d'une connaissance, l'image parle d'elle-même, c'est aussi là le grand talent de Alice ZENITER, saupoudrer sans étouffer, le coup n'en est que plus direct.

Elle excelle également dans la manière de ponctuer ses dires de notes de bas de pages, peut-être les passages les plus drôles du livre. Rappelant l'ouvrage que vous tenez dans vos mains, la voici qui écrit à ce propos en note de bas de page (et vous remarquerez que dans une chronique, nous ne citons que TRÈS rarement des notes de base page, aussi mon exercice présent se construit avec une certaine délectation) : « Là, par exemple, il y a une photo de moi sur le bandeau. J'espère que vous l'avez enlevé et que vous l'utilisez comme marque-page ou l'avez jeté parce que je ne voulais pas de photo de moi sur ce livre. On m'a répondu que c'était la charte graphique choisie pour tous les ouvrages de la rentrée. « Je vais faire une note de bas de page », ai-je annoncé d'un ton grave, et tout ce que ma menace a pu me faire obtenir, c'est que la taille de la photo soit réduite ». Car Alice ZENITER est consciente que les artistes en vogue – dont elle fait partie - peuvent être utilisés comme produits d'appel, et dans ce jeu sordide, la femme est montrée souvent par son profil, son image, pas par ses convictions. Il ne devrait plus jamais en être ainsi.

L'autrice se confie, comme rappelée par son parcours. Elle explique pourquoi elle n'a pas voulu enfanter, revient sur le but de son travail d'écrivaine : « Je veux écrire des livres qui soient accessibles au plus grand nombre mais je veux aussi sortir des schèmes préétablis dont je connais pourtant le pouvoir de séduction comme la capacité à rassurer. Pour résumer, j'ai le cul entre deux chaises narratives ». Pour étayer certaines de ses thèses, elle fait appel au défunt Umberto ECO sans oublier de tacler Alain ROBBE-GRILLET concernant son point de vue sur la disparition nécessaire du personnage dans la littérature.

De ce texte puissant et intelligent, chacun peut en tirer une leçon. Pour ma part (et je tiens à me dévoiler sur ce point), homme blanc, sémillant quinquagénaire conscient de mes privilèges mais affublé d'une éducation certes fort lointaine et en grande partie rejetée depuis, mais axée sur le patriarcat et le catholicisme (le patriarcat DANS le catholicisme ?), l'exercice de Alice ZENITER me permet d'entrouvrir des portes de déconstruction, permet de me rééduquer. J'ai toujours eu la conviction que l'âgisme par exemple était une grande fourberie, et j'ai tenté de comprendre les raisons et les racines de la domination masculine. Pour cela, j'ai toujours eu besoin d'êtres plus jeunes pour me rappeler certains devoirs, certaines évidences, pour me remémorer que le monde a changé et m'expliquer en quoi et pour quel bien. Ce livre de Alice ZENITER est l'une de ces pierres dans cette « rééducation », il est en tous points indispensable à des hommes de ma catégorie pour nous frotter aux réalités et admettre que nous avons encore tant de chemin à parcourir sur notre cohabitation avec les femmes, y compris dans l'art et la culture. « Toute une moitié du monde » vient de paraître, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

https://deslivresrances.blogspot.com
Lien : https://deslivresrances.blog..
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Avec Toute une moitié du monde, Alice Zeniter nous offre une ouverture stimulante sur la rentrée littéraire.
« Ni fiction, ni essai », ce texte nous livre une réflexion très personnelle qui entremêle sa position de lectrice et d'autrice, comme une invitation à repenser la fiction contemporaine : « je veux à la fois qu'elle m'arrache au monde et qu'elle m'éduque ». Dans le double contexte de la pandémie du Covid-19 et du mouvement MeToo, elle examine la place des femmes dans l'histoire et la vie littéraires : « romancières mais pas écrivains à part entière » sous le joug de la parade virile des « Vrais Mecs de la Littérature ». À partir de ce constat, qu'il manque à la fiction toute une moitié du monde, Alice Zeniter imagine qu'il lui reste cette même partie du monde pour s'égailler : « ça me paraît le plus beau des programmes ». Comment contextualiser le travail des autrices ? Comment parvenir à redéfinir les enjeux de la fiction en 2022 ?
Alice Zeniter nous entraîne avec allégresse, humour et audace sur toutes ces pistes. Elle convie tour à tour Toni Morrison, Julia Kerninon, Cloé Korman, Vincent Message, Elizabeth Bishop, Zeruya Shalev, Joan Didion, Edouard Glissant et Chimamanda Ngozi Adichie dont les citations jalonnent et tissent cette innovante analyse sur le roman contemporain et son avenir.
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Pourquoi ce livre était-il classé dans les romans à la médiathèque? Je l'ai pris parce que j'ai beaucoup aimé Juste avant l'oubli, dont j'ai même quelques pages dans mon téléphone. Mais je ne m'attendais pas du tout à trouver cette réflexion/divagation/questionnement sur nos/sa façon de lire, sur les buts que poursuivent les écrivains, sur les chemins qu'emprunte la littérature.
C'est plein d'humour, de vitalité, plein de références qui donnent envie de lire encore et toujours plus, plein de réflexions personnelles d'AZ sur sa pratique, très bien construit, et je ne l'ai pas lâché jusqu'au bout (lu d'une traite de A à Z en quelque sorte !).
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