En premier instance, je remercie Babelio, Masse critique ainsi que les éditions Lombard, pour l'envoi de Cette BD, de
Raphaël Beuchot (dessinateur)&
Zidrou (scénario, en collaboration avec Beuchot)…Première lecture de ces deux artistes
L'histoire débute avec le départ pour le Congo du célèbre violoniste, Edgard Ysaÿe (maitre de chapelle à la Cour de Belgique), invité à Léopoldville pour jouer un récital le jour du centenaire de l'Indépendance de la Belgique. Nous somme le 21 juillet 1930….Il doit passer trois semaines chez son neveu au bord du lac Maï Ndombé ; le violoniste, handicapé par un torticolis, ne peut assurer le concert prévu…
En contrepoint,chez ses neveux, il fera une rencontre insolite et amicale avec «
Tourne-Disque », un congolais d'une cinquantaine d'années, au service depuis toujours de cette famille. Il fut recueilli alors qu'il n'avait que 8 ans, son père, ayant été victime d'un accident. «
Tourne-Disque », depuis plus de 40 années, est au service de cette famille de colons… et grâce à la passion du Père, a trouvé une fonction particulière, qui lui valut son surnom… »
Tourne-Disque » invite Edgard Ysaÿe à découvrir la « chambre 78 » ( une pièce remplie de rayonnages, contenant des malles entières de 78 tours…rapportées par le père, collectionneur et mélomane…)
Depuis tout ce temps, le jeune orphelin fut embauché pour tourner les 78 tours , dans la maison, afin de satisfaire « ses maîtres » en musique. Ce dernier a une belle sensibilité et prend son rôle très au sérieux…. Il n'empêche qu'à l'arrière-plan, nous constatons tout l'esprit arrogant des colons et leur mépris envers les congolais….
Edgard Ysaÿe sympathise avec
Tourne-disque, discute de musique, avec lui, dont un passage savoureux, sur la musique de
Gabriel Fauré, que le violoniste a connu. «
Tourne-Disque » parle avec beaucoup de justesse des musiques entendues, à tel point qu'Isaÿe, en réfléchissant à cette rencontre singulière ,apostrophe dans un demi-sommeil
Gabriel Fauré « Hé, Gabriel, tu m'entends ? Incroyable mais vrai… Ton meilleur admirateur est un noir qui vit sur les lacs Leopold… »
Cette rencontre marquera le musicien à jamais. Cette rencontre se fit alors qu'il avait environ 70 ans…Lorsqu'il mourut, sa jeune veuve se manifesta auprès de «
Tourne-Disque » pour lui exprimer l'amitié de son mari, qui parlait souvent de lui, avec le regret de ne pas avoir pu l'inviter, comme il le souhaitait, en Belgique pour l'inviter à l'opéra, à un de ses concerts, mais aussi qu'il vienne , avec ses mots simples » parler de musique à ses élèves. La jeune veuve, expédia une longue lettre ainsi qu'un magnifique cadeau en souvenir de cet « autre frère de sons », un gramophone…
Une belle histoire qui m'a laissé sur « ma faim »… j'aurais préféré des passages plus longs entre le musicien célèbre et «
Tourne-Disque », quant à leurs échanges sur leur passion commune : la musique
Des dessins magnifiques aux cadrages les plus différents qui anime agréablement la BD ; des dessins très « léchés » en simple vignette, ou pleine page ou parfois se déployant sans texte aucun, sur une double page.
Je me permets de transcrire deux passages, l'un de «
Tourne-Disque » et l'autre qui est un dialogue entre ce dernier et le violoniste :
« Au fond, derrière chaque musique, il y a une histoire d'amour » [
Tourne-Disque]
« - Pourquoi jouez-vous sur des instruments anciens et pas sur des instruments modernes ?
-Parce qu'en vieillissant, avec les années, l'instrument a appris beaucoup de choses qu'un instrument nouveau ne sait pas encore.
- Un peu comme si toutes les notes, toutes les musiques qu'il a jouées étaient restées en lui ?
- Un peu, oui « (p.58)
Un "carnet graphique" de 6 pages achève cet album... en offrant des esquisses supplémentaires...donnant un petit aperçu du travail du dessinateur ,
Raphaël Beuchot
Juste le regret que ces passages savoureux sur l'appréciation et l'écoute musicale, entre deux êtres , au premier abord, aux antipodes, aient été aussi brefs…Une lecture qui reste agréable, et j'en remercie une nouvelle fois les éditions Lombard et l'opération Masse Critique de Babelio…