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Aujourd'hui et les jours à venir, ce sont les portes ouvertes, rue de Choiseul, dans une belle maison bourgeoise, une maison tout à fait bien. Les ornements extérieurs, les rosaces et panneaux de faux marbre flattent l'oeil du visiteur. Les escaliers sont chauffés et leurs marches sont revêtues de tapis rouge, enfin seulement jusqu'au troisième étage car pour le quatrième et les chambres de bonnes du cinquième ce luxe n'est plus nécessaire, il ne se voit pas par les honnêtes gens qui, en principe, ne monte pas si haut.

Pour cette visite, Zola ne rentre pas du tout comme à son habitude dans le détail des lieux, il nous donne juste les indices nécessaires pour nous situer. Toutefois, avec son inimitable écriture si minutieuse, les quelques jolies phrases qui plantent le décor suffisent à nous ancrer dans les différents étages.
Ce sera donc une visite inhabituelle qui s'attachera plutôt à gratter le vernis de la petite bourgeoisie occupant ces lieux, sans oublier les domestiques à demeure. Un vernis bien fin qui s'écaille rapidement au moindre petit coup d'ongle.

Octave Mouret, sûrement trop fier et surtout trop ambitieux pour croupir en province, vient conquérir Paris et s'installe justement dans cette maison respectable où ne vivent que des gens honnêtes, ou presque…
Eau, gaz et moralité à tous les étages donc Octave ne doit pas y ramener de femme. Il se servira alors directement dans l'immeuble, papillonnant à droite, à gauche, en toute immoralité. Pour assouvir fortune ou plaisir, aucune ne doit lui résister mais ce ne sera pas sans peine car la gent féminine est loin d'être si docile sous la plume de Zola.

D'étage en étage, la visite se fera en fustigeant avec recherche et élégance tous les travers de ces gens se proclamant si convenables. Certains se permettent même de pointer leurs voisins en condamnant leur légèreté alors qu'ils vivent en ménage à trois ! Les portes s'ouvrent très souvent sur des adultères en tous genres, parfois risibles, parfois écoeurants.
Un appartement abrite une mégère que l'auteur ne pouvait pas nous rendre plus détestable. Et pourtant, pour monter encore plus haut dans la condamnation de toute cette petite bourgeoisie, Zola lui donne comme mari le seul résident qui montre une réelle honnêteté : cruelle ironie qui n'épargnera pas ce malheureux luttant contre un mépris démesuré.
L'attaque virulente de Zola atteindra les moindres recoins de cette belle maison de la rue de Choiseul. Côté cour intérieure, les fenêtres des cuisines laissent échapper les rires gras et les invectives de la domesticité, accompagnés des relents douteux de ces pièces mal tenues.

La couche de vernis est belle et clinquante. Elle n'est pas bien épaisse mais Zola la décape pourtant avec une sacrée dose d'acide ! Il vaut mieux bien refermer les portes à la fin de la visite pour éviter que toute cette respectabilité ne s'échappe, elle est si volatile.
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Une fois dans Pot-Bouille, on se rappelle forcement de la conquête de Plassans (4è tome) où on découvre la famille Mouret et on assiste à sa déchéance macabre, et on fait la rencontre des trois petits Mouret dont les deux autres Serge et désirée sont repris dans la faute de l'Abbé Mouret (5è tome), ici dans ce dixième tome, Emile Zola nous fait ressusciter le troisième fils des Mouret dont déjà dans le quatrième tome le père doutait déjà de sa moralité, criant son grand désespoir en découvrant la vie de débauche de son fils, il s'agit bien d'Octave Mouret, un gentleman bien dans sa peau qui débarque dans Paris pour faire bouillir les cœurs...

Zola nous confine dans les corridors, les salons et les chambres d'un immeuble, l'ambiance est très bien assaisonnée qu'on ne peut pas se perdre dans ces courtes allées qui fondent la vie de toute une société, l'arrivée d'Octave apporte une forme d'exaltation dans ce monde, il entraine avec lui une chaleur qui réanime chaque famille car il n'est pas comme son frère Serge Mouret qui se laisse ronger par sa conscience, il n'est pas non plus comme sa sœur désirée qui est la réincarnation pur jus de leur racine généalogique qui est Adélaïde, non, Octave est un jeune homme plein de vie, voulant profiter de chaque moment de la vie et enfin mordre sur une belle pomme quant à lui assurer un bel avenir...

Ce que j'ai aimé dans ce tome est cet agencement des portraits que nous fait l'auteur sur et des familles et des personnages comme si chaque famille représentait une couche sociale sans qu'on tombe vraiment dans des misères extrêmes ou dans des richesses affolantes, on reste beaucoup plus dans la gestion interne ou psychologique des foyers où on se rend compte que ça souffre presque des mêmes maux. On déguste ce tome du début jusqu'à la fin sans que le papa naturaliste nous alourdisse avec des détails à faire bomber des poitrines, il sent qu'il a eu plus de faits à gérer dans ce tome, surtout avec un Octave, toujours débout, bougeant dans tous les sens, prêt à saisir une opportunité, qu'il a rendu son écriture très vive!
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Vous aussi avez peut-être eu sous les yeux, étant écolier, cette lithographie fleurant bon son image d'Epinal d'un immeuble haussmannien en coupe dévoilant l'intérieur de ses étages ?

Si c'est le cas, remémorez-vous cette gravure, véritable tableau des castes de la société sous le Second Empire. Une hiérarchie inversée si l'on peut dire où les riches vivent en bas et les pauvres sous les toits ! Un entresol occupé par des boutiques, un rez-de-chaussé ultra cossu et "grand bourgeois", un second puis un troisième étages occupés par une bourgeoisie moins à l'aise et une famille de petits fonctionnaires. Montez encore quelques degrés (même si le tapis rouge qui recouvraient les marches de pierre du grand escalier s'est dérobé sous vos pieds pour laisser place à un escalier de chêne brut) et vous arriverez à un étage à peine fréquentable, celui d'une classe ouvrière laborieuse où vous pourriez bien aussi croiser quelques libre-penseurs, célibataires ou autres provinciaux fraîchement débarqués de leur campagne pour conquérir la capitale. Enfin, surmontez votre répugnance évidente et hissez-vous jusqu'aux combles pour jeter un oeil voyeur aux logis des domestiques, des marginaux et des artistes. Vous ne serez pas déçu de votre ascension... Tout ce petit monde vit ensemble sous le même toit. Leur adresse est leur seul trait d'union et leur immeuble un microcosme aussi étroit que leurs vues. Dans cet immeuble, reflet de leur société, les passerelles sont difficiles à bâtir, les escaliers si laborieux à... descendre !

Pour en savoir plus, lisez "Pot-Bouille", l'un des chef-d'oeuvre du génial Emile Zola.
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Octave Mouret arrive de Plassans avec la furieuse envie de conquérir Paris en passant par les femmes. Commis en tissus, il est embauché au Bonheur des Dames et rêve de séduire la patronne, Mme Hédouin. Octave loge dans l'immeuble de M. Vabre. Chaque étage accueille un parent du propriétaire et chaque ménage se veut honnête et bien arrangé. Lors des soirées bourgeoises où les voisins sont toujours invités, on discute des affaires de la famille. Mais, surtout, on essaie de marier les filles. C'est l'obsession de Mme Josserand qui ne sait plus que faire des siennes. « Hortense et Berthe hochèrent la tête, comme pénétrées de ces conseils. Depuis longtemps, leur mère les avait convaincues de la parfaite infériorité des hommes, dont l'unique rôle devait être d'épouser et de payer. » (p. 111) Quand le mariage de Berthe est enfin arrivé, rien ne se calme dans l'immeuble. Des querelles d'héritage et des dots non réglées agitent l'immeuble d'une même fièvre, celle de l'argent qu'on n'est jamais vraiment sûr de posséder tout en l'ayant dépensé pour bien paraître aux yeux de la famille et des voisins.

Le mariage de Berthe et Auguste Vabre est rapidement un échec, notamment parce que l'ombre de Mme Josserand plane sans cesse. « Sans doute […] on n'épouse pas seulement la fille, on épouse la mère souvent, et c'est bien désagréable quand celle-ci s'impose dans le ménage. » (p. 181) Voilà la sinistre particularité de cet immeuble où tout le monde sait ce que cachent les portes closes. M. Campardon, l'architecte diocésain, cocufie son épouse avec sa propre cousine. Chez les Pichon, l'héritage est conditionné au nombre d'enfants : les beaux-parents ne verseront pas un sou si leur gendre fait plus d'un rejeton à son épouse. de sa cour, M. Gourd, le concierge, veille d'un oeil intransigeant sur les allées et venues de tous. En cerbère des bonnes moeurs, il déteste la familiarité et la liberté des domestiques qui se moquent bien de lui.

Le pot-bouille, c'est la tambouille, la mauvaise cuisine faite de viande rance et de légumes flétris. C'est aussi le creuset où macère la crotte des petits bourgeois. La façade luxueuse de ce nouvel immeuble haussmannien dissimule des intérieurs chiches et crasseux. Les filles de cuisine et les domestiques gueulent aux fenêtres et sont les maîtres de l'arrière-cour. Et les baquets d'eau sale versés au ruisseau ne dissimulent pas la condition très humaine des locataires des lieux. Ça se pique de bourgeoisie et de mondanité, mais ça reste toujours des esprits étroits, vaniteux, arrivistes et intéressés. Ils ne sont séparés de la plèbe que par des plâtres bien essuyés et quelques meubles retapissés. « Quand ils se sont crachés à la figure, ils se débarbouillent avec, pour faire croire qu'ils sont propres. » (p. 465) Seul l'oncle Narcisse Bachelard a l'honnêteté de ses crasses. de tout le roman, on sort à peine de l'immeuble, mais c'est un monde à lui seul, un fabuleux microcosme parisien dont Émile Zola peint un tableau très cynique, voire cruel.

Quant à Octave, le futur propriétaire ambitieux du Bonheur des Dames, il va prendre une maîtresse à chaque étage, s'immisçant ainsi dans les intimités de tous les foyers. Lui qui était habitué à des succès faciles auprès des filles de Marseille, il enrage tout d'abord de ne faire plier aucune des jolies Parisiennes qui lui passent sous la main. « [Il] voyait un mauvais présage, une véritable atteinte à sa fortune, dans la déroute de ses séductions. » (p. 230) Finalement, il ne peut dissimuler un vague dégoût et une lassitude certaine du beau sexe : « Décidément, on n'aime bien que les femmes qu'on n'a pas eues. » (p. 385)

Vite, il me faut (re)-lire Au Bonheur des Dames ! Un Zola en appelle toujours un autre et mes vagues souvenirs de l'épisode à venir se sont réveillés à la lecture de cette description féroce de la petite bourgeoisie parisienne. Dans ce volume, Émile Zola ne met pas en avant la dégénérescence et l'atavisme de la famille Rougon-Macquart et de sa branche Mouret. Son étude sociale des moeurs sous le Second Empire lui fait explorer tous les univers en passant parfois par des prétextes : malgré ses conquêtes et ses liaisons, Octave Mouret a un rôle secondaire. Toutefois, je me suis parfaitement délectée de ce volume où l'auteur a une fois de plus fait montre de toute l'étendue de son talent.
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Quel régal ! Un Zola au mieux de sa forme et de son fiel pour fustiger tous les travers et toute l'hypocrisie de la bourgeoise bien pensante en façade mais crapuleuse côté cour.
Pendant côté bourgeois de l'Assommoir, Pot-Bouille se déroule comme une pièce de théâtre dont la maison bourgeoise qui tient lieu de scène autour de son escalier en faux marbre est un personnage à part entière. On se régale du talent de conteur – journaliste de Zola qui, loin de l'empathie pour les petites gens de l'assommoir, conspue cette classe sociale qu'il abhorre et qu'il jubile à faire bouillir en effet dans un bain peu ragoutant de mensonges, de calculs, d'hystérie, de veulerie et de cocufiages.
Octave Mouret manoeuvre au milieu de ces gens dont pas un ne rachète l'autre, moqués par leurs bonnes pas dupes et pas moins propres, si ce n'est l'ingénue Marie Pichon régulièrement engrossée par son mari à son corps défendant, et bien sûr la belle et solide Madame Hedouin, qu'Octave finira par épouser et que j'ai hâte de retrouver à ses côtés au comptoir de « Au bonheur des dames » qui poursuit la saga.
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Plus je lis Zola, plus j'apprécie sa plume, les intrigues qu'il créait et la façon extraordinaire qu'il avait de peindre des univers aussi différents que fascinants. C'est vraiment l'un des écrivains que je préfère lire. J'ai aimé tous les romans que j'ai lus de lui jusqu'à maintenant et Pot-Bouille n'est pas une exception. J'ai adoré arpenter les rues du Paris du 19ème siècle, entrer dans cet immeuble bourgeois de la rue de Choiseul aux côtés d'Octave Mouret et visiter les appartements cossus des trois premiers étages et les chambres plus modestes du quatrième. Même les chambres de bonne froides et humides du cinquième valent le coup d'oeil. Il s'en passe de belles là-dedans !

Pot-Bouille m'a fascinée, secouée, bouleversée.
J'ai été fascinée par cette histoire de bourgeois malmenés par leur propre hypocrisie, par leurs faux-semblants et par leurs domestiques qui déversent les ordures de leurs maîtres (le mot « ordures » doit être pris ici au sens propre comme au sens figuré) qui ont une peur panique du regard des autres et du qu'en-dira-t-on. Qu'importe s'ils n'ont pas un radis, il faut sauver les apparences et mettre les petits plats dans les grands pour en mettre plein les yeux à ses invités chaque semaine. Quitte à incendier Monsieur qui est un incapable et n'a pas été fichu de faire fortune. Quand on est trop honnête et qu'on n'a pas les dents qui rayent le parquet, on est méprisé. Ceci est un exemple (celui de Mme Josserand) parmi d'autres…
J'ai été secouée par ce roman et par ses personnages qui sont, pour la plupart, franchement antipathiques, voire détestables, et ce du rez-de-chaussée au cinquième, en passant par l'entresol. Seul M. Josserand inspire la sympathie par sa gentillesse et son abnégation. Une scène de Pot-Bouille m'a particulièrement remuée, c'est l'accouchement d'Adèle, seule dans sa petite chambre de bonne. Les détails donnés par Zola sont surprenants. D'ailleurs, les critiques de l'époque ne le lui ont pas pardonné. Un journaliste du Figaro a même conseillé à l'écrivain de « se recueillir à la campagne », tant il a éprouvé du « dégoût » et de la « colère » devant ces « pages inutiles, purement obscènes ».
Ce qui m'amène à dire que Pot-Bouille m'a bouleversée du fait de l'écriture de Zola. J'ai lu certaines phrases plusieurs fois pour apprécier leur beauté et leur justesse. Par ailleurs, il maîtrisait parfaitement les différents niveaux de langue. Ainsi, que ce soit la très distinguée Clotilde Duveyrier, l'oncle Bachelard le noceur ou « ce souillon d'Adèle », les mots, les phrases et les formules sonnent juste.

Comme pour L'Assommoir, les critiques envers Zola et son Pot-Bouille ont été particulièrement virulentes, et pas seulement à cause de la scène très détaillée de l'accouchement. Comme pour L'Assommoir, le mot « pornographie » a été mentionné pour parler de Pot-Bouille. Peut-être que certains n'ont pas apprécié la lecture des mésaventures de ces bourgeois hypocrites qui recherchent tout particulièrement la compagnie de l'abbé Mauduit. Ce dernier passe d'ailleurs son temps à leur « jeter la couverture de la religion », leur donnant ainsi l'absolution permanente qui leur permet de vaquer à leurs occupations… Ça ne veut pas dire que ça se passait comme ça dans toutes les maisons bourgeoises. Mais les faux-semblants et l'obsession du paraître et des apparences existent bien. L'adultère aussi.

« Mon cher, vous allez voir, elle est tout à fait bien… Et habitée par des gens comme il faut ! », avait dit Campardon à Octave à son arrivée dans la maison, au début du roman. Les quatre cents et quelques pages qui suivent n'appellent qu'une réponse : « Vraiment ? ».
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Coup de coeur absolu pour ce 10ème tome des Rougon-Macquart. Une sorte de huis clos dans un immeuble bourgeois parisien, où les petites perversions de chacun se font jour. Plus on monte dans les étages, plus les gens sont pauvres, et plus les choses sont sales... Hé bien non, Zola a le talent et l'ironie de montrer que les vilenies sont partout, et le mauvais esprit aussi.
Peinture acerbe de la bourgeoisie, de ses travers et de sa posture bien-pensante, chronique d'une société qui s'écroule sur des bases viciées.
Excellent !
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Pot-Bouille traine dans ma PAL depuis bien trop longtemps et je suis contente de l'en avoir sorti grâce à cette lecture commune organisée sur Livraddict par Mypianocanta.

Quel plaisir de retrouver Zola et sa plume si particulière, ses descriptions qui vous font revivre toute une époque. Il dresse ici le portrait d'une maison bourgeoise qui se veut respectable au premier abord. On y découvre les différentes familles qui y vivent et on pénètre dans leur intimité. Leurs petits secrets sont révélés et l'hypocrisie bourgeoise trône en grande place. C'est un portrait sans concession, parfois cruel et l'auteur ne mâche pas ses mots puisque tout y passe : mariage arrangé, problème financier, adultère….

Personnages très intéressants, surtout dans l'opposition bourgeois et domesticité. C'est un peu comme dans un épisode de Downtown abbey mais en bien plus cru. Les domestiques ne mâchent pas leurs mots et ne se font aucun cadeau.

Un Zola très moderne, avec des scènes de sexe que j'ai trouvé osé pour l'époque. J'ai aussi été impressionné par la scène de l'accouchement qui est incroyablement bien décrit venant de la plume d'un homme. Pourtant, on sent que le point de vue d'un homme de son temps quand a la description générale des femmes qui semblent toutes futiles et faibles.

Une petite déception en ce qui concerne la fin. J'attendais un événement, un retournement de situation et finalement tout ça retombe un peu comme un soufflé.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Du Zola pur jus, une écriture fine et percutante qui se lit sans difficulté, un regard acéré sur les classes sociales , bref excellent.

Le jeune Octave Mouret, débarque de Marseille pour s'installer à Paris, où il en est persuadé, les femmes et l'argent l'attendent. Installé dans une "maison bourgeoise", dans une chambre au quatrième,il fait connaissance avec les différentes familles de l'immeuble.Plus on monte d'étages et moins on est respectable.Les bonnes sont installées tout en haut et n'ont droit qu'à l'escalier de service et la vue sur cour. le grand escalier que découvre en premier Mouret est à l'image des "bonnes" familles, débauche de dorures sur mur en carton...

Mouret, s'installe professionnellement au 'Bonheur des Dames'. Il va aussi entreprendre de séduire les femmes de son entourage ....et donc de l'immeuble. On couche, on couche mais qu'est ce qu'on couche ! Ces messieurs s'épuisent à entretenir des maitresses ou/et à courir les bonnes. Ces dames sont esseulées et meurent d'ennui prête à être séduite par trois mots aimables.

La vie des femmes d'un côté comme de l'autre n'est pas enviable. Les bonnes exploitées, servant d'appoint sexuel aux maitres et à leur fils avant d'être jeter dehors , ne sont même pas tendres entre elles mais ne sont pas dupes des manières de leurs patrons. Les bourgeoises, n'ont qu'une ambition , trouver un mari, à tout prix , pourvu qu'il puisse les entretenir.

Pour les hommes se n'est guère mieux, Zola les présente assez inféodés aux femmes, maitresses qui les ruinent, épouses qui en font tout autant, finalement seules les bonnes ouvrent leur lit sans trop de négociations, sans qu'ils en fassent grand cas d'ailleurs.

Triste vie bourgeoise, faite de mesquineries, de désirs inassouvis, de petites et grandes lâchetés, de course à l'argent
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Quelle popote, ce Pot-Bouille! Ce n'est pas ma tambouille préférée, ce frichti-là !
Une vraie soupe à la grimace, un gargouillou de potins et de commérages…

Avant Georges Perec, Zola avait expérimenté une bonne idée, pourtant: explorer un quartier parisien et sa population, non plus par une expansion latérale mais par une expansion verticale: celle d'un immeuble de la rue de Choiseul- un immeuble hausmannien dernier cri à l'époque- eau et gaz à tous les étages et domesticité au 5ème...et, lâché entre tous ces étages fourmillants d'intrigues aux fumets plus ou moins ragoûtants, un électron libre : le jeune Octave Mouret, le chéri de ces dames, -oui, le futur « patron » du Bonheur des dames- en quête de succès féminins …qui pourraient assurer le sien!

Le beau Gégé de mon enfance- l'irremplacé Gérard Philipe - a eu beau prêter ses traits et sa voix charmeuse à Octave Mouret, ce personnage reste pour moi le prototype du jeune- cadre- commercial- dynamique qui vendrait sa mère, et sa soeur en prime, pour un contrat juteux !!

Pour en revenir à Perec, Pot-Bouille ce serait "Parvenir, Mode d'emploi", en quelque sorte.

Certes, il y a une certaine jubilation à suivre intrigues, coucheries et scandales par le trou de la serrure ou par les échanges animés et bruyants des "bonnes" dans la caisse de résonance de la cour intérieure ..mais on se sent vite un peu voyeur, et le grand Zola, à mon sens, n'est pas à l'aise dans ces petitesses-là : il en deviendrait même mesquin.

Le forgeur de mythes chausse les charentaises de la concierge, le visionnaire porte les lorgnons de la pipelette !

Je dois tout de même avouer que je n'ai pas relu Pot-Bouille depuis longtemps, mais c'est un des rares Zola pour lequel je n'ai aucune appétence…

Triste tortore, glauque graillon, croûte cradingue, clabotante clape, bourrative bouftance, pitoyable picotin, révulsive ragougnasse… (j'exagère, bien sûr, mais je n'allais pas vous laisser sans quelques synonymes de ce pot-bouille des familles !)
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