Rue de Choiseul, un immeuble bourgeois neuf de quatre étages, pierre de taille, escalier luxueux de faux marbre chauffé,
"...la maison est très bien, très bien....Mon cher vous allez voir...et habitée par des gens comme il faut!"
Le propriétaire de l'immeuble y loge, Monsieur Campardon architecte a loué la chambre du quatrième à Octave Mouret qui est apparenté à sa femme, une cousine de Plassans. Les Josserand sont moins à l'aise, caissier dans une cristallerie, ils ont deux filles à marier, et tiennent leur rang pour les marier comme il faut. Les Pichon sont de petits employés mais "d'une éducation parfaite". le concierge, M. Gourd veille à la bonne tenue de l'immeuble :
"Non, voyez-vous, monsieur, dans une maison qui se respecte, il ne faut pas de femmes, et surtout pas de ces
femmes qui travaillent."
Pas de femmes et surtout pas d'ouvriers!
"Vas-y donc, pourris ta maison avec des ouvriers, loge du sale monde qui travaille !... Quand on a du peuple chez soi, monsieur, voilà ce qui vous pend au bout du nez"
Des ouvriers, il y en a deux, un menuisier qui ne peut même pas recevoir son épouse, domestique à ses jours de libertés puis une piqueuse de bottines, que M. Gourd a chassée pour cause de grossesse :
"Une maison comme la nôtre affichée par un ventre pareil ! car il l'affiche, monsieur ; oui, on le regarde, quand il entre !"
Respectabilité est le grand mot d'ordre de cette maison de la rue Choiseul!
Sous les toits, accessibles par l'escalier de service, les chambres des bonnes. Parce que, même si on oublie de les présenter, de nombreux domestiques vivent ici. Adèle, Lisa, Clémence, Hyppolite, Rachel forment tout une société exploitées par les maîtres, bien vivante, au langage fleuri (plutôt ordurier) qui colporte les ragots et font circuler toutes sortes d'histoires. Dans le couloir des chambres de bonnes, certains messieurs très bien entretiennent une sexualité débridée, droit de cuissage des maîtres, ou initiation de leurs fils.
Pot-Bouille est une charge contre l'hypocrisie du mariage bourgeois : on se marie par intérêt, pour l'argent. On marie ses filles en menant une affaire d'argent. Evidemment ces couples ne sont pas heureux. Encore, les hommes vont voir ailleurs, maitresses entretenues, ou bonniches et cela ne tire pas à conséquence dans la morale de l'époque. Les frustrations des femmes sont plus exacerbées. Scènes de ménages violentes chez les Josserand ou adultères scandaleux.
Octave Mouret, le jeune commis de belle prestance a décidé d'arriver à une position sociale intéressante par les femmes. Il courtise ses patronnes et console les esseulées. Un premier scandale est évité de peu mais un second éclaboussera tout l'immeuble, largement amplifié par le choeur des bonnes. Etrangement (ou pas) il n'en pâtira pas : les hommes peuvent se le permettre!
Sous le masque de la respectabilité toute cette société fermente, les couples se défont, la violence couve. L'histoire que conte
Zola est addictive, je n'ai plus lâché le roman. Alors que je m'étais un peu ennuyée chez dans les salons des femmes du monde de la Curée et dans ceux des courtisanes de Nana, cette société bourgeoise et des domestique est tout à fait vivante et distrayante. J'ai envie de connaître la suite et j'ai commencé Au Bonheur des Dames à peine Pot-Bouille terminé.
Un volume très réussi!
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