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4,15

sur 7485 notes
Quel micro-économiste ! Quel visionnaire ! Un artiste de la description ! Une étude chirurgicale dépeignant le changement qu'avait produit le méga-commerce sur la société pendant le second empire.
Au bonheur des dames constitue le 11ème roman des Rougon-Macquart écrit par Emile Zola.
Avec beaucoup de tact et d'une instruction digne d'un économiste, Zola nous y dépeint l'évolution du nouveau commerce qui se base sur l'accumulation des capitaux, le réclame (la publicité) , la gestion des ressources humaines , la guerre des prix , la gestion des stocks , le marketing , l'étude psychologique du consommateur , .les crédits bancaires ..... Sachant que certains de ses termes ne y sont pas cités nommément mais sous-entendus. cette évolution qui métamorphose la société en la rendant sujette aux nouveautés consommables comme le témoignent Mme Marty, Mme de Boves, Mme Guibal, et Mme Desforge .
Avec beaucoup d'amertume et de nostalgie l'auteur y décrit l'engloutissement des petits commerces par ce méga-magasin que l'auteur appelle la MACHINE que Mouret Octave a créée, sachant que la machine est un dispositif dépourvu de coeur. Zola y affiche son sentiment contre le capitalisme sauvage par sa révulsion contre les conditions dans lesquelles travaillent ces commis et les licenciements des ces derniers durant les périodes de récessions et de crises.
Baudu, Bourras, Robineau et d'autres en avaient payé les frais.
Grâce au commerce et l'industrie cette période témoigne l'ascension de la bourgeoisie et la dilution de l'aristocratie dans la société .le mariage de mademoiselle de fontenailles avec le commis Joseph en est témoin.
On ne peut pas stopper la roue de l'histoire, cependant je crois que ZOLA le moraliste avait espéré un changement moins violent, celui qui ne dénature pas la société. D'ou vient le personnage de Denise Baudu. Loin de Clara bien quelles soient de la même classe sociale, et plus élevée que Mme Desforge bien qu'elle soit noble. Cette fille frêle, chétive , simple et armée de principes, que la vie mondaine de paris n'a pas changée , devient avec son innocence et sa détermination la dompteuse et l'humanisatrice de la machine grâce a l'empire quelle exerce sur Mouret malgré tout les inconvénients et les commérages.
Cet empire croissant n'a pas réussi a lui procurer le bonheur et la quiétude qu'une femme sincère puisse le faire ; «Mouret était tombé assis sur le bureau, dans le million, qu'il ne voyait plus. Il ne lâchait pas Denise, il la serrait éperdument sur sa poitrine, en lui disant qu'elle pouvait partir maintenant, qu'elle passerait un mois à Valognes, ce qui fermerait la bouche du monde, et qu'il irait ensuite l'y chercher lui-même, pour l'en ramener à son bras, toute puissante.»

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Allons au plus simple: j'ai adoré.

Le roman est très bien construit, il est intelligent, il est "mature", il est génial. Une surprise pour moi car la quatrième de couverture ne m'avait guère, au départ, convaincue. Et pourtant ... j'ai beaucoup aimé. Ce roman qui ne raconte rien de bien exceptionnel est un petit bijoux, une intelligence, une analyse très bien ficelée... Emila Zola est d'une exactitude, d'une précision.

Lire Emile Zola dans le Bonheur des Dames, c'est comme regarder un film. On suit les personnages qui font l'histoire de ce grand et nouveau magasin, les images se succèdent avec fluidité, la plume est particulièrement agréable, souple et puissante. Elle est solide.

Emile Zola parvient à une description exacte de la nouvelle logique économique. Il évoque la transition, non sans douleur, de la société. Il est un témoin : il observe, pour nous, les premières heures de ce que l'on appelle le système capitaliste qui, forcément, est une petite révolution tant son adoption change la société, le monde du travail etc...

Le capitalisme, à l'époque industriel, interroge les valeurs et les principes des membres de la société; leur impose un rythme et un cadre de vie; il fatigue, use; insatiable, il ne peut que s'empiffrer. Il ingurgite beaucoup et forcément rejette beaucoup; en rejetant il pollue ... l'humanité et son environnement (social, naturel). Pourtant, il demeure car il attire. Il donne quelques miettes qui parviennent à satisfaire ses travailleurs: il donne de l'argent et, avec lui, son pouvoir. Il donne l'impression d'une puissance, enivre, il fait la promotion de l'excessif ... or, l'excès, par essence, est nuisible. Mouret, l'entrepreneur de notre roman, connait cet excès, il est insatiable, en veut toujours plus; étant convaincu que la passion est synonyme d'excès. L'homme ressent sa puissance. Il domine Paris et les femmes; croit en son génie et sa supériorité. Et pourtant, l'amour l'ébranle ... il ne sait pas lui résister. C'est que l'amour domine, toujours. L'argent ne saurait rien y faire.

Qui a travaillé dans une grande surface ne peut que s'amuser à lire ce roman. Qui conteste le capitalisme ou aime à l'analyser trouvera satisfaction. Emile Zola n'est pas dans l'erreur. Il est le témoin de son époque ... de la nôtre aussi car, depuis, peu de choses ont changé; la logique qui nous guide aujourd'hui étant la même que celle décrite dans le Bonheur des Dames.
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C'est toujours un plaisir de retourner dans ce foisonnant 19ème siècle sous la conduite de Zola. Ce livre nous immerge dans ces grands magasins parisiens tout juste inventés, avec des techniques commerciales innovantes pour l'époque et encore bien vivantes de nos jours. Au fil du récit, Émile Zola dresse aussi un inventaire des petits travers de l'être humain. Et que dire du foisonnement du vocabulaire juste employé par l'auteur : calicots, commandite, phalanstère, guelte, guipure, guilledou, phistique... Un régal !
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Mon premier coup de coeur littéraire, à quinze ans.

Ce roman m'a impressionnée pour son style - pourtant, la plume de Zola est toujours sous-estimée, l'auteur étant réduit à son concept de naturalisme. Chaque mot, chaque métaphore est juste ; chaque sentiment, impression, scintillement, est parfaitement rendu. Je garde un souvenir ébloui de la description de la grande exposition de blanc.

Ce roman m'a attendrie pour l'humanité de ses personnages, le courage de Denise, l'ambiguïté de Mouret, l'implacable déclin des petits artisans, la fin qui n'est pas si tragique (pour un Zola en tous cas).

Ce roman, surtout, fut une agréable surprise, car je pensais, à quinze ans, que lire Zola, c'était forcément dur, quasiment un exercice de traduction. Mais pas du tout. Avec ce récit, j'ai découvert que la littérature classique n'était pas inaccessible.

Amis jeunes lecteurs : lancez-vous !
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Je ne crains pas de le dire (vous verrez pourquoi ensuite), j'ai adoré "Le Bonheur des Dames"!

Je l'ai lu et relu, mais j'avoue qu'à 12 ans j'étais plus motivée par l'histoire d'amour, délicieuse mais combien mièvre (pardon!) que par le problème que posaient les grands magasins (sujet d'actualité). La montée du désir de Mouret, n'ayons pas peur des mots, était un mets de choix pour mon petit coeur palpitant d'adolescente.

A treize ans, quatorze ans, je le lisais toujours. Mais là, je vais tomber dans ce gouffre qu'est l'opprobre, je passais allègrement TOUTES les descriptions, laissais là les voleuses de chiffons pour me jeter, telle la pudique et méritante Denise, dans les bras de mon cher Mouret.

Voilà pour le côté positif...
Car quelques vingt ans plus tard, j'eus à étudier le fameux Pamela de Richardson (Pamela ou la vertu récompensée), horrible roman épistolaire, qui décrit (en 2 tomes, une torture) la lutte de Pamela contre le Squire qui voudrait la séduire. Courageuse Pamela, comme elle résista à ce Lovelace...qui finit néanmoins par tomber dans ses filets.

L'Angleterre a vibré tout au long de ce roman paru en épisodes, et l'on sonna même les cloches, le jour du mariage, dans le village où l'action était censée se passer.

On me dira, quel est le rapport entre cette hypocrite intrigante et notre douce Denise? Je répondrai fermement : aucun, si ce n'est que toutes deux finissent par se faire épouser. Dans un cas comme dans l'autre la Vertu est Récompensée. D'ailleurs qu'est-ce qui vous fait croire que la fragile Denise ne se cramponnait pas à son filet?

Bien entendu, si nous vivions encore en ces temps difficiles où la condition de la femme n'était pas des meilleures, je crois bien que je me résoudrais à de tels extrêmes.

A tout prendre j'accorde maintenant ma préférence aux mariages tels qu'ils sont décrits chez Jane Austen, dont la finesse ne saurait être remise en question.

PS : Fielding, ce joyeux drille que la morale de Richardson indisposait, écrivit "Shamela" (de l'anglais "sham, faire semblant), l'histoire d'une prostituée.
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Qu'il est difficile de critiquer le livre qu'on considère comme un chef d'oeuvre absolu. C'est celui qui m'a confirmé l'idée que si un livre est dit un classique c'est sans doute qu'il y a une bonne raison à cela. J'ai aimé les descriptions de toute une population, de toute une époque. Zola reste pour moi un auteur remarquable de par sa perception de son époque et de la facilité qu'il a de la retranscrire aussi précisément.
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Ce roman est étonnamment moderne. Les arcanes du commerce au 19ème siècle ne sont pas si éloignés de celles d'aujourd'hui. Les crises économiques se ressemblent; les enjeux du commerce de proximité (survie) face au développement des grands magasins sont les mêmes. Les ouvriers et les bourgeois se regardent avec la même défiance. L'écriture de Zola est bouillonnante, vivante; on est sur les grands boulevards!
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Le personnage principal est bien sûr le magasin qui grandit au dépend des commerces du quartier, gonfle, respire, séduit....

Deux figures traversent le roman : Octave Mouret qui était le commis du magasin et qui a épousé Madame Hardouin, la veuve du propriétaire dans Pot-Bouille. Déjà, dans ce roman, il avait pour projet d'agrandir Au Bonheur des Dames, d'acheter la boutique voisine. Au début de Au Bonheur des Dames, ce n'est plus une boutique mais un bazar et le simple commis est devenu un capitaine d'industrie qui risque tous ses bénéfice pour faire grossir l'affaire.

"Vois-tu, c'est de vouloir et d'agir, c'est de créer enfin... Tu as une idée, tu te bats pour elle, tu l'enfonces à
coups de marteau dans la tête des gens, tu la vois grandir et triompher... Ah ! oui, mon vieux, je m'amuse !"

Denise débarque de Valognes, à peine vingt ans mais mûrie par la responsabilité de l'orpheline sur ses deux jeunes frères. Son oncle, Baudu possède une boutique en face du Bonheur des dames. Il ne peut l'embaucher mais sera une bonne référence. Les débuts de Denise comme vendeuse ne sont pas faciles. Moquées par ses collègues, il lui faut une volonté de fer pour tenir bon. Denise a du caractère. Elle saura imposer ses compétence et gravir la hiérarchie malgré jalousies et cabales. Elle ne se laissera jamais aller à se laisser entretenir. Quand à la morte saison, elle se retrouve renvoyée du magasin, elle trouve de l'aide chez les petits commerçants du quartier mais elle comprend qu'ils sont condamnés à court terme. Mouret lui donne une deuxième chance. Il est fasciné par la personnalité droite et irréductible de Denise....

Le lecteur aura droit à un véritable cours de commerce, ou de marketing.  . On pourrait imaginer le dépérissement des commerces de Centre ville concurrencés par les grandes surface. Mouret a tout inventé, les promotions, les soldes, les évènements, la publicité. On voit émerger la société de consommation. Les femmes sont choyées pour les pousser à acheter plus. du côté du personnel, la productivité est mesurée avec des primes à la clé, dortoirs et cantine sur place, vendeurs et vendeuses sont sur place, paternalisme et surveillance. 

Passionnant et encore actuel!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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"Au bonheur des dames" est assurément un des romans les moins sombres de la grande fresque familiale et sociale des "Rougon Macquart". Car, c'est avant tout l'histoire d'une réussite, celle d'Octave Mouret, un jeune commerçant qui, grâce à une première épouse bien "dotée", a su monter un grand magasin débordant d'articles et de vie. L'auteur décrit à merveille cette abondance de marchandises, ce fourmillement de couleurs chatoyantes, ce "va et vient" animé de vendeurs et de clients. Ainsi, à la faveur d'initiatives toujours renouvelées, Octave Mouret fait fortune.
Ce roman est aussi, a priori du moins, une belle histoire d'amour, celle que vit Denise, une jeune provinciale pauvre qui, simple vendeuse à l'origine, parvient à devenir la future nouvelle épouse du patron.
Mais, Emile Zola n'a rien d'un auteur de contes de fée, et peu à peu, il laisse entrevoir "l'envers du décor". En se faisant le visionnaire d'un monde qui va s'essouffler, celui du petit commerce au profit de plus grandes surfaces de vente, il met l'accent sur l'apparition de la notion de "consommateur" dont il pressent déjà le caractère beaucoup plus aliénant que celle de simple client. En créant le besoin d'acheter par des moyens raffinés et nouveaux pour l'époque, tels que la multiplication des produits proposés induisant le choix, le recours à la "réclame", l'invention de l'idée de "soldes", Octave Mouret a compris la clé d'une certaine forme de réussite commerciale, une réussite dont les femmes vont être les premières victimes. Bienvenue donc "Au bonheur des dames " .
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C'est un tome à part que "Le bonheur des dames" dans la saga des Rougon-Macquart tout simplement car ici, le personnage principal est un grand magasin.
C'est lui que l'on suit au fil des pages, son extension jusqu'à devenir une énorme machine toute puissante et insensible qui avilie, aliène ou écrase ce qui se met en travers de son chemin. Mais jusqu'où ira t elle ?
Zola nous révèle par ce livre son coté visionnaire concernant les dérives du mercantilisme et donc du capitalisme.
Cependant, les longues pages de description n'ont pas su maintenir mon attention à un niveau correct et je le regrette car j'ai bien conscience de la qualité exceptionnelle de ce texte.
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