Voici bien le plus curieux roman de la série.
Une petite fille de neuf ans passe dort dans la froideur d'une nuit triste, sous le porche de la cathédrale de Beaumont.
Au matin, elle ne sent plus ses membres, son être s'évanouit, comme si son coeur, devenu de glace, s'était arrêté. Une femme très belle l'emporte comme une chose, dents serrées, yeux fermés, dans l'atelier de son mari, chasublier.
Puis une vie merveilleuse commence, des parents adoptifs aimant.
Elle devient d'une adresse rare dans l'art de la broderie. Puis elle tombe en amour d'un ouvrier qui s'avère être le fils du fortuné évêque du diocèse.
On pourrait penser à un roman à l'eau de rose, tout y est merveilleux, mais la drôle de fin du texte m'a soudain fait penser que tout cela n'était peut-être qu'un rêve et ne s'est passé que dans l'esprit d'une petite fille mourante, ankylosée par le froid !!!
LES PERSONNAGES PRINCIPAUX
- ANGELIQUE MARIE
Fille non reconnue de Sidonie Rougon. Père inconnu. Elle est née à
Paris, le 22 janvier 1851, quinze mois après la mort du mari de Sidonie. La sage-femme Foucart l'a déposée le 23 du même mois aux Enfants-Assistés de la Seine ; elle y a été inscrite sous le numéro matricule 1634 et, faute de nom, a reçu les prénoms d'Angélique Marie. le 25 janvier, l'enfant a été confiée à la nourrice Françoise Hamelin, maman Nini, qui l'a emportée dans la Nièvre, où elle a grandi en pleine campagne, conduisant la Rousse aux prés, marchant pieds nus, sur la route plate de Soulanges. Au bout de neuf ans, le 20 juin 1860, comme il fallait lui apprendre un état, elle est passée aux mains d'une ouvrière fleuriste, Thérèse Franchomme, née Rabier, cousine par alliance de maman Nini. Thérèse est morte six mois après chez son frère, un tanneur établi à Beaumont, et Angélique Marie, affreusement traitée par les Rabier, s'est enfuie, une nuit de décembre, le lendemain de Noël, emportant comme un trésor, cachant avec un soin jaloux le seul bien qu'elle possédât, son livret d'enfant assisté !
- FELICIEN HAUTECOEUR
Fils de Jean XII de Hautecoeur, depuis évêque de Beaumont, et de Paule de Valençay. il a perdu sa mère en naissant. Un oncle de celle-ci, un vieil abbé, l'a recueilli, son père ne voulant pas le voir, faisant tout pour oublier son existence. On l'a élevé dans l'ignorance de sa famille, durement, comme s'il avait été un enfant pauvre. Plus tard, le père a décidé d'en faire un prêtre, mais le vieil abbé n'a pas voulu, le petit manquant tout à fait de vocation. Et le fils de Paule de Valençay n'a su l a vérité que très tard, à dix-huit ans. Il a connu alors son ascendance illustre, ce long cortège de seigneurs dont les noms emplissent l'histoire et dont il est le dernier rejeton ; l'obscur neveu du vieil abbé est brusquement devenu Félicien VII de Hautecoeur, et ce jeune homme qui, épris d'un art manuel, devait gagner sa vie dans les vitraux d'église, a vu toute une fortune s'écrouler sur lui.
- HUBERT
A recueilli Angélique Marie, fille non déclarée de Sidonie Rougon. Il possède à Beaumont une étroite maison à un seul étage, très ancienne, bâtie vers la fin du XVe siècle, et qui touche au transept nord de la cathédrale. La lignée des Hubert habite cette maison depuis quatre cents ans. L'Hubert actuel y brode des chasubles, comme tous ceux de sa race. À la vingtième année, il s'est épris d'une jeune fille de seize ans, Hubertine, et l'a aimée d'une telle passion que, sur le refus de la mère, il l'a enlevée, puis épousée. Mais ce mariage furtif a été frappé de stérilité, comme en punition de la faute originelle.
- HUBERTINE
Femme de Hubert. À seize ans, d'une beauté merveilleuse, elle a été aimée de lui et, comme sa mère veuve d'un magistrat, refusait de la donner, elle s'est laissé enlever. Huit mois plus tard, mariée et enceinte, elle est venue au lit de mort de sa mère, celle-ci l'a déshéritée et maudite, si bien que l'enfant, né avant terme le même soir, est mort. Et depuis, au cimetière, l'entêtée bourgeoise n'a pas pardonné, car le ménage n'a plus eu d'enfant, malgré son ardent désir. Après vingt-quatre années, les Hubert pleurent encore le fils qu'ils ont perdu, ils désespèrent maintenant de jamais fléchir la morte.
Hubertine, à quarante ans, est toujours très belle, c'est une brune forte, au calme visage. D'un tendre accord avec son mari, elle a recueilli Angélique âgée de neuf ans. Pour éviter les mauvaises fréquentations de l'école, elle se charge de compléter l'éducation de l'enfant, pratiquant d'ailleurs cette opinion ancienne qu'une femme en sait assez long quand elle met l'orthographe et qu'elle connaît les quatre règles. Peu à peu, elle prend de l'autorité sur Angélique, âme fantasque pleine de sursauts brusques, d'orgueilleuses colères suivies de repentirs exaltés. Hubertine est faite pour cette éducation, avec la bonhomie de son âme, son grand air fort et doux, son esprit droit, d'un parfait équilibre. À chaque révolte de l'enfant, en qui bouillonne l'ardeur héréditaire, elle lui apprend l'humilité. Raisonnable, elle condamne l'exagération, même dans les bonnes choses. Inquiète des vagues songeries d'Angélique, qui voudrait épouser un prince, elle s'est émue de la voir aimer le fils de monseigneur, elle lui montre l'irréalisable de sa chimère et lui conte, d'un souffle tremblant, la triste histoire de sa propre union, montrant qu'il ne faut rien mettre dans son existence dont ou puisse souffrir plus tard. Et pour enterrer le mariage impossible, elle sépare Angélique et Félicien par des mensonges ; devant cette vierge qui agonise, elle est pleine de douleur et, cependant, ne regrette rien, préférant l'enfant morte à l'enfant révoltée.
PERSONNAGES PAR ORDRE ALPHABETIQUE
Angélique Marie
Chouteau (Les)
Cornille (Abbé)
Foucart (Mme)
Franchomme (Louis)
Franchomme (Thérèse)
Gabet (La Mère)
Grandsire
Hamelin (Françoise)
Hautecoeur (Félicien VII de)
Hautecoeur( Les)
Hautecoeur (Mgr de)
Hubert
Hubertine
Lemballeuse (Les)
Mascart (Le Père)
Rabier (Les)
Rougon (Sidonie)
Rousse (La)
Valençay (Paule de)
Voincourt (Claire de)
Voincourt (Comtesse de)