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Émile François Zola (1840-1902) écrivain et journaliste, est considéré comme le chef de file du naturalisme. C'est l'un des romanciers français les plus populaires, l'un des plus publiés, traduits et commentés au monde. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille Rougon-Macquart à travers ses différentes générations. Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans l'affaire Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, de l'article intitulé « J'Accuse…! » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres.
Le Rêve, publié en 1888, est le seizième volume de la série ; lentement mais sûrement j'approche de la fin de ma lecture/relecture du grand oeuvre de Zola.
Le roman se déroule à Beaumont, petite ville « à une trentaine de lieues de Paris ». Angélique l'héroïne, orpheline d'une dizaine d'années – de Sidonie Rougon, seule information rattachant ce roman à la saga - a fui la famille d'accueil qui la maltraite, elle est recueillie par les Hubert qui la découvrent transie sous le porche de la cathédrale. Hubert et Hubertine sa femme, sont brodeurs et travaillent pour l'évêché. La petite, finalement adoptée par le couple, montre aussi de grandes aptitudes pour la broderie. Elle grandit dans le calme de la petite maison, entourée de l'amour des Hubert en mal d'enfant, toute à ses broderies et sa lecture perpétuelle de la Légende dorée, cette vie des saints qu'on doit à Jacques de Voragine, s'identifiant aux martyres comme Sainte Agnès.
Et puis un jour, Félicien entre dans sa vie. Peintre verrier, il travaille à la restauration des vitraux de la cathédrale, il est jeune, il est beau, il s'intègre parfaitement dans les rêves éthérés d'Angélique. Un amour d'une pureté totale les réunit et un avenir de bonheur semble se dessiner, la vie rêvée des anges. Hélas pour les chastes amants, leurs parents réciproques s'opposent au mariage. Hubertine, sa mère adoptive, qui s'est mariée malgré l'interdiction de sa mère et estime en avoir été punie par le fait qu'elle ne peut avoir d'enfant, ne veut pas d'un mariage dicté par la passion. D'un autre côté, Angélique est pauvre alors que Félicien en fait, est le fils de l'évêque ! Hein, quoi ? Il s'agit de Monseigneur d'Hautecoeur, évêque entré dans les ordres à la suite du décès de sa femme. Ah ! bon… Devant ce coup du sort irréversible, Angélique s'étiole, à l'agonie reçoit l'extrême-onction de l'évêque qui finit par accepter le mariage mais il était écrit qu'Angélique et Félicien ne connaitraient pas le bonheur sur cette terre, alors que la cérémonie s'achève, la jeune mariée s'éteint dans les bras de son époux, dans un baiser, le seul qu'ils aient jamais échangé.
Si le titre de ce roman ne vous est pas familier, c'est qu'il ne fait pas partie des grands ouvrages de l'auteur et c'est aussi la raison pour laquelle je l'aborde. Intercalé entre La Terre et La Bête humaine selon la chronologie voulue par Zola, il est loin d'en atteindre le niveau, comme si l'écrivain se ménageait une pause pour reprendre son souffle. Roman pas très long pour une intrigue simpliste, revendiquée par l'auteur alors qu'il en ébauche le plan, « le sujet sera banal, je le préfère même tel. » le style Zola est toujours là néanmoins, phrases restant longtemps en bouche et bien rythmées mais aussi profusion de détails ou digressions qui ici, lassent un peu comme ce long résumé de la Légende dorée, ou quand il décrit minutieusement la technique de la broderie ou le déroulé complet de l'extrême-onction. le lecteur de Zola est habitué à ces intrications – issues de longues recherches préparatoires avant la rédaction - au sein du texte romanesque mais s'il l'accepte bien volontiers quand l'histoire est forte et puissante, c'est plus difficile quand elles pèsent trop comparées à l'intrigue elle-même.
Je pourrais multiplier les critiques envers cet ouvrage, pourtant, comment expliquer que j'arrive à lire jusqu'au bout sans même sauter une page, un roman à l'eau de rose, « Est-ce un conte de fées, un conte bleu » raillaient certains critiques de l'époque, où l'héroïne au seuil de la mort épouse son amoureux avant de succomber dans ses bras au sortir de l'église ? Ecrit aujourd'hui et par un autre, le bouquin aurait fini à la poubelle après cinquante pages. Il y a donc au fond d'un mauvais Zola, encore assez de matière pour un lecteur qui se veut (s'imagine !) critique.

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Lorsque François Lesage, le grand brodeur de la haute couture française, est mort le premier jour de ce mois de décembre, j'ai revu les belles nappes et les beaux draps brodés, empilés fièrement dans les grandes armoires d'autrefois. C'était l'oeuvre des femmes, leur dot et leur gloire. Leur réputation était en cause. C'était pour elles le moyen de montrer leur talent artistique et de gagner le respect de leur entourage.

S'il y a une brodeuse de roman dont je me souvienne, c'est bien de la petite Angélique de Zola, son héroïne de Beaumont, en Basse-Picardie, une enfant abandonnée et recueillie à neuf ans par un couple de «chasubliers», dont la vie se déroule à l'ombre de la cathédrale. Elle brode toute la journée les habits de l'évêque et les ornements ecclésiastiques.
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Ce seizième tome de la sage des Rougon-Macquart est très particulier, car il se situe entre les deux romans les plus noirs de Zola qui s'intitulent La Terre et La Bête humaine. Deux romans qui dressent une peinture saisissante et effrayante des tares humaines. Dans le Rêve, le Lecteur découvre avec surprise un Zola Poète, adoptant un style empli d'une douceur, d'une délicatesse et d'une pudeur sacrée.

Le Lecteur pourra rire du thème plutôt commun qu'aborde Zola dans ce récit ; en effet, nous suivons l'histoire d'une jeune fille, Angélique, qui tombe éperdument amoureuse d'un jeune et beau garçon Félicien. Les deux jeunes gens s'aiment d'abord en silence, et lorsque ces derniers trouvent enfin le courage de s'avouer leur amour l'un à l'autre, leurs familles s'y opposent.

Un amour interdit.

Mais Zola réussit, au travers d'une exquise parole poétique, à mystifier ce récit conté depuis des millénaires. Ce dernier devient un poème exquis, aérien et éthéré qui fond littéralement en bouche. le Lecteur découvre une pudeur, une chasteté divine et absolue qui transcende littéralement notre âme au point qu'au fil des pages, le Lecteur peut entendre battre le coeur des deux jeunes tourtereaux. L'Amour y est sacralisé, et les sentiments amoureux relèvent d'une pureté, d'une innocence et d'une chasteté délicieusement ineffable.

Une histoire Sacrée, qui mérite vraiment le détour, chers Lecteurs, pour son style exquisément divin et profondément poétique, mais aussi pour le souffle qu'il apporte à cette grande fresque ébranlée par la violence de l'âme humaine.
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Ce volume est une parenthèse onirique dans l'univers des Rougon-Macquart. Angélique Rougon ayant été abandonnée à la petite enfance, l'on quitte la généalogie familiale pour se plonger dans l'univers de la religiosité populaire.

Ce cinquième livre (si l'on suit l'ordre de lecture indiqué par l'auteur) est le premier à enfin se pencher sur les classes populaires. Sans remettre en cause la qualité des quatre volumes précédents, il faut bien avouer que l'immense génie de Zola réside principalement dans son étude de la misère plutôt que dans sa critique de la bourgeoisie.

Il traite avec une grande délicatesse ces personnages simples, pauvres, pieux et finalement bien plus profonds que les bourgeois comme Eugène ou Aristide.

L'on suit l'amour juvénile et très vite passionné qui naît entre Angélique et Félicien, très attendrissant, et qui n'est pas sans rappeler celui de Silvère et Miette dans La Fortune des Rougon. Comme pour ces derniers, Zola verse complètement dans le romantisme, avec une grande exubérance dans les sentiments, un symbolisme fort, un univers chimérique où le rêve et la réalité se mêlent. C'est quasiment un Roméo et Juliette à la française.
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"Mais quelle mouche a bien pu piquer Zola quand il s'est attelé à la rédaction du Rêve?" n'ai-je pu m'empêcher de me demander pendant ma lecture de ce drôle de Rougon-Macquart, de cet ovni blanc et or d'une pureté de vitrail...
Il est d'autant plus déconcertant ce livre qu'il se trouve coincé entre deux romans monstres: les deux chefs d'oeuvres de noirceur et de brutalité, de violence et de cruauté que sont "La Terre" et la "La Bête Humaine".
Et voici donc que le grand naturaliste nous embarque entre les terres de la Beauce arrosées de sueur et de sang et le zinc de la gare du Havre au coeur d'une histoire à mi-chemin entre le conte de fée et la Légende Dorée, comme ça, sans prévenir...
On a dit qu'avec "Le Rêve" Emile Zola voulait prouver à ses détracteurs qu'il pouvait aussi écrire la grâce et qu'il n'ignorait rien des sentiments élevés qui mouvait également les hommes; qu'il souhaitait écrire un "joli livre" que pourrait lire sa filleule; qu'il imaginait avec Angélique et Félicien acquérir une respectabilité et peut-être son ticket d'entrée à l'Académie... On a enfin parlé de sa volonté de traiter de la religion une nouvelle fois après "La Conquête de Plassans" et "La Faute de l'abbé Mouret", mais différemment, en se penchant sur la foi populaire et sur le renouveau du mysticisme qu'il avait observé en France à l'époque.
Soit. C'est un sujet prometteur, qui me fascine toujours un peu et accommodé à la sauce Zolienne, ça ne peut qu'être que délectable.
Je prends.
Le résultat, s'il n'est pas goûtu, est certes déconcertant mais pas inintéressant -loin de là- et j'ai pris plaisir à m'y plonger, d'autant plus que sous la nimbe, certaines obsessions, certains maux ne sont pas loin.
La petite Angélique est la fille de Sidonie Rougon, la soeur louche et franchement antipathique d'Eugène, d'Aristide, de Pascal et de Marthe et d'un père inconnu. Confiée dès sa naissance par la sage-femme aux bons soins de l'Assistance Publique, la petite a ensuite été ballottée d'une nourrice à un couple de tanneurs -Thénardier en diable- en passant par une fleuriste avant d'être recueillie un soir de neige par les Hubert, un couple de chasubliers vivant modestement dans une petite maison adossée à la cathédrale de Beaumont.
Les Hubert n'ont pas eu d'enfant et voient dans ce malheur le prix à payer pour la grande passion qu'ils vécurent jadis et qu'ils couronnèrent d'un mariage malgré le désaccord de la mère de l'épousée. L'arrivée d'Angélique est pour eux une bénédiction et ils élèvent celle qui devient leur pupille dans l'amour et la foi. L'enfant est coléreuse et se complaît parfois dans de violents chagrins mais la fermeté de sa mère adoptive ramène à chaque crise l'agnelle égarée dans le troupeau. Par crainte des mauvaises fréquentations, les Hubert n'envoient pas Angélique à l'école. Ils l'instruisent à la maison et surtout ils lui apprennent à broder. La petite excelle dans cet art oublié et c'est une brodeuse enthousiaste. S'il est un autre domaine dans lequel elle se montre également brillante, c'est celui de l'imagination, du songe. Angélique rêve et surtout, elle croit. Que les rêves se réalisent, que les miracles adviennent. A l'origine de cette foi fantasque, il y a le tempérament naturellement ardent de la jeune adolescente et "La Légende Dorée" de Voragine, qu'elle lit sans relâche, dont elle use les pages et qui la fait tomber en pâmoison. Etre Sainte-Agnès! Etre reconnue par le Christ! Etre celle par qui les miracles arrivent!
A ces rêveries toutes mystiques s'ajoutent avec le temps les rêveries amoureuses et Angélique, prise de langueur, se prend à rêver d'amour, à croire que l'Amour avec un grand A viendra à elle et que son aimé, son mari ne sera rien de moins qu'un prince...
L'amoureux finira par arriver (et sans trop tarder): qu'il est beau ce peintre verrier! il ressemble à Saint-George lui-même... Angélique tombe amoureuse et comme par miracle, l'archange succombe lui-aussi aux flèches de Cupidon face à cette blonde évanescente qui ressemble si fort à Sainte-Agnès.
Les grandes amours en littérature sont toujours contrariées, celui de Félicien et Angélique ne fait pas exception et comme pour Roméo et Juliette, le malheur viendra des familles de tourtereaux ...
Le peintre est en réalité un prince, ou presque: il est le fils de monseigneur Hautecoeur, noble entré dans les ordres après le décès de sa jeune épouse trop aimée. L'évêque, tout confit en dévotion qu'il puisse être, ne veut pas d'une mésalliance pour son fils. Quant à Angélique, elle doit faire face à Hubertine, sa mère adoptive qui rejette la passion, la jugeant responsable de trop de souffrances.
Les amoureux se séparent mais se consument. Angélique de diaphane devient blême, de mince devient invisible... La fièvre et l'amour la dévorent. Au terme d'une scène du balcon à flanc de cathédrale, Félicien la retrouvera et lui proposera de fuir avec elle... Mais on ne propose pas la fuite à une sainte et Angélique ne peut aimer que bénie et mariée... Faire fléchir les Hubert sera plus aisé que convaincre l'évêque qui se rendra pourtant, vaincu par son fils, par le désir, par la passion, par l'amour.
Angélique mourra sur le parvis de la cathédrale,dans les bras de Félicien après la célébration du mariage, emportée par sa fièvre. Ou par sa passion.
Le Rêve est un roman assez court, qui passe comme un songe sur les lecteurs et tout concourt à le démarquer de ses frères: personnel romanesque très réduit, sujet éthéré sinon mystique... Si la langue conserve les accumulations, la richesse propre au style de Zola, elle se différencie par son exaltation, son lyrisme, son emphase, par sa profusion de blancheur... Il y a indéniablement quelque chose qui relève du conte de fée avec l'histoire d'Angélique: l'orpheline qui espère à son balcon, qui attend, qui sait... Aurore n'est pas loin... Il y a aussi du roman sentimental, rose, mais le tout est enveloppé, nimbé de mysticisme... C'est là ce qui -pour moi- sauve l'ouvrage et le rend passionnant: cette aura lui confère de la profondeur, de l'ambiguïté... Car cette légende dorée est peut-être très jolie mais elle procure aussi un malaise tenace, une sensation d'oppression qui ne m'a pas quittée de toute ma lecture. Cette petite s'abîme dans un délire mystique qui finit par la tuer, ses parents adoptifs l'élèvent à l'ombre d'une cathédrale loin des autres... Félicien est peut-être le moins problématique: candide et amoureux fou...
Bien sûr que le rêve d'Angélique devient réalité, mais à quel prix? Et dans quel monde? Un univers clôt, où la foi gouverne complètement et même les passions... C'est étrange en réalité...ce serait inquiétant sans la fraîcheur du personnage d'Angélique...
Finalement, on peut peut-être comprendre à la lecture pourquoi Zola nous a donné le Rêve: sans doute voulait-il montrer à sa manière les ravages d'une certaine forme de foi sur un esprit lourdement marqué par son hérédité... et en l'enveloppant de douceur, il nous piège comme Angélique.
On peut donc dégager deux niveaux de lecture à ce volume des Rougon-Macquart, passer du conte étoilé à une lecture plus sombre (et réaliste?) et c'est ce qui en fait la richesse, la valeur... Surtout quand ces deux niveaux se croisent, s'accrochent, se lient comme Félicien et Angélique, comme Séverine et Jacques aussi.




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J'avoue que pour une fois je suis déçue d'un roman de Zola, je le trouve très différent de toute la collection Rougon-Macquart.
Il semble que Zola ait voulu expérimenter un autre genre, je pense malgré tout que cela peut plaire à certains, mais ce n'est pas ce que je préfère pour ma part.
Heureusement ce roman n'était pas aussi long que les autres !
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C'est ce que je n'aime pas dans ce Zola, c'est qu'il ne laisse aucune place à l'imagination, pourtant un titre comme "Le rêve" m'a laissé songeur.
Malheureusement pour lui, c'est un titre que j'ai étudié en cours, les cours était bien, mais après l'avoir lu 5 ou 6 fois de suite, le plaisir n'est plus le même. J'ai appris à décortiquer la façon dont l'auteur écrit, chaque construction de phrase, de quoi parle en gros chaque livre des Rougon-Macquart, bref j'en ai eu plein le dos (pour rester poli).

Et si on passait à l'histoire, aux personnages et le reste ?
Le gros point positif c'est qu'on peut lire ce livre seul, sans avoir lu les autres livres de cette fresque en 20 volumes, ou les lire mais dans le désordre.
Nos personnages principaux, essentiellement Angélique qui porte bien son prénom et Félicien.
Elle je le trouve un peu trop nunuche à mon goût, elle en devient irritante relativement rapidement, son passé et son mode de vie explique un peu pourquoi elle est naïve.
Lui me rappelle un peu Julien et Mme de Rênal (Le rouge et le noir - Stedhal), ils ne sont pas de ma même caste sociale, il y a une différence de caractère, pas la même expérience de vie mais son sincère l'un envers l'autre, avec des sentiments quasiment palpable.

Ce ne sont pas des reproches envers l'auteur, c'est son style d'écriture et mes goûts de lectures qui ne s'accordent tout simplement pas.
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Le rêve, par Émile Zola. Angelique deviendra-t-elle une de ces chrétiennes primitives, une vierge martyre, promise au Christ, vouée au sux pires supplices dont elle triompherait ou se moquerait, à l'égal de Sainte-Agnès et de tant d'autres ? Sainte-Agnès, patronne de la ville de Beaumont, l'a protégée quand elle mourait de froid, et permit à cette enfant trouvée, pupille de l'Assistance Publique, d'être recueillie et adoptée par un couple d'artisans en broderie. Angélique sera élevée par ce couple, meurtri par la perte d'un enfant nouveau-né, vécue comme une punition pour s'être aimés et épousés contre la volonté de la mère de la femme. le monde d'Angélique se réduira à ses parents adoptifs, aimants mais castrateurs, à la broderie, où elle se révèle être une véritable artiste, et à son livre de chevet, la Légende dorée, cet ouvrage qui relate la vie des martyrs de l'Église primitive. Tout en rêvant à un destin de sainte torturée réussissant à détourner d'elle l'Esprit du mal, avant de s'envoler vers le Ciel, en “morte heureuse”, elle imagine qu”un Prince va se présenter à elle, l'emmener, faire d'elle une Reine. Angélique est une exaltée, chaste, naïve, confiante. On ne sait, peut-être est-ce une nature heureuse, éthérée et passionnée à la fois, peut-être un être déréglé, douloureux, ombrageux, habité par la mort.
Une nuit, Félicien vient à elle, et c'est un Prince. Va-t-il réussir à braver l'opposition paternelle et trahir la noble et vieille lignée dont il descend, pour épouser celle dont il est éperdument amoureux, mais dont la lignée sort de la boue ? le rêve ne se termine pas comme un conte de fée. Un jour, on s'éveille et tout s'évapore… Zola n'a pas écrit là un chef d'oeuvre. On le sent sensible, lui le naturaliste, à une certaine spiritualité. S'il manie bien la psychologie de personnages secondaires comme les parents adoptifs, malheureux de leur infertilité, culpabilisés et culpabilisants, ou le père de Félicien, dont la raideur masque la douleur d'avoir perdu son aimée, morte en couches, Zola semble un peu trop à l'aise dans l'évocation des martyrs chrétiens et des évènements religieux, la procession, les sacrements, le marriage…
Et c'est tout comme les descriptions ou les considerations techniques : à se demander s'il n'a pas toujours fait de la broderie, tant il aborde ce domaine en professionnel. À moins qu'il ne soit tombé sur une encyclopédie exhaustive de la chose. Et comme d'autres écrivains du XIXe siècle, Zola excelle dans les descriptions, qui sont la hantise du lecteur, car elle sont un obstacle à la progression de l'intrigue romanesque, laquelle n'est peut-être qu'un prétexte pour les faire passer (les descriptions) ? Mais la Littérature est un tout, Émile Zola est un Écrivain, un bon, et il soigne son écriture, même si parfois elle frise l'emphase.
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Avec le Docteur Pascal, le Rêve est mon préféré de la série des Rougons- Macquart.
ce livre m'a fait pleurer d'émotions, et tout est tellement beau..j'avais presque l'impression qu'il ne faisait pas partie de la série tant il est différent des autres.

on me moque souvent d'aimer Zola, mais quand je vois la tendresse et la beauté de ses livres comme le Rêve, je ne peux qu'être sure de mes choix.
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Un amour inassouvi qui deviendra éternel. Voilà où nous mène cette délicieuse parenthèse dans l'oeuvre de Zola sur les Rougon-Macquart. Parenthèse car on se trouve ici dans une pure histoire d'amour, pleine de poésie et de romantisme, une pause dans cette série où l'arrivisme, la violence, la débauche et la noirceur tiennent la plus grande place.
Lien : https://www.bod.fr/librairie..
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