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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je n'avais à vrai dire jamais entendu parler de cet ouvrage dans l'oeuvre du grand Zola. Et pour cause, Zola, dans la préface de sa dernière édition de 1884, le déprécie à nos yeux, autant qu'il le fît à lui-même une fois la célébrité venue. Au point de le faire bouder par les maisons d'édition préférant exploiter le succès de ses ouvrages postérieurs. Au premier rang desquels Thérèse Raquin qu'il écrivit en parallèle de celui-ci.

Tout ceci nous est expliqué dans les trois préfaces à l'ouvrage que comporte cette édition d'Archi Poche dont il faut saluer l'idée de remettre cet ouvrage sur l'étal des libraires : celle de Roger Martin qui intègre l'ouvrage dans le contexte de l'oeuvre de Zola, puis deux de l'auteur lui-même. La première à la sortie de l'ouvrage en 1867. Il y évoque la genèse de l'ouvrage, son travail de recherche. La seconde en 1884 donc, dans laquelle il se montre très critique avec ce qui est devenu à ses yeux un exercice de jeunesse pour le moins perfectible. Il ne cache pas avoir produit un ouvrage alimentaire. A 27 ans Zola vivotait et tirait le diable par la queue. Aussi n'a-t-il pas hésité lorsqu'on lui a demandé d'écrire un feuilleton à paraître dans le Messager de Provence, un journal d'Aix-en-Provence, ce qui deviendra quelques mois plus tard la première édition des Mystères de Marseille.

« Les Mystères de Marseille rentrent pour moi dans cette besogne courante, à laquelle je me trouvais condamné. Pourquoi en rougirais-je ? Ils m'ont donné du pain à un moment les plus désespéré de mon existence. Malgré leur médiocrité irréparable, je leur en ai gardé une gratitude. »

Mais quand Zola fait du médiocre, selon lui bien sûr, cela reste consommable aux yeux du quidam moyen, au rang desquels je me place, me frottant de temps à autre aux grands du monde littéraire. La belle langue est déjà là au bout de la plume. Rendue désuète de nos jours par le seul fait du martyre que nous lui faisons subir au quotidien. Et Zola, en digne représentant du courant naturaliste, donne avec Les mystères De Marseille un avant-goût du talent à venir, de la dimension sociale de son oeuvre bien ancrée dans son époque. Les personnages sont là, dans leur rusticité le plus souvent, ballotés par les péripéties de l'histoire, la grande, prêts à faire cette histoire s'il le faut aussi pour émerger de leur maigre condition. Jusqu'à faire tomber les cloisons qui les contiennent dans des classes sociales à l'avenir fermé.

C'est ce que montre déjà cet ouvrage avec les émeutes De Marseille qui ont prolongé en province la révolution parisienne de 1848, avec la destitution de Louis-Philippe à la clé. Et quand cette Province c'est Marseille, il y a quelque chose en plus dans ces événements. Quelque chose que Zola connaît pour avoir séjourné tout près, à Aix-en-Provence. Il y a la ferveur du sang chaud des Provençaux que cet observateur de la vie des hommes a su transcrire avec le talent qui fit son succès. C'est déjà une belle fresque de la société de son temps, même si ce maître du réalisme osant déjà quelques pointes d'idéalisme populaire affirme avoir mis quatre fois moins de temps pour écrire une page des Mystères de Marseille qu'une de Thérèse Raquin.

Votre roman que vous taxez de médiocrité m'a bien plu monsieur Zola. Pour avoir vécu à Marseille j'ai pu y situer les décors de l'intrigue. J'y ai appris les noms de rue aujourd'hui rebaptisées, avec moins de bonheur. Je me suis plu dans cette romance aux noms chantant sur fonds de concert de cigales. Je me suis plu à lire ce talent qui germe en ces pages et dont le rapport vous a permis d'éclater à la face du monde avec le reste de votre oeuvre.

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Un livre du jeune Zola ….
Où l'on voit un jeune bourgeois s'éprendre d'une jeune fille de la noblesse. Où l'on accompagne les amants dans leur fuite pour échapper à la colère certaine de l'oncle tuteur de la jeune fille. Où l'on se méprend à croire qu'on va les suivre dans leur pérégrinations et leur difficultés. Où le jeune homme est emprisonné et renié par son amie. Où le frère du séducteur s'allie à une bouquetière pour sauver son le prisonnier. Où l'on se rend compte que les escrocs et les malfaisants ne sont pas toujours punis. Où l'on se réjouit que les coeurs purs sachent se reconnaître. Où l'on voit aussi comment se gagne et se perd l'argent au jeu, comment en sauvant une pure jeune fille des griffes d'un prêtre on reçoit la reconnaissance éternelle du frère. Où l'on voit que les mérites et la providence viennent à bout des difficultés que les efforts n'ont su écarter. Où l'on constate qu'une jeune fille ne peut qu'expier sa faute, tandis que son amant peut encore être heureux. Où l'on observe que les émeutes favorisent les mauvaises actions. Où triomphent les gentils et meurent les méchants, ainsi que quelques gentils.

Où l'on admire le talent de Mr Zola à peindre des portraits.


Lu dans le cadre du Challenge ABC 2014-2015.
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C'est la lecture assidue des polars de Jean Contrucci, les « Nouveaux mystères de Marseille » qui m'a conduit tout naturellement à rechercher cette production de jeunesse d'Emile Zola, parue en feuilleton dans le Messager de Provence en 1867. En fait, l'idée du propriétaire de cette petite feuille de province, Léopold Arnaud, pour lancer les ventes de son journal et comme en 1842 - 1843 « Les Mystères de Paris » d'Eugène Süe, modèle du genre, était de fournir à Zola des éléments historiques, recopiés dans les greffes des tribunaux de Marseille et d'Aix, relatifs aux grandes affaires criminelles des dernières années.

A l'époque, Zola n'est pas encore lancé. Ce feuilleton, qu'il qualifie lui – même d'alimentaire, il l'écrit au jour le jour, en marge de son premier grand roman à succès, Thérèse Raquin. Mais on sent poindre le grand écrivain dans ses descriptions éblouissantes d'un décor et d'un paysage aixois et marseillais qu'il connaît bien, dans la psychologie des personnages, très stéréotypée comme le veut le genre, mais si attachante. Bien entendu, il faut apprécier les romans du XIXème siècle et leur style particulier. Les Mystères de Marseille ne sont pas encore au niveau d'un Germinal ou du Bonheur des dames, mais le style et le mouvement sont là. La méthode aussi : Zola écrit trois à cinq pages par jour, ce qui correspond à un roman de deux tomes par an, ce qui sera son rythme hallucinant tout au long de sa vie. Il a donc à sa disposition une documentation riche, mais aussi sa propre expérience de la vie de bohème, de la ruine de sa mère après la liquidation de la compagnie fondée par son père, l'ingénieur italien Zola qui a conçu le chantier du canal d'amenée d'eau à Aix en Provence.

Le roman raconte les amours contrariées de Philippe Cayol, pauvre, sans titre, sans morale, républicain, et de la jeune Blanche de Cazalis, nièce et pupille de M. de Cazalis, millionnaire, député, tout puissant dans Marseille et fieffé coquin. le frère de Philippe, Marius, se dévoue pour protéger de la colère de M. de Cazalis les deux amants, et l'enfant auquel Blanche a donné le jour avant d'entrer au couvent.

Véritable roman-feuilleton, Les mystères de Marseille contient toutes les caractéristiques du genre : amours impossibles, complots, drames et rebondissements à n'en plus finir. Des personnages hauts en couleur sont présentés, qu'ils soient banquiers ou notaires véreux, usuriers, grisettes, joueurs ou prêtres mondains dévoyés. le tout s'articulant autour d'une lutte de classe entre républicains et aristocrates sur fond de révolution de 1848. le côté social de l'écrivain engagé qu'est Zola ressort déjà dans ce texte. L'affrontement entre classes verra son apogée lors d'une sanglante émeute ouvrière qui n'est pas sans rappeler celle qui sera décrite plus tard dans Germinal.

Pour ma part, j'ai adoré la scène du tripot où le gentil héros gagne incompréhensiblement une première nuit, pour tout perdre le lendemain. La morale est sauve. Et bien entendu les scènes d'émeutes où l'on entend siffler les balles et défoncer les portes des maisons à coups de crosse. Un roman de jeunesse qui m'incite à rouvrir la série des Rougon-Macquart dont j'avais, voici plus de trente ans, acheté la série complète illustrée par TIM.
Lien : http://www.bigmammy.fr
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Un roman dont la morale pourrait être "l'argent ne fait pas le bonheur mais y contribue grandement": on y suit Marius, bonne poire et frère d'un don Juan notoire, qui tente de faire sortir moyennant argent ce dernier des geôles dans lequel l'a jeté un beau-père pas consentant du tout. Fresque historique (épidémie de choléra et révolution française de 1848, toi aussi révise ton histoire de France) et sociale qui met à jour les luttes de classes de l'époque et les dévoiements où mènent le pouvoir, l'argent et le don pour l'escroquerie. le tout sous forme de roman d'aventure avec son lot de rebondissements, de complots et de romance. Malgré le format feuilleton/boulot alimentaire de ses débuts, on sent déjà frétiller la plume du futur Zola des Rougon-Macquart (d'ailleurs en parallèle, Zola rédigeait son excellent "Thérèse Raquin")
Lien : https://tsllangues.wordpress..
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Une histoire pleine de rebondissements tous plus improbables les uns que les autres, avec des personnages croqués d'une main de maître par Zola !

Comme précisé dans la préface, ce roman de Zola est une oeuvre de jeunesse et de commande, où il devait remettre un certain nombre de lignes pour obtenir une somme suffisante pour vivre. Cela se sent dans l'enchaînement un peu décousu parfois de certaines scènes, surtout dans la première partie. Mais ce qui ne change pas, c'est la description de la psychologie de ses personnages, comme il sait si bien le faire !

La première partie s'applique surtout à présenter les personnages et à exposer le fait qui va conduire toute l'histoire. Philippe Cayol s'éprend de Blanche de Cazalis, riche héritière d'une vieille famille de la noblesse et parente d'un député royaliste de Marseille, tandis qu'il n'est qu'un républicain sans le sou. L'action démarre lorsqu'ils prennent la fuite pour vivre librement leur amour, loin des conventions. M. de Cazalis, bien décidé à récupérer sa nièce mineure (et surtout à garder la fortune de celle-ci dont il avait la mainmise tant qu'elle était sous son toit), trouve l'occasion excellente pour se débarrasser de Philippe, son ennemi politique. Apparaît alors Marius, frère cadet de Philippe, qui va s'ingénier à tirer d'affaire son frère.

La deuxième partie débute alors, et se concentre sur les efforts fournis par Marius pour aider son frère. L'accent est mis sur les milieux financiers et crapuleries de toutes sortes (usuriers, banquiers, tripots, etc.), ainsi que sur la duplicité des hommes de pouvoirs (les faux dévots par exemple).

La dernière partie se consacre plus à la politique avec l'avènement de la République en 1848 et les résistances qui voient le jour en province. Même si pour les besoins de son roman, Émile Zola attribue la révolte de Marseille à la malice de l'homme de main de Cazalis, toujours bien décidé à perdre Philippe. Enfin les derniers chapitres rappellent le '' Hussard sur le toit '' de Jean Giono avec la diffusion du choléra, la peur des empoisonneurs de fontaines et la fuite des habitants pour tenter d'échapper à l'épidémie. Cet épisode est relativement court, comparé aux autres.

Lecture qui permet de découvrir les débuts d'écrivain de Zola.
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Roman de jeunesse ok mais du Zola quand même dans la dramaturgie et la description sauvage.
J'ai aimé cette fin où tout se précipite!!!
Malgré tout la deuxième partie est plus ennuyeuse de par le fait qu'on discute de malversations financières sur le jeu ou les placements qui sont loins des drames humains.
Captivant quand même !!
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« Voulez-vous connaître le secret que les vagues m'ont murmuré à l'oreille ? (...) Les vagues m'ont dit que je vous aimais. »

Philippe Cayol tombe fou amoureux de la belle Blanche, mais leur différence de classe sociale les sépare. Il décide de l'enlever afin de pouvoir l'aimer pleinement, mais l'oncle de Blanche, M. de Cazalis va tout faire pour les retrouver et faire payer Philippe pour son offense. Marius, le frère de Philippe, va tout faire pour protéger les amants grâce à l'aide de Fine, une jeune fleuriste qui était assez proche des deux frères.

Ce roman qui se déroule à Marseille m'a beaucoup fait penser au Comte de Monte-Cristo, même si je l'ai trouvé un peu moins divertissant. L'intrigue est toutefois très prenante avec beaucoup de rebondissements, de vengeances, d'histoires d'amour et de complots ! Je vous le recommande si vous aimez Zola et que vous voulez découvrir l'un de ses premiers romans.
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