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3,89

sur 561 notes
La lecture de ce livre marque un tournant important de ma vie. Mon mari était bipolaire et, dans une phase maniaque, il s'est identifié à Fritz Zorn. Il a échafaudé des théories sur la vie et sur la mort. Il a eu envie de se donner la mort. Il m'a parlé de ce livre pendant toute une nuit et j'ai été proche d'adhérer à ses folles pensées. C'est à ce moment-là que j'ai compris la gravité de sa maladie. Nous avions deux petits enfants. J'ai choisi la vie et mes enfants au bout de 44 ans de mariage. Ses tentatives de suicide ont été nombreuses. L'alcool et les médicaments l'ont conduit à la démence. Chaque fois que je pense à Mars, ce sont les mauvais souvenirs qui me bouleversent. Merci de m'avoir lue.
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Fritz Zorn, homme profondément névrosé s'il en est, fait le déballage abrupt, chirurgical et impudique de ce qui ne va pas chez lui, comme un parallèle à sa psychanalyse en cours. Il en fait une oeuvre totalement hors du commun : non seulement c'est un récit à la première personne du singulier, mais en surplus duquel l'autre, le temps, les lieux, les anecdotes sont totalement absents.
Ce qui pourrait être un écrit d'un nombrilisme endormissant se révèle au contraire comme une introspection honnête jusqu'à la sauvagerie, forte comme un coup de poignard. Aucune pitié, ni pour lui même, ni pour ses parents.
Le récit de cette vie, comme une traversée complètement ratée, porteuse dès la levée de l'ancre de son propre naufrage, est pourtant un incroyable appel à la liberté, à l'investissement de soi-même jusqu'à l'ébriété.
Vous voulez savoir à quels affres peut vous confronter une analyse, en quoi aussi elle peut vous libérer ? Lisez Mars !
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C'est un livre que je relirai un jour et je n'en suis pas sortie indemne. le livre, un essai autobiographique de Fritz Angst (ça ne s'invente pas), relate sa vie sous le nom de Zorn (colère) et comment le cancer qui l'a frappé vers 30 ans lui a permis de comprendre quand, comment et pourquoi cela devait en être ainsi. J'ai trouvé la deuxième partie, Ultima Necat, la plus courte, absolument remarquable par la force de son écriture à la fois totalement libre et complètement maîtrisée. La première partie est la plus longue, elle décrit la vie bourgeoise de Zorn et la naissance de sa dépression et de sa névrose. Elle est indispensable mais je l'ai trouvée parfois un peu "répétitive". La troisième partie conclue cet essai et livre une analyse très fine de Zorn et la position qu'il veut occuper dans le monde, vivant ou mort, de la nécessité de se faire remarquer et d'une révolution contre la bourgeoisie qu'il juge inévitable.
C'est un ovni ce livre, Fritz Zorn ne cache rien de ses peurs, de ses faiblesses et de ses haines, explorant, analysant méthodiquement son éducation et les dégâts que cela a provoqué. Ce sont les dernières paroles libres de toute concession d'un homme qui voit la mort venir sans jamais avoir vécu. Je pense que tout lecteur peut le prendre comme une leçon de vie et continuer, sur le temps qu'il nous reste à "tourner" et "fonctionner" même quand rien n'a de sens. Magistral.
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Un livre témoignage des pensées qui assaillent un jeune homme issu de la bonne société de Zurich lorsqu'il apprend qu'en plus de sa dépression jamais nommée ni avouée, il souffre d'un cancer.
Il fait la genèse de son histoire de vie, courte mais pleinement analysée dans sa solitude morale, sa terrible lucidité face à ses parents bien-pensants et à son entourage bourgeois.
Cet ouvrage, livre unique d'un désespoir maîtrisé, peut servir de levier pour la compréhension des maladies qui adviennent lorsque la vie, le vivant en l'homme sont niés.
C'est aussi une sorte de jugement à postériori sur l'éducation donnée aux enfants, la part de responsabilité de chacun dans ce qui risque d'advenir et une dénonciation du mensonge et du conformisme étouffants.
Le style et le ton souvent drôle malgré le propos en font une lecture difficile à classer tout en y reconnaissant sa grande vérité humaine.
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" Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul" en guise d'incipit, voilà qui donne le ton de ce livre autobiographique. Confession d'un enfant de la rive dorée de Zurich. Elevé dans un milieu bourgeois, il règle ses comptes avec ses parents et son milieu délétère. Ses parents ne lui ont pas appris à aimer, à s'exprimer, à être sincère, à développer une personnalité. Pour eux primaient l'harmonie, l'absence de conflits, les apparences, la bienséance. Le sexe était évidemment tabou (ainsi que la politique et la religion).
Son impossibilité à aimer, à communiquer l'a empêché d'avoir des relations sexuelles, amoureuses hétérosexuelles ou homosexuelles, il a développé une dépression chronique, conséquence du vide de sa vie et "évidemment" dit-il, un cancer en grande partie psychosomatique, manière acceptable d'exprimer son mal être dans son milieu. Ce livre est une confession parue en 1977 peu de temps avant la mort de son auteur.
J'ai beaucoup aimé la première partie (la plus longue) mais les deux autres, plus théoriques m'ont semblé très longues. Un long ressassement voulu mais pesant et ennuyeux à la longue.
Un être préparé à ne pas aimer, à ne pas vivre, "éduqué à la mort".
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Je lui mets cette note pour la qualité littéraire et pour l'intérêt propre du récit (sans compter qu'il a contribué au choix de ma profession...)
Récit autobiographique implacable et très prenant.
J'ai lu ce livre il y a fort longtemps. A l'époque avoir lu ce livre faisait partie du cursus obligatoire pour être admis dans certains cénacles parisiens, et on absorbait l'histoire sans sourciller. C'était l'époque où la psychanalyse régnait.
Actuellement, certaines idées ont évolué, aussi je donne le conseil qu'une fois l'avoir lu, de prendre du recul et de relativiser. Il ne faut pas tomber dans le mirage aux alouettes psycho-somatique. Seuls connaissent le déterminisme du drame l'inconscient de Fritz (peut-être) et Dieu, sûrement, mais à condition d'y croire...
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Mars/Fritz Zorn

Fritz Zorn est le nom de plume de Fritz Angst, né le 10 avril 1944 à Meilen dans le canton de Zurich et mort le 2 novembre 1976 à Zurich, un écrivain suisse de langue allemande.
Fils d'une famille patricienne très austère, il a passé son enfance et jeunesse sur la « Rive dorée » de Zurich. Après le lycée, il a étudié la philologie allemande et les langues romanes. À l'université, il obtient le titre de docteur quoiqu'il fût un élève peu sérieux. Pendant une brève période, il a été professeur dans un lycée, jusqu'à ce que son cancer le force à abandonner cette profession. Il entame une psychothérapie et commence à écrire ses mémoires.
Il a terminé d'écrire Mars en 1976 (paru en allemand en 1977 et en français en 1979), histoire de son cancer, de sa vie névrotique, de son impossibilité à aimer et à communiquer. Il y décrit également tout l'ennui de la Suisse, lui qui était issu de la grande bourgeoisie zurichoise.
Son vrai nom de famille, Angst, signifie en français « peur », « angoisse », et son pseudonyme « colère ».
« Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul... » Ainsi commence ce récit inoubliable. Et plus loin :
« J'étais intelligent mais je n'étais capable de rien… »
« Mon histoire est celle d'une névrose ou du moins d'un certain nombre de ses aspects…C'est l'histoire et l'évolution d'un seul aspect de ma vie, à savoir celui de ma maladie. »
« J'ai grandi dans un monde si parfaitement harmonieux… »
« Je m'habituai à ne porter aucun jugement personnel, mais au contraire à toujours adopter les jugements des autres. »
La lecture de cette autobiographie partielle et fragmentaire qui est en somme le testament de Fritz Zorn et l'oeuvre d'une vie, puisqu'il est mort un an avant la publication, est bouleversante.
Mélancolie, dépression, anamnèse (biographie), résignation, puis le cancer : c'est le récit lucide d'un mourant qui place sa dignité dans le fait qu'il exprime la souffrance la plus profonde non pas comme souffrance, mais comme « colère ». Zorn est mort de n'avoir pas appris à partager sa vie, à la communiquer.
« je m'entendais bien avec tout le monde, je n'avais pas d'ennemis, mais je n'avais pas non plus vraiment d'amis. J'étais un personnage assez falot, qui ne suscitait particulièrement ni l'aversion ni la sympathie. »
« le cancer est un agissement asocial de la norme biologique, une évolution inconsciemment dirigée du dedans et non pas un attentat venu du dehors. La santé n'est pas une grandeur en soi, mais un rapport d'équilibre, une balance instable des échanges organiques entre la matière et l'esprit, un niveau déterminé de communication entre le dedans et le dehors, une harmonie. le cancer est une protestation contre des conditions objectives qui rendent la vie invivable, un signal de mort que l'organisme déjà diminué se donne à lui-même en développant rien que pour soi et finalement contre soi, un accroissement compensateur. »
Trois sujets en particulier ont été au cours de l'éducation de Zorn jugés tabous par ses parents : la politique, la religion et la sexualité. Ce qui le marqua à jamais. C'étaient des sujet qui n'avaient pas lieu d'entrer en conversation car ils étaient jugés « compliqués », disharmonieux et objets de discorde :
« Manifestement la sexualité n'était pas harmonieuse, elle était au nombre de toutes ces choses inexprimables qu'il fallait bannir du petit horizon de notre harmonie domestique. »
Plus loin :
« La femme telle que je l'imaginais n'était qu'un accessoire de plus dans mon univers infantile. »
Zorn est intelligent mais il ne sait rien faire de lui-même et sa conclusion tombe sans appel :
« Je remplissais toutes les conditions pour devenir quelqu'un de très malheureux. »
Effectivement, Zorn a dix-sept ans et sombre dans une dépression sévère qui ne le quittera plus jusqu'à sa mort à trente deux ans. Il s'exprime alors ainsi :
« À présent je comprenais que ma gaieté n'avait été rien d'autre que le manteau dont je couvrais ma tristesse. »
« Je suis le fils névrosé d'un père névrosé et d'une mère névrosée ; ma famille est pour moi la quintessence de tout ce que j'abomine. »
Après une première partie dans laquelle Zorn évoque ses souvenirs, une seconde partie intitulée « Ultima necat » consiste en une réflexion, sur le bonheur notamment :
« Je me dis que le premier but des hommes est tout de même le bonheur…mais névrosé est celui qui ne peut pas être heureux… et l'expression la plus nette de cette impuissance au bonheur est assurément l'impuissance sexuelle. La destruction de mes capacités sexuelles est certainement mon plus grand dommage. »
Réflexion également sur le sens de la vie : pour Zorn sa vie n'a pas de sens :
« Mes parents névrosés ont produit en ma personne un être qui s'il n'était pas assez faible de corps pour mourir dès sa naissance, a été tellement démoli dans son âme par le milieu ,névrotique où il a grandi qu'il n'est plus apte à une existence qu'on puisse qualifier d'humaine… Cela a-t-il un sens que je ne sois pas mort dès ma naissance ? »
Dans la troisième partie, Zorn aborde l'existence hypothétique de Dieu : révolutionnaire, il affirme :
« Si l ‘on part de l'hypothèse que Dieu n'existe pas, on devrait positivement l'inventer rien que pour lui casser la gueule ! »
Le livre se termine sur une belle note volontaire dans cette lutte contre le cancer :
« Je n'ai pas encore vaincu ce que je combats ; mais je ne suis pas encore vaincu non plus et ce qui est le plus important, je n'ai pas encore capitulé. Je me déclare en état de guerre totale. »
Un livre terrifiant.
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Un livre qui, quand je l'ai lu (dans ma vingtaine), m'a fichu un coup de poing à l'estomac. Les premières pages sont... estomaquantes. Remarquable baffe !
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Quelle déception !
Ce récit est extrêmement autocentré, teinté de psychanalyse et finalement sans intérêt à mes yeux. L'absence totale de dialogue en fait une longue plainte durant laquelle l'auteur cherche à trouver une cause à son mal et accable ses parents. Quel intérêt ?
Je regrette cette lecture et ne comprends pas les louanges qui en sont faites par de nombreux cercles de lecture...
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Alors là encore un livre retenu, imposé dans un club de lecture, dont les sélections m'ont hélas souvent déçue, grande solitude pour moi, alors que tout le groupe s'enthousiasme de ce roman. Je n'ai pas du tout apprécié. Règlement de compte nombriliste d'un malheureux atteint d'un cancer, déprimant, bien écrit mais il m'a ennuyée.
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