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sur 549 notes
Je comprends la détresse de cet individu dont l'existence, formatée par une éducation où le paraître et surtout la volonté de ne pas se compliquer plus qu'il ne le faut la vie, n'a été qu'une longue dépression.
Mais il y a ceux qui dispensent l'éducation et établissent le cadre dans lequel elle s'exprime et ceux qui la reçoivent. Je ne peux m'empêcher de penser, sans vouloir diminuer ou ne pas reconnaître la souffrance de l'auteur, qu'il est dommage qu'il n'ait pas pu trouver en lui un soupçon de révolte, qu'il n'ait pas su mettre en oeuvre l'intelligence dont il n'est pas, peu s'en faut, dépourvu, pour trouver un moyen de s'ouvrir aux autres Trop centré sur lui-même et sur ce qu'il éprouve il est incapable de dresser un portrait de la société dans laquelle il évolue, d'en faire une critique sociale exprimée plutôt qu'esquissée.
Cela m'aurait peut-être permis d'éprouver à son égard plus de sympathie sinon d'empathie et de faire de cette interminable autoanalyse une lecture moins lassante et ennuyeuse.
C'est d'autant plus dommage que je reconnais et apprécie la qualité de l'écriture, la justesse des observations et les pointes d'humour sarcastiques qui parsèment cet ouvrage.
Tandis que je referme le livre, je ne peux m'empêcher d'être envahie par un profond sentiment de gâchis alors que mort trop tôt, Fritz Zorn n'a pas pu profiter de ce qu'il avait finalement découvert et mis en mots.

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MARS de FRITZ ZORN
ZORN est né à Zurich, du bon côté du lac, autrement dit, chez les gens riches, grands bourgeois. Ecrasé par le poids des conventions, des rites et des traditions, il s'ennuie à mourir, d'ailleurs il est atteint d'un cancer et il nous raconte sa vie, sa survie. Il a 32 ans. Son cancer ne l'étonne pas, c'est pour lui la conséquence directe de son éducation, il emploie cette expression terrible « j'ai été éduqué à mort ».
« Je suis jeune riche et cultivé, je suis malheureux, névrosé et seul « est la première phrase du livre dans lequel ZORN va nous entraîner dans les meandres de sa non vie, de ses obligations de se conformer en tout à la vie de sa caste. C'est souvent dur à lire tant sa souffrance semble grande, c'est un livre d'auto analyse souvent pertinente, enfantine parfois, mais passionnante car ZORN a de l'humour, un humour noir bien sûr mais qui permet de passer outre des passages assez pénibles.
Un document rare paru en 1976, c'est le seul écrit de FRITZ ZORN décédé des suites de son cancer à 32 ans.
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Un poignant témoignage de vie et de mort, un partage d'humanité… ! Il faut savoir que "Mars" est le seul livre que Fritz Zorn ait eu le temps d'écrire avant que la maladie ne l'emporte, et que ce dernier n'est paru qu'après sa mort.

C'est un des seuls textes dont je me suis dit, à la fin de sa lecture, que son auteur avait bien fait de l'écrire, car ainsi il n'aura pas tout à fait vécu en vain…
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Avec Mars, Fritz Zorn nous livre un témoignage abominablement triste. de fait, je ne me souviens pas avoir lu quoi que ce soit d'aussi triste depuis Stig Dagerman – et encore Notre besoin de consolation est impossible à rassasier était-il très court : cela lui conférait la force d'un violent coup de poing dont il était néanmoins possible de se relever assez vite.

L'ouvrage inclassable de Zorn – ni tout à fait un témoignage, ni vraiment un essai et absolument pas un roman – consiste en un examen approfondi de la vie de l'auteur et des raisons qui l'ont mené à contracter sa maladie mortelle.

(suite de cette critique sur mon blog http://carnetsdusoussol.com )
Lien : http://carnetsdusoussol.com/..
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C'est la lecture de "nos vies romancées" d'Arnaud Catherine qui m'a donné envie de connaître "Mars" de Fritz Zorn.
Il s'agit du récit-confession autobiographique d'un jeune homme né avec tous les avantages de la fortune, mais malheureux et névrosé.
Le ton est donné à la page 261 : "tout le monde est névrosé mais moi je le suis un peu plus" .Ses parents qu'il accable avec des expressions lapidaires
(ma pauvre mère, mon pauvre père ) seraient à l'origine de tous ses maux car il faut bien désigner un coupable : l'éducation austère et frustrante de son milieu familial..
Au delà de sa confession accusatrice, on peut se demander si l'origine de son mal-être est surtout imputable à sa nature profonde (l'inné) ou à son milieu bourgeois et répressif (l'acquis). le cocktail des deux s'avérant affligeant.
L'autre aspect de son questionnement psychanalytique est le rapport entre son état mental et l'émergence de sa maladie mortelle. Certains cancers sont-ils le fruit d'une mélancolie grave et persistante ?
Un récit poignant, dérangeant, autoapitoyé, réservé aux lecteurs particulièrement sensibles aux méandres du psychisme.
A déconseiller aux dépressifs.
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L'incroyable incipit me laissait présager une autobiographie grinçante, riche et profonde. Mais le livre m'est légèrement tombé des mains. Les pensées décrites sont intéressantes mais tournent parfois en rond. Cependant, demeurent des fulgurances.
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Bouleversant, ce livre est vraiment poignant. F. Zorn nous dévoile, à travers son introspection, son mal-être avec une telle force que nous ne pouvons pas sortir de cette lecture sans être profondément touché, bouleversé.
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Lu il y a près de 10 ans maintenant. Ce "roman" a été une véritable claque, une sorte de miroir-abîme de ma pauvre vie d'alors. Une sorte de spirale où plus on cherche à se comprendre, plus on s'enfonce dans le misérabilisme et... la maladie... le summum de la complaisance ?
Roman noir, très désespérant. La question est : Peut-on en sortir "avant"... ? Ce livre peut-il pousser à des actes préventifs ? J'ai tendance à croire que non, puisque ce livre m'a plu et complu dans ce mal-être. Et peut-il réellement toucher suffisamment fort quelqu'un qui ne s'y retrouverais pas et serait déjà "bien", "sain"... ?
Nul doute que si je le relisais maintenant je crierais de rage contre "Zorn". Une autre forme de miroir...
Par ailleurs, il est fort bien traduit.
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L'auteur de Mars, Fritz Zorn est en colère, pas de doute on l'apprend dès la couverture : il adopte pour son nom le pseudo « Zorn » qui signifie colère en allemand.

En colère contre qui, contre quoi ? Contre ses parents d'abord qui l'ont élevé « comme il faut », dans un milieu très bourgeois, dans une grande villa sur la « rive dorée » du lac de Zurich, où il s'est senti « castré » de la capacité à dire « non », d'avoir son propre avis, sa propre personnalité.

Ce fut un enfant bien sage et obéissant, cultivé, mais frustré à l'adolescence et bien davantage encore pendant sa courte vie d'adulte.

Le résultat, c'est cet ouvrage de révolte et ce cancer « une boule au cou » qu'il dit avoir « attrapé » en raison de toutes ces années de dépression et de frustration.

En lisant l'ouvrage on comprend que l'absence de relation sexuelle et d'intimité avec les femmes ont beaucoup joué dans son malheur et sa frustration. Il n'a jamais été amoureux et n'a pas l'air de s'être senti aimé.
Au début de l'ouvrage il nous parle d'un frère dont on regrette que l'auteur n'en parle plus ensuite. Qu'est-il devenu ?

Lucide, l'auteur remarque que fort heureusement, tous les fils de bourgeois ne finisse pas dépressif comme lui. Il dit bien que c'est lié à son caractère, sa sensibilité.

Néanmoins il est en colère, révolté contre la bourgeoisie et la religion chrétienne qui nie la vie, ce sont ses mots. A le lire, il aurait sûrement préféré naître pauvre et vivre. En le suivant, sans doute la pauvreté l'aurait-elle obligé à travailler, gagner de l'argent, comme d'autres, alors que lui au lycée ou plus tard à l'Université n'en avait pas besoin. Cela peut expliquer une partie de sa marginalité même s'il reconnaît à plusieurs reprises qu'il n'a pas toujours manqué d'ami. Il s'est malgré tout toujours senti seul, même entouré. Peut-être incompris, sans ami intime avec qui s'épancher de ses soucis. Diplômé d'un doctorat en langues il deviendra professeur d'Espagnol, il dit aimer son travail car cela lui permet surtout de voir du monde, de moins être dans la solitude. Il a l'esprit, la culture latine, mais c'est comme si son coeur était « froid ».

Faute d'ami intime, ou sans doute parce que le mal était trop profond, c'est donc auprès d'un psychanalyste qu'il se livre. Mais aussi à travers l'écriture de son ouvrage – en espérant peut être un effet catharsis ?

Le ton de l'ouvrage est très pudique, on apprendra rien de bien personnel sur la façon de vivre des bourgeois qu'il critique ou ses relations avec les autres. Pourtant il est prêt à faire la révolution pour que les choses changent. Métaphoriquement il se voit comme le cancer au sein de la bourgeois, révélatrice de ses travers, prête à éclater selon lui. Quelque part, paradoxalement, il souhaite dépasser sa condition de bourgeois, être en dehors. Mais le peut-il vraiment lui qui en a tous les codes et qui a grandit dans ce milieu ?

Il dit se sentir mieux depuis qu'il a appris qu'il était malade, et qu'il a mis un nom sur la maladie. Il se sent maintenant moins dépressif et souhaite vaincre son cancer. Il a un but.

C'est l'histoire d'un homme en manque d'amour, mal dans sa peau, jamais à sa place, qui a oublié de vivre, d'exister.
Très cultivé, s'autoanalysant, l'auteur est un plaisir à suivre, l'écriture est fluide, clair. On se demande dans quel mesure Fritz Zorn était condamné par son milieu social et son caractère. N'a t-il pas eu de chance ou est ce lui qui n'a pas su saisir les opportunités, les rencontres qu'il évoque dans l'ouvrage ?

Mal à l'aise avec son corps au lycée il aura réussi après quelques années à se dépasser dans plusieurs domaines, gymnastique, danse, pourtant on a le sentiment qu'il ne prend pas de plaisir de ses succès. Est-il un frustré-né, incapable de jouir ?

Il ne suffit pas de dire à un ami – qu'il semble n'avoir jamais eu – « va s'y, parle à cette fille », « invite la à boire un verre, à danser, à sortir...», « déclare lui tes sentiments, dis lui que tu l'aimes » – pour que cela se réalise, que l'on passe à l'acte. Vivre c'est agir, prendre des risques – souvent mesuré.
Ainsi c'est comme si il n'avait pas eu suffisamment cette volonté de vivre, de se battre, pour que la vie continue. « Mars » ce titre fait référence mythologiquement à l'esprit combatif. L'auteur n'en aura pas manqué pour achever son ouvrage et lutter par les mots contre son milieu social. Mais ne se bat-il pas trop tard, à 30 ans, lorsqu'il est déjà, sans le savoir, condamné par la maladie ?

Malgré tout la vie manquée de Fritz Zorn n'aura pas été vaine. N'aura t-il pas vécu pour que son histoire nous parvienne, nous montrant s'il fallait encore s'en convaincre, que décidément l'argent ne fait pas le bonheur, et qu'il vaut mieux parfois vider son compte en banque, comme il le dit « faire sauter le crédit suisse » et devenir pauvre comme job. Mais qui fait ça, qui se met à nu lorsqu'il est riche pour vivre une nouvelle vie et se passer de certains « plaisirs » ou dirons nous certaines « facilités » ?

Je ne suis pas sûr à la lecture de l'ouvrage que Fritz Zorn aurait été mieux préparé à affronter la vie en ayant vécu dans un milieu populaire. Peut-être aurait-il été encore davantage brimé par sa sensibilité. A aucun moment il ne parle de timidité, pourtant sa pudeur traduit bien une forme de timidité, comme une peur de déranger.

Dans la dernière partie l'auteur va plus mal du fait de sa maladie, son écriture prend alors l'allure d'un procès ou la société, la religion et ses parents sont jugés. Sans être manichéen, il critique la bourgeoisie mais sans vanter non plus le communisme. S'il en veut à ses parents pour leur éducation, il leur pardonne aussi, leur accordant magnanimement des circonstances atténuantes.

Ce qui aura manqué le plus à la vie de Fritz Zorn c'est l'amour, la joie, ce sentiment d'être vivant, d'être aimé, de partager. Ce qu'on peut reprocher à Fritz c'est d'avoir attendu d'être malade pour se battre, pour exprimer sa colère, se révolter. La leçon de l'ouvrage est la selon moi : vivons avant d'être malade ou d'être trop vieux, n'attendons pas un hypothétique alignement des planètes pour vivre. Vivre c'est aussi ne pas toujours faire ce que la société nous demande de faire selon les conventions morales en vigueur. Alors vivons, sachons nous faire plaisir en écoutant nos désirs, ici et maintenant !
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Ce n'est pas un coup de foudre, mais peut être le début d'un cheminement intérieur.
Fritz Zorn est un homme « jeune, riche et cultivé » mais « malheureux, névrosé et seul ». Et il nous livre son histoire, de façon intime. Il nous raconte comme la bienséance de sa famille aisée de Zurich l'a coupé de la vie. Fritz Zorn n'a pas vécu, mais par un jeu d'opposition, nous raconte la beauté de la vie, qu'il n'a pas su vivre.
Il a des phrases sublimes sur la sexualité, sur l'éducation, sur la transmission, sur le sens de la vie… écrites par quelqu'un qui n'a rien vécu de tout cela.
Ce livre ouvre une porte… et se faisant, nous donne envie de pleurer quelques fois avec son auteur.
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