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3,89

sur 549 notes
Livre phénomène, inclassable, classique de la littérature suisse contemporaine, Mars dérange par sa noirceur, sa rage et son désespoir. Il a été écrit par un homme de 32 ans atteint d'un cancer généralisé, révolté de n'avoir pas vécu et compris trop tard que sa vie fut un gâchis immense. Ce gâchis, il l'attribue à ses parents qu'il accuse de l'avoir tué. L'auteur analyse avec une lucidité implacable l'éducation bourgeoise qu'il a reçue, fondée sur la normalité et la conformité au groupe social, avec l'obsession du qu'en dira-t-on, pour essayer de comprendre l'origine de sa névrose, « cette torture dépressive omniprésente », et se délivrer de son passé avant qu'il ne soit trop tard. Pour lui, ce cancer qui le ronge est la révolte de son âme étouffée depuis tant d'années, le cri de rage d'un homme qui n'a jamais connu l'amour et ne le connaîtra jamais. Aucune lumière d'espoir dans ce récit qui nous entraîne dans un maelstrom d'émotions négatives. Déconseillé aux dépressifs.
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Une jeunesse, une éducation, une vie de famille, décortiquées par un intellect qui a aboli définitivement la sensibilité. Un parti-pris érigé en système de pensée et d'écriture, sans doute brillant, mais « ovnien ». Où est l'humain ?
La littérature comme une dissection anatomique, c'est intéressant du point de vue scientifique, psychanalytique. Mais le laboratoire est carrelé à blanc et à froid.

Chronique descriptive d'une dépression. Comment elle est née, comment elle a prospéré, comment elle n'a pas été repérée, et comment elle a même été niée, passée sous silence.
A la page 185, je crois que tous les tenants ont été énumérés, dans le détail, repris et répétés au fur et à mesure que l'enfance a fait place à l'adolescence, à l'âge étudiant, à une vie professionnelle, pourtant aussi protégée matériellement que toutes les étapes précédentes. Que seront les aboutissants ?

A la page 194, enfin, le constat de ce qui a manqué jusque-là ; ce qui a manqué à l'auteur, et ce qui fait tant défaut au lecteur dans la première partie du récit : « je ne connaissais à peu près aucun (…) sentiment. » Ni amour, ni amitié, ni tendresse ; aucun mouvement du coeur, ni dans ce qu'a vécu l'auteur - à ce qu'il dit - ni dans ce qu'il exprime. Ces écrits sont d'une sécheresse, d'une aridité que je ne sais interpréter : parti-pris de pudeur extrême qui veut à tout prix éviter l'émotion, ou véritable névrose catastrophique, inhumaine ?

Ces explications du malheur, fouillées à n'en plus finir, répétitives et d'une sécheresse austère, finissent par lasser. le début de la troisième partie du livre me semble une redite fastidieuse de tout ce qui a précédé. Cet homme souffre, dans son âme et dans son corps, et sa seule liberté est d'étudier et de mettre par écrit l'origine et l'évolution de ses souffrances.

Il s'attarde donc de nouveau sur la recherche et l'identification des responsables de son état : « ce qui est généralement parental, généralement bourgeois, généralement zurichois et généralement suisse ».

Et quand accuser la société ne suffit plus à cet homme épuisé de souffrances, il se tourne vers l'éventualité d'un dieu. Ne serait-ce que pour avoir à qui dire sa colère, à qui « casser la gueule ». Tentation de croire pour trouver un sens à ce qui n'en a pas...

Récit répétitif, obsessionnel, d'un ratage intégral. Une lecture qui enferme et, par contrecoup, une fois achevée, donne envie de grand air et d'horizon large.
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Mars. Fritz Zorn.
Un titre, un auteur, et déjà des noms qui claquent. Je me souviens, lorsque le livre parut dans les années…75 ! Ce fut un coup de tonnerre. Des années ont passé, un déluge de livres à été publié, des millions de pages ont été écrites et lues. Parfois retenues, souvent oubliées. Mars, Fritz Zorn, non. le livre, le récit est resté dans un coin obscur de ma mémoire. Il vient de reparaître , 40 années plus tard, dans une nouvelle traduction, plus enlevée, plus …”Rimbaldienne “ ai je lu, plus fidèle à l'esprit de l'auteur. Avec une somptueuse préface de Philippe Lançon. “Un coup de canon”nous dit il, et c'est vrai, le livre n'a rien perdu de sa force, de sa violence, un de ces livres intenses qui dérangent, qui font mal mais que l'on n'arrive pas à lâcher . Unique. Parce que, aussi, c'est une oeuvre unique. Fritz Zorn, est ce jeune homme Suisse , la trentaine sonnée, bourgeois, et même plus, couvé, étouffé, éteint avant même d'avoir été éclairé , dans une famille riche, où il ne manque de rien parce qu'il n'a besoin de rien. “Nous préférions être corrects que de vivre “ nous dit-il.” Et d'ajouter , “J'étais trop correct pour être seulement capable d'aimer; je n'étais d'ailleurs pas pleinement moi, j'étais simplement la correction faite homme.” Son récit est sa vie. Enfance plate, adolescence sans désirs et sans émois, études sans plaisirs et sans joies , sans rencontres , sans ambitions ni projets. Sans femmes.
“Mon problème, ce n'était pas du tout que j'avais des”difficultés avec les femmes “, c'est que je souffrais d'une impuissance totale sur le plan de l'âme.”
Et puis , le cancer, un lymphome , explose son cou, métastase son corps. Fritz Zorn, raconte, analyse, dissèque comme en salle d'anatomie, sa vie , son éducation bourgeoise, sa famille et ses connaissances, car d'amis, car de femmes il n'aura jamais. le cancer est là, vient de là, y plonge ses racines, et de façon féroce, intenable parfois , insoutenable souvent, il va montrer, raconter, à quel point une enfance, une éducation annihilée, une adolescence calcinée vont faire éclore la corolle d'une fleur vénéneuse qui va l'engloutir. “ La tumeur renfermait des larmes ravalées”. Tout être qui ravale sa souffrance au tréfonds de lui même sera avalé tôt ou tard à son tour par cette souffrance enfouie en lui. ”
“Je suis porté à croire que je ne suis pas moi même le cancer qui me ronge, mais que c'est plutôt ma famille, mon origine, un héritage dont je suis le dépositaire qui me dévorent tout vif. “ “Famille je te hais”pourrait il paraphraser. le livre est beau et terrible, il fascine, parce qu'il a quelque chose d'universel et parle ainsi à chacun d'un petit recoin de l'éducation qu'il a reçu. À quel point nous devons, tout au long de la vie, ne rien laisser de ce que nous avons reçu ou de ce dont nous avons manqué, au bord du chemin, car tôt ou tard, pourra ressortir, sous des formes diverses, l'expression d'une douleur, d'une frustration, parfois d'un malheur.
“Au sein de la société des hommes, je n'étais même pas un rouage utile; je me contentais d'être présentable.” Sa Névrose, fruit d'un manque d'amour absolu, pourrit son existence. Et pourtant, comment le croire et le comprendre, la mort va le ramener à la Vie , et aussi incroyable, le faire muter de chrysalide en papillon.
Ce livre, poignant , n'est pas toujours une partie de plaisir, dans sa lecture, tant il émeut, bouleverse , suscite émotions et réactions, quelque part il se mérite. Mais il est si beau et si fort, que la dernière ligne vue, il restera dans ma mémoire au Panthéon des livres lus. Très fortement recommandé.
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MARS : le roman du règlement de compte familial et sociétal.
FRITZ ZORN, jeune Suisse élevé dans un milieu bourgeois et sans histoire, décèdera à 32 ans d'un cancer après avoir écrit le calvaire de sa courte vie.
Un texte dense et saisissant avec une écriture précise, percutante et parfois même jouissive.
Une descente en enfer qui ne vous laissera pas indifférent.
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Ne cherchez pas l'apaisement dans ce livre, il n'y en a aucun. “Je suis jeune, riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul.” Après ce tout premier point-virgule, Fritz Zorn n'a plus que la souffrance et le désespoir au bout de la plume. Il a trente ans à peine, il est dépressif depuis quinze ans, et il est atteint d'un cancer généralisé. Il pose un diagnostic poétique plus que médical sur son état de santé : la tumeur sur son cou ne serait rien d'autre que du chagrin refoulé. Dans Mars, il retrace ses souvenirs sous le prisme de la maladie.

Tout commence pendant l'enfance, sur la rive dorée du lac de Zurich. Une enfance éclatante de bonheur et d'harmonie, aux conséquences catastrophiques pour notre narrateur. “Mon éducation fut une expérience couronnée de succès. Malheureusement.” Fritz grandit dans ce genre de famille où l'on n'aime que la culture classique - celle des gens qui sont morts - et où l'on préfère dire “c'est compliqué” plutôt que d'exprimer une opinion sur des choses ma foi épouvantablement simples. Il ne connaît qu'un monde feutré, sans friction, sans conflit, sans confrontation, sans jugement, sans décision, sans goût, sans ami, sans amour, sans sexe, sans rire. “Ce calme qui régnait dans la maison de mes parents - c'était à se pendre.” À l'âge adulte, il est en apparence “un type nonchalant à qui la vie souriait”. Mais en réalité, pendant toutes ces années, il promène sa dépression, son inadaptabilité, son incapacité à aimer, à rire, à vivre.

Il ne blâme pas tant que ça ses parents issus d'une noblesse passablement dégénérée. “On peut bien avoir reçu une éducation ratée sans attraper pour autant le cancer.” Ils n'ont fait que déposer en lui le pire. Quelque chose de néfaste à laquelle ils ont docilement acquiescé. Mars est un essai à charge contre la notion de parents, contre le principe hostile qu'ils représentent, contre le système qui les entourent, contre un passé familial qui le ronge, contre un milieu bourgeois cancérigène, létal et suisse.

Dans ce texte, il s'accroche avec hargne à l'espoir ultime et vain d'une guérison, de même qu'à la partie de son être qui n'est pas malade, névrosée, métastasée. Si Fritz n'a pas réussi à vivre, il a réussi à écrire. Magistralement. Avec un sérieux léger et souriant, avec une conscience exorbitée de ses faiblesses, avec pléthore de guillemets pour marquer la distance et l'ironie, avec des paragraphes serrés de colère.

N'a-t-il pas choisi Zorn comme pseudonyme - qui signifie colère - plutôt que Angst, son vrai nom - qui signifie peur ?
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Mars est un merveilleux livre introspectif qui doit être rangé au rang des classiques. C'est l'ouvrage de référence de la crise existentielle, et de l'éloge à l'anti-conformisme.

Dans cet essai, il est question de l'aliénation d'un homme qui souffre du mal de vivre, ou plutôt du mal de ne pas avoir vécu ; parce qu'il pense ne pas avoir eu d'existence.
En effet, lors de son passage sur terre, il n'a éprouvé aucune passion.

Ce qui m'a le plus frappé, c'est la précision avec laquelle l'auteur décrit sa condition, et sa capacité à mettre des mots dessus. Je m'étonne même qu'il fut véritablement déprimé, car il fait preuve d'une extrême lucidité.
Ce qu'il y a de plus dramatique dans ce livre, c'est la pondération dont il fait preuve jusqu'au bout. Il ne ressent ni colère, ni rébellion, il prend simplement acte de sa situation ; comme s'il abandonne déjà l'idée de pouvoir se construire.

Cet essai est paru en 1977 — très en avance sur son temps —, et même si les troubles en question trouvent leur source dans un terreau d'une autre époque, on peut dire que ces anomalies psychiques se vivent aujourd'hui encore.
Alors, ce livre devrait en toucher plus d'un ; car, ce genre de malheur intérieur, nous le ressentons tous à certaines périodes. C'est faire preuve de salubrité mentale que d'en prendre conscience…




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Ce livre est un récit.
Le récit d'un homme mort jeune à la fin des années 70, à 32 ans. Un jeune homme bien né, d'une société bourgeoise de la rive droite du lac de Zurich.
Cette bourgeoisie a caractérisé toute sa vie, et caractérise tout son récit.

C'est un livre qui peut paraître assez complexe à lire, et je n'ai pas mis 5 étoiles tout simplement parce que j'ai sauté quelques pages de temps en temps. Il digresse, cela m'a moins intéressé.
Mais quand il parle vraiment de lui, j'ai trouvé ça édifiant, et son écriture à limpide est facile à suivre.

Il raconte sa vie tout simplement. Il met en exergue la bourgeoisie, la vie étonnante que lui ont proposé ses parents, à ne jamais dire un mot plus haut que l'autre, à ne jamais être en contradiction avec l'autre, à ne jamais faire de vagues et ne jamais se faire remarquer. Au point qu'il ne savait même pas se faire d'amis à l'école !
Il est aussi assez sévère avec lui-même.

J'ai eu de la peine à rebours pour ce jeune homme, qui meurt jeune d'un cancer qu'il attribue évidemment à son éducation.

Mars est un livre étonnant, une autobiographie que je relirai régulièrement.
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Voici un livre pour ceux que la psychanalyse intéresse .
Un homme d'une trentaine d'années atteint d'un cancer, diagnostiqué névrosé, entreprend de raconter ses jeunes années.
Il y recherche la cause de sa névrose, qui d'après lui, aurait déclenché son cancer. Un livre à l'ambiance très sombre, où l'on se noie dans les tréfonds de l'âme humaine. Pour amateur du genre.
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~ Testament réquisitoire ~

Ses premiers mots furent “Je suis jeune, riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul”
Incipit qui tombe comme une sentence !

Z. écrit peut-être pour peindre les facettes innombrables d'un moi qui ne file entre les mots, mais d'entre la vie, un moi demeuré longtemps souffreteux.

Z. écrit peut-être aussi pour finir par fondre en soi, prendre du recul jusqu'à toucher l'atome, mais surtout pour poser un diagnostic plutôt poétique que médical sur son état de santé.

“Selon moi, la tumeur c'étaient des larmes rentrées [...] parce que leur véritable destination, à savoir d'être pleurées, n'avait pas pu s'accomplir”

Comme une confidence cathartique d'un mourant, Z. dépeint son enfance zurichoise, son éducation bourgeoise, pudibonde & calme, comme la mort.
“Ce calme qui régnait dans la maison de mes parents - c'était à se pendre.” qui selon lui, donnera une âme & un corps rongés par la dépression & le Cancer.

Inutile de chercher l'apaisement dans ce livre, il n'y en a aucun. Mettre des mots sur soi, n'est, et ne sera jamais, une activité saine, écrit comme une révolte tardive & salutaire, avec finesse, lucidité & franchise, un brin égocentré, mais avec finesse. In fine, ce n'est pas son histoire qui importe, mais la vision qu'il a de sa vie.

Il décede a 32 ans, suite d'un cancer métastasé, il choisira Zorn comme pseudonyme - qui signifie colère - plutôt que Angst, son vrai nom - qui signifie peur ! Et ses derniers mots furent “Je n'ai pas encore vaincu ce que je combats ; mais je ne suis pas encore vaincu non plus et, ce qui est le plus important, je n'ai pas encore capitulé. Je me déclare en état de guerre totale”
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Jeune suisse, la trentaine écrit sous l'urgence d'une mort imminente: un cancer qu'on ne peut guérir. Il revient sur sa courte vie; d'un milieu bourgeois et aisé il n'a jamais manqué de rien: il a vécu dans une bulle où tout était fait pour l'harmonie: il suffisait de suivre les décisions du père...Zorn (colère) estime avoir vécu dans le mensonge et l'hypocrisie.
Il fait des crises dépressives sur fond de dépression chronique. Il ne parvient pas à se faire des amis, encore moins une petite amie.
Il est un élève modèle: bon travail scolaire et discrétion.
Sans arrêt il cherche à donner le change: il va très mal mais sauve les apparences et a toujours le sourire. Une fois ses études terminées, il devient prof.
Il semble moins préoccupé par son cancer que d'avoir été soumis à une éducation non pas sévère mais mensongère: il ne connait pas le monde et pense que son cancer est l'aboutissement de sa dépression. Il sait qu'il est névrosé et a commencé des psychothérapies.
Sur un certain nombre de points, je me suis identifiée au personnage notamment la dépression mais ma quasi non éducation nous sépare; je partage sa colère quand à l'hypocrisie bourgeoise mais je n'appartiens pas à cette bourgeoisie qui pense rendre heureux un enfant en le coupant du monde.
Un roman amer, touchant mais les redites m'ont agacée.
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