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Citations sur Le voyage dans le passé (115)

On voulait qu'il se sente chez lui dans cet endroit ou chaque objet, d'un luxe insolent et comme conscient de sa valeur marchande, lui lançait des regards railleurs, lui signifiant qu'ici, il n'était encore que toléré.
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« Toi, vieillir, Louis, répliqua-t-elle, s’emportant presque, ce que tu peux être présomptueux ! Regarde-moi plutôt, tu vois cette mèche blanche dans mes cheveux ? Tu es encore un gamin comparé à moi et tu veux déjà parler de la vieillesse : laisse-moi donc ce petit privilège ! Mais quel oubli de ma part, de ne pas t’avoir tout de suite conduit dans ta chambre, car c’est bien toujours ta chambre. Tu n’y trouveras rien de changé : dans cette maison rien ne change.
Toi non plus, j’espère, dit-il, tentant de plaisanter, mais lorsqu’elle le regarda, ses yeux s’emplirent malgré lui de tendresse et de chaleur. Elle rougit légèrement. On change, mais on reste la même personne. » (Page 60)
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« Tout était dit avec simplicité, sans aucune outrance ostentatoire, sans aucun attendrissement sentimental, tout le passé semblait purement et simplement dissous, se perpétuant sous la forme de la sympathie ; La passion semblait placée sous l’éclairage d’une pure amitié » (Page 52)
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Et cela éclata soudain,éclair déchirant l'obscurité du souvenir: c'était bien des paroles, un poème qu'un soir elle lui avait lu dans sa chambre.
Un poème, un poème en français, il en connaissait chaque mot et comme apportés par un vent brûlant, ils étaient là tout d'un coup sur ses lèvres, il entendit à une décennie de distance, prononcé par sa voix à elle, ces vers oubliés d'un poème étranger:
"Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres cherchent le passé"

Ces ombres elles étaient là, sur le chemin, les ombres qui avaient touché, réveillé les mots par elle prononcés, oui, mais bien plus encore.
Et dans un frisson, il perçut soudain, effrayé, le sens de cette révélation; ces paroles étaient prémonitoires: n'étaient-ils pas eux mêmes les ombres qui cherchaient le passé et adressaient de sourdes question à un autrefois qui n'existait plus car ni elle ni lui n'étaient plus les mêmes et ils se cherchaient, en vain, se fuyant et s'immobilisant efforts sans consistance et sans vigueur, comme les noirs fantômes devant eux ?
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C’est ce qui arriva aussi à cet être passionné, sans qu’il s’en aperçut – quand les semaines, les mois et finalement une année, puis une deuxième, s’écoulèrent sans que lui parvinssent un mot, un signe d’elle ; alors son image commença peu à peu à s’estomper. Chaque jour consumé dans le travail déposait quelques petites poussières de cendre sur son souvenir ; il rougeoyait encore, comme des braises sous le gril, mais, finalement, la couche grise ne cessait de s’épaissir. (p.59)
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Le rêveur releva machinalement les yeux, délaissant ses pensées pour regarder autour de lui, et chercha à percer l'obscurité, à reconnaître, penchée vers lui, la silhouette de son rêve, tout alanguie dans la pénombre. Oui, elle était bien là, celle qui lui avait toujours été fidèle, qui l'aimait en silence, elle était venue, avec lui, à lui - il ne se lassait pas d'embrasser ce qu'il pouvait saisir de sa présence.
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Sans un mot, ils furent enveloppés d'une gêne qui les paralysa, d'autant plus sensible dans cette pièce inoccupée et silencieuse : elle se précipita nerveusement vers le cordon de la fenêtre pour relever les rideaux et laisser entrer plus de lumière sur l'obscurité feutrée des choses. Mais dès qu'un brusque jet de lumière crue fit irruption dans la pièce, ce fut comme si les objets étaient soudain doués d'un regard et, inquiets, effrayés, s'animaient. Tous, ils s'avançaient, éloquents, porte-parole importuns d'un souvenir. Ici, l'armoire, que sa main prévenante avait toujours discrètement mise en ordre pour lui, là-bas, la bibliothèque qui s'était méthodiquement remplie selon ses désirs les plus fugaces - parlant un langage plus voluptueux encore - le lit, qui renfermait, il le savait, sous sa couverture déployée, un nombre incalculable de ses rêves. Dans le coin, là-bas - cette pensée l'atteignit, ardente - l'ottomane, où autrefois elle s'était refusée à lui : partout il sentait, ravivés par sa passion désormais brûlante, incandescente, des signes et des messages qui venaient d'elle, de cette femme qui était à côté de lui, respirant en silence, violemment étrangère, insaissisable. Et ce silence qui régnait depuis des années, épais et accumulé dans cette pièce, enflait désormais considérablement, comme effrayé par la présence d'êtres humains ; il ressentait un poids qui oppressait ses poumons et son coeur accablé.
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