Née en 1542, reine d'Écosse à six jours à la mort de son père, élevée en France par crainte d'un assassinat par
Henry VIII, reine de France à dix-sept ans, veuve à dix-huit avant un retour en Écosse où elle est reine catholique dans un pays devenu protestant, mariée trois fois, accusée d'avoir organisé le meurtre de son deuxième mari avec la complicité de celui qui deviendra son troisième, emprisonnée vingt ans puis exécutée par sa cousine la reine d'Angleterre Elizabeth 1ère à seulement quarante-quatre ans, le bourreau étant tellement ému qu'il a dû s'y reprendre à trois fois pour réussir à lui trancher la tête… Je suis, je suis… (mode questions pour un champion activé) :
Marie Stuart.
Stefan Zweig s'empare de ce destin, aussi extraordinaire que funeste, et nous livre ici une biographie détaillée d'une grande acuité psychologique, où il a travaillé avec le plus d'objectivité possible. Il s'est surtout concentré sur ses années « écossaises » si l'on peut dire, du moment où, jeune veuve, elle embarque pour l'Écosse, jusqu'à son emprisonnement par Elizabeth. Six ou sept ans où sa personnalité se révèle, infatigable, impulsive, brillante et enflammée.
C'est une lecture qui m'a beaucoup intéressée. Je ne connaissais que les grandes lignes de l'histoire de
Marie Stuart, et j'ai beaucoup appris. Cette biographie se lit souvent comme un roman d'aventures, avec péripéties et rebondissements, suspense et trahisons – jusqu'au bout, sa vie fut follement romanesque.
De
Stefan Zweig, je n'avais lu jusqu'ici que quelques nouvelles, Amok,
La confusion des sentiments, vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, que j'avais adorées. Et pourtant au début de
Marie Stuart, nous ne sommes pas partis du bon pied,
Stefan Zweig et moi. Quand il s'est mis à parler des écossais en général comme des bouseux mal dégrossis et incultes, j'ai eu du mal, j'avoue. Ensuite, il s'explique. La noblesse écossaise ayant toujours comploté et rechigné à laisser le pouvoir à un roi, la couronne avait échu au clan des Stuart plutôt pour damer le pion à celui des Hamilton (moins malléables) qu'autre chose. Les Stuart avaient toujours la bride tenue extrêmement serrée et peu de subsides. Si on ajoute à cela une réforme religieuse récente et très agressive prônant l'austérité, résultat, la cour n'avait aucun faste et peu de lustre intellectuel. Vue des cours européennes en pleine Renaissance, où les nobles rivalisaient d'ardeur et d'éducation artistique, celle d'Écosse semblait complètement arriérée. Également, la vision des femmes de
Stefan Zweig est souvent datée. Mais n'oublions pas que ce livre a été publié pour la première fois en 1935 – et sa traduction française date de 1936. Sinon, ce texte est vraiment formidable.
Cette lecture m'a souvent rappelé mon séjour il y a trois ans à Edimbourg. Touchée d'avoir vu la chambre où
Marie Stuart a mis son fils au monde – le futur roi d'Écosse Jacques VI devenu Jacques 1er roi d'Angleterre à la mort d'Elizabeth :
Marie Stuart, ayant déjà été victime d'un coup d'état dans ses appartements du palais de Holyrood, s'était réfugiée dans le château ancien pour son accouchement. Elle s'y savait plus en sécurité. Par contre, quand j'ai vu la statue de John Knox grandeur nature dans la cathédrale St Giles, je ne savais pas que c'était un si furieux prédicateur !