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EAN : 9785730000315
147 pages
(30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
Collection: Les grands peintres russes
Format beau livre.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Sous les vagues, la mer est dressée, on dirait qu'elle est au ciel, qu'elle touche et arrose les nuages qui couvrent tout."
(Ovide, "Métamorphoses")

Quand on est un gamin né dans une famille modeste et que l'on passe tout son temps libre à griffonner avec un morceau de charbon sur les murs fraîchement chaulés de ses voisins, il n'y a que deux issues possibles. Soit on est sans talent et on se prend une raclée, soit on a vraiment un don, et nos graffitis deviennent la fierté de la bourgade.
Le petit Ivan Aïvazovski (1817-1900) avait autant de talent que de chance. Ses croquis inspirés de scènes quotidiennes de sa petite ville provinciale furent remarqués et admirés par le gouverneur de Feodossia en personne, et le voilà avec une bourse pour l'académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg.
Ce fut le début d'une longue et riche carrière de peintre, et aussi d'une passion qui ne l'a plus jamais quitté. La mer...

J'étais agréablement surprise quand l'un de mes élèves a apporté ce vieux livre des éditions Aurora, pour essayer de faire une copie, ou au moins une paraphrase, d'un tableau d'Aïvazovski appelé "Iceberg". Parmi les peintres romantiques de cette époque, je le trouve quelque peu oublié, ou injustement méconnu, et pourtant : Aïvazovski était à la mer ce que Caspar David Friedrich a été à la montagne. le même sens du détail presque hyperréaliste, mélangé aux ambiances romantiques de l'aube, du crépuscule ou des éléments déchaînés, les couleurs à l'appui.
On a feuilleté les reproductions dans le livre avec admiration - la même que celle qui a valu au peintre d'être promu Chevalier de la Légion d'honneur lors de son exposition parisienne en 1842. J'appréhende juste le moment où S. me demandera des conseils pour peindre la transparence bleutée et opaline de cet iceberg qui se dresse comme une forteresse contre le ciel hivernal, ou encore pour ces vagues glacées couleur acier qui agitent la mer des contrées boréales, car n'est pas Aïvazovski qui veut...
Pour peindre la mer dans tous ses états, on ne peut dédaigner aucune couleur sur la palette, et celle d'Aïvazovski était très riche : les tonalités froides vert-de-gris sont très souvent rehaussées par l'irruption du soleil dans les nuages, pour créer des atmosphères dramatiques dans la pure veine romantique. La mer s'enflamme au coucher du soleil, elle s'apaise au clair de lune, et s'illumine à nouveau à travers la brume quand le jour se lève. Parfois elle se déchaîne, et le bateau fait naufrage... les mouettes crient et les pauvres hères s'agrippent aux mâts brisés. D'autres bateaux longent sereinement les quais de Saint-Pétersbourg, posent lors d'une revue navale, et encore d'autres combattent et explosent dans un nuage de feu qui se reflète de façon saisissante sur les vagues.

Tout comme chez Friedrich, on a parfois presque tendance à sourire de cette abondance d'effets dramatiques, mais ce qui se transformerait très naturellement en kitsch chez un peintre médiocre force toujours le respect chez Ivan Aïvazovski.
Son portrait en début d'ouvrage présente un très jeune homme au sourire énigmatique de Joconde, et la dernière photo de 1898 montre toujours le même sourire, encadré cette fois par d'épatantes rouflaquettes blanches . Entre les deux images, quelques 6000 toiles et une vie bien remplie.
Le jeune prodige se spécialise en "peinture de batailles" à l'académie, décroche une médaille d'or à la fin de ses études, et la bourse habituelle pour un séjour en Italie. Mais pas tout de suite : il retourne d'abord pendant deux ans à Feodossia, pour se perfectionner... et pour percer tous les secrets de l'océan.
En Italie il a du succès. On l'admire et on l'imite, tout comme plus tard en France, en Hollande ou en Grèce. Turner, issu lui-même du courant romantique, trouve ses peintures "véridiques mais théâtralisées" tout à fait "envoûtantes".
Aïvazovski retourne ensuite en Crimée, où il se lie avec la marine russe et travaille de plus en plus souvent "sur le terrain" à bord d'un navire, même pendant la guerre. Ses seuls tableaux "terriens" seront peints lors de son séjour au Caucase, et sa seule (à ma connaissance) toile qui s'inspire de la mythologie représente Poséidon et ses chevaux. Inspirée par celle de Walter Crane ? En vérifiant les dates, les deux tableaux similaires datent pratiquement de la même époque, mais je trouve la version d'Aïvazovski plus "vivante"... une fois de plus, à cause de la mer.
Les habitants de Feodossia n'oublieront jamais leur voisin. Non seulement pour son art, mais aussi pour tout ce qu'il a fait pour la petite ville. Il a aidé à la transformer en port de commerce grâce au chemin de fer, et à construire les conduites d'eau potable. Sans parler de ses initiatives culturelles, comme le petit musée archéologique, lié à sa passion pour les fouilles.
Je ne sais pas si ce musée existe toujours, mais aujourd'hui on en trouve au moins un autre : le Musée d'Ivan Aïvazovski, inauguré par les habitants en l'honneur de leur peintre bien aimé, mort à 83 ans. Il n'a pas pu finir le tableau commencé le matin même... un jour j'aimerais pouvoir faire pareil ! 5/5
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