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3,82

sur 286 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment accepter la mort de son enfant ? La vengeance permet-elle de continuer à vivre ? Est-il possible de pardonner, d'oublier ?

Eduardo, peintre-portraitiste, a choisi de tuer celui qui a causé l'accident dans lequel sa femme et sa fille sont décédées. Sorti de prison, il vivote en s'abrutissant avec l'alcool et les médicaments. Saura-t-il trouver un peu de réconfort auprès de la femme de son immeuble qui vit seule avec sa fille malade ?

Une violoniste célèbre n'a jamais pardonné. Son couple s'est disloqué, sa carrière abandonnée. Elle demande même à Eduardo de faire le portrait d'Arthur, l'homme qui a écrasé son fils avec sa voiture. Pourquoi vouloir cette image ? Est-ce qu'entretenir la haine peut l'aider à ne pas oublier son fils ?

Poète devenu homme d'affaires, Arthur est en prison pour avoir écrasé deux piétons. Mais sa propre fille est également disparue. Il est prêt à tout pour la retrouver, même à engager un détective, un ancien bourreau d'une junte militaire.
Des personnages secondaires alimentent aussi les réflexions sur la vie et la mort, le bien et le mal : Ibrahim, l'Algérien torturé par des Français, M. Who qui vend ses charmes et qui veut s'enfuir avec la jeune Chinoise dont il est amoureux ou encore l'Arménien qui veut venger sa fille.

Un excellent pavé noir où s'entrecroisent des destins tragiques. Il sera question de crimes et de vengeance, de grand amour et d'amour parental, d'art et de torture.
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Et si nous n'étions que des marionnettes aux mains d'un hasard machiavélique qui joue avec nos destins ? Et si nous n'étions que de simples pantins manipulés condamnés à dégringoler de nos vies, mutilés par les blessures et les coups du sort ?
Victor del Arbol fait un examen de l'humain dans sa dimension tragique.
Douleur de la perte d'un être cher, vengeance, souffrance, solitude… les thèmes qui traversent ce roman noir ne sont pas légers. Il se développent en des temps et lieux variés, le fil conducteur est cependant solidement axé autour d'une grande puissance : les failles qui lézardent l'âme des personnages.

Certains dialogues sont échangés comme des décharges, certaines lignes semblent avoir été écrites sur le vif et d'autres lissées par la patine de la mémoire. Elles racontent inlassablement les pulsions noires qui rongent et consument les personnages. Ils partagent différentes formes de solitude qui finissent par se heurter.

La force de cet auteur en plein essor est de déployer un canevas historique riche et précis et d'y broder avec une élégante mélancolie. Entre mélancolie noire et fulgurances poétiques, brutalité et désirs, Victor del Arbol capture l'essence torturée des personnages avec une psychologie incisive et un style impeccable.

Est-ce que chaque chemin mène toujours quelque part ?


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La Maison des chagrins est vraiment un fabuleux et magnifique roman noir, porté par une écriture puissante, élégante et racée, ainsi que des personnages qui crèvent le papier, et dont l'auteur dissèque la psychologie complexe sous les yeux ébahis du lecteur.

L'intrigue, en apparence simple, se révèle être en réalité un véritable monument de construction virtuose, en ne dévoilant son ampleur, sa profondeur et ses multiples intrications que petit à petit, comme les pièces disparates d'un grand puzzle que le lecteur assemblerait naturellement en suivant le récit captivant de del Arbol, mais qui, au fil des rebondissements et des retournements de situation, laisserait transparaître au final un tableau d'ensemble vertigineux et terrifiant, radicalement différent de l'image que l'on croyait recomposer initialement.

Magistral, éblouissant, passionnant, glaçant et souvent poignant, La Maison des chagrins est comme une gigantesque et diabolique boîte de Pandore que plusieurs personnes auraient ouverte au nom de la vengeance, croyant ainsi pouvoir apaiser la souffrance qui les ronge, celle du deuil impossible de leur enfant ou de l'être qu'ils aimaient, mais dont ils auront à supporter en retour l'incroyable cruauté de la vérité, laquelle les obligera en plus à regarder dans le miroir l'insoutenable reflet de leur véritable personnalité.

Victor del Arbol s'impose comme l'un des très grands auteurs de romans noirs, à suivre de près.
Et sa Maison des chagrins fait partie de ces grands romans qui cloueront le bec, en les ridiculisant, de tous ceux qui oseront encore affirmer aujourd'hui que le polar n'est pas tout à fait de la littérature...
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Dans ce roman, on croise une galerie de personnages que nous ne sommes pas près d'oublier, dont les destins sont – tragiquement – liés. Ce roman est un véritable puzzle, chaque chapitre apporte une nouvelle pièce qui vient s'imbriquer dans l'histoire.
Tous les personnages – Edouardo, Arthur, Ibrahim, Gloria, Olga, Andrea, M. Who, Maribel –
sont des êtres cabossés par la vie, ou dont la vie a basculé, qui sont tous unis par la douleur, principalement celle de la perte d'un être cher (un enfant, une femme, un mari, un amant…) et par la haine. « À quoi sert la douleur, si on ne peut la partager avec celui qui te l'inflige ? Je ne suis pas là pour pardonner, Eduardo. J'ai besoin de comprendre, et j'ai besoin de haïr » dit Gloria à Eduardo, le peintre à qui elle a demandé de réaliser le portrait de l'homme qui a tué son fils. « Qu'est-ce qui nous unit ? La perte, la culpabilité, le remords ?"
Et tous, à commencer par Edouardo sont à la fois victimes et coupables. Ces êtres portent tous une blessure qui a laissé en eux ou sur eux (pour Ibrahim) des cicatrices. Que cherche réellement Edouardo en acceptant la commande de cette célèbre violoniste de réaliser le portrait du chauffard qui a tué son fils alors que lui-même a perdu femme et enfant dans les mêmes circonstances et qu'il s'est fait justice lui-même ? le portrait qu'il va faire d'Arthur, le chauffard, n'est-il pas en réalité une sorte d'auto-portrait ? Où la vérité est-elle ailleurs ?
Aucune horreur ne nous est épargnée dans ce roman : viol, torture, assassinat, pédophilie, prostitution, on plonge petit à petit dans la noirceur la plus absolue. Et rien n'est laissé au hasard, et c'est là toute la puissance de ce roman policier, pas de place pour les coïncidences, tout s'explique et tout est lié, chaque acte découle d'un autre. Aucun détail n'est gratuit et les indices laissés par l'auteur sont nombreux pour tisser sa toile.
Del Arbol nous plonge dans la noirceur de l'âme humaine et dans le cercle infernal de la vengeance. L'intrigue est complexe mais ficelée de main de maître et le suspense est soutenu jusqu'à la fin car on ne sait quelle vérité va finalement se révéler, celui qu'on croyait coupable se retrouve victime, et vice-versa. Tous les personnages sont fouillés et l'auteur leur donne tant d'épaisseur qu'on ne peut que s'y attacher.
La construction de ce roman est si habile qu'on ne peut le lâcher : le portrait de chaque personnage est fait par petite touche, à l'image d'une peinture, et on est tour à tour plongés dans leur présent puis dans leur passé et les moments clés de leur vie, qui les ont fait basculés.
Un roman d'une grande noirceur où l'adulte n'est pas protecteur, le père, le mari souvent absents ou défaillants. Ce thème de l'enfance trahie est particulièrement touchant.
Une vraie réussite et une vraie découverte pour moi d'un auteur espagnol que je ne connaissais pas et dont je vais m'empresser de lire le premier ouvrage. Un coup de coeur !
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Les romans de Victor del Arbol ont quelque chose d'à la fois vertigineux et de désespéré. Dans la maison des chagrins, on retrouve comme dans la tristesse du Samouraï, cette immanence du malheur liée à la condition humaine. L'homme, quelle que soit son origine ou sa position sociale, est condamné à endurer dans son corps, dans son âme ou dans son coeur, les pires tourments. le bonheur, par essence éphémère, se transforme inéluctablement en souffrance à un moment ou un autre de la vie.

« La vie est injuste, elle se comporte comme les tricheurs. Elle te met tout à portée de main, te fait croire que le bonheur n'est pas une ambition démesurée, et quand tu joues avec elle, en toute confiance, elle rafle tout à la première levée, elle ne t'a rien laissé, mais elle t'interdit de quitter la table, elle t'oblige à rester, à jouer cette partie que tu ne pourras de toute façon jamais gagner. »

Partant de ce postulat, Victor del Arbol bâtit une histoire tragiquement belle où chacun des personnages est le maillon d'une intrigue construite à la manière d'un puzzle. Il se met en place lentement, révélant les liens entre les différents protagonistes et les conséquences désastreuses de comportements vengeurs et désespérés, commis dans le passé.

Le roman débute sur une demande étrange formulée par une célèbre violoniste. Elle souhaite qu'Edouardo, un peintre autrefois célèbre, ruiné moralement par l'accident mortel de sa femme et de sa fille 14 ans plus tôt, fasse le portrait de l'homme qui a tué son fils en le renversant avec sa voiture. Morts accidentelles ou provoquées, elle s'enchaînent dans un sinistre effet de dominos...

Une fois le livre commencé, il est difficile de le lâcher. L'auteur orchestre en effet avec talent une intrigue terriblement prenante et une mise en scène de personnages attachants dans leur noirceur.
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version audio.
Perdre sa famille et surtout un enfant; faut-il se résigner ou chercher à se venger du tueur: homicide apparemment involontaire?.
Edouardo a voulu se venger; il a fait de la prison et de l'HP, sorti sous contrôle d'une psy, il noie son chagrin dans l'alcool: cela fait 14 ans que sa femme et sa fille ont été tuées, il a voulu faire justice grâce à de mauvaises informations et a tué un innocent. Ibrahim et Arthur sont dans la même cellule: ce dernier a tué deux jeunes apparemment involontairement , conduite en état d'ivresse.La mère de l'ado tué, célèbre violoniste, demande à Edouardo de faire le portrait d'Arthur, l'assassin de son fils.
Rien n'est simple et les rebondissements sont nombreux. On est tenu en haleine d'un bout à l'autre.
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"Evoquer le passé et le rattacher au présent pouvait être aussi épuisant qu'explorer un labyrinthe dont on ne connaîtrait qu'une partie."

Pour parler de la Maison des chagrins, c'est d'abord un propos de Goethe qui me revient. Un propos où il s'étonne et se félicite - à propos de Jacques le fataliste de Diderot - d'être capable d'engloutir une telle portion d'un seul coup. C'est bien ce que l'on peut ressentir après avoir dévoré ces presque 500 pages en quelques heures. C'est qu'il ne sont pas si fréquents les récits et les livres qui vous attrapent et ne vous laisse plus de répit avant la dernière page, voire au delà. Ce fut le cas pour moi avec La tristesse du Samouraï, cela a de nouveau été le cas avec cette Maison des chagrins.

Il y a quelque chose de désespérant et de vertigineux dans les récits multiples qui se croisent et se lient inextricablement au fil des chapitres. le titre original insiste sur la blessure que chacun porte et avec laquelle il vit. Blessure par laquelle chacun vit, continue de vivre ou de survivre. Des blessures morales qui sont aussi des blessures physiques qui ont marqué profondément les corps : genou et main mutilée, visage défiguré par une cicatrice, stérilité... La vie ne laisse personne indemne : accidents, guerres (l'Algérie), dictature (Pinochet et Franco), amours trahis, mais aussi le hasard... ont fait dans les vies de chacun des noeuds impossibles à défaire. Des noeuds dont ils n'est pas sûr que la mort même puisse les trancher.

Dès les premières pages nous voilà embarqués dans un labyrinthe où l'on sent confusément que rien n'est vraiment ce qui semble, que chacun cache quelque chose d'inavouable, pour soi-même comme pour les autres. A tout moment l'on devine ou cherche à deviner ce qu'il y a derrière. Avec maestria l'auteur nous laisse entendre quelques échos, quelques silences, au détour d'une phrase, d'un mot... comme des ombres devinées dans un brouillard fuyant.

On pourrait être tenté de résumer, ou au moins de décrire des ébauches de situations ou de personnage. Mais il ne vaut peut-être mieux pas. Peut-être que La Maison des chagrins fait partie de ces livres dont il ne faut surtout pas raconter l'histoire aux futurs lecteurs pour ne pas le trahir et affaiblir leurs émotions de lecteurs. L'éditeur aurait peut-être même dû ajouter un bandeau interdisant le récit - un peu comme Hitchcock le fit avec Psychose - pour permettre aux lecteurs de se retrouver dans la situation de certain des protagonistes : irrémédiablement pris dans une réalité qui leur échappe, qu'ils l'acceptent ou pas, et bien obligés de faire avec, quel qu'en soit le prix.

Il y a de la noirceur en chacun de ces personnages, la plus noire n'étant bien bien sûr ni la plus évidente ni la plus sombre et nous, lecteurs, sommes un peu comme Guzmán, mû par une curiosité perverse sur le comportement difforme des êtres humains. Une difformité due aux blessures qui maintiennent en vie et dont la guérison peut être fatale. Comme dans les tragédies antiques, échapper au destin, que l'on y croit ou pas, est un rêve fou qui se paye au prix fort.

Au départ un banal et tragique accident de voiture et la volonté de comprendre, sinon de réparer. Et puis, une fois qu'un fil est tiré, qu'une porte est ouverte, on ne peut plus rien arrêter de ce qui a commencé bien avant et ne se finira que quand l'heure sera venue. Les mots qu'on aurait pu dire, qu'on auraient dû dire ou taire, auraient-ils eu le pouvoir d'arrêter les chose, de modifier leur cours ? Nous sommes avertis dès le prologue : On a toujours quelque chose à dire quand il n'est plus le temps de le dire. Il ne reste alors plus qu'à agir. Pour le meilleur ou pour le pire. Presque toujours pour le pire.


PS : le titre français est tiré d'une des phrases du récit. Il est beau. On peut préférer le titre original : Respirar por la herida (Respirer par la blessure). En tout cas, merci pour au traducteur Claude Bleton qui permet aux non-hispanophones ou aux hispanophones approximatifs (dont je suis) de pouvoir se plonger dans de tels univers.
Lien : http://filsdelectures.over-b..
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Intrigue à tiroirs et ficelles. Sordide ou torture de nos entrailles ou de notre esprit ? Les deux ? À vous de voir et surtout aux parents d'ado. En tout cas à dévorer sans retenue.
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Encore un bon roman noir de Victor del Arbol empreint de désespoir, de cynisme, de manipulations, de vengeance et de haine.
Le peintre Eduardo Quintana a perdu son épouse Elena et sa fille Tania, quatorze ans auparavant lors d'un accident de la circulation. Il est anéanti et il boit.
Son seul soutien, la seule personne à qui il puisse se raccrocher est Olga, galeriste. Par son intermédiaire, il reçoit une proposition étrange : une certaine Gloria Tagger lui demande de faire le portrait de son fils Ian, renversé par un chauffard en état d'ébriété. Une fillette, Rebecca, est également tuée dans le même accident...
Et à partir de là commence un récit palpitant plein d'une tension sourde qui augmente de page en page.
Nous croisons toute une galerie de personnages animés par l'esprit de vengeance...
L'air est saturé de haine et l'amour est présent de façon tragique.
Ce roman, à l'écriture pleine de force, est à la fois passionnant et oppressant.

Lecture recommandée.
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Deuxième roman lu de Victor del Arbol magistral sensationnel grandiose . A lire je le RECOMMANDE !!!! Car il va énormément vous SURPRENDE !!!!
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