D'explication en explication, c'est l'implication que tu fuis. Tu ignores ce que peut être un monde plein où rien, pas une brindille d'herbe froissée par le vent, ne se détache du râle du vieillard agonisant.
Mieux vaudrait un mensonge franc que ces contorsions retorses.
Il abhorre les mirages et les chimères et, tout imprégné de Platon, qu'il a lu et relu en même temps qu'il dévorait Érasme, il condamne les fards, les artifices, qui masquent la Vérité. Un artiste sera toujours pour lui une créature suspecte, un bonimenteur et un truqueur. Il ne veut pas que je le peigne, mais que je l'exprime.
Il y a un mensonge inhérent au roman dit historique, qui anesthésie toute angoisse en donnant l'illusion qu'on peut appréhender le passé parce qu'il existerait, par-delà les différences, une nature humaine, égale à toutes les époques.
On ne voit bien qu'avec le souvenir.
Point de terreur sans vérité, qui est son fondement. Ne posséderait-on point la vérité, comment reconnaîtrait-on l'erreur ?
Quand l'ennui se fait trop lourd, il cherche dans sa mémoire des poèmes de sa jeunesse, qu'il se récite avec un air de dévotion. D'antiques poésies qui chantent la bravoure et l'honneur, deux mots qui le divertissent ! Il ne saurait dire s'il y a jamais cru. Peut-être que oui. La jeunesse est crédule et il a eu, malgré tout, quinze ans.
On le respecte, on l'admire, on ne l'aime guère, ce qui d'ailleurs l'indiffère, car il écarte toutes les affections.