Pour fêter les 100 ans du patriarche fondateur de sa fortune,
le clan Snaeberg se réunit dans un luxueux hôtel conçu dans le respect de l'environnement par un architecte écolo. Bloc de béton posé dans un champ de lave où se mélangent le gris de la roche et le vert du lichen, le bâtiment dispose d'un salon d'observation muni de baies vitrées pour admirer les aurores boréales sans se mouiller les pieds. Une application permet aux clients de piloter depuis leurs smartphones les éclairages, portes et fenêtres, températures de l'air et de l'eau. le confort moderne quoi !
L'Islande bénéficie d'un fort capital sympathie ; de nombreux voyageurs rêvent de découvrir cette mystérieuse île à l'avant-poste de l'Europe où le sol se fend au milieu des glaciers pour cracher de la lave en fusion, où les légendes sont encore vivaces et la population rude à la tâche. J'escomptais retrouver dans
le clan Snaeberg ce subtil mélange, cette atmosphère si particulière, mais il n'en a rien été. D'un décor de rêve, de cette terre de feu et de glace, l'auteure a fait une morne plaine tiède et insipide.
Manque d'originalité dans tous les registres : l'intrigue banale est traitée superficiellement ; le style est plat ; l'écriture simple sur le mode sujet-verbe-complément ; le découpage donne alternativement la parole à plusieurs protagonistes, qui à la fin de leurs chapitres dédiés, laissent entendre qu'ils ont des secrets à révéler, et qu'on va voir ce qu'on va voir. L'intervention des policiers est cosmétique et ne trouve sa justification que dans une révélation poussive en fin d'ouvrage. Mais surtout, les membres de la smala Snaeberg normalement dysfonctionnelle, ne présentent aucun intérêt. Les femmes en particulier jouent les pauvres-petites-filles-riches, à l'instar de Petra : « Les gens s'imaginent qu'avoir de l'argent et de jolies choses fait le bonheur. Pour moi, ça n'a jamais été le cas. de mon point de vue, notre richesse a toujours été un poids plus qu'autre chose ». Ca, c'est dit en montrant le service minimum de la traduction. Lea quant à elle promène son ennui existentiel sur les réseaux et apprend à ses dépens « qu'il y a beaucoup de gens louches sur internet ». Voilà pour l'analyse sociologique.
Sinon tous les personnages sans exception, mâles ou femelles, picolent comme des trous, de la vodka-cranberry pour la couleur locale, ou du champagne. Rarement j'ai lu un roman où l'on s'arsouille autant, en plein dry-january, c'est une vraie provocation :-). Ils sniffent aussi de la cocaïne et/ou avalent des pilules anti-déprime, ou tout en même temps. Parfois un thé glacé au thym arctique agrémenté de sirop de myrtille, toujours pour la couleur locale, apparaît entre deux vomis. S'il leur reste du temps, ils se douchent, se douchent, se douchent avec gels et shampoings au thym arctique et bouleau, et mettent à jour leurs réseaux sociaux.
Au final, une lecture d'autant plus décevante qu'après quelques brefs chapitres et alors que je ne suis pas le génie des alpages, j'avais reniflé la forte odeur du pot aux roses familial maladroitement masquée par celle du thym arctique ! Je sais désormais que je ne lirai pas la trilogie de l'auteure.