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Critiques de DOA (447)
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La ligne de sang

Disparition, sorcellerie, superstition, scènes flippantes et addictives, héros et héroïne empathiques, DOA a de solides atouts et sait s'en servir assurément, difficile de lâcher tant l'intrigue est dense et anxiogène.

Jusqu’à une fin totalement abrupte qui nous laisse pantois et secoué. Accrochez-vous !
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Pukhtu Secundo

Faut-il absolument lire Pukhtu Secundo après Pukhtu Primo ?



En voici déjà au moins une bonne raison : en préambule de Secundo, sur une dizaine de pages, l’auteur livre un remarquable résumé de Primo. Ne vous y trompez pas, ça ne peut se substituer à sa lecture complète. C’est juste l’occasion de remettre de l’ordre dans ce qu’il faut retenir du livre, si votre cerveau est resté tourneboulé par sa complexité, son rythme, sa violence et sa longueur.



Dans ma chronique sur Pukhtu Primo – à lire ou relire ! –, j’avais évoqué un tableau hyperréaliste de péripéties dramatiques fictives et réelles s'enchaînant en 2008 au cœur de la guerre d’Afghanistan ; des situations complexes ; des descriptions insoutenables. Avec finalement, le sentiment d’une histoire qui tourne en boucle … Normal ! c’était tout simplement la réalité du terrain, une situation conflictuelle impossible à terminer. Cela reste vrai dans Secundo, qui en est la suite immédiate.



Des personnages avaient retenu mon attention. J’ai eu envie de savoir ce qui leur arrive dans Secundo, ou plutôt – soyons lucide – ce que le romancier leur a réservé.



Le début est dans la continuité de Primo. En Afghanistan, le même tohu-bohu quotidien d’attentats, d’explosions, d’embuscades, d'enlèvements suivis de tortures, de mutilations et d'assassinats. Les événements s'enchaînent toujours de façon aussi trépidante… mais la magie prend moins. Je me suis même inquiété d’avoir à supporter cela pendant 700 pages...



En fait, le livre comporte trois parties. Assez rapidement, le centre de gravité du roman bascule sur Paris, pivot d’un très lucratif business de la drogue reliant l’Afghanistan, l’Afrique, le Kosovo et Dubai. Aux manettes, un notable français, ancien officier des services secrets. Autour de lui, une bande constituée quelques années plus tôt lors d’une opération spéciale menée contre des terroristes islamistes, une opération qui aurait quelque peu dégénéré... La bande découvre tardivement que quelques camarades de l’époque, des mercenaires plus ou moins occultes et portés disparus, sont bien vivants et pourraient vouloir régler des comptes… Sans oublier les deux jeunes femmes sexy que j’évoquais dans ma chronique de Primo. Comme je l’anticipais, elles courent de grands risques…



Pour la dernière partie du roman, retour en Afghanistan, dans les zones tribales à la frontière du Pakistan, pour un genre d’aventures en rupture. Un lion, un lynx et un renard redeviennent des êtres humains ; trois combattants féroces retrouvent une inclination spirituelle, probablement en conscience de l'imminence de leur propre anéantissement, d’une aspiration au sacrifice. C’est ainsi qu’un moudjahidine acharné, fasciné par des yeux verts, se voit soudain rappelé aux valeurs patchounes les plus nobles ; qu’un mercenaire psychopathe se transforme en chevalier blanc, protecteur de l’orphelin et de la veuve. Et que celui qui cherchait sa voie finit par la trouver en direction du Bien plutôt que vers le Mal… Avec aussi beaucoup de pognon à la clé. A condition de survivre !



Sauver une femme, une Française ! Voilà à quoi tous trois s’attellent, dans une course-poursuite implacable au travers d’une montagne prise dans les intempéries hivernales. A leurs trousses, une meute plurielle de poursuivants – armée pakistanaise, talibans, moudjahidines, milices… – prêts à s'entretuer, mais à la traque de la même fugitive.



Les qualités de l'écriture sont les mêmes dans les deux volumes. Un style qui privilégie l'efficacité. Des descriptions qui ne reculent pas devant le trash. Une capacité à s’attarder sur d’infinis détails pour ralentir la lecture, faire durer l'incertitude, alimenter l’attention et la tension du lecteur. Des péripéties appuyées sur une documentation très fouillée. Et en contrepoint, toujours les vrais faux communiqués diffusant et commentant des informations du terrain.



L’auteur décrit des services d’ordres français aussi inefficaces que leurs alter ego américains. «Barbouzerie petit bras à la française», au prétexte de budgets insuffisants. Gros moyens américains, mais absence de stratégie et de cohérence dans leur déploiement. Chez les uns comme chez les autres, une bureaucratie nuisant à la fluidité de communication, sur fond de crocs-en-jambe entre services rivaux.



Seule la violence fait bouger les choses, mais bougent-elles dans le bon sens ? Dérangeant de découvrir – quels que soient leur camp, leur origine ou leurs convictions – des hommes aussi cruels et sanguinaires. Des sauvages, des barbares. Ou des fêlés, démunis de toute sensibilité humaine. Glaçant le comportement face aux femmes, des talibans, moudjahidines et autres combattants locaux : des lâches, des minables ; ridicules avant d’être monstrueux. Comment ne pas s’insurger contre ces traditions-là !



Pukhtu Primo et Pukhtu Secundo : deux livres différents et complémentaires. Une lecture réellement captivante et édifiante. Mais je ressens comme une envie de passer à une littérature plus légère…
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Citoyens clandestins

2001 : deux barils d'un gaz hautement toxique, d'origine française, sont vendus à des terroristes islamistes. Sitôt informés, les services secrets craignent un attentat d'ampleur faisant suite à celui du 11 septembre de l'année à New York. Les différents services secrets se mobilisent alors, sans se concerter, pour démanteler les cellules terroristes et retrouver les barils de gaz, et ainsi protéger l'honneur de la France. Des hommes meurent ; police et justice s'en mêlent également. Enfin, uns taupe donne des bribes d'information à un journaliste ; et voilà la presse dans le jeu. Ajoutons, pour faire bonne mesure, un agent infiltré chez les islamistes et une officine privée travaillant pour l'armée et pilotant un agent clandestin. Voilà tous les ingrédients réunis pour décrire l'enquête, plutôt les enquêtes, pour éviter un attentat, retrouver le gaz toxique ou juste comprendre, menées par les différents protagonistes qui cherchent tous à avancer en francs-tireurs, en donnant le moins d'information possible aux autres...



Une intrigue finalement assez simple, rendue excessivement complexe par la multiplicité des acteurs, et des jeux d'acteurs, aux objectifs à la fois convergents (éviter un attentat, retrouver les barils de gaz) et divergents (protéger les différents chefs de service et ministres quitte à jouer les uns contre les autres, informer le public ou garder la confidentialité, etc.). On en apprend beaucoup sur le fonctionnement de ces petits mondes, parfois avec un peu d'incrédulité, mais qui sait vraiment ?



A de rares exceptions près, les personnages sont rarement tout blancs ou tout noirs. Ils ont leurs ambiguïtés, leurs zones d'ombres, leurs faiblesses. Sont-ils crédibles ? DOA parvient à nous le faire croire, sauf cas particulier de Lynx qui ressemble trop à une caricature de Rambo.



Le parti pris de narration, raconter l'histoire du point de vue des différents acteurs en séquences généralement assez courtes, donne beaucoup de rythme à la lecture, alors que le tempo de l'action est loin d'être échevelé. Le style de l'écriture est assez simple, basé sur des phrases plutôt courtes, ce qui facilite la lecture. Les dialogues sont dans l'ensemble pertinents et percutants. La principale difficulté de lecture vient du grand nombre d'intervenants, avec beaucoup de sigles ou de noms arabes que l'on peut aisément confondre. L'auteur a d'ailleurs éprouvé le besoin d'ajouter en annexe des listes des principaux acteurs et des principales organisations intervenant dans le livre...



En synthèse : "Citoyens clandestins" ne restera probablement pas comme un chef-d'oeuvre de la littérature, ni même de la littérature policière/d'espionnage, mais il propose un passionnant et instructif (?) voyage en barbouzerie.
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Le serpent aux mille coupures

C’est le premier DOA que j’ai lu, juste après L’honorable société, qu’il avait coécrit avec Dominique Manotti. Qui était donc ce co-auteur de ma romancière préférée ? Quel était sa façon d'écrire ?

Et bien Le serpent aux milles coupures y répond avec style : un grand du polar noir, punchy et anguleux.



Un motard arrive sur un rendez-vous et liquide tout le monde. Il est blessé, il doit toujours être dans les parages. Où s’est-il planqué ? On est dans le Sud-Ouest, les vignes, le calme de la campagne. Un officier de gendarmerie se lance aux trousses de ce tueur.



Ce court roman va à deux cent à l’heure (et encore je ne sais pas si le moteur de la moto du héros ne permettrait pas d’aller plus vite). C’est très alerte, les enchaînements se succèdent avec rapidité. C’est très cinématographique aussi. D’ailleurs depuis ma lecture en 2011, un réalisateur, Eric Valette, a décidé en 2015 de tenter l’adaptation sur grand écran. Il va falloir que le voie un de ces jours.



Le seul hic, c’est que si l’action crépite, le fond est assez banal. Une guerre des stups bien traitée, et pas plus.
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L'honorable société

Je suis fan des romans économico-policiers de Dominique Manotti, et pourtant je n'avais toujours pas retranscrit ma critique de L'honorable société. Erreur... De plus, un ouvrage écrit à quatre mains, c'est suffisamment rare pour le mettre en exergue.



L'intrigue part de l'assassinat d'un employé du CEA (Commissariat à l'énergie atomique), à la suite d'une tentative de pompage des données de son ordinateur qui a mal tourné. On est entre les deux tours de la présidentielle, et la victime est un rouage important du complexe nucléaire. L'enquête va vite soulever plusieurs lièvres. Groupe Ecolos – terroristes, manipulations propres aux grands groupes financiers, et policiers aux ordres (et pas uniquement de leur hiérarchie…).

Évidemment, le fond évoque plusieurs scandales qui ont surgi autour du nucléaire français. Toujours cette impression, propre aux romans de Manotti, de se dire que la réalité de notre société n'est pas bien loin.



Le rythme est vif, les deux co-auteurs savent mener un thriller en gardant un rythme constant. Difficile dans le style adopté de déceler qui a écrit quoi. La forme a du être lissée. Par contre-coup, ce n'est pas aussi dense que d'habitude avec ces deux pointures.



Dominique Manotti se dit pas totalement satisfaite de cette collaboration. De fait, rétrospectivement quelque chose manque à ce polar. Les personnages déroulent des caractères liés à leurs fonction, sans âme, ni surprise. L'intrigue avance comme les rouages d'une horloge, mais le lecteur ne reste pas scotché aux chapitres qui se succèdent. Du bel ouvrage, mais sans la profondeur humaine qui aurait fait totalement adhérer au livre.
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Pukhtu Secundo

J'ai eu la chance de recevoir Pukhtu Secundo de DOA dans le cadre d'une masse critique spéciale et d'être invité à la rencontre avec l'auteur, organisée par Babelio et les Editions Gallimard. Heureux comme un Babéliaute qui a décroché le jackpot ! MERCI !

En recevant le livre, une seule question, Pukhtu Secundo, sera-t-il à la hauteur de Primo ? Si je pose cette question, vous aurez compris que la réponse est OUI ! Aussi incroyable et improbable que cela puisse paraître, DOA réussit la performance de nous effaroucher comme de jeunes lecteurs avides qui n'auraient jamais lu Pukhtu Primo.

Avec Pukhtu Primo et Secundo, DOA s'affirme comme une référence de la littérature contemporaine. Peu importe la classification que l'on donne à ses romans. Il maîtrise son sujet. Partage ses connaissances avec le lecteur. L'accompagne tout au long de la lecture grâce au glossaire, aux cartes, et aux inserts de rapports officiels et extraits des unes de la presse.

Comme au sortir de ces conférences données par des sommités, à la fin de la lecture de Pukhtu Secundo on a l'impression d'être un peu moins ignare qu'avant.

Plusieurs raisons à mon émerveillement :

Le chapitre inaugural intitulé « Précédemment, dans Pukhtu… ». Un style à la fois télégraphique et travaillé, met tout de suite le lecteur dans l'ambiance. Une référence facile s'impose, le « previously in… », des séries américaines, mais selon moi, ça ressemble plutôt aux quelques cases qui figuraient en introduction des Marvels comics de la grande époque. Chacun ses références. Ces pages (cinq et demi) sont écrites de façon à vous faire replonger tout de suite.

Par rapport à Primo, le récit change de braquet, s'appuie sur plusieurs constats qui lui donnent une dimension dramatique nouvelle dans laquelle les personnages apparaissent de plus en plus livrés à eux-mêmes, de plus en plus seuls, de plus en plus fragiles :

- Les belligérants se connaissent mieux

- La guerre technologique marque le pas

- Les Afghans résistent mieux, les combats sont plus longs et plus meurtriers (en témoignent les statistiques comparées des pertes entre 2006 et 2008)

- Les Talibans étendent leur zone d'influence à des groupes sociaux jusqu'alors neutres

- Certains personnages qui semblaient invincibles, tombent. (Je ne vous dirai pas lesquels)

La narration s'attarde moins sur le contexte pour se consacrer au parcours des personnages. Cette évolution conditionne le lecteur, crée une empathie. Pukhtu Primo c'est « En route vers la gloire » ; Pukhtu Secundo « Plus dure sera la chute »

Côté Afghan, Sher Ali émerge du lot. Métamorphosé par la perte de sa fille Badraï, il s'est affranchi de toutes contraintes, de toutes convenances, d'où qu'elles viennent et de toutes prudences, convaincu qu'il trouvera le salut dans la vengeance. Il rejette l'idée de mektoub :

« (…) même si Allah l'a écrit ainsi. Sans doute devrait-il demander pardon pour ces pensées impies. (…) Il s'est aventuré trop loin sur les routes du chagrin. »

« Les gens connaissent ses raisons, ils les respectent, mais sa cause n'est pas la cause de tous (…) quelques prétendants se sont manifestés pour le remplacer. »

Comme dans Primo, j'ai trouvé que Sher Ali reste le personnage le plus humain, le plus réel, le plus attachant.

Côté forces d'occupation, c'est Lynx qui tient le haut du pavé. le retour de ce personnage d'abord masqué, est la surprise majeure du roman.

Un passage d'anthologie, celui décrivant la lutte de Lynx contre les envoyés de ses anciens « patrons » venus faire le ménage. Dès lors, plus de répit pour lui.

La construction de cette partie du récit est admirable : Page 155 à 162, le lecteur est mis en alerte. Il se passe quelque chose. L'impression fugitive est confirmée par la suite. Piqure de rappel pages 177 à 180. Et c'est l'explosion pages 187 à 211.

L'écriture amène le lecteur à s'identifier à Lynx, héros solitaire et romantique se battant contre l'hydre impersonnelle du renseignement soumise à la raison d'Etat. On veut qu'il gagne ce combat. On tremble pour lui. On a peur. On est rassuré par sa capacité à réagir.

Très vite, Sher Ali et Lynx font le vide autour d'eux, au sens propre et au figuré. Et se retrouvent presque face à face. Luttant pour le même objectif (je ne vous dis pas lequel)

Parallèlement à ces deux parcours, à Paris, Amel Chloé et Montana poursuivent leurs manigances malsaines. Interférences politiques et policières. Mensonges. Demi-vérité. Chantages. Fréquentations douteuses. le danger les guette, au même titre que les combattants en Afghanistan, mais il n'utilise ni le même visage, ni les mêmes armes.

Et, toujours, comme dans Primo, où que l'on soit, l'argent est omniprésent : « (…) ici aussi, on aime les enveloppes, les sacs plastiques et les mallettes (…) »

L'histoire monte comme des oeufs en neige jusqu'à atteindre un point de consistance qui ne la fera jamais redescendre. Point d'orgue : la rencontre entre les différents protagonistes en Afghanistan où Peter Dang, le journaliste canadien poursuit ses investigations, ignorant des traquenards.

La fin (?) de Pukhtu Secundo nous laisse penser qu'il y aura une suite. J'en suis personnellement convaincu.





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Citoyens clandestins

Mes lectures sont avant tout des rendez-vous programmés par les circonstances sur un agenda dont j'ignore tout ou presque.

Un peu comme si j'avais une ou un secrétaire mystérieux, qui garderait le silence jusqu'au moment venu.

J'avais deux livres d'Hervé Albertazzi alias DOA ( Dead On Arrival ... Mort à l'arrivée ), notre Elena Ferrante version "barbouze Frenchy", depuis quelques années sur les étagères de ma bibliothèque... quand j'ai entendu "l'appel" de mon secrétaire ; le moment, c'est-à-dire l'envie, était venu.

Je me suis donc lancé dans la lecture et la découverte de ce Ghislain Gilberti* "professionnel" ; DOA a été, dans une autre vie, parachutiste dans un régiment d'infanterie de marine, c'est dire s'il a approché de près les hommes devenus les personnages de ces romans.

Mais d'emblée, vraisemblablement parce que j'avais à peine terminé la digestion de - Le festin du serpent -, j'ai eu l'impression de me retrouver chez Gilberti... en peut-être un peu plus"pro"... je sais que je me répète.

Si le roman se situe entre 2001 et 2002, les ingrédients sont le mêmes : des cellules islamistes, des infiltrés, des flics et des services en concurrence, des officiels cleans et des barbouzes aux mains souillées, une héroïne... seule femme au milieu d'une armée de bonshommes, un exécuteur - le Lynx -, et l'inévitable préparation d'un méga attentat terroriste, avec un produit chimique volé par les méchants islamistes, produit dont l'acheminement donne un peu le tempo de ce polar ; le tout sur fond de campagne présidentielle ( Chirac-Jospin-Le Pen... qui ne sont pas nommés ).

Ce que je retiens, ce sont les 27 personnages ( moi qui ai du mal à mémoriser les noms... je vous dis pas ! ) qui font vivre cette histoire à travers des alternances narratives nombreuses et rapides dans le récit.

Je m'explique : on suit Lynx pendant moins de deux pages et on se retrouve avec Amel le temps d'un paragraphe, avant de sauter à Karim Sayad pendant une page et ainsi de suite...

Il faut juste s'adapter.

Ce que je retiens également, c'est ce que DOA appelle " l'organigramme simplifié du renseignement français"... fastoche ! il n'y a que DGSE, DRM, DPSD, DCRG, DST, DNAT, UCLAT... Facile, non ? Si l'on se dit qu'à côté de ces services, il y a la BAC, le 36 Quai des Orfèvres... et que c'est à peu près tout... si ce n'est que les 27 personnages qui ont des noms, des vrais, des faux, des pseudos, et que tantôt DOA les fait vivre sous l'un ou l'autre... au rythme que j'ai mentionné précédemment... pour moi, ce fut, le temps de m'y habituer, un peu l'usine à gaz.

Je reviens à Ghislain Gilberti qui s'inscrit un peu dans le sillon d'Hervé Albertazzi, pour dire que ses romans sont plus accessibles, bien que démultipliant le nombre de "services", avec au moins autant de personnages qu'il fait vivre... en donnant au cerveau de son lecteur le temps nécessaire pour les imprimer clairement et durablement... grâce à une structure narrative moins à effet sprint...

Cela étant, même si cette critique peut sembler critique, il n'en est pas tout à fait de même dans ce qui va être ma conclusion.

Certes il m'a fallu me faire au modus operandi narratif de DOA, mais n'est-ce pas là la noble tâche qui incombe à tout lecteur qui se respecte ?

La chose faite, on se laisse prendre ou re-prendre par cette histoire très maîtrisée.

Les personnages sont attachants, au point qu'on aimerait en retrouver quelques-uns... caractéristique des bons faiseurs de polars.

Le suspense est présent, tenu et entretenu.

Il y a moins d'invraisemblances que chez Gilberti... donc on reste dans les limités du crédible.

Un bémol : l'héroïne féminine dont la psychologie labile et les élans du coeur sont psychologisés un peu trop caricaturalement à mon goût.

L'écriture est personnalisée... prenez le temps de la découvrir... et sans être du Henry James ou même du Simenon, ça se laisse lire.

La chute est cuite à point.

La recette est globalement réussie.

Au final, 696 pages d'un polar de bonne facture.

*J'ai cité Guhislain Gilberti : pour mieux en connaître les raisons, se référer à ma recension récente de - Le festin du serpent -.
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Citoyens clandestins

Lors de ma première rencontre avec DOA aux Quais du Polar 2016, suite à ma lecture de « Pukhtu Primo », celui-ci m’avait conseillé de lire « Citoyens clandestins » et « Le serpent aux mille coupures » si je voulais connaitre les origines qui menaient à Pukhtu. Alors quand j’ai découvert la sorties de ces deux opus en un seul volume, je n’ai pas hésité… enfin un peu quand même ! En effet, depuis ce premier contact littéraire avec l’auteur, j’ai compris que pour bien apprécier son style, il fallait prévoir de longues périodes de lecture. En gros, il fallait avoir des heures devant soi et donc du courage pour entrer dans son univers. J’ai donc pris mon temps pour trouver le moment opportun à cette grosse lecture.



Et je ne le regrette pas. Dans ce premier volume, les ingrédients qui ont fait de Pukhtu un grand livre, étaient déjà présents. Tout d’abord et ça peut faire peur, ce roman est d’une grande densité, tant en nombre de pages que dans sa construction. Durant ces quelques 700 pages en continu, sans chapitres, on rencontre une pléiade de personnages représentants les différents milieux qui interviennent dans les circonstances dramatiques. Alternativement, on suit des journalistes, des policiers, des djihadistes, des espions et des mercenaires. Ils forment tous les pièces de l’échiquier sur fond de menace terroriste. D’un paragraphe à un autre, chaque pion se déplace en fonction du mouvement des autres. Le lecteur se retrouve alors au centre de terrain de jeu comme un spectateur omniscient. Il peut ainsi appréhender au mieux les rouages de cette machination et se laisser embarquer.



Cette forme de narration demande à l’auteur un grand travail de documentation. Le résultat est un roman foisonnant d’informations que DOA sublime par son sens du rythme. Il sait ralentir quand il faut approfondir et accélérer quand les évènements le demandent. Le nombre important d’acteurs et de services en action m’a un peu déstabilisé dans le premier tiers de l’histoire. Mais une fois cette contrainte digérée, je suis entré en complète immersion dans ce monde terroriste créé par DOA. Par sa taille et son contenu, c’est un livre qui se mérite et le jeu en vaut la chandelle !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Rétiaire(s)

♪ Un peu renard, un peu loup ♪ Il sort le jour ou bien la nuit ♫ Ce qu´on dit de lui il s´en fout ♫ Le Gitan, le Gitan, que tu ne connais pas! ♪ (*)



Le dernier roman de DOA aurait pu se nommer comme le film avec Alain Delon : flics ou voyous, avec un petit changement, car c’est "flics contre voyous".



Theo, le policier aux stups, est un ripou. Doublé d’un assassin, même si on aurait tendance à lui pardonner son crime. De l’autre, on a des gitans, des yéniches, trafiquants de drogue, transporteurs de fonds pour d’autres voyous, assassins… Bref, leurs C.V sont bien remplis.



Le dernier roman de DOA est complexe, il ne se lit pas avec le cerveau en vacances, il faut être concentré dans sa lecture, car le scénario est constitué de multiples couches et sous-couches, de personnages (non manichéens), d’actions distinctes et de lieux différents.



C’est vertigineux, addictif, hyper intéressant et d’un réalisme qui fait froid dans le dos. La case prison est à éviter, sauf au Monopoly, car on ne risque rien. À la prison de La Santé, qui porte bien mal son nom, y entrer comme keuf n’est pas conseillé pour la garder, sa santé (ou sa vie).



Au départ, j’ai un peu râlé que l’auteur inclue le/la COVID dans son récit et puis, petit à petit, j’ai compris son utilité, à cette maudite pandémie et à ces foutus confinements. Ils avaient un rôle à jouer, on le comprend après.



Ce roman choral, réaliste, nous plongera dans un bureau de police, dans une prison, dans un camp de manouches, dans un cargo rempli de drogue, dans des trafics en tout genre et dans des morts violentes.



Le récit est sans concession, la plume de DOA aussi. Nette et sans bavures. Ultra documentée, mais sans que cela vienne alourdir le texte.



D’ailleurs, j’ai trouvé que son écriture était très cinématographique, fort descriptive, à tel point que j’ai lu son roman comme si je regardais une série. J’ai aimé l’expérience et l’utilisation de mots argotiques ou en verlan. Mon vocabulaire s’est enrichi !



Pas de manichéisme dans les personnages, qu’ils soient flics ou voyous, ils sont complexes, travaillés. On a des ripoux des deux côtés et des sympas chez les voyous, même s’ils ne sont jamais vraiment des gens à fréquenter, malgré tout, je me suis attachée à l’un d’eux.



Le nouveau roman de DOA est plus noir que mon café, plus corsé, aussi. Comme si nous étions plongés dans une arène où des gladiateurs se livrent des combats à mort, où le public interviendra aussi, comme dans la scène à la Courneuve (putain, sa mère).



Ceci est donc un véritable roman noir, brut de décoffrage et pas un feel good pour se détendre ! Il peut aussi vous rendre addict, dépendant de ce genre de récit ultra-réaliste et super documenté. Ma foi, c’est un risque qui vaut la peine d’être pris…



(*) Le gitan : Daniel Guichard


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Brèves de noir

Quais du Polar (QDP pour les intimes), salon du polar de Lyon, fête ses 10 ans d’existence en 2014, 10 ans qui ont fait de ce salon le rendez-vous incontournable des amateurs de romans noirs sous toutes leurs formes.



Pour marquer l’événement, les éditions Points ont publié un recueil de nouvelles disponible chez tous les bons dealers de lignes noires. Et pas n’importe quel recueil ! Il regroupe de grands noms, les 9 lauréats du prix des lecteurs attribué chaque année durant QDP.



DOA - Franck Thilliez - François Boulay - Marcus Malte - Caryl Férey - Antoine Chainas - Serge Quadruppani - Antonin Varenne - Olivier Truc



Un plateau de choix et 9 histoires inédites. Comme tout recueil de nouvelles, chacun aura ses préférences et choisira les auteurs qui tirent leur épingle du jeu. En tout cas, le jeu en vaut la chandelle.



Des nouvelles à l’ambiance sombre, étonnamment éloignées de l’univers du polar pour prendre des connotations noires qui flirtent avec l’actualité (petite ou grande), et non dénuées d’humour pour certaines. Des récits assez étonnants, car plutôt éloignés de l’univers habituel de certains des auteurs.



DOA et son récit guerrier,



Franck Thilliez et son fait divers revisité (usant d’un ton méconnaissable par rapport à ses autres écrits)



François Boulay et son récit cynique,



Marcus Malte et sa déconcertante mais magnifique histoire, qui ne déparerait pas dans un recueil de Stephen King,



Caryl Férey et son chapitre inédit en droite ligne de son autobiographie hilarante et déjantée : Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale,



Antoine Chainas et son histoire tellement vraie qu’elle en colle des frissons (grand moment),



Serge Quadruppani et sa nouvelle exotique,



Antonin Varenne et sa belle nouvelle d’une profonde tristesse,



Olivier Truc et son étonnant récit à des années-lumière de son roman Le dernier Lapon. Un texte tout en drôlerie et loufoquerie (tout en restant ancré dans l’actualité).



Les récits ne sont peut-être pas inoubliables, mais ils sont tous intéressants et imprégnés d’une personnalité marquée. C’est parfaitement ce qu’on attend d’un tel recueil.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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L'honorable société

Un polar politique français. Suffisamment rare et alléchant pour s'y frotter.

L'écriture, bien qu'à quatre mains, est nerveuse, sèche et facile d'accès. Le plaisir de lecture est donc renforcée. L'intrigue est palpitante, brillamment construite et fait saliver. Le style en revanche est un peu monocorde, sans aspérités où se raccrocher. Cela ne nuit en rien au plaisir de lecture mais ne crée pas d'émotions particulières qui font les grands bouquins. On se sentira nourri mais pas rassasié.



On a d'ailleurs parfois plus l'impression de lire un livre politique romancé écrit par des journalistes que de romanciers écrivant un polar politique. C'est peut-être la faiblesse du bouquin. La force évocatrice d'un roman convoquant l'imaginaire du lecteur se dilue dedans.

Et le final arrivera, implacable, nihiliste mais sans surprises (petite déception même si c'est évidemment très réaliste et inévitable).



Les personnages sont intéressants et crédibles, peu attachants car peu incarnés. Trop nombreux pour être fouillés. On sent le désespoir poindre sur la majorité d'entre eux, essentiellement dû à de mauvais choix ou de mauvaises raisons. La culture de l'ego faisant des ravages, les couples sont mis à rude épreuve et les familles désagrégés voire dynamités de l'intérieur. Une explosion des liens amoureux parasités par cette soif vaine de l'absolu ou du pouvoir qui détricote le tissu fragile des sentiments.



Magouilles, corruption, lutte de pouvoirs, malversation, délits d'initiés, mensonges, duperies, meurtres... Pfiouuu ça fait froid dans le dos. Pas parce que ça pourrait exister mais parce que cela existe justement... 3,5/5
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Le serpent aux mille coupures



Sud-Ouest de la France, au beau milieu de la nuit. Deux voitures se dirigent vers un curieux point de rendez-vous : une vigne. D'emblée, on sent que rien ne va pas se passer comme prévu...



Et en effet, quelques minutes après l'arrivée d'une première voiture, un homme surgit de nulle part et abat de sang-froid ses occupants, avant de s'enfuir sur sa moto, blessé à la jambe...

C'est le point de départ d'un déchaînement de violence et d'une course à la poursuite de ce mystérieux motard, qui aura à ses trousses des barons de la drogue colombiens, des policiers et un redoutable tueur-à-gage...



Grand amateur des romans de DOA, Eric Valette avait été particulièrement frappé par la dimension cinématographique de son polar-rural "Le Serpent aux mille coupures", paru en 2009 chez Gallimard, dans la collection "Série Noire".



Huit ans après sa parution, il a réussi à le transposer, et ce, avec brio, sur grand écran - un film sorti le 5 avril dernier- et en étroite collaboration avec l'auteur lui-même.

Cette adaptation laisse beaucoup de questions en suspens et nous donne envie de nous plonger dans l'univers de DOA.
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Le serpent aux mille coupures

Après avoir été une nouvelle fois enthousiasmé par DOA et son « Citoyens clandestins », je poursuis mon expérience avec la suite « Le serpent aux mille coupures ». Les deux histoires sont réunies dans un volume appelé « Cycle Clandestin 1 ». Contrairement au précédent et à « Pukhtu Primo», cet opus n’a pas du tout la même forme et n’est pas à classer dans le même genre.



Les autres livres que j’ai lus de cet auteur ne sont rien moins que des pavés. Affichant 700 pages environ, ils excellent par leur densité, tant dans les personnages que dans l’intrigue. Il est donc conseillé d’être attentif parce que leurs lectures sont exigeantes. Pour cet épisode, l’objectif est différent. Il se rapproche plus du thriller que du roman noir. En effet, le texte ne fait pas 200 pages. Le récit alterne encore entre plusieurs personnages mais ils ne sont pas approfondis, la priorité étant donnée à l’efficacité. On est donc emporté dans une succession de scènes d’action qui s’enchainent à un rythme soutenu et qui éliminent tout risque d’ennui.



J’ai pris beaucoup de plaisir avec ce texte même s’il n’a pas la patte DOA des productions habituelles. Cela prouve que cet auteur a plusieurs cordes à son arc et qu’il peut toujours nous surprendre. Le lien avec les autres livres est mince mais malgré son côté noir, cet épisode apporte un peu d’énergie à la série. Il m’a permis de sortir, le temps d’une histoire, de l’état de suffocation dans lequel j’étais piégé.



Maintenant que je suis à jour, je vais pouvoir planifier la lecture de « Pukhtu Secundo » et ainsi clôturer le cycle clandestin. Je vais d’abord m’accorder un sas de décompression, parce qu’il faudra que je m’arme de courage et de temps, pour replonger dans cette grande fresque anxiogène du talentueux DOA. Mais la récompense est au bout !
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Rétiaire(s)

Difficile pour moi de passer à côté d’un nouveau roman de DOA, auteur que je suis depuis des années maintenant. Un auteur à part s’il en est, autant pour son souhait de ne pas se mettre en scène en tant qu’auteur , que par son écriture écorché vif et son style si particulier quasi cinématographique.

Il a d’ailleurs sans doute trouvé son fils spirituel en la personne de Benjamin Dierstein.

Son nouveau roman né sous le signe d’un combat de gladiateurs des temps modernes, agiles et rusés à défaut d’être protégés par des armures sans faille , nous entraîne dans un combo explosif qui mêle un ancien des stups tueur de trafiquant, une bande de manouches redoutables et une enquêtrice de l’Office anti-stupéfiants.

Vous l’aurez compris le fil rouge de ce récit c’est la drogue. Son trafic international, ses réseaux de revente, son blanchiment et cette violence permanente entre chaque concurrent, prêt à toutes les extrémités pour éliminer un adversaire et étendre son business. En face d’eux, ils vont trouver l’OFAST et les brigades des stups des structures rarement coordonnées dans leur lutte.

On va ainsi faire connaissance avec Amélie Vasseur, gendarme expérimentée qui a rejoint l’OFAST et dont l’une des missions principales est la surveillance de la famille Cerda. Cette famille d’origine yéniche s’est sédentarisée du côté de Romainville, rachetant peu à peu les pâtés de maison alentour pour en faire leur QG. La famille, défavorablement connue des services de police, est pilotée officieusement depuis la prison par Momo en relation avec sa jeune nièce, pendant que son demi-frère Manu tente de jouer les premiers rôles auprès de cette famille meurtrie par les règlements de compte. À la Santé, Momo retrouve une figure connue : celle de Théo Lasbleiz, ancien commandant à la brigade des stups parisienne qui vient de buter un trafiquant dans les sous-sols du 36 rue du Bastion. Quels motifs l’ont conduit à cet acte irréparable ? Peut-être venger l’assassinat de sa femme et de sa fille unique, quelques mois plus tôt.

Entre Amélie, les Cerda et Théo des relations complexes vont se nouer alors qu’un gros coup se prépare, risquant de rebattre les cartes parmi ceux qui gèrent le bizness , mettant les services policiers sur les dents pendant que Théo tente de survivre derrière les barreaux, quelques anciens amis rêvant de lui faire la peau.



Un nouveau DOA qui fait mouche. Qui tape dans le tas sans mettre les formes avec un totale liberté d’écriture qui fait du bien là où ça fait mal. Bienvenue dans cet univers dans lequel se mêle et se démêle flics et voyous et dont les frontières sont parfois ténues. L’auteur y a réuni une belle brochette de protagonistes qui carburent à l’adrénaline, aux nuits sans fin et aux plaisirs éphémères. Le langage est à l’avenant : celui de la rue ou des couloirs décrépis de l’institution policière. L’auteur ne s’y est pas trompé , laissant beaucoup de place aux dialogues dans ce récit où l’oral apporte un surplus de réalisme dans ce roman noir qui semble se dérouler sous nos yeux.

Comme souvent dans les romans de DOA , les personnages crèvent le papier, véritables gueules aux caractères affirmés et qui, si on gratte un peu sous la surface, vont déceler des personnalités plus complexes.

La trame du récit est elle plus classique : on suit les pérégrinations des différents personnages sans savoir si à la fin ils vont se prendre un mur ou trouver une porte de sortie. On est dans la totale incertitude des prochains faits et gestes des uns et des autres dont la seule certitude est que leur futur est incertain. C’est brut de décoffrage, sans effets spéciaux mais qu’est-ce que ça fait du bien !





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Pukhtu

Afghanistan, 14 janvier 2008. Traumatisée, une jeune Norvégienne fixe un morceau de doigt ensanglanté collé sur la vitre d’un 4x4. Elle vient d’échapper à l’attaque terroristes menée contre l'hôtel Serena de Kaboul. Bilan : sept morts, de nombreux blessés. L’incipit donne le ton. Bienvenue en enfer ! Vous pouvez débuter cette plongée au cœur du conflit afghan. Plus qu’une histoire dans la guerre, DOA nous offre une histoire de la guerre. Ou plutôt, une fresque avec sa pléiade de personnages de tous horizons: mercenaires de la CIA, moudjahidines, forces spéciales, trafiquants de drogue, journalistes, agents des services du renseignement. Le conflit est rendu dans toutes ses dimensions, sous différents points de vue. Certains pilotent des drones derrière un écran vidéo et pilonnent des cibles aux identités floues, sacrifiant si nécessaire des civils innocents. D’autres combattent sur le terrain et mènent une guerre faite d’embuscades, d’accrochages, d’exécutions sommaires, de règlements de compte, d’attentats, de tortures… La violence est partout. Les motivations des protagonistes sont diverses. Des militants mènent une guerre religieuse. Des belligérants poursuivent une vengeance personnelle ou répondent au code d’honneur pachtoune. D’autres cherchent à s’enrichir par tous les moyens, la corruption , le racket, les trafics de drogue et d'armes. La fin justifie les moyens et lorsqu’il est question d’argent, il n’y a plus de place pour la morale. La violence sans issue engraisse une communauté clandestine aux ramifications internationales (espions, financiers, trafiquants). Toujours dans sa volonté d’étoffer le rendu du conflit et de l'authentifier, DOA utilise de nombreux acronymes et termes techniques et intercale entre les récits des textes de différentes natures : bilans des victimes, articles, communiqués officiels, rapports militaire. L’auteur suit la chronologie de faits réels. La fiction s’entremêle habilement avec les événements du conflit. Le premier tome débute en 2008, année charnière : George W Bush termine son mandat, les faucons sont moins omnubilés par l’Irak, la violence s’intensifie en Afghanistan...



Magistrale ! Cette fresque de la guerre en Afghanistan est magistrale. Pukhtu tient à la fois du document et du roman. Le conflit est décrit dans toute sa densité L'histoire, les personnages et les enjeux sont parfaitement crédibles. Les intrigues, nombreuses, sont efficaces. La lecture du roman est passionnante. La comparaison avec des auteurs comme Don Wislow et James Ellroy est justifiée. J'attends avec impatience les tomes à venir. Bravo !
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Le serpent aux mille coupures

C'est lors d'une "petite opération anti-nègre" que Benjamin se retrouvera mêlé à tout ça. En effet, pour le moment, dans la campagne de Moissac, dans le Quercy, les intérêts des paysans tournent plutôt autour du fait de savoir comment se débarrasser d'Omar Petit, noir de son état, qui a osé devenir un des leurs.

Mais ça c'était avant... Avant l'arrivée de la pègre italienne, de représentants d'un groupe paramilitaire de narcotrafiquants colombiens, et d'un motard solitaire qui n'a rien à perdre et n'a peur de rien.

Ajouté à tout cela, une petite dose de "raison d'état", vous obtenez un portrait sans concession de la France d'aujourd'hui dans un monde où tout est globalisé, y compris la drogue et la violence.

Vu d'une campagne du Sud-Ouest, écrit sur un rythme échevelé, vous ne résisterez pas longtemps à la lecture de ce livre intelligent, bien construit, entre le thriller et le roman noir. Un vrai plaisir de lecture !
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Pukhtu

Ce roman,je l'ai ressenti comme une démystification de la guerre en général.La guerre,c'est avant tout une question de domination par le biais de l'argent fourni par la drogue,les armes,la prostitution...C'est aussi une manipulation par la religion utilisée par certains pour envoyer à la mort des "soldats"persuadés de défendre l'honneur de leur pays,le leur,et leur foi.

L'histoire se passe en grande partie en Afghanistan.Les personnalités que l'on croise et recroise au fil des pages ont une plus ou moins grande responsabilité par rapport aux événements.Les chefs de guerre et les politiques ne sont pas dépeints sous leur meilleur jour mais qui s'en étonnera.Un fiction criante de vérité.

A lire pour ceux qui n'ont pas peur d'être plongés dans un roman noir très réaliste,pendant 657 pages.
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Rétiaire(s)

Chronique de Flingueuse : Le billet de Chantal pour Collectif Polar

Comment parler de ce dernier opus de DOA, après les critiques élogieuses lues ici et là …? La dernière en date que j’ai lue est celle du Monde … je n’ai pas la prétention d’écrire mieux et plus juste !

Bon, je vais évoquer ce Rétiaire(s) de mon point de vue lectrice fan absolue depuis … un certain temps. Je n’ai peut-être pas absolument tout lu de DOA, mais tout ce que j’ai lu m’a toujours solidement scotchée à mon fauteuil, fait oublier le temps, le monde alentour et donné envie de mieux connaître cet auteur qui prend soin de rester dans l’ombre pour mieux décortiquer les travers et turpitudes de notre société.

Alors donc, Rétiaire(s). Voilà un titre au parfum d’Antiquité romaine, qui nous met immédiatement dans l’ambiance : on voit sur l’écran noir de nos nuits pas forcément blanches de solides gladiateurs armés d’un filet, d’un poignard et d’un trident, sans autre protection que celle du bras gauche, au vu des mosaïques les représentant. À la fois vulnérables et équipés pour se défendre, mais seules peut-être l’habileté, la vitesse et la ruse étaient-elles leurs meilleures armes.

Il sera donc question de combattants, en quelque sorte, dans ce roman, qui vont s’affronter dans une arène qui n’est pas accessible à Monsieur et Madame Toutlemonde. Flics et voyous s’observent, s’évitent, se cherchent, se croisent parfois en prison … L’enjeu est de taille : la drogue, dont le trafic est orchestré par les Cerda, un clan yéniche au dents longues. Face à eux, la brigade des stups de Paris et l’OFAST, qui se devraient de coopérer. Entre ces groupes, un flic, Théo Lasbleiz, un solitaire qui de commandant de police se retrouve en prison pour avoir tué un trafiquant de drogue dans les locaux même de la police. De sang-froid. Ou presque. C’est d’ailleurs la scène inaugurale du roman, qui nous fait entrer dans cette histoire comme si l’on recevait un coup de poing. Il faudrait lire Rétiaire(s) rien que pour cette scène, tant elle est exceptionnelle de tension. Autre personnage auquel le lecteur peut s’attacher (le mot n’est peut-être pas le bon, mais quand même …), la capitaine de gendarmerie Amélie Vasseur, qui n’aura de cesse de traquer les trafiquants, tout en sachant que la « gloire », si tant est qu’elle arrive un jour à quelque chose, ne lui reviendra pas beaucoup .. Elle essaiera aussi de comprendre Théo, de l’écouter…

On croise beaucoup de personnages, on visite bien des lieux, et notamment la prison de la Santé, dont on pénètre les couloirs, les cellules et autres recoins, à la suite de Lasbleiz ou de Momo, chef de famille yéniche, qui tente de garder les rênes de son clan depuis la prison, avec l’aide de sa nièce Lola, petite étoile montante de la famille Cerda . On voyage aussi, en France, en Espagne, en Amérique du Sud …

Rétiaire(s), c’est une intrigue aux fils multiples, qui s’entrelacent, se tordent, se nouent inexorablement… C’est un récit écrit dans une langue qui vous happe, vous entraîne, avec les mots du « milieu », de la prison, des flics …ou de tous les jours. Pas besoin de traduction, même si on n’est pas habitués à les entendre , ça vous parle, immédiatement. Ce récit est une belle machine, parfaitement huilée, qui offre au lecteur l’essence de tout le travail de recherche, parfaitement maîtrisé et dominé, accompli par l’auteur pour coller au plus près de la réalité,. Et la modeste lectrice que je suis ne peut que recommander ce Rétiaire(s). Ceci dit, âmes sensibles s’abstenir !

À quand le prochain, DOA ?!
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Rétiaire(s)



Il avait disparu de la scène littéraire depuis quelques années, mais DOA l'auteur de l'excellentissime Pukhtuest bien de retour pour notre plus grand plaisir



Rétiaire(s) est issu d’un ancien projet de série télé. C’est une totale immersion dans les tréfonds des trafics de drogues, d’une lutte sans merci entre les trafiquants et les services de police.



Mais celui qui est aussi le scénariste de la série télévisée Braquo l’a entièrement retravaillé, de la documentation au travail sur le rythme et la langue.



Et l'attente valait la peine : 𝙍é𝙩𝙞𝙖𝙞𝙧𝙚(𝙨) embarque le lecteur dans un polar tendu, nerveux, immersif et extrêmement documenté, entre luttes d'influence, jeux de pouvoir, corruption et trafics de drogues



Rétiaire(s) c’est violent, haletant, mais surtout passionnant. Il est d’ailleurs étonnant qu’à travers toute cette noirceur, ce soit l’humain qui prime le plus.



Le style est nerveux, les personnages forts et humains, et l'intrigue d'un réalisme glacant est servie par des personnages flics et truands très incarnés animés par la rage.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le serpent aux mille coupures

Moissac, Tarn-et-Garonne, son abbatiale romane, ses vignes. Un viticulteur noir. Quelques viticulteurs sans doute jaloux et très clairement racistes qui voudraient le faire déguerpir. Des mafieux napolitains. Des trafiquants de drogue colombiens. Un mystérieux motard accidenté qui tue quelques-uns des narcos. Et tout cela qui se rejoint par une nuit pas si tranquille. Jusqu’à l’explosion.



En l’espace de 200 pages écrites dans un style sec, rapide, sans fioritures, qui tranche singulièrement avec ses non moins excellentes productions précédentes (en particulier Citoyens clandestins et La ligne de sang), DOA nous entraîne dans une histoire prenante, écrite comme un film d’action certes, mais qui n’est pas pour autant dénuée de sens et de réflexion. Il nous montre qu’en plus d’être un écrivain efficace et très bien documenté, il est aussi un talentueux styliste. Sans esbroufe, qui plus est, et dont le style sert vraiment son propos. Il montre à ceux qui en doutaient encore qu’il est un des grands du roman noir français actuel.



Envie d’une aventure rapide et intense ? Le serpent aux mille coupures. Et vous ne verrez plus jamais le Tarn-et-Garonne de la même manière.
Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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