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Citations de Abdennour Bidar (221)


Si je parle aussi longuement de l'Occident, mon ami, c'est parce qu'aujourd'hui vous êtes au bord du même gouffre. Vos deux systèmes de civilisation sont dans un état comparable d'épuisement généralisé, vos systèmes d'organisation et de compréhension de monde humain sont périmés. Et les autres civilisations de la Terre ne valent guère mieux que vous parce que nous arrivons tous à la fin d'une très longue période - peut-être aussi longue que ce que nous appelons la période historique de l'humanité, sortie de la préhistoire.
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Comment espérer être heureux si on ne vit qu’à la surface de soi-même ? Sans jamais faire s’épouser notre âme et notre conscience ? Sans jamais faire respirer notre âme à l’extérieur ? Sans ce que Mohammed Iqbal appelle « l’ouverture des sources de vie cachées dans les profondeurs du moi humain » ?
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Mais nous tardons à changer nos habitudes mentales, et nous érigeons aujourd’hui en grands prêtres de la pensée ces économistes comme nous avons hier, au début de la modernité et de ses illusions spécifiques, élevé au rang de nouveaux sages les prophètes de la science et de la politique, les petits dieux de la société et de la matière. Aucune de ces pensées (bien que nécessaires et fécondes sur leur plan) ne pourra affronter à leur mesure nos problèmes de civilisation, qui exigent que l’examen de notre situation matérielle soit articulée à une réflexion spécifique sur notre situation spirituelle.
p.119
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Voilà qu’un instant de grâce et d’émoi m’a fait sortir du temps, de l’espace, et de mon petit moi !
Il m’a mis sur la voie de l’Esprit, j’ai senti l’Infini !
J’ai basculé vers l’Ouvert, hors de toutes formes et frontières !
Je ne doute plus, je l’ai vu,
Il n’est plus une espérance mais une évidence,
Il est venu,
Il m’a ému, effleuré, visité, traversé,
Réveillé,
À mon cœur qu’il a caressé, il a donné la preuve qu’il existait, il a donné la preuve qu’il aimait !
Et je n’ai plus désormais que le désir de le retrouver, pour rester cette fois avec lui, à tout autre ravi, indéfiniment au lieu d’un seul instant !
Je veux que mon expérience mystique devienne initiatique,
Je veux que la caresse éphémère, l’ivresse d’hier, devienne amour de chaque jour…
Je le veux, j’en fais le vœu, le serment, tandis qu’auparavant j’ai laissé filer ces parenthèses enchantées,
En pensant que la vie n’était pas faite pour pareille fête,
que la vie n’était pas faite pour être aussi parfaite,
pas faite pour un tel séjour au faîte de l’Amour,
pas faite pour rester sur cette cime inespérée, ce si sublime sommet…
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Ce projet, en effet, est que l’être humain entre dans l’ère de l’autonomie, c’est-à-dire de la liberté de conscience – « sapere aude », « ose penser ! » comme le souligne par exemple Emmanuel Kant dans Qu’est-ce que les Lumières ? (1784).
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C’est surtout aux jeunes engagés dans la société d’avoir à nous montrer le chemin, de prendre les idées radicales, utopiques et de les pousser jusqu’à ce qu’elles deviennent soudainement réalistes.
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Cette restauration de l'être par lui-même a fait de l'ouroboros, dans l'ancien monde, l'emblème de la perpétuité du renouvellement de la vie. L'individu devenu ouroboros est ainsi alimenté du dedans par son chaos intime - "chaos" au sens originel, non pas "désordre" mais "fond primordial", abysse originel ou matrice créatrice d'où surgit toute chose, à commencer par la lumière, le temps et la matière.
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Il y a longtemps déjà, l’anthropologue américain Marshall Sahlins dénonçait le règne d'une "anthropologie sinistre" qui réduit le rôle des lois politiques et économiques à une simple régulation de "la guerre de tous contre tous".
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Incroyants et croyants ressentent l'impasse de la religionet de l'athéisme. Ils ont aussi l'intuition qu'une nouvelle forme de viespirituelle est possible
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Le critère de développement d'une société, et plus largement de la civilisation humaine, est simultanément la qualité des liens qu'elle met à la disposition de chacun de ses membres et la qualité du processus d'humanisation qu'elle leur offre.
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Abdennour Bidar
Notre société est malade d'une crise de valeurs; elle ne parvient plus à voir ce qui fait sens collectivement (...). Nous sommes tellement obnubilés par nos différences que cela nous rend sceptiques quant à la possibilité de nous retrouver autour de quelque chose de commun.

Entretien pour Le Monde des Religions n°85 (09-10/2017)
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[...] Ce principe ne fait au fond que suivre le fameux verset coranique: "La ikrâha fî Dîn" ("pas de contrainte en religion"): chaque femme et chaque homme de culture islamique doit être reconnu de droit entièrement libre et responsable de ses choix en matière de vie spirituelle, morale et sociale.
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Les créateurs culturels ont entrepris de créer une nouvelle culture, fondée sur la restauration de la qualité de tous les liens endommagés ou rompus: le lien d'écoute et d'estime entre soi et soi, le lien de solidarité et de fraternité avec autrui, le lien de symbiose avec la nature.
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Une nouvelle société est en voie d'émergence, dans laquelle chaque être humain est :
- capable d'accéder seul au savoir, à la culture, à l'information;
- créateur de son emploi et, plus largement, de ses engagements sociaux;
- décideur de ce qu'il consomme en fonction de ses valeurs;
- habitant d'une maison et résident de bâtiments qui produisent leur propre énergie. Il est aisé de voir le dénominateur commun de tout cela : la civilisation qui arrive non seulement fait s'écrouler les systèmes de domination et de dépendance mais elle dote chaque être humain d'une initiative et d'une liberté créatrice, d'une indépendance personnelle absolument inédite. Ce qui va exploser dans les décennies à venir, c'est notre puissance personnelle d'agir. Ce n'est pas une prédiction mais une prévision. Nous assistons en effet à la mise en place d'une fantastique concordance entre plusieurs phénomènes déterminants. Tout ce que je viens d'évoquer participe en effet de la promesse globale de ce qu'on appelle l'"homme augmenté" - dont la réalisation serait pour l'horizon 2050.
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(...) qu'est-ce qui a commencé de se jouer, nouer ou dénouer, depuis l'avènement des Temps modernes ? Qu'est-ce qui s'est passé au moment de l'avènement de la modernité ?
Dans mon livre L'Islam sans soumission, j'ai déjà mis en évidence le double sens implicite de cette formule : qu'est-ce qui s'est passé ? Elle signifie à la fois "qu'est-ce qui s'est produit ?" et " qu'est-ce qui s'est transmis ?" . Or l'Occident n'a jamais pris ce second sens possible au sérieux. Il n'a jamais envisagé que la modernité puisse être ce moment où "quelque chose" de ce que véhiculait traditionnellement la religion à travers un ensemble de voiles symboliques allait "se transmettre à autre chose", c'est-à-dire s'investir dans une nouvelle sacralité.
C'est l'hypothèse qu'Iqbal nous convie pourtant à examiner : la modernité pourrait-elle être comprise comme l'ouverture d'une ère de dévoilement du sens profond que l'homme entretient avec le sacré, selon un mouvement dialectique de dépassement et de continuité vis-à-vis de cet ancien rapport établi avec lui par les systèmes religieux ? La modernité entendue comme démythification du sacré -dépouillé des vieux vêtements métaphoriques dont les religions l'avaient affublé- et non pas comme son élimination.

Chapitre II. Une autre compréhension de la modernité
Par delà la voie religieuse et la vie profane § La modernité comme seuil de la révélation de la quête du Soi
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Un penseur reste actuel aussi longtemps qu'il partage notre futur, et d'autant plus qu'il peut dire comment interroger ce futur pour dépasser enfin un présent qui, de lui à nous, stagne et s'éternise comme une porte qu'on n'arrive pas à ouvrir.
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L'erreur de l'Occident moderne a été , selon lui, de ne as avoir mené de front développement naturel et développement spirituel de nous-mêmes, d'avoir fait grandi les hommes de façon dissociée en prenant en charge l'éducation de leur raison mais pas de leur "coeur", et de les avoir ainsi détournés de la voie de l'approndissement intérieur, vers le Soi. L'Occident a projeté ses fils à l'extérieur d'eux-mêmes, vers le souci exclusif de l'aménagement de leur existence sensible, l'invention, l'organisation et la jouissance de nouvelles possibilités pour leurs besoins naturels et sociaux, sans conduire en parallèle un travail d'exploration de nos possibilités spirituelles- rejetant dans un este de mépris et de méprise la totalité de la culture religieuse, sans discerner en elle ce qui allait bien plus loin que la croyance irrationnelle.
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Pour que le regard de la modernité en quête des facultés de l'ego soit alerté par cette expérience du "coeur" spirituel et de sa capacité de perception particulière, encore eût-il fallu que la religion la transmette effectivement. Or que signifie "croire" pour l'immense majorité des croyants d'hier et d'aujourd'hui ? C'est avoir le sentiment ou la conviction plus ou moins forte de la réalité et de la présence d'un être supérieur auquel ils adressent leurs prières. Cette conviction correspond-elle à l'expérience du coeur dont parle Iqbal ? Elle n'en est que l'expression la plus primaire ou grossière, sa forme infantile. Car le développement de "l'oeil du coeur" (selon la désignation soufie classique) ne se contente pas de pressentir ou d'espérer, il perçoit. Et ce qu'il perçoit n'est plus mélangé de ce que l'imagination de la croyance ordinaire croit identifier comme "un être supérieur aux hommes." L'individu doué d'une telle vision du coeur se voit lui-même comme le siège du divin -et lorsque son regard s'aiguise encore il aperçoit non plus seulement le divin en lui, mais ce divin comme lui-même...
Et ce dont le divin était le nom symbolique laisse place alors l'Ego ultime. Il ne s'agit plus là de croyance, mais d'expérience de soi et "en ce qui concerne les possibilités de connaissance, le domaine de l'expérience mystique est aussi réel que n'importe quel autre domaine de l'expérience humaine, et on ne peut l'ignorer sous le seul prétexte qu'on ne peut la rapporter à l'expérience sensorielle".
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L'expérience mystique, conscience de soi comme Soi.

Iqbal reprend à son compte les recherches de James en insistant à son tour sur la réalité effective de l'objet de l'expérience spirituelle portée à son plus haut point d'acuité : "Quant à son contenu, l'état mystique est hautement objectif et ne peut être considéré comme une retraite dans les brumes de la subjectivité pure". Inlassablement, il va approfondir ce que nous venons d'appeler les preuves de l'objectivité de l'expérience spirituelle.
Comment rendre rationnellement admissible que l'expérience mystique corresponde réellement à la perception ou conscience d'une réalité objective -en l'occurrence Dieu ou l'Ego ultime ? Pour le dire comme Kant, qui a justement ouvert la voie d'une modernité refusant d'envisager cette possibilité, comment établir que quelque chose comme Dieu se trouve là non seulement "pensé" mais "connu" ?
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En regard de ce type d'enquête, notre culture contemporaine semble bien être devenue un asile de l'ignorance. Loin d'évoquer l'idée d'une perception possible, la "foi" est perçue par les athées comme une aberration, dont ils plaignent ou méprisent une illusion déclarée par principe. Aucun doute, ni aucune curiosité, ne les effleurent qui les conduiraient à envisager qu'il ya aurait là peut-être un phénomène dont la nature et la richesse leur échappent. Mais il faut dire à leur décharge que ce n'est pas toujours l'exemple de la foi des croyants qui pourrait les incliner à chercher une profondeur réelle de ce côté là. Fait-on souvent la rencontre en effet, chez un croyant, de cette foi dont on dit qu'elle "soulève des montagnes", c'est-à-dire qui manifeste la réalité de Dieu ou du Soi créateur en se montrant elle-même douée d'une exceptionnelle puissance ou vitalité créatrice ? Combien de fois la "foi" est-elle au contraire sans véritable force ? Juste une "croyance" enracinée par l'habitude, qui n'ouvre sur aucune profondeur particulière dans l'intériorité et ne produit aucun résultat particulier ?
Un véritable homme de foi, selon Iqbal et James, est la preuve vivante du Soi créateur. Car son action semble animée de l'intérieur par une telle énergie que celle-ci ne peut prendre sa source que dans la puissance et la sagesse créatrice du Soi lui-même, dont le feu brûle en lui. L'homme dans le coeur duquel le Soleil du Soi s'est levé rayonne de sa vie et de sa force.
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