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Citations de Akira Yoshimura (260)


La mort au combat qu'il appelait de tous ses vœux ressemblait dans son imagination à cette vision, une beauté tragique et solitaire dans la quelle il s'enfoncerait, avec à l'arrière plan un crépuscule aux couleurs éclatantes. L'idée que c'était cela, se sacrifier pour son pays, lui procurait une satisfaction infinie. p52
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Le bruit intervenait un peu partout dans la chapelle. Il y en avait maintenant une succession ininterrompue. Parfois, la désagrégation d’un os entraînant une rupture d’équilibre à l’intérieur d’une urne, il arrivait qu’on entende soudain une ultime plainte lorsqu’il était réduit en poudre.
Le calme ne régnait pas à l’intérieur de la chapelle. C’était un monde bruyant. Un espace composé uniquement de bruits d’os qui se désagrégeaient.
Mes cendres se blottirent au sein de ces résonances effrayantes.
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La vie était un don des dieux et des bouddhas, et quand venait la mort, l’âme humaine partait aux confins de la mer, pour ensuite revenir dans le ventre d’une femme afin de revivre dans le corps d’un bébé. La mort n’était pour l’âme qu’une période de profond repos précédant son retour, et les villageois croyaient que se lamenter trop longtemps troublait la paix de l’âme du mort.
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Bien sûr, c'était impensable pour lui qu'elle ait fréquenté un autre homme avant le mariage.
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Toute l'étendue du ciel délimité par les crêtes était semée d'innombrables petites taches noires qui ressemblaient à des graines de sésame. Dont les groupes s'entrechoquaient à toute vitesse, saturant le ciel de cris stridents.
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Un environnement naturel au degré d'humidité élevé était certainement très favorable au développement des mousses, mais l'épaisseur de celles-ci n'était absolument pas ordinaire. Il était clair que pour une raison inconnue, le hameau les avait consciemment laissées s'épaissir durant de longues années.
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Ce qui me frappa le plus, c'est l'épaisseur inhabituelle de la couche de mousse qui recouvrait les toits de chaume extraordinairement pentus. Toutes sortes de mousses devaient y vivre en symbiose, le vert gorgé d'eau brillait, lourdement détrempé. On aurait dit d'énormes créatures recouvertes d'une épaisse fourrure luisante blotties les unes contre les autres.
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La maison de son oncle était distante de près d'un kilomètre. En chemin, il n'y avait que des champs cultivés ou des terrains vagues.
Sur cette petite route, Ayako avait rencontré un homme de grande taille, vêtu d'un uniforme militaire d'un pays étranger. Elle ne se souvenait pas bien de ce qui s'était passé alors. Elle avait seulement éprouvé une violence brutale et une douleur indicible.
Mais pendant ce laps de temps dont elle ne se souvenait pas bien, elle ne se rappelait qu'une seule chose avec netteté. C'était le froid pur d'une forme sur son front.
Cette chose froide lui avait d'abord effleuré le menton. Et petit à petit, comme un morceau de glace qui se déplace, elle avait glissé vers ses lèvres, ses joues, l'arête de son nez et bientôt, arrivée à son front, elle n'avait plus bougé.
A ce moment-là, elle avait nettement senti que ce froid dessinait une croix. Elle pensa qu'elle devait rêver. Un froid à lui couper le souffle, une sensation glacée qui traçait une croix avec précision, tout cela avait fini par lui donner l'impression que ce n'était pas réel. Une croix pouvait-elle se graver sur son front ?
Ayako, soudain, avait dégluti.
Sur le cou de l'homme elle venait de remarquer une chaînette dorée qui brillait avec éclat.
La croix de la Crucifixion !
Ayako avait aussitôt senti se brouiller sa conscience.
Lorsqu'elle avait repris ses esprits, les étoiles brillaient, comme gelées das le ciel nocturne. Au milieu des herbes folles elle avait longtemps été incapable de se relever.

Extrait de la nouvelle "L'arc en ciel blanc"
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Il avait encore en mémoire la sévère recommandation de son père qui, avant de partir, leur avait fait promettre, à sa mère et à lui, de ne pas laisser les enfants mourir de faim.
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De vieux capuchons de paille flottaient çà et là dans les premières vagues.
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De fait, la vallée était d'une humidité déconcertante, et une fois par jour, la pluie se faisait une règle de venir la visiter avant de s'en repartir.
La direction d'où venait la pluie était toujours la même, le sommet du pic qui se dressait à l'ouest de la vallée se mettait à blanchir, cela s'élargissait en un clin d'œil, et bientôt la nappe descendait le long du ravin en frôlant dans un bruit de marée la cime des arbres qui se dressaient à flanc de montagne. Ensuite, après avoir éclaboussé la vallée pendant un certain temps d'une poussière de gouttelettes, la nappe remontait à toute vitesse avec son cortège de pluie le long du flanc opposé.
Dans la vallée après le passage de la pluie, de grandes quantités d'eau cascadaient un peu partout sur les pentes de la montagne. Et un brouillard épais chargé d'humidité avait l'habitude de stagner au fond de la vallée.
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Le lendemain matin, ils descendirent du camp, et guidés par Nogami entrèrent dans la maison du chef de village. Là, ils durent poser pas mal de questions qui leur permirent de savoir que dans les dix-sept habitations vivaient des familles de la même lignée sur plusieurs générations, si bien que la population du hameau dépassait les trois cents âmes. Les terres étaient réparties équitablement entre chaque famille, ils récoltaient dans les champs du millet et du panic, cultivaient le mûrier pour les vers à soie, et dans les montagnes cueillaient des plantes comestibles : angélique, armoise, osmonde, pousse de bambou, igname, pétasite, marron d'Inde ; ils ramassaient des plantes aquatiques, pêchaient et chassaient le lièvre ou le sanglier.
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Ignorant tout de la vie en société, ils ne savaient pas comment utiliser cet argent pour planifier leur vie future. Dès qu'ils touchaient leurs indemnités, ils se retrouvaient entourés d'un grand nombre de prédateurs qui se rassemblaient autour d'eux. Certains étaient escroqués par des financiers véreux leur promettant de forts dividendes et qui leur en prendraient une bonne moitié au passage. Les compagnies d'assurances leur faisaient signer des contrats injustifiés, les agents immobiliers leur proposaient d'acquérir des biens sans valeur, des entreprises au bord de la faillite venaient solliciter leurs fonds en contre-partie de sièges au conseil d'administration. Ainsi, les populations se faisaient embobiner par leurs discours habiles et gaspillaient leur argent pour des bêtises. En plus de ça, ces gens qui avaient supporté la misère, comme par réaction envers les privations, avaient tendance à dépenser sans compter pour des choses inutiles. Ils se faisaient construire des maisons en bois de cyprès. Achetaient des voitures. Du mobilier coûteux. Ils pouvaient maintenir ce train de vie pendant deux ou trois ans, mais le montant de leur indemnité s'épuisait bientôt, et ils finissaient tous sans exception par se débarrasser de leur maison et de leur mobilier pour une somme modique et s'en aller vagabonder ailleurs.
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Mais sur le moment, j'avais plutôt ressenti de la compassion pour Nogami, et j'avais frissonné devant la cruauté de ceux qui l'appelaient Wagonnet. S'évanouir ne constituait pas une preuve absolue de faiblesse. Moi-même, en entendant les os se briser et en recevant des éclaboussures de sang, j'aurais certainement perdu connaissance.
Mais, au fur et à mesure des jours, j'avais fini moi aussi par comprendre progressivement la nature du mépris des ouvriers pour Nogami.
Ceux qui s'engagent dans une équipe de travaux de construction d'un barrage embrassent une destinée où un simple accident doit être géré techniquement. Le chantier est plein de beaucoup d'éléments facteurs de danger pouvant aisément conduire un homme à la mort. Au-dessus des têtes vont et viennent sans arrêt des matériaux transportés par les grues, près des pieds jaillissent furieusement les quantités d'eau nécessaires au lavage de la dalle de béton. Les dumpers font tomber le remblai dans la vallée, et dans les tunnels, la dynamite fracasse la roche tandis que des foreuses géantes se déplacent sur des rails comme d'énormes tanks. Tous pris un par un sont des monstres capables de transformer le corps humain en cadavre.
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Il avait fait son possible pour oublier les jours passés, mais il s'agissait peut-être d'une sorte de fuite. L'acte dont il était responsable et qui lui avait valu la perpétuité était une réalité qu'il ne pouvait effacer.
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A partir du moment où la respiration s'est arrêtée, j'ai soudain été enveloppée d'air pur, comme si la brume épaisse qui flottait alentour venait de se dissiper pour un temps. Je me sentais aussi fraîche que si l'on m'avait baigné le corps tout entier dans une eau limpide et pure.
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Le souvenir du visage de la fille empreint de honte me faisait ressentir la douloureuse solitude des femmes. Même si elle avait été violée, à partir de l'instant où elle avait cédé, le poids de l'homme s'était-il installé à demeure tout au fond de son corps ?
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Le meilleur moyen de lutter contre la famine était de se vendre. Un marchand de sel servait d’intermédiaire, et versait une certaine somme à la famille qui achetait alors les céréales lui permettant de subsister. D'habitude c’était plutôt les filles qu'on vendait de cette manière. Tatsu l’avait été à quatorze ans pour une durée de dix ans.
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Les maisons avaient brûlé l'une après l'autre, et le soir approchait lorsque toutes les constructions du hameau furent réduites en cendres. Tout avait brûlé, même les réserves et les petits sanctuaires shinto.
Les décombres des habitations illuminaient de leurs braises les ténèbres de la vallée.
La scène évoquait celle d'une grande armée ayant établi son camp pour la nuit sur une steppe éclairée de torchères.
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En somme, la mort est une réalité prise en compte dès le début. Ceux qui travaillent dans un tel contexte semblent s’efforcer de devenir insensibles à la mort d’autrui. Dans la pratique, si l’on devait s’apitoyer à chaque décès, il n’y aurait pas de travail possible.
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