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Critiques de Alain Vircondelet (126)
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Rimbaud : Dernier voyage

Vincent Vircondelet a un style très affirmé et, a décidé de ce même dans la tête du poète !

En outre, dans ce livre, est Rimbaud, un admirateur et un tiers !

En effet, dans la même page (ou paragraphe), la narration peut être à trois voix : celle du « je » de Rimbaud, celle du « tu », c'est-à-dire du narrateur s'adressant à Arthur, et celle du « il » qui renforce les faits et dates.

Pourtant, c’est empreint de poésie, de regrets, d’amour de moments loupés…Entre Rimbaud et sa vie, entre l’auteur et Rimbaud, entre Vitalie et son fils, entre Isabelle et son frère…

On retrouve Arthur sur une civière après avoir vécu l’enfer entre Aden et le port d’embarquement sur l’Amazone qui le ramène en France, à Marseille, suite à une tumeur qui lui ronge le genou !

On suit, en trois parties, la fin d’Arthur, ses errances, un genou à terre, entre Marseille et La Roche (maison familiale dans les Ardennes), la tête soit vers le ciel, soit l’enfer…

La première qui s'étend du 9 au 20 mai 1891 va concerner son rapatriement en France

La seconde partie se passe du 20 mai au 23 août 1891, commence par son arrivée à Marseille où il va être hospitalisé, amputé, et où il va retourner « chez lui » avant de repartir devant le fait que son état empire.

La troisième et dernière partie va du 2e août au 10 novembre 1891, où Rimbaud revient à l'hôpital de Marseille, avec Isabelle pour y mourir après un long supplice.



Je ne sais quoi vous dire à part que j’ai plongé dans la tête et la vie d’Arthur, que je connais, pas trop mal…

En sus, connaissant les lieux à Marseille, j’ai apprécié chaque mot, chaque émotion

Bref, c’est un livre passionnant, enrichissant et le roman, court, est très accessible, même si vous ne connaissez rien à Rimbaud (mais cela vous donnera l’envie de le lire !!)

Attention, il y a une erreur majeure dans la chronologie de fin : Arthur est mort en novembre, et non en septembre, comme indiqué…

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La véritable histoire du Petit Prince

Cet ouvrage est une très agréable synthèse du parcours et des œuvres d'Antoine de SAINT EXUPERY. Tout en finesse stylistique.



Un portrait intimiste d'un auteur aujourd'hui classique dont la personnalité réelle fut longtemps masquée pour lui donner des traits posés par les vainqueurs d'un combat lié à son image et à des rivalités féminines.



J'ai beaucoup aimé l'homme sensible présenté ici. L'homme tourmenté depuis l'enfance qui, longtemps, n'est pas parvenu à exorciser ses démons intérieurs. L'homme à la personnalité complexe qui a su, dans la douleur, tuer le vieil homme en lui et faire naître le Petit Prince. Tout en poésie dans son approche du monde mais également dans l'expression de son attachement intime à sa "Rose".



Sans parti pris, Alain VIRCONDELET nous prend par la main et nous accompagne sur les pas de SAINT EXUPERY en route vers la libération intérieure et la Lumière.



A lire.
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Le Paris de Picasso

Un petit livre très instructif, une courte biographie de Picasso au prisme des lieux parisiens où a habité l'artiste.

On explore Paris en suivant l'évolution de sa carrière, de ses débuts bohèmes à Montmartre à ses années de succès qui l'amenèrent dans les beaux quartiers.

Ses déménagements successifs nous donnent à voir un artiste en perpétuelle mutation, toujours à la recherche de nouveauté, tant dans sa peinture que dans ses amours.

Car chaque lieu est marqué du seau d'une nouvelle conquête. Fernande, Eva, Olga, Dora, Marie-Thérèse, Françoise, Jacqueline, la vie parisienne de Picasso évolue aussi au fil de ses amours.



Un livre vraiment intéressant abstraction faite de la plume de Vircondelet, à la fois désuète et prétentieuse. Ce bouquin m'aurait séduite bien plus s'il avait bénéficié d'une écriture plus moderne et moins ampoulée.
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Guernica : 1937

Un roman sur l'histoire d'amour entre Picasso et Dora Maar mais aussi un roman sur la naissance et réalisation de Guernica...



C'est l'histoire....



De Picasso cet homme que l'on pourrait qualifier d'homme à femmes et de sa relation avec Dora.Il passe de femmes en femmes... Marie Thérèse, Dora puis Françoise.



On découvre Dora, cette femme forte mais aussi fragile et Picasso,cet homme pour qui rien n'est plus important que l'art. Dora est aussi un artiste, elle photographiera toutes les étapes de la création de Guernica.



On passe quelque mois avec eux et avec "la cour" de l'artiste. On assiste à la naissance d'une de ces oeuvres majeures . On découvre également quelques  failles de ces deux êtres.

J'aurai aimé qu'il soit un peu plus long mais j'ai pris beaucoup de plaisir à m'immerger pendant quelques heures dans la vie de ces deux artistes. C'est captivant, entraînant, passionnant...




Lien : https://justelire.wordpress...
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L'art jusqu'à la folie

Tout d'abord un grand merci à Masse Critique et aux éditions du Rocher pour m'avoir fait découvrir ce livre.

Le titre de ce livre m'a tentée et je n'ai pas été déçue. Autant en arriver à la conclusion ce livre m'a plu.

Mis à part peut-être deux bémols :

- l'auteur cite de nombreuses oeuvres, il est dommage de ne pas en avoir une reproduction. Certes je les ai cherchées sur internet, mais j'aurais apprécié de les avoir à l'instant (surtout que lisant dans mon bain ou mon lit, je n'ai pas d'accès internet....). J'imagine que les artistes étant actuelles, reproduire les oeuvres en question signifie coût et droits d'auteur.

- l'autre bémol n'en est pas un vrai en fait. le livre décrit l'évolution de 3 artistes, Camille Claudel, Séraphine de Senlis et Aloïse Corbaz. Chacune fait l'objet d'un chapitre, il n'y a pas d'étude parallèle. J'aurais aimé que leurs évolutions ne soient pas décrites si séparément. Mais j'excuse l'auteur, il aurait fallu que chaque lecteur ait déjà un bagage suffisant sur ces 3 personnages pour suivre leur évolution vers la folie. Bagage que je n'avais pas je l'avoue !



Revenons au livre. Il décrit la vie puis la folie de 3 artistes :

- Camille Claudel, sculptrice

- Séraphine de Senlis, peintre

- Aloïse Corbaz, peintre.

Toutes trois ont plusieurs points communs. D'abord ce sont des femmes et des artistes mais surtout elles ont toutes les 3 fini leur vie dans un asile psychiatrique.

L'auteur essaie de dégager la part de la folie dans la constitution de leur oeuvre.



Pour Séraphine de Senlis et Aloïse Corbaz, il semble clair à la lecture du livre que la peinture a été un moyen d'éviter de sombrer davantage dans la folie. On s'interroge surtout de savoir si leur art n'est pas issu de cette folie qui les habite. Cet aspect du livre est à mon goût le plus intéressant.



Je suis plus dubitative pour Camille Claudel. Sa folie (paranoïa) est-elle à l'origine de son talent ? Etait-elle vraiment folle ? Au XIXe siècle, Camille Claudel était différente voire dérangeante dans la culture de l'époque : une femme, artiste plus que douée, indépendante, qui vit sans les hommes, non mariée, le contraire de la coquetterie, plus passionnée par son art que par ce qui l'entoure. Serait-elle internée au XXIe siècle ?



En conclusion un livre que j'ai aimé lire, intéressant, qui m'a donné envie de découvrir plus encore ces 3 femmes.

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Marguerite Duras et l'émergence du chant

La rencontre d'Alain Vircondelet avec Marguerite Duras est déterminante dans sa carrière d'écrivain. Ami de la romancière dès 1968, il lui consacra plusieurs ouvrages grâce auxquels il est considéré comme l'un des meilleurs spécialistes de son oeuvre.

Ce petit livre intitulé "Marguerite Duras et l'émergence du chant" est le texte d'une conférence qu'il a donné le 19 janvier 1993 aux "Midis de la poésie" à Bruxelles.

Le concept est intéressant. Chaque mardi midi, dans le petit auditorium des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, des conférenciers et des comédiens viennent parler d'un sujet faussement inactuel pour transmettre, questionner et faire entendre un auteur, une thématique et surtout, des textes.

Alain Vircondelet à choisi de parler de l'écriture poétique de Marguerite Duras même si jamais elle ne parla de poésie à propos de son travail.

Les textes de Duras rythment les explications de Vircondelet et beaucoup d'extraits sont issus de "L'amant de la Chine du nord".

Il cherche à monter la dimension poétique de son oeuvre sans faire une analyse de style approfondie.

A l'appui de repères biographiques il évoque "l'émergence du chant" dès les premiers textes durassiens, en échos à une voix singulière que l'on retrouve dans ses récits courts, ses textes brisés où une syntaxe poétique s'impose au lecteur.

Quand on aime Duras on aime effectivement la musique de ses mots qui forment des phrases comme des incantations sacrées, scansions, rythmiques musicales. Et dans ce domaine Marguerite Duras est vraiment une virtuose.





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Le Paris de Duras

J'ai été très heureuse de recevoir le message de Babelio m'annonçant que j'allais pouvoir lire « le Paris de Duras » d'Alain Vircondelet dans le cadre d'une opération Masse critique.

De toute façon, je l'aurai acheté car je suis une duracienne dans l'âme. Alors, quand j'ai su qu'Alain Vircondelet avait écrit un livre sur le lien entre Paris et Marguerite Duras, une impatience de lecture m'a envahie car je suis aussi très attachée aux lieux et à Paris en particulier.

Pourtant, quand j'ai ouvert la petite enveloppe des éditions Alexandrines, ma première réaction a été la déception : un tout petit format, un papier de qualité moyenne, une police pas très agréable, une mise en page sans originalité, bref, pas terrible sur la forme. Je ne l'ai donc pas ouvert tout de suite, ma motivation étant émoussée.

Et puis, quand même, le sujet étant passionnant, je m'y suis mise. Et là, miracle !!!!

Je me suis délectée ! Même le format est devenu un atout car très facile à mettre dans une poche ou un sac. J'ai essayé de faire durer cette lecture le plus longtemps possible et j'ai eu la preuve qu'il n'est pas nécessaire d'écrire beaucoup pour dire des choses importantes : l'essentiel et plus y sont car l'idée de la biographie thématique permet de suivre un fil conducteur qui a du sens.



Les chapitres vont ponctuer son rapport à la ville capitale de façon chronologique.

Tout d'abord, Marguerite Donnadieu adolescente va vivre un « avant Paris » en Indochine. Elle rêve déjà de Paris mais c'est dans le Lot-et-Garonne, dans sa famille paternelle, qu'elle découvre la France.

En 1931, la jeune fille de 17 ans va « vers Paris ». Elle monte à Paris comme on dit mais elle n'oubliera jamais ses terres d'origine. Elle va vivre à Vanves dans les Hauts-de-Seine, au 16, avenue Victor Hugo, dans une HLM de la ville de Paris mais sa mère l'inscrit dans un lycée privé dans le 16ème arrondissement.

Après le bac, c'est donc à Vanves qu'elle va vivre seule et s'émanciper.

« A Paris », l'étudiante va s'installer dans un foyer de jeunes filles, rue Chomel près de Sèvres-Babylone, où elle restera jusqu'en 1937. C'est à cette époque qu'elle découvre la lutte politique, le militantisme, l'activisme que provoquent en réaction les montées des fascismes. Elle a des amants mais c'est Robert Antelme qu'elle épousera en 1939.

Marguerite a déjà établi sa carte de géographie intérieure, repéré ses lieux, ceux qui devenue écrivain à part entière, seront les témoins de son existence et de son oeuvre en attendant d'établir la carte la plus chère à ces yeux, celle de l'imaginaire que Claude Roy a nommé la carte de la durasie.

Dans « Paris occupé », elle est fonctionnaire au ministère des colonies mais la ville va vite trouver les vraies couleurs de Duras : la nuit, les braises, le feu. Et la douleur va d'abord venir de la mort de son enfant en 1942. Elle vivra dans le quartier de Vaugirard mais peu à peu, elle va se rapprocher du coeur profond de son écriture, du lieu même où elle va accomplir son oeuvre, le quartier de Saint-Germain-des-Prés.

C'est son appartement au « 5, rue Saint Benoît » qui va devenir le coeur des rencontres de l'intelligentsia germanopratine. Elle y vivra avec Dionys Mascolo, son nouveau compagnon et père de son fils Jean dans un « Paris d'après-guerre » où elle milite au parti communiste. Mais la vie de quartier ne se limite pas à la vie militante, Marguerite sort car elle aime danser et boire et écouter du jazz au Tabou ou au bar vert et aime les lieux de rencontre et de débats comme le Flore, le Montana, le Civet ou le petit Saint-Benoît.

Dans les années 50, elle rompt avec le PCF et va se sentir plus reliée à l'écriture dans un Paris qu'elle vivra différemment. Avec Neauphle et Trouville, maison et appartement qui lui permettent de vivre à la campagne et en bord de mer, sa vie à Paris sera plus occasionnelle et plus « intériorisée ».

Mais Marguerite Duras a toujours eu en elle, logée, cette fureur de la justice, cette violence farouche qui la saisit et l'étreint quand l'humanité des hommes est mise en cause ou quand la liberté, quelle qu'elle soit, d'opinion ou de libre circulation, est confisquée. Alors elle va participer au « Paris, théâtre de l'histoire » à travers des évènements politiques : la guerre d'Algérie au côté des révolutionnaires et de l'Armée de Libération algérienne, mai 68 (on prétend que c'est elle qui inventa l'adage : « Sous les pavés la plage ») et mai 1981 avec l'élection de François Mitterrand.

Les années 80 deviendront pour elle celles de la gloire absolue.

Et puis, Marguerite Duras va déserter « Paris dans la splendeur de l'âge ». Elle vivra plus souvent à Trouville avec Yann Andréa, son dernier compagnon. Malade, elle reviendra cloitrée dans son appartement de la rue Saint-Benoit ou seule.

C'est là que « Paris la mort » survient le 3 mars 1996. « Morte d'avoir trop écrit » commentera sobrement et si justement Yann Andréa. Elle est enterrée au cimetière Montparnasse.

Paris a ainsi scandé tout le parcours humain de Marguerite Duras. « Qui dira assez la beauté de Paris ? » sont ses propres termes.



Ce livre m'a donné des repères d'autant plus qu'un index des lieux cités va me permettre de construire un parcours de la « durasie parisienne ». J'en suis très émue.





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Marguerite Duras : Une autre enfance

Un regard conciliant et empathique de l'auteur pour cette biographie de Marguerite Duras dont il fut aussi un ami. Il revient bien sûr sur son enfance indochinoise dont elle gardera sans doute sa vie durant une éternelle nostalgie et langueur, le décès prématuré du père, "un étranger", dont l'absence pèsera bien plus tard, l'attachement à la terre de Duras, à la vie sauvage, la froideur et la distance de la mère, absente à son besoin d'amour, réfugiée dans la folie, à ses égarements au début de la guerre, soutenant le colonialisme avant de prendre conscience de la gravité du conflit et de participer à la résistance. Il dépeint une femme en quête perpétuelle de racines.
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Sur les pas de Marguerite Duras

J'ai trouvé ce livre tout simplement magique. J'aime les livres de Marguerite Duras, je suis impressionnée par son caractère, sa vie. Ce livre, qui mélange des passages de sa vie, de superbes dessins et des documents m'a plongée dans un voyage extraordinaire dans la vie d'une de mes auteure préférée.
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La maison devant le monde

«La maison devant le monde panse seulement les plaies ouvertes, met un peu de baume sur elles. L’exil au fond est la richesse de cette existence. Il permet de voir autrement, d’entendre autrement, d’être plus accessible à l’invisible ». Avec ces mots se termine le dernier ouvrage paru chez Desclée De Brouwer, d’Alain Vircondelet.

« La maison devant le monde » nous entraîne d’Alger à Lectoure (où il a vécu) au fil de chapitres qui s’égrènent, denses, intenses, sensuels, miniatures d’un art qui se dit et qui s’inscrit en images, en peintures, qui racontent, qui prient… : « Aimer sans mesure, apprivoiser l’exil, se relier, accueillir toutes les routes, s’ouvrir au cœur du monde… »

L’auteure est en route. Il marche à grands pas d’une rive à l’autre, largement libre dans sa foi qui rappelle comme un frère… Albert Camus. Le titre est d’ailleurs emprunté à un poème de jeunesse d’Albert Camus et le livre est dédié indirectement à ce grand frère oranais dont l’esprit imprègne la centaine de pages.

L’inaltérable source.

Alain Vircondelet est né à Alger. Il avait 15 ans lorsqu’il fut arraché à sa terre natale. Enfant de la capitale, il n’a pas eu le temps de devenir adulte chez lui. Il a dû se contenter de regarder, sentir, vibrer, recevoir des images chocs, des sensations brûlantes. Il a emmagasiné une vision sauvage de l’innocence de ces premiers matins du monde. Cette sève brouillonne d’une source inaltérable qui a alimenté nombre de ses œuvres car cet écrivain prolixe a édité une liste impressionnante d’ouvrages, romans, récits consacrés à son enfance algérienne. On lui doit également des biographies qui font référence, particulièrement celles de Marguerite Duras dont il fut un proche jusqu’au bout. Il s’est penché avec talent sur d’autres personnalités qui ont toutes en commun une relation avec l’absolu : Blaise Pascal, Charles de Foucauld, Jean-Paul II, Albert Camus, Rimbaud, Jean de la Croix… prochainement un récit consacré à Saint-Exupéry à partir de données totalement inédites devrait paraître.

Actuellement, Alain Vircondelet s’attache à relater la vie d’un autre grand homme, le peintre Balthus – de son vrai nom, Balthazar Klossowski de Rola qui vit en Suisse. Ce peintre avait réalisé les décors de « La peste » et de « L’état de siège » de Camus en 1948.

Un chant sacré.

« La maison devant le monde » est un chant secret qui monte comme une louange vers Dieu : « elle rend le chant obscur de l’enfance, restitue la plénitude des choses… ». C’est une icône : « le paysage en Dieu, l’être en Dieu. Il y a des lieux où s’écartent les tentures qui obscurcissent le monde. »

En sous-titre, l’auteur a choisi : « le désir du bonheur » et sur la couverture dans un petit carré, un détail du « Déjeuner » de Monnet : la représentation du bonheur en quelque sorte, une nappe légèrement froissée, une coupe de fruits, une tasse, la lumière… Un idéal de perfection, un instant d’éternité… Et les lignes qui suivent nous font entrer dans un sanctuaire.

Alain Vircondelet cherche à apaiser son exil par un bonheur aussi fort qui a odeur de mur, épaisseur de vie familiale : « C’est peut-être cela la vocation des maisons, apaiser les exils, aider à retrouver sa place, à connaître le bonheur de se caler dans son espace, d’y éprouver une curieuse solitude, celle d’une mémoire ancienne, sauvage, qui permet cependant de se rassembler, de se ramasser, d’être dans un état natif ou s’effacent les douleurs. »

L’écriture d’Alain Vircondelet s’enracine dans le sacré. Elle en a la sauvagerie. Rude et âpre. Elle atteint des sommets fulgurants, des embrasements qui ont les étoiles pour témoin et ses deux jeunes enfants pour héritiers. Lui-même est l’héritier d’une maman qui savait faire aimer la vie et qui lui disait de ne jamais parler de son histoire à l’imparfait : « Garde le présent, mon fils, souviens-toi toujours au présent de notre histoire, sinon tout sera mort, très vite enseveli… » et qui disait encore : « pour apprendre à aimer, il n’y a pas mieux, le ciel, la mer, les forêts, les plages, tout t’appartient. Bois, recueille, accorde ton cœur à leurs souffles. »

L’amour chante la vie.

Et le petit Alain écoute sa maman. Il boit son pays, son ciel, sa mer, ses visages multiraciaux, avec amour. Charnellement. Il faut être né « là-bas » pour sentir ainsi, aussi délicatement, puissamment, sauvagement la fête de vivre. Et même la guerre n’aura pu empêcher la source de se remplir à satiété. Il écrit : « très tôt je prends conscience du sentiment de la plénitude, j’ai le goût des choses inaugurales, des commencements. » Et ce sera comme un leitmotiv, un vent fouettant, ce goût de l’inaugural qui l’empêchera de sombrer dans la sclérose de la nostalgie. Comment pourrait-il être nostalgique ? Les senteurs de jasmin et des lantanas remontent en lui, font partie de son « chemin de vérité ». Il a englouti Alger dans son être : « retenue en moi, la ville va devenir lieu … du premier jardin, de l’enfance heureuse. Lieu sacré. » Sur le paquebot qui l’éloigne en 1962, il fait une promesse. Il a 15 ans. L’âge de l’héroïsme selon Claudel. : « Je fais le serment dans cette nuit étoilée d’être fidèle à la terre de naissance. De là chanter toujours, d’en être le fils. Je dis que je l’écrirai un jour. Qu’écrire inscrira cet amour dans le temps, qu’écrire c’est comme prier : une parole, un chant qui monte. Une avancée dans la vérité. »

Les racines du ciel.

Les lieux « ne comptent plus en apparence » pour un déraciné. Alain Vircondelet reste ce déraciné enraciné dans une patrie céleste qui dérange parfois les intellectuels incroyants mais qui ne l’empêchent pas d’exulter : « …une louange intérieure, pas formulée, s’élève qui fait jubiler d’être ici, de participer au déploiement de la grâce, à cet instant fragile du plein que rien n’altère… »

Alain Vircondelet nous fait encore des petits cadeaux avec des souvenirs en filigrane sur Jean Guitton, où Dali, mais aussi et surtout, Marguerite Duras qui lui disait : « Ecrire, c’est prendre le même large que celui des vagues, perdre de vue les rivages et partir là où l’on ne sait rien… Force les instants, ne te laisse jamais enliser, rend sacré ce qui t’entoure, ne laisse rien échapper de ce qui t’est donné, sublime la vie. »

Alain Vircondelet a enregistré la leçon : écrire, ce sera donc la mer ou les collines, à l’infini. « Car c’est de la chair vive qu’il doit surgir, le livre, de l’émotion pure, jamais des règles d’école et des académismes. »

L’incandescence son écriture se fait gloire. Avec une élégance très « vircondelienne », il fait mouche comme par inadvertance en fustigeant les modernes, « ces fouineurs de poubelles, démolisseurs d’espérance » : « la prétendue modernité se veut barbare et sauvage ; elle croit suivre Rimbaud quand elle éructe, profane, transgresse dans la complaisance. »

La maison devant le monde se tient comme un paquebot sur l’éperon de Lectoure. Le bout du voyage ? L’instant dans son éternité comme dans sa fulgurance. Et les descriptions se chevauchent, se couturent, invitent au commencement, à la virginité, au contre-courant. « Ici, dans cette Toscane gasconne, la lumière est souvent méditerranéenne ». Il fallait un auteur natif de la terre algérienne pour nouer le lien. Pour réconcilier les ciels et les lumières. Comme lui, il nous faut « retrouver l’ardeur fébrile des pionniers et des moines. Le regard des enfants. »

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Albert Camus et la guerre d'Algérie

Passionnant.

Albert Camus et la guerre d'Algérie : deux histoires tragiques, la seconde alimentant la première. L'ouvrage est en effet le récit d'un véritable écartèlement. Enfant des quartiers pauvres d'Alger, devenu philosophe, Albert Camus est écartelé entre d'une part son attachement à la terre qui l'a vu naître, et d'autre part son humanisme qui l'a conduit, dès 1939, à dénoncer la misère de la Kabylie, et à refuser le statu quo en Algérie. Lui qui, ébloui par le site des ruines romaines de Tipasa, sur fond de mer et de ciel bleus, a magnifié les noces de l'homme et de la nature, est horrifié par celles, sanglantes, du terrorisme et de la répression (page 116). Il va donc, tout au long du conflit, imaginer une troisième voie qui préserve les intérêts des deux communautés : le troisième tome de ses Chroniques algériennes, qui paraissent peu après le 13 mai 1958, en définissent le cadre. Ses efforts seront vains, mais non pas absurdes comme l'illustre le mythe de Sisyphe. L'ouvrage d'Alain Vircondelet met ainsi en évidence combien les efforts d'Albert Camus vont solliciter son énergie, au point de miner sa santé et d'affecter son équilibre conjugal.



On en tirera un plus grand profit, si on a pu lire au préalable le chef-d'oeuvre posthume d'Albert Camus, le premier homme, que domine la figure de sa mère, et auquel l'auteur fait référence tout au long du récit. Orphelin de père, Albert Camus voue en effet un amour inconditionnel à sa mère. Sa mère, qui vit sur place, devient le symbole de toutes les mères d'Algérie, dont certaines payent le prix fort de la haine et du fanatisme. "Dans son for intérieur, Camus pense à sa mère : elle aurait pu, elle aussi, innocente passante dans la rue, se trouver face aux tueurs" (page 97). Elle survivra pourtant de quelques mois à son fils, s'éteignant le 20 septembre 1960. Mais son prénom perdurera avec la fille d'Albert Camus, aussi appelée Catherine...



Entre la rébellion et la répression, Albert Camus va chercher à tracer un chemin étroit. Il condamne la répression de toutes ses forces, mais place toujours avant elle "les débordements de la rébellion". Il dénonce ainsi la "gauche femelle", celle qui se couche aux pieds de la rébellion (pages 115-116). "Les indignations de ceux qui font la guerre depuis Saint-Germain-des-Prés, bien calés dans les banquettes de velours ou de moleskine de Lipp ou des Deux Magots" le conduisent donc à mépriser ces combattants de salon (page 176).

En parallèle, et à l'inverse, il refuse de signer l'appel de Jacques Soustelle, qui crée en mars 1956 l'Union pour le Salut et le Renouveau de l'Algérie Française (USRAF). Dans l'ombre, il intervient fréquemment en faveur de prisonniers Arabes internés en Algérie, ou pire, condamnés à mort. Car, à cette époque, l'Algérie se compose de trois départements, Oran, Alger et Constantine, non pas d'outre-mer, mais bien partie intégrante de la France. Les attentats sont donc passibles de la peine de mort et la guillotine fonctionne à plein régime (cf. François Mitterrand et la guerre d'Algérie). C'est à ce titre qu'hostile à la peine de mort, Albert Camus publie en 1957 ses Réflexions sur la peine capitale, qu'il co-signe avec Arthur Koestler.



Sa vision n'est que de relier les hommes entre eux et d'assurer une protection absolue aux civils. "Aucune cause ne justifie la mort de l'innocent" (page 122). Une trêve s'impose donc à lui. Mais il est sommé de choisir son camp, ce qu'il ne fera pas. Dès lors, les pieds-noirs ne le reconnaissent plus comme l'un des leurs. D'ailleurs, il n'utilise pas l'expression "pied-noir". Il parle des Arabes, jamais des Algériens, car l'Algérie n'est pas une nation et n'a donc pas de nationaux (page 119). Il ne parle pas de colonisation ou d'indépendance, il parle de la terre chère à son coeur. Peu à peu, il s'isole et se tait. Il peut compter sur un ami fidèle, le poète de l'Isle-sur-la-Sorgue, René Char. Il joue surtout de ses talents de séducteur, qui s'exercent notamment dans le cadre du théâtre, et qui révèlent en creux une vraie instabilité amoureuse. A l'actrice Maria Casarès, rencontrée en 1944 et devenue sa maîtresse (cf. Correspondance (1944-1959) : Albert Camus / Maria Casarès), il ajoute à son "tableau de chasse" l'actrice Catherine Sellers en avril 1956, le mannequin danois Mette Ivers en février 1957, et la liste n'est pas close. La culpabilité qu'il ressent à l'égard de Francine, sa femme, se double de la difficulté de ménager les jalousies réciproques de ses admiratrices. Comme si le conflit armé n'était pas suffisant et qu'il fallait en ajouter un second, amoureux...



En plein désarroi affectif, et sceptique sur le résultat de ses efforts de paix, Albert Camus publie en 1957 L'exil et le royaume, dont le titre révélateur reflète "la douleur secrète du manque et l'aspiration à l'idéal" (page 172). le 16 octobre, il apprend qu'il vient d'obtenir le Prix Nobel de littérature. A Stockholm, le 12 décembre, il accepte un débat avec les étudiants suédois, nourris de l'air du temps. Pris à partie, il argumente sa position et prononce la phrase désormais célèbre : "J'ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s'exerce aveuglément dans les rues d'Alger, par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice" (page 197). Avec la somme perçue au titre du prix Nobel, il acquiert une magnanerie à Lourmarin dans le Lubéron, près de son ami René Char. Cette maison sera pour lui, l'homme des deux rives de la Méditerranée, à la fois l'exil et le royaume...

Et c'est de Lourmarin, le 4 janvier 1960, qu'il entamera son ultime et funeste voyage. Il ne connaîtra pas l'issue de la guerre.



Albert Camus et la guerre d'Algérie : un récit émouvant qui rend Albert Camus attachant et qui donne envie d'approfondir son oeuvre, à laquelle il constitue une superbe introduction. Je conclurai par une citation de Jean Daniel, qui résume bien le drame d'Albert Camus : que devient une patrie quand elle cesse de l'être ?



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De l'or dans la nuit de Vienne selon Klimt

Quelle belle collection : "le roman d'un chef-d'œuvre". aimant la peinture et tout particulièrement ce tableau, je me suis régalée en lisant ce livre. et d'avoir le tableau sous les yeux (en 2 ème de couverture). quelle belle idée. Alain Vircondelet m'a enchantée et Klimt aussi.
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La cathédrale

Pas nécessairement mon Huysmans préféré, il est néanmoins très intéressant pour les questions de mystique, et celles relatives, comme le titre l'indique aux cathédrales de France, qui sont presque toutes mentionnées et comparées dans cet ouvrage. A titre d'exemple, la cathédrale de Bourges est pourvue d'un très bel Enfer et l'une des cathédrales de Poitiers est toute peinte à l'intérieur.
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Notre-Dame de Paris : L'Eternelle

La Cathédrale de Paris, sa beauté, sa poésie et la terrible tragédie du 15 avril 2019 qui a frappé d'effroi le monde entier.

Le livre d'Alain V. pour les textes et Frantisek Zvardon pour les photos est un ouvrage superbe à la gloire de ce monument, des images magnifiques où l'on peut admirer cette merveille d'architecture, c'est splendide, et le texte qui accompagne les images nous propose une visite nostalgique, puisque le livre s'ouvre sur les images fortes de l'incendie et ensuite nous remontons le temps… Une description très précise du monument qui est un modèle de beauté et de ce que les hommes peuvent accomplir de meilleur.

Pour les amoureux de beaux livres, de poésie, de beauté et d'aventure. Une lecture tout en subtilité qui nous rappelle à quel point les choses sont fragiles, même celles que l'on croyait immuables, peuvent un jour disparaitre…




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Rimbaud : Dernier voyage

C’est un beau texte que nous offre Alain Vircondelet. Quel défi que de se mettre dans la tête celui qui voulait se faire voyant ! Le pari est réussi. Dans les mots de l’auteur, on retrouve les fantaisies rimbaldiennes, les illuminations qui rendent sa poésie si belle et si absconse en même temps, on retrouve les contradictions du mourant d’une trentaine d’années qui aime sa mère autant qu’il la déteste, qui veut toujours quitter les Ardennes mais rentre à Roche, qui se moque de Dieu mais a peur de mourir…



Pour autant, le charme n’a pas vraiment opéré avec moi. Déjà, retracer les derniers mois d’un homme souffrant, amputé et peu à peu paralysé, c’est un choix qui empêche d’emblée un certain nombre d’actions. Je me suis un peu ennuyée, mais c’était inévitable, du fait qu’on ne se concentre que sur les pensées d’un homme qui ne fait que se rappeler l’Afrique et tout ce qu’il n’a pas fait, et qu’il ne fera jamais.



En outre, la complexité de Rimbaud me fascine, mais elle me perd aussi. Le talent de l’auteur qui parvient à rendre les pensées de cet éternel rebelle m’a donc aussi perdue, mais finalement c’est un gage de réussite.



Enfin, les choix narratifs ne m’ont pas convaincue. On ne sait pas trop si l’on est dans la tête de Rimbaud. Les « je », les « tu » ne s’adressent pas toujours à la même personne et je ne connais pas assez la biographie du poète pour suivre les déambulations de la pensée du narrateur.



En bref, si vous aimez la poésie de Rimbaud, ce court texte devrait vous séduire. Si comme moi, vous l’aimez, mais vous y perdez parfois, sachez que vous risquez de vous perdre ici aussi. Mais l’auteur, et j’insiste sur ce point, fait preuve d’un grand talent, que je tiens à saluer. Il est juste des textes auxquels on est moins sensibles. Et tant mieux finalement…

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Rimbaud : Dernier voyage

Rimbaud est un auteur que j'ai étudié pendant mes années d’étude et dont j'avais beaucoup apprécié ses textes, peu nombreux d’ailleurs, mais très marquants. J'ai dans ma bibliothèque « L'autre Rimbaud » de David le Bailly qui parle de son frère, Frédéric. Quand j'ai vu ce roman de Alain Vircondelet, avec ce portrait ultra célèbre de Rimbaud, j'ai eu envie de le lire, et comme le titre l'indique et le laisse supposer, il va s'agir de la fin de la vie de l'écrivain, j'avais donc très envie de savoir comment et pourquoi il est mort si jeune, il n'avait que 37 ans.



 



J'ai ainsi suivi les derniers mois de Rimbaud, cela s’étend du 9 mai 1891 au 10 novembre 1891, jour de sa mort. Le livre est divisé en trois parties qui correspondent aux temps forts.



La première qui s’étend du 9 au 20 mai 1891 va concerner son rapatriement en France. Il quitte Aden, au Yemen, où il est tombé gravement malade, un ulcère à la jambe, un épanchement de synovie dans le genou, mal soignés, il a continué à marcher dans le désert malgré la douleur, son état a empiré, le genou et la jambe gonflés, suintants, et son impossibilité de marcher. Le médecin décide donc de le renvoyer en France pour être mieux soigné. La traversée en bateau jusqu’à Marseille se passe allongé sur une civière pour lui, avec de fortes douleurs.



La seconde partie se passe du 20 mai au 23 août 1891, elle commence par son arrivée à Marseille où il va être hospitalisé, l'amputation de sa jambe est inévitable. Une fois opéré, sa mère viendra de ses Ardennes natales au chevet de son fils. Celui-ci se rétablissant peu à peu, il peut enfin rentrer chez lui, à Roche. Tout le temps de son trajet en bateau ou de son hospitalisation à Marseille, il n'a cessé de penser à la Meuse, à cette rivière, et aux paysages des Ardennes. Mais sa santé va une fois de plus se dégrader là-bas et il va devoir à nouveau être hospitalisé à l’hôpital.



La troisième et dernière partie va du 2e août au 10 novembre 1891, où Rimbaud revient à l’hôpital de Marseille, cette fois-ci avec sa jeune sœur Isabelle  Son état empire, la paralysie le gagne de plus en plus. Il sent, il sait que c’est la fin, il repart dans le passé, cherche un Dieu pour se réconforter.



 



Ces trois parties sont très intenses en émotions, en ressentis, et la dernière est vraiment la plus forte puisqu’elle concerne la fin de ce poète. Avec tous les doutes qu'elle peut amener, toute la vie que l'on se refait à ce moment là. C’est vraiment très triste de partir si tôt et surtout dans de telles souffrances. On rentre alors intimement dans la tête de l’écrivain, et c’est souvent très poignant. Je ne me souvenais pas, au moment où je l'ai étudié au lycée, qu'il avait fini ainsi. Comme j’étais en train de prendre connaissance de la fin de sa vie, j'avais aussi envie d'en savoir plus sur sa vie, car il parle de son séjour en Extrême-Orient et de son travail, et j’étais persuadée qu'il avait tout le temps écrit. Mais non, en fait il a écrit très jeune, pendant son adolescence et pendant la vingtaine. Et il a eu ensuite envie de gagner de l'argent et de voyager, il s'est donc mis dans le négoce de marchandises et à ainsi parcouru plusieurs pays. C’est comme ça qu'il s'est retrouvé malade au Yemen.



 



Il parle aussi des relations qu'il a avec sa famille, et notamment sa mère, puisque le père est parti depuis bien longtemps. Sa mère est le pilier de cette famille, sur qui tout repose. Arthur a toujours été son petit préféré, mais lorsqu'elle sera à son chevet à Marseille, elle aura vite envie de revenir à Roche. Arthur a aussi une relation très privilégiée avec sa sœur cadette, Isabelle. Celle-ci sera à ses côtés tout au long de la fin de sa vie, à prendre soin de lui, à le laver, lui donner à manger. Elle sera près de lui lors de sa mort. Et bien sûr, qui dit fin de vie, dit remise en question, et il le fera surtout sur sa foi, il se sent trahi par Dieu, il n'y croit pas et en même temps voudrait y croire pour être en paix. C’est un cruel dilemme pour lui. Il a peur de mourir, il est même terrifié, et croire en quelque chose pourrait être plus simple pour lui, mais son côté rebelle et d’éternel enfant ne lui fait pas croire facilement.



 



J’ai beaucoup aimé comment l'auteur, Alain Vircondelet, a écrit son texte, d'une façon où l'on pourrait penser qu’il se trouvait aux côtés de Rimbaud dans ces moments là. Il parle à Rimbaud directement, le tutoie, et en même temps il raconte comment il va, ce qu'il se passe. Cela donne un style narratif très particulier et original. Il n'est pas constant, il change selon ce que l'auteur veut faire ressentir. Et cela crée pour le lecteur un mimétisme. J'ai vraiment eu l’impression d’être auprès de l’écrivain, de lui parler, de l’écouter, de le soigner. C’est un style très intimiste, qui m'a beaucoup touchée et m'a permis de ressentir pleinement tout ce que pouvait vivre cet homme.



 



La lecture se fait facilement et est très prenante. Le roman n’est pas très long, un peu moins de 200 pages, je n'ai pas vu le temps passer et en même temps je ralentissais ma lecture pour rester avec Rimbaud un peu plus longtemps. De lire ce livre, j'ai eu envie de relire ses poèmes, Le bateau ivre et mon préféré, Le dormeur du val, un très très beau poème, qui commence sur des notes bucoliques et s’achève avec la mort d'un soldat. Quand on apprend qu'il a écrit ce texte si profond à l’âge de17 ans, on en reste interloqué. Quel talent, quelle belle façon de dire en quelques mots, des faits si graves que la mort, comme s'il avait déjà vécu cela. Ce livre de Alain Vircondelet aura eu le mérite de me repencher sur les écrits de Rimbaud, d'en apprendre de un peu plus sur sa vie, outre ses écrits et sa relation célèbre avec Verlaine. J'ai également découvert qu'un film existait sur Rimbaud et Verlaine avec Léonardo de Caprio dans le rôle de Rimbaud, je vais le regarder très prochainement.



 



Bref, je m’éloigne de ma chronique de ce livre, mais j’aime quand mes lectures me font dévier du livre et me font aller chercher des infos plus précises, j'aime quand ma lecture a ce double pouvoir de m'instruire et de me divertir en même temps. C’est très enrichissant.



J'ai beaucoup aimé découvrir Alain Vircondelet qui a un style très poétique, il fait de très belles phrases, il recrée l'ambiance que Rimbaud mettait dans ses poèmes. Ce livre aurait pu être écrit par Rimbaud. L'auteur brosse un portrait, il met des couleurs, des parfums dans ses mots, c’est vraiment très beau et très plaisant à lire. J'ai vu dans sa biographie qu’il avait écrit de nombreux essais et documents, des romans, il a écrit sur d'autres romanciers célèbres et je pense que je vais m'en procurer certains qui m’intéressent beaucoup, notamment sur Saint-Exupéry.



 



Je suis vraiment très contente d'avoir fait cette lecture et cette belle découverte. Je me suis régalée avec ce livre, j'ai passé deux après-midi de lecture avec Rimbaud, je jonglais entre le livre et mes recherches sur internet et des lectures des textes de cet auteur que j'ai appris à redécouvrir. Un livre passionnant, intéressant, enrichissant, il restera un très bon souvenir de lecture. Je vous le recommande sincèrement, si vous avez envie d'en apprendre plus sur la fin de vie du célèbre poète. C’est très accessible, c’est aussi un point très fort de Alain Vircondelet, les mots ne sont pas compliqués ou trop pompeux, ce livre peut être lu par tout le monde. Et s'il peut donner en plus envie d'aller lire les écrits de Rimbaud, alors c’est encore mieux. N'hésitez vraiment pas.




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Le Paris de Sagan

Voilà un petit livre sympathique des Editions Alexandrines que j'ai découvert grâce à l'évènement Masse Critique.

Il y a eu beaucoup d'écrits sur Sagan, encore dernièrement j'ai lu un article sur "les enfants des grands écrivains" dans lequel son fils revenait sur sa vie ; il y a eu des films sur elle également (notamment Sagan avec Sylvie Testut) ; des romans mis en scène (Bonjour Tristesse pour n'en citer qu'un) ; Françoise Sagan fait partie de ma vie depuis toujours et avec Colette, ce sont les deux auteures dont j'ai dû lire l’œuvre assez tôt, très rapidement.

Ici dans ce petit livre, on découvre un passé simple et à la fois riche. Je serai parisienne, j'adorerai découvrir les endroits où Françoise Sagan est passée. On les connaît tous plus ou moins, mais faire un circuit Sagan (cela n'existe t-il pas ?) serait des plus intéressante, avec nonchalance et ferveur.

Car Sagan est pleine d'oppositions.

Car Sagan est l'image de la liberté.

Elle est paradoxalement attachée à certains lieux et malgré tout toujours en mouvement (!), et cela se confirme à la lecture de ce petit livre.

Elle passe d'un lieu à un autre. A des habitudes. Des amis fidèles. Des lieux qu'elle hante par habitude, d'autres avec passion et des lieux qu'elle finit par fuir, excédée.

Elle ne s'arrête jamais si ce n'est vers la fin de sa vie, par obligation et maladie.

Ce livre est à l'image de Sagan, précis et rapide. J'ai lu certains passages rapidement et je me suis arrêtée sur d'autres, j'ai même googlisé certains lieux avec curiosité.

Ce livre m'a donné envie de relire tous ceux que j'ai dans ma bibliothèque Bonjour Tristesse, Aimez-vous Brahms, La femme fardée, Un certain sourire, Dans un mois dans un an ... et d'en lire deux que je n'ai jamais lu Un orage immobile et Un sang d'aquarelle.



Merci à tous pour ce Paris de Sagan, le Paris de Proust me tente également ... je vais me le procurer.





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La cathédrale





“Roman” est-il le terme idoine pour qualifier cette œuvre, dont la trame narrative et les dialogues ne sont que des prétextes à l’exégèse du symbolisme chrétien? En effet, cet opus est une litanie de couleurs, de gemmes, d’architectures religieuses, de plantes, de fleurs, d’animaux, de bêtes chimériques, d’odeurs et d’essences dans leur personnification de qualités chrétiennes et de pêchés, et dans leur incarnation de personnages de la bible et de l’iconographie catholique. Cette impression de guide mystique plutôt que d’œuvre d’art est confirmée par la présence en fin d’ouvrage d’un index récapitulant les différents assertions de l’auteur. Certains épisodes restent quand même en mémoire telle l’évocation d’une prise de possession d’un siège épiscopale ou mieux encore la narration des persécutions scatologiques auxquels se serait prêté le malin sur certaines saintes. J’ai particulièrement apprécié la comparaison intéressante de l’architecture des cathédrales romanes et gothiques dans ce qu’elles dénotent des sentiments qui ont pu conduire à leur érection.
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Albert Camus : Fils d'Alger

Très belle biographie d'Albert Camus qui s'attache à l'homme plus qu'à l'écrivain.Très belles pages sur Alger et l'Algérie.On redécouvre avec beaucoup de plaisir,surtout par ces temps-ci, l'inépuisable soif de justice humaine de Camus et son amour infini de la nature...
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Albert Camus : Fils d'Alger

Albert Camus et l'Algérie : une histoire d'amour, tellement intense qu'elle lui inspire ce pressentiment : "Ma terre perdue, je ne vaudrais plus rien" (Carnets III 1951-1962)... Source majeure de son inspiration, l'Algérie est en effet le théâtre de deux de ses principaux ouvrages, celui qui ouvre son oeuvre littéraire, Noces, écrit en 1936 et 1937, et celui qui la clôture, dont le manuscrit est retrouvé dans sa sacoche lors de l'accident qui lui coûte la vie en 1960, le premier homme ; le premier homme, comme une inlassable quête des "premiers jours du monde" (page 212), du "premier sourire du monde" (page 200), et finalement, de la splendeur originelle de la Création. J'ai spontanément pensé aux magnifiques vers de Charles Péguy, évoquant dans "Ève" le paradis terrestre :

"Et la vasque et la source, et la haute terrasse / Et le premier soleil sur le premier matin".



Admirer et aimer, deux des principes qui lui sont chers, Albert Camus va justement trouver dans son pays natal, auquel le lie un attachement charnel, le cadre pour les mettre en pratique.

Admirer les sites romains de Tipasa et de Djemila, dont il fait le thème de deux des quatre chapitres de Noces, ou la baie d'Alger et son anse parfaite, à partir des hauteurs d'El Biar, du Télemly, ou de la terrasse de la "Maison devant le Monde" (page 162). Tipasa, que les premières lignes de Noces décrivent ainsi : "Au printemps, Tipasa est habité par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes". Tout à son admiration, Camus précise que "la terre, au matin du monde, a dû surgir dans une lumière semblable". Ce site romain a été pour Albert Camus source d'émerveillement, de bonheur et de paix. Une stèle y est d'ailleurs gravée avec d'autres mots de Noces : "Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure", une pensée directement inspirée de Saint-Augustin, autre grande figure de l'Afrique du Nord, qui disait que la mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure...



Aimer les humbles, ceux qui sont de la même extraction que lui, au premier rang desquels sa mère, tous les damnés de la terre, notamment ceux dont il dénonce le sort dans Misère de la Kabylie dès 1939. Aimer les femmes aussi, auprès de qui son charme opère naturellement et parmi lesquelles il multiplie les conquêtes : Simone Hié, dont il divorce peu de temps après le mariage, Christiane Galindo, Blanche Balain, Francine Faure, l'épouse avec qui il aura ses enfants, Yvonne Ducailar, et celles qu'il rencontre après la seconde guerre mondiale, Maria Casarès, Catherine Sellers, Mette Ivers, et d'autres peut-être... Conscient de son donjuanisme, il s'interroge d'ailleurs dans ses Carnets 1935-1942 sur la manière de "renoncer à cette servitude qu'est l'attirance féminine" et invoque la chasteté : "Chasteté, ô liberté" (Cahiers). Aimer enfin le théâtre, dont il apprécie le travail collectif des répétitions, et où ses pensées prennent vie, cette vie solidaire qui l'épanouit.



Dans les années 1950, Albert Camus s'inquiète de la montée des revendications des Arabes et, par contraste, de l'inaction persistante de la France. Par voie de presse, il alerte sur la nécessité d'agir pour davantage de justice en Algérie, pour le bien des deux communautés. Après avoir quitté le parti communiste parce que ce dernier prend fait et cause pour une communauté contre l'autre, Albert Camus s'éloigne aussi de Jean-Paul Sartre, très critique lors de la parution de l'homme révolté et méprisant sa "sensibilité" méditerranéenne (page 332).



Grâce à cette biographie lumineuse et chaleureuse qu'Alain Vircondelet, autre fils d'Alger, a consacrée à Albert Camus, le lecteur reçoit une sorte d'invitation, d'une part au voyage sur les terres de l'écrivain et d'autre part à la découverte de son oeuvre littéraire. Il peut aussi et surtout faire sien l'hommage rendu par René Char lors de la mort d'Albert Camus : "Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n'est pas le silence". Paradoxe de l'Histoire, c'est sur la route de Sens que le philosophe de l'absurde a trouvé la mort.
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